Les rochers du Bout du Monde, classés par la Commission Royale des Monuments et des Sites, représentent une curiosité naturelle d'un intérêt géologique certain. Situés sur le flanc droit de la vallée de l'Ourthe, en face de Colonster, ils dominent de près de 80 m un ancien méandre de la rivière, dont le cours a été modifié lors de la construction de l'autoroute E25 inaugurée en 1976.
Ces rochers sont constitués de bancs calcaires inclinés de 40 à 45 degrés vers le sud. Ce calcaire renferme de nombreux coquillages et coraux fossiles et fut formé voici 350 millions d'années, durant l'ère primaire. Remaniées par les mouvements de l'écorce terrestre, postérieurs aux dépôts, ces couches calcaires ont pris une allure plissée. Les phénomènes érosifs ont mis en évidence ces bancs redressés qui constituent le flanc nord d'un synclinal, dont l'extrémité sud se situe sur la rive gauche de l'Ourthe, au lieu-dit Sainval.
Les Rochers du Bout du Monde font partie d'un vaste ensemble récifal et en sont sans nul doute l'élément le plus spectaculaire. (voir http://www.chaudfontaine.be/site/tourisme/curiosites/index.php?ref_annu=1396).
Peu avant son entrée dans l'agglomération liégeoise, l'ourthe et l'autouroute E25 qui la longe en rive droite sont surplombées par un massif rocheux pittoresque: les rochers du Bout du Monde. Il s'agit d'une des stations xérothermiques les plus septentrionales de Wallonie, dont la végétation a été brièvement décrite par DUVIGNEAUD (1978).
Ces rochers émergent du Bois d'Embourg lequel couvre des pentes assez raides d'exposition sud et sud-ouest. Au nord-ouest du massif, le bois est constitué notamment de vieux taillis de chênes sessiles (Quercus petraea) sur substrat plutôt acide, à strate herbacée dominée par la luzule des bois (Luzula sylvatica). La partie à l'est comprend un boisement de ravin à tendance thermophile, riche en tilleul à grandes feuilles (Tilia platyphyllos) et en cornouiller mâle (Cornus mas), avec également le camérisier (Lonicera xylosteum), l'alisier (Sorbus torminalis), le dompte-venin (Vincetoxicum hirundinaria), la primevère officinale (Primula veris), la mercuriale vivace (Mercurialis perennis), le sceau de Salomon odorant (Polygonatum odoratum), etc.
Les rochers sont en cours de colonisation forestière par le frêne commun (Fraxinus excelsior), l'aubépine à un style (Crataegus monogyna), le prunellier (Prunus spinosa), le cornouiller sanguin (Cornus sanguinea), le chêne pédonculé (Quercus robur), etc. On soulignera aussi la présence du faux vernis du Japon (Ailanthus altissimus), un arbuste à forte tendance invasive s'exprimant particulièrement dans les milieux rocheux.
Les zones ouvertes portent des fragments de pelouse sèche à seslérie bleuâtre (Sesleria caerulea), libanotis des montagnes (Seseli libanotis), hélianthème jaune (Helianthemum nummularium), vipérine (Echium vulgare), hippocrépide fer à cheval (Hippocrepis comosa), calament acinos (Acinos arvensis), mélique ciliée (Melica ciliata), arabette hérissée (Arabis hirsuta), orpin blanc (Sedum album), potentille printanière (Potentilla neumanniana), petite pimprenelle (Sanguisorba minor), etc.
Les lichens rupicoles ont été étudiés par ERTZ (2003) qui estime l'intérêt cryptogamique de ce site comme moyen, avec 30 taxons recensés. Il a notamment observé les communautés suivantes:
- rochers éclairés à Porpidinia (= Toninia) tumidula, Heteroplacidium compactum (= Verrucaria compacta), Lobothallia radiosa, Staurothele caesia, Romjularia (= Mycobilimbia) lurida, ... ;
- petites pelouses à Agonimia globulifera et Placidium pilosellum ;
- parois et blocs rocheux ombragés à Acrocordia conoidea, Dermatocarpon miniatum, Porina linearis, Clauzadea monticola, Verrucaria elaeina, ...
La faune des Rochers du Bout du Monde demeure peu documentée malgré leur proximité avec l'agglomération liégeoise. L'accès difficile en raison du terrain accidenté est sans doute l'une des explications à cet état.
La présence du lézard des murailles (Podarcis muralis) y est bien établie (voir GRAITSON, 2000).
Le groupe le mieux connu est, une fois n'est pas coutume, celui des gastéropodes qui a fait l'objet d'inventaires entre 2009 et 2022 par J. Delcourt. D'après ses données enregistrées sur Observations.be, pas moins de 23 espèces d'escargots ont été notées autour du massif rocheux, dont la clausilie naine (Clausilia rugosa), l'hélice des bruyères (Helicella itala), l'hélice carénée (Helicigona lapicida), la veloutée plane (Helicodonta obvoluta), la clausilie linéolée (Macrogastra attenuata), pour ne citer que les éléments les plus intéressants.