Les pelouses de l'oratoire de Lambermont ont été étudiées sur le plan botanique par CHAMPLUVIER (2010) qui a mis en évidence leur grand intérêt patrimonial.
Ces pelouses apparaissent à plusieurs endroits du promontoire, en particulier sur la petite esplanade devant la statue de la Vierge, sur les talus de la petite route qui monte vers le plateau, ainsi que sous forme de clairières au sein de fruticées formées par Prunus spinosa, Cytisus scoparius, Rosa canina et Crataegus monogyna.
Dominées par Bromus erectus et Genistella sagittalis, les pelouses les mieux conservées montrent également Brachypodium pinnatum, Polygala vulgaris, Sanguisorba minor, Cirsium acaule, Galium verum, Viola hirta, Primula veris, Centaurea scabiosa, Carex flacca, Euphorbia cyparissias, Pimpinella saxifraga, Leontodon hispidus, Ononis repens var. procurrens, Trifolium medium, Agrimonia eupatoria, Koeleria macrantha, Briza media, Thymus pulegioides, Thymus praecox, Campanula rapunculus, ainsi que, cà et là, Scabiosa columbaria, Centaurium erythraea, Cerastium arvense, ... Sur le sol écorché du chemin apparaissent en outre Potentilla tabernaemontani, Linum catharticum, Phleum nodosum, Arenaria serpyllifolia. Elément d'ourlet, Platanthera chlorantha est présent partout.
Outre Genistella sagittalis, plusieurs espèces indiquent une certaine décarbonatation du substrat: c'est le cas de Polygala vulgaris, Galium pumilum, Solidago virgaurea, Campanula rotundifolia ainsi que la rare fougère Botrychium lunaria. D'autres encore sont franchement acidiphiles comme Hieracium umbellatum, Viola canina subsp. canina et même, en petit nombre, Festuca filiformis et Calluna vulgaris. La présence de ces plantes témoignent d'une évolution progressive des pelouses du Mesobromion vers la lande mésotrophe à antennaire ou de l'évolution potentielle vers le Violion caninae
Plusieurs plantes des prés de fauche accompagnent les espèces de pelouse sèches: Knautia arvensis, Rhinanthus minor subsp. minor, Lotus corniculatus, Leucanthemum vulgare, Senecio jacobaea, Achillea millefolium, Hypericum perforatum, Medicago lupulina, Festuca rubra, Stellaria graminea, Plantago lanceolata, Agrostis capillaris, Vicia cracca et Orchis morio (quelques pieds dans la partie la plus ouverte de la pelouse centrale).
Une végétation très ouverte, composée d'espèces xérothermophiles, occupe les talus rocailleux les plus arides: on y voit par exemple Asperula cynanchica, Anthyllis vulneraria, Helianthemum nummularium subsp. obscurum, Silene vulgaris subsp. vulgaris, Scabiosa columbaria, Campanula rotundifolia, Hieracium pilosella ainsi qu'un beau peuplement d'Epipactis atrorubens.
Autour de l'oratoire et sur le chemin qui traverse le site, croissent par ailleurs quelques pieds d'Orobanche alba, plante rarissime qui parasite les racines de Thymus pulegioides.
Les lisières accueillent en outre Origanum vulgare, Clinopodium vulgare, Agrimonia eupatoria et le rare Ajuga genevensis.
Cette pelouse sèche à genêt ailé présente un certain nombre de points communs avec d'autres pelouses décrites en Lorraine, en particulier celle de la «Plaine aux Chiens», dans le département de la Meuse, en Lorraine française; étudiée sommairement par PARENT (1993), cet auteur affirme que ce type de végétation n'est sont connu nulle part ailleurs en Lorraine, confirmant l'intérêt exceptionnel du site de Lambermont et de celui de Fontenoille décrit par CHAMPLUVIER (2000). Toutefois, l'appartenance phytosociologique de ces pelouses n'est pas clairement établie et devrait être précisée.
La liste des plantes recensées dans le site (obs. D. Champluvier et A. Remacle) comprend une petite centaine de taxons. La flore du terre-plein rudéralisé à l'extrémité du chemin herbeux n'a toutefois pas été inventoriée. La présence de plusieurs espèces intéressante mérite un commentaire particulier (adapté du dossier de projet de RND, JACOB et REMACLE, 2011):
- Botrychium lunaria: cette petite fougère des pelouses sèches et des landes, menacée d'extinction en Wallonie, se rencontre en Lorraine belge dans le terrain militaire de Lagland et dans plusieurs anciennes carrières. Une trentaine de pieds répartis en petits groupes ont été trouvés dans la pelouse il y a quelques années (obs. D. Champluvier).
- Orchis morio: typique des prairies non amendées (y compris les pelouses sèches), l'orchis bouffon est considéré comme en danger en Wallonie. Dans le site, il a été détecté dès 1978 (obs. D. Champluvier – environ 10 pieds) et revu par la suite jusqu'en 2009, avec un maximum de 19 pieds répartis dans trois zones en 2001 (obs. A. Remacle).
- Platanthera chlorantha et Epipactis atrorubens sont deux orchidées assez rares dans le district lorrain. Sur le site de l'Oratoire, la platanthère se développe dans le lambeau de pelouse mais aussi dans la fruticée, et l'épipactis sur le talus en bord de route.
