J.-L. GATHOYE (2012 – avis site): Les étangs de Stockem constitue en fait une enclave privée d'un peu moins de 10 ha dans la partie nord-est du camp militaire de Lagland. Il n'a pas été inclus dans le site Natura 2000 BE34058 (Camp militaire de Lagland) en raison de son affectation au plan de secteur en zone de loisir. On y observe plusieurs plans d'eau de dimensions variées, des friches herbacées, des végétations rivulaires et une friche forestière.
1. Plans d'eau.
Au total, le site comprend 7 plans d'eau créés pour la pêche et la pisciculture. Le grand étang contre l'E411 servait à la pêche du brochet et est toujours resté assez naturel. Les petits étangs servaient par contre à la pêche aux truites et étaient assez artificiels. Ces étangs ont été creusés dans une zone humide qui se prolonge dans le camp militaire voisin. Selon les informations reçues sur place par des pêcheurs, la pêcherie a cessé ses activités il y a une dizaine d'années. La pêche, devenue occasionnelle, concerne aujourd'hui essentiellement le grand étang. Selon la même source, il n'y a plus de rempoissonnement.
Il n'y a pas de relevés piscicoles disponibles, mais les étangs abritent au moins des populations de carpes communes (Cyprinus carpio) dont des individus dépassant 10 kg, et de carnassiers comme le sandre (Sander lucioperca). Les poissons de fond comme la carpe sont fréquemment la source d'une importante turbidité de l'eau influant sur la qualité de la flore aquatique.
Les relevés des plantes aquatiques sont lacunaires (ils devraient se faire idéalement en septembre) hormis la présence d'une population de potamot nageant (Potamogeton natans) dans le plus nordique des petits étangs. L'habitat Natura 2000 3150 («Lacs eutrophes naturels avec végétation du Magnopotamion ou Hydrocharition») peut lui être affecté. Un diagnostic devrait idéalement pouvoir être posé pour les autres étangs plus tard en saison, mais on peut supposer que le même habitat y a pu se développer.
Une grande partie des crêtes de berges est occupée par une frange arborée où l'aulne glutineux (Alnus glutinosa) tient une place importante. Des épicéas (Picea abies) ont été plantés à certains endroits, entre et le long des étangs.
Les berges en elles-mêmes sont intéressantes à de nombreux endroits. On y trouve notamment des espèces hygrophiles variées comme l'angélique sauvage (Angelica sylvestris), la laîche des marais (Carex acutiformis), la laîche paniculée (C. paniculata), le cirse des marais (Cirsium palustre), l'iris jaune (Iris pseudacorus), le jonc épars (Juncus effusus), le lotier des fanges (Lotus pedunculatus), le lycope (Lycopus europaeus), le pétasite officinal (Petasites hybridus), la baldingère (Phalaris arundinacea), la valériane officinale à rejets (Valeriana repens)...
Les étangs conviennent particulièrement bien pour les Odonates, mais les données sont jusqu'à présent -et étonnamment- inexistantes.
Selon les pêcheurs rencontrés, l'un des étangs abrite une population d'anodonte (Anodonta sp.). L'espèce doit encore être précisée.
La fréquentation des étangs par l'avifaune devrait également être correctement évaluée. Quelques données sont disponibles, notamment la présence sur le site du martin-pêcheur (Alcedo atthis), espèce d'intérêt communautaire.
2. Friches herbacées, prairies mésophiles et mégaphorbiaies et bas-marais
La plupart des espaces entre les étangs sont occupés par des zones ouvertes ou semi-ouvertes herbacées, plus ou moins humides, non entretenues. On y trouve en mélange des zones de friches fleuries, de prairies mésophiles (souvent assez humides), maigres ou plus eutrophes, de jonçaies, de mégaphorbiaies, ou encore en voie de colonisation par des ligneux, saules et bouleaux. Les espèces végétales (citées ici en vrac) sont prairiales, hygrophiles, rudérales, plus ou moins thermophiles, et acidophiles ou calciphiles: armoise commune (Artemisia vulgare), achillée millefeuille (Achillea millefolium), agrostide capillaire (Agrostis capillaris), angélique sauvage (Angelica sylvestris), flouve odorante (Anthoxanthum odoratum), bouleau verruqueux (Betula pendula), campanule raiponce (Campanula rapunculus), cirse des marais (Cirsium palustre), cirse commun (C. vulgare), dactyle commun (Dactylis glomerata), épilobe à petites fleurs (Epilobium parviflorum), prêle des champs (Equisetum arvense), fétuque roseau (Festuca arundinacea), fétuque rouge (F. rubra), épervière lisse (Hieracium laevigatum), houlque velue (Holcus lanatus), millepertuis anguleux (Hypericum dubium), millepertuis perforé (H. perforatum), jonc à tépales aigus (Juncus acutiflorus), jonc épars (J. effusus), grande marguerite (Leucanthemum vulgare), lotier corniculé (Lotus corniculatus), lycope (Lycopus europaeus),luzerne lupuline (Medicago lupulina), menthe aquatique (Mentha aquatica), baldingère (Phalaris arundinacea), fléole des prés (Phleum pratense), plantain lacéolé (Plantago lanceolata), tormentille (Potentilla erecta), potentille rampante (P. reptans), brunelle commune (Prunella vulgaris), renoncule rampante (Ranunculus repens), oseille sauvage (Rumex acetosa), saule marsault (Salix caprea), séneçon jacobée (Senecio jacobaea), scirpe des bois (Scirpus sylvaticus), solidage verge d'or (Solidago virgaurea), sorbier des oiseleurs (Sorbus aucuparia), succise des prés (Succisa pratensis), trèfle blanc (Trifolium repens), molène noire (Verbascum nigrum), véronique petit chêne (Veronica chamaedrys), vesce à épis (Vicia cracca)...
En plus de ces espèces, trois orchidées ont été notées dans le périmètre: orchis tacheté (Dactylorhiza maculata), 1 pied, épipactis à larges feuilles (Epipactis helleborine), au minimum 42 pieds, et listère ovale (Listera ovata), 1 pied. Ces espèces sont protégées par le décret du 6 décembre 2001.
Les données de Lépidoptères sont également très lacunaires. Des relevés complémentaires sont indispensables car la végétation en place devrait attirer plusieurs espèces intéressantes, comme on en trouve aux environs immédiats.
Les terrains humides et la présence de patiences (Rumex crispus et R. obtusifolius) devraient convenir en particulier au cuivré des marais (Lycaena dispar), espèce d'intérêt communautaire. Des observations sont à faire en août pour cette espèce, moment où apparaît la seconde génération.
3. Friche forestière
La zone située au sud-est du grand étang a été récemment exploitée (épicéas). Une friche forestière herbacée plus ou moins acidophile (mais aussi calciphile à certains endroits) s'y est installée, entremêlée de zones beaucoup plus rudérales avec des espèces nitrophiles ou de zones franchement hygrophiles: achillée millefeuille (Achillea millefolium), herbe aux goutteux (Aegopodium podagraria), agrostide capillaire (Agrostis capillaris), agrostide des chiens (A. canina), angélique sauvage (Angelica sylvestris), fougère femelle (Athyrium filix-femina), bouleau pubescent (Betula pubescens), campanule raiponce (Campanula rapunculus), chardon crépu (Carduus crispus), centaurée scabieuse (Centaurea scabiosa), cirse des marais (Cirsium palustre), cirse commun (C. vulgare), canche flexueuse (Deschampsia flexuosa), digitale pourpre (Digitalis purpurea), fougère mâle (Dryopteris filix-mas), épilobe en épi (Epilobium angustifolium), galéopsis tétrahit (Galeopsis tetrahit), gaillet gratteron (Galium aparine), petite berce (Heracleum sphondylium), houlque velue (Holcus lanatus), houlque molle (H. mollis), millepertuis perforé (Hypericum perforatum), jonc épars (Juncus effusus), grande marguerite (Leucanthemum vulgare), méringie trinerviée (Moehringia trinervia), baldingère (Phalaris arundinacea), fléole des prés (Phleum pratense), oseille sauvage (Rumex acetosa), petite oseille (R. acetosella), patience crépue (R. crispus), séneçon jacobée (Senecio jacobaea), séneçon des bois (S. sylvaticus), morelle douce-amère (Solanum dulcamara), laiteron épineux (Sonchus asper), sorbier des oiseleurs (Sorbus aucuparia), stellaire graminée (Stellaria graminea), tanaisie vulgaire (Tanacetum vulgare), salsifis des prés (Tragopogon pratensis), (Trifolium arvense), grande ortie (Urtica dioica)...