L'Eau Noire prend sa source en France (Gué d'Hossus), mais ici on ne considèrera que les sources d'un petit affluent, le ruisseau des Marais, qui naît au sud du village de Cul-des-Sarts, en Ardenne cambrienne.
Une tourbière occupe ces sources (le marais de Cul-des-Sarts). Ensuite la rivière coule dans des prairies envahies de joncs, dans des prés de fauche et des prés de fauche à l'abandon colonisés par la reine-des-prés. Son passage est souligné par des saules et des aulnes. Quelques pièces d'eau, en général de faible superficie jalonnent son cours. A Haute-Nimelette, un ensemble de prairies marécageuses, de marécages et de saulaies est inclus dans une réserve naturelle RNOB (voir fiche signalétique s'y rapportant). Ensuite, la vallée se resserre et la plaine alluviale est occupée par des plantations de résineux. Puis elle s'ouvre largement à la Forge Jean Petit. De vastes prairies occupent l'emplacememt de l'ancien étang des Forges, aujourd'hui asséché et dont l'ancienne digue est encore bien visible sous les arbres. Le paysage est très beau. Des prairies, quelques pièces d'eau récemment aménagées et des marécages occupent la plaine alluviale aux 'Prés Brulard'. A la Forge Destray, des prairies, des marécages et un étang remis en eau il y a une douzaine d'années, terminent la partie de la vallée qui retiendra notre attention.
Géologie :
- La partie cambrienne de la vallée se trouve sur quartzites verts et phyllades noirs de Revin, souvent rougeâtres par altération.
- La partie éodévonienne repose sur poudingue et arkose de Fépin (Gedinnien).
Qualité des eaux : D'après HUART (1984) qui a étudié le tronçon de l'Eau Noire situé entre Haute-Nimelette et les Forges Jean Petit, l'Eau Noire est une rivière de type ardennais dont les eaux sont peu minéralisées, le pH assez bas (pH 7) et la qualité excellente.
1. La tourbière de Cul-des-Sarts.
La tourbière de Cul-des-Sarts a été décrite par VANDEN BERGHEN (relevé effectué en 1943, publié en 1951, relevé 3 du tableau II). Un compte-rendu non publié de J. DUVIGNEAUD (1945) existe également. Sur base de ces informations et d'une visite effectuée avec J. DUVIGNEAUD, E. SERUSIAUX a pu alors publier un article en 1978.
Des rares espèces observées jadis dans une tourbière encore peu boisée (plusieurs espèces de sphaignes, Drosera rotundifolia, D. intermedia, Eriophorum angustifolium, Vaccinium oxycoccos,...) (CORINE 51.1) il ne reste aujourd'hui plus grand chose (quelques Vaccinium oxycoccos, Drosera rotundifolia, en 1977 plus guère aujourd'hui). Le reboisement par les ligneux (Betula pubescens, Alnus glutinosa, Salix aurita, S. cinerea) a été très actif et d'autre part, un début d'eutrophisation matérialisé par l'existence d'une phragmitaie, s'est produit au départ d'un dépotoir installé au nord du site. Ensuite un vaste parking asphalté avec tables de pique-nique et barbecues a recouvert une grande partie de la prairie semi-naturelle qui existait encore dans les années 70.
Le ruisselet coule en partie dans un fossé bétonné. Le site est donc en grande partie dénaturé. Mais il n'a pas été transformé en étang comme on le projeta un moment.
Un examen rapide de la végétation montre actuellement :
- des fourrés de saules;
- une jonchaie acutiflore (CORINE 54.422);
- une molinaie (CORINE 37.212);
- des éléments de tourbière disséminés sous les bouleaux (CORINE 51.1);
- une boulaie pubescente sur l'ancienne tourbière (une partie des bouleaux a été abattue par le 'Centre Marie-Victorin);
- des fragments de landes tourbeuses à Juncus squarrosus;
- une belle population de Wahlenbergia hederacea, en bordure du fossé. Cette petite espèce est présente en plusieurs endroits de la vallée;
- une belle population de Dactylorhiza maculata non loin des lambeaux de prairies semi-naturelles qui subsistent.
2. Les prairies humides de Haute-Nimelette.
La réserve naturelle RNOB de Haute-Nimelette est occupée surtout par d'anciennes pâtures et d'anciens prés de fauche à l'abandon (CORINE 37.35) dont certains sont en cours de reboisement par les saules principalement. Une prairie à Deschampsia cespitosa et Persicaria bistorta (CORINE 37.215) occupe une partie du site, mais le pré de fauche le plus intéressant montre une belle population de Calamagrostis canescens.
Des magnocariçaies à Carex acutiformis (CORINE 53.212) et C. rostrata (CORINE 53.214), ces dernières occupant probablement l'emplacement d'anciennes fosses d'extraction de tourbe, et des jonchaies acutiflores (CORINE 54.422) complètent cet ensemble. Quelques groupements rudéralisés existent en contrebas de la route. De belles populations de Wahlenbergia hederacea et de Narcissus pseudonarcissus illuminent le site.
Carex brizoides, Senecio ovatus, Hypericum maculatum sont présents également, mais en dehors de la réserve.
Des cariçaies à Carex paniculata, fragmentaires, bordent l'étang aval.
La rivière est colonisée par Ranunculus penicillatus (CORINE 24.43).
3. Les forges Jean Petit.
Jadis, un vaste étang occupait la plaine alluviale à la Forge Jean Petit. Cet étang a été remblayé et son emplacement est occupé par des prairies et d'anciens prés de fauche d'intérêt variable. Le paysage, très ouvert, est d'une grande beauté.
On y observe des phalaridaies (CORINE 53.16), des jonchaies, des scirpaies (CORINE 37.219), des cariçaies ( à Carex nigra, C. rostrata),... Les zones les plus humides (en contrebas du chemin de la rive droite) montrent : Lysimachia vulgaris, Lycopus europaeus, Valeriana repens, Angelica sylvestris, Sparganium erectum, Scirpus sylvaticus, Alchillea ptarmica, Hydrocotyle vulgaris, Scutellaria galericulata, Potentilla erecta, Epilobium palustre, Carex vesicaria, Viola palustris, Galium palustre, Lychnis flos-cuculi, Juncus acutiflorus, J. effusus var. compactus, Veronica scutellata,... (mosaïque de groupement).
Les zones les plus sèches hébergent Galium saxatile, Veronica officinalis, Festuca filiformis, F. gr. rubra, Campanula rotundifolia, Succisa pratensis, Rumex acetosella, Carex ovalis,...
Des recolonisations forestières, encore timides se font par les saules, les bouleaux, les aubépines et les trembles.
Les orchidées Dactylorhiza majalis, D. fuchsii et D. maculata ont été observées (H. POHL).
4. Forges Destray.
L'étang après avoir été asséché, a été remis en eau il y a une douzaine d'années. Un relevé linéaire le long de ses berges montre de hautes herbes hygrophiles assez communes. En amont, un petit étang à l'abandon montre une glycéraie à Glyceria fluitans (CORINE 53.4), une cariçaie à Carex rostrata (CORINE 53.214), une roselière à Typha latifolia (CORINE 53.13), une jonchaie à Juncus effusus, une phalaridaie (CORINE 53.16),...
Une espèce rarissime en Ardenne, Calla palustris, est ici florissante. Elle forme une population exubérante le long de l'étang et envahit son exutoire, freinant l'écoulement de l'eau. Elle a été plantée par les pêcheurs. L'introduction de cette aracée, qui provient d'un autre étang où elle a également été plantée, est une réelle population botanique (J. SAINTENOY-SIMON et DUVIGNEAUD J., 1994).
A l'aval de l'étang existe une station de Conium maculatum.
D'après DUVIGNEAUD : 'La partie occidentale de l'Entre-Sambre-