Le terril du Piron constitue une vaste et remarquable zone verte au sein de l'agglomération liégeoise. La description qui suit a été réalisée en 2011 par P. Frankard (avis site DEMNA-SPW) sur base de nombreux relevés botaniques établissant une liste de 88 espèces de plantes supérieures entre 1994 et 2007 (FRANKARD & HAUTECLAIR, 2009).
Ce site charbonnier, situé au cœur d'une zone urbaine, a connu une activité industrielle à partir de 1900 et les activités de production ont cessé définitivement dès 1930. Les dépôts de schistes houillers ont été déposés à flanc de coteau sur une superficie de 7 ha. Durant cette période, 2 millions de m3 de stériles y ont été amoncelés. Par la suite, des scories et des cendrées issues de l'industrie sidérurgique ont été épandues sur une partie du plateau sommital. Plus récemment, des remblais variés (déchets de construction) y ont aussi été déversés. Fin des années 1970 et début des années 1980, un ferrailleur utilisait une partie de la zone 3 du plateau sommital comme lieu de dépôt. Une partie du plateau sommital a accueilli 2 terrains de football (zones 1 et 2) qui sont aujourd'hui abandonnés. Sur les flancs de la vallée, les dénivelés sont très importants et le terril est constitué de schistes houillers qui ont partiellement brûlé. Ce terril comporte donc 2 zones distinctes : un plateau sommital et une pente aux dénivelés très importants sur le versant exposé au sud de la vallée de la Meuse.
Le plateau sommital peut lui-même être divisé en 3 secteurs :
- secteur 1 ayant abrité un terrain de football sur un substrat composé de schistes houillers, encaissé de 4 m par rapport au reste du plateau sommital;
- secteur 2 ayant abrité un terrain de football sur un substrat composé de schistes houillers surmontés d'une couche de scories et de remblais divers;
- secteur 3 sur un substrat composé de schistes houillers surmontés d'une couche de scories et de remblais divers.
Le terril du Piron comporte des groupements végétaux diversifiés, principalement herbacés, mais la colonisation par les ligneux est de plus en plus importante, y compris sur les pentes abruptes.
1. Le plateau sommital
Le terrain de football du secteur n°1 du plateau, encore utilisé assez récemment, est couvert d'une pelouse graminéenne sans intérêt particulier. Il est bordé par les décombres des vestiaires et des gradins et par des schistes charbonniers couverts de friches à fromental, pelouses à Hieracium et peuplements de Rubus sp. Le secteur n°2 du plateau sommital, anciennement occupé par un terrain de football, est colonisé par une prairie-friche à Arrhenatherum elatius, Dactylis glomerata, Tanacetum vulgare et Daucus carota assez riche en espèces prairiales et par de petits fragments de pelouses sèches à Vulpia myuros, Pilosella piloselloides subsp. bauhinii (= Hieracium bauhinii) et Hypochaeris radicata ou à Echium vulgare et Berteroa incana. Le secteur n°3 est colonisé par une prairie-friche à Arrhenatherum elatius, Dactylis glomerata, Tanacetum vulgare et Daucus carota piquetée d'arbustes (Crataegus monogyna, Fraxinus excelsior, Salix caprea, ...), localement envahie par des peuplements de ronces (Rubus sp.) ou de renouée du Japon (Fallopia japonica). Localement (secteurs 1 et 3), on rencontre aussi des bosquets de Robinia pseudoacacia.
2. Les pentes
Les pentes les moins fortes à proximité du plateau sommital sont principalement colonisées par des pelouses sèches à Vulpia myuros, Pilosella officinarum (= Hieracium pilosella) et Potentilla neglecta (= argentea auct.) ou des pelouses à Echium vulgare et Berteroa incana (en fonction du taux d'acidité ou d'alcalinité du sol). Il s'agit de groupements riches en espèces annuelles et en xérothermophytes comme Berteroa incana, Arenaria serpyllifolia, Potentilla neglecta, Sedum acre, Artemisia absinthium, Inula conyzae, Petrorhagia prolifera, ...
Les pentes fortes sont couvertes par une pelouse très thermophile à Melica ciliata et Petrorhagia prolifera (espèces thermophiles remarquables que l'on retrouve normalement dans les pelouses calcaires de la vallée mosane). Là où la pente est particulièrement forte, les schistes sont dans une situation d'éboulis permanents et la végétation reste très pionnière. On y rencontre des groupements pionniers à Clematis vitalba, à Rumex scutatus ou encore à thérophytes (surtout Galeopsis angustifolia) caractéristiques des terrils de la région (FRANKARD, 2000). Quelques secteurs pentus sont colonisés naturellement par diverses espèces arbustives ou arborescentes (Crataegus monogyna, Prunus avium, Rosa canina, Cytisus scoparius, Quercus robur) ou par des plages de ronces (Rubus sp.).
Intérêt faunistique du terril du Piron.
Peu d'observations faunistiques ont été publiées ont été publiées à ce jour et les bases de données sont relativement lacunaires.
En ce qui concerne l'herpétofaune, il est cependant établi que le site héberge une population fournie d'orvet fragile (Anguis fragilis) et que le lézard des murailles (Podarcis muralis) est présent localement de façon assez dispersée. Des observations de crapaud calamite (Bufo calamita) ont également eu lieu, surtout en bas de versant. Le manque de plans d'eau limite la présence d'autres espèces d'amphibiens.
L'entomofaune n'a été que très partiellement inventoriée. BARETH et DETHIER (2009) signalent la capture de deux espèces de Diploures Campodeidae assez répandues, Campodea fragilis et Campodea rhopalota.
DETHIER et al. (2015) y ont recensé 36 espèces d'Hétéroptères (ou punaises) entre 2006 et 2014, les plus intéressantes sur le plan faunistique étant Geotomus elongatus et Tinicephalus hortulanus.
Le lucane cerf-volant (Lucanus cervus), coléoptère emblématique et espèce d'intérêt communautaire, est régulièrement aperçu dans le périmètre du terril. La petite biche (Dorcus parallelipipedus), plus commune, est présent également.