- Orobanche alba: plante parasite dépourvue de chlorophylle, l'orobanche du thym est considérée comme menacée d'extinction en Wallonie où elle n'existe qu'en Lorraine. Quelques pieds parasitant Thymus pulegioides ont été découverts en 2007 dans le site, autour de la statue et sur le chemin. Elle n'a pas été revue depuis.
- Thymus praecox subsp. praecox: ce taxon des pelouses thermophiles sur sols calcarifères est considéré comme menacé d'extinction en Wallonie. En Lorraine belge, il n'est connu que de rares stations dont Torgny. Sa présence dans la pelouse de Lambermont est par conséquent d'un grand intérêt.
- Ajuga genevensis: cette labiée thermophile est menacée d'extinction en Wallonie. Plusieurs stations sont connues sur le territoire de la commune de Florenville, notamment à Fontenoille et Chassepierre. Dans le site, une vingtaine de pieds ont été détectés dans le lambeau de pelouse proche du bosquet de pin.
- Rhinanthus alectorolophus: classé parmi les plantes en danger critique d'extinction en Wallonie, le rhinanthe velu se maintient localement dans la région de Florenville, sur les bords de chemins et de routes, comme c'est le cas à Lambermont.
- Asperula cynanchica: rubiacée thermophile et calciphile, l'herbe à l'esquinancie pousse surtout dans des pelouses sèches sur des sols calcarifères souvent écorchés. Si elle est qualifiée d'assez commune dans le district lorrain (LAMBINON et al., 2004), on ne recense plus actuellement que 4 stations dont Torgny. La station de Lambermont est donc intéressante, d'autant plus que la plante est assez abondante sur le talus le long de la petite route.
- Genistella sagittalis: ce petit genêt des pelouses sèches sur des sols plus ou moins décalcifiés, est qualifié d'assez rare en Lorraine. Dans la région de Florenville, on le rencontre dans les pelouses de Lambermont et de la Ficherulle ainsi que dans le pré sous le point de vue de Chassepierre.
- Centaurium erythraea: partiellement protégée et non menacée en Wallonie, l'érythrée petite centaurée pousse dans différents milieux, y compris des pelouses calcaires. Dans le site, elle n'a été repérée que sur le chemin.
- Viola canina subsp. canina: cette violette acidiphile est rare à très rare dans le district lorrain et en forte régression en Wallonie. L'abondance de l'espèce dans la pelouse de Lambermont est remarquable.
La faune du site demeure peu connue et aucune recherche détaillée n'y a été menée à ce jour.
Dans son article descriptif, CHAMPLUVIER (2010) ne mentionne que quelques espèces animales: l'orvet (Anguis fragilis), le demi-deuil (Melanargia galathea) et le souci (Colias croceus).
L'intérêt herpétologique de l'endroit s'est toutefois accru récemment suite à l'observation de trois autres espèces de reptiles (données A. Remacle et J.-P. Jacob). La plus remarquable est certainement le lézard agile (Lacerta agilis), dont la présence a été détectée en 2010 sur le talus de la petite route. Cette espèce très menacée n'avait plus été notée dans le secteur de Muno depuis plus de dix ans. La coronelle lisse (Coronella austriaca) est également observée en 2012, ainsi que le lézard vivipare (Zootoca vivipara) et l'orvet (Anguis fragilis), deux espèces banales en Lorraine.
L'avifaune nicheuse comprend des espèces liées aux broussailles épineuses: fauvette babillarde (Sylvia curruca), mésanges boréale (Poecile montanus) et à longue queue (Aegithalos caudatus), bouvreuil pivoine (Pyrrhula pyrrhula), ainsi que des oiseaux dépendant des milieux arbustifs en général: accenteur mouchet (Prunella modularis), pouillot fitis (Phylloscopus trochilus), linotte mélodieuse (Carduelis cannabina), bruant jaune (Emberiza citrinella). Le bouquet de pin est attractif pour la tourterelle des bois (Streptopelia turtur), espèce en net déclin en Wallonie. En automne et hiver, les fruticées offrent un important appoint alimentaire aux oiseaux frugivores à cette période de l'année (turdidés notamment).
L'entomofaune des pelouses de Lambermont, quant à elle, est très insuffisamment connue.
Parmi les Orthoptères observés en 2010, l'espèce la plus intéressante est le criquet des genévriers Euthystira brachyptera. En Belgique, le criquet est limité essentiellement à la Lorraine et fréquente notamment les landes à callune et molinie du terrain militaire de Lagland, des pelouses calcaires mésophiles (Torgny notamment) et des prés de fauche (Orval – obs. A. Remacle et J.-P. Jacob). Plusieurs exemplaires ont été vus dans le lambeau de pelouse enclavé dans la fruticée.
Une belle diversité en papillons de jour était notée au début des années 2000 (données G.T. Lycaena), avec la présence de plusieurs espèces intéressantes comme le grand nacré (Argynnis aglaja), l'hespérie des sanguisorbes (Spialia sertorius), l'hespérie de la mauve (Pyrgus malvae), l'argus frêle (Cupido minimus), le demi-deuil (Melanargia galathea), etc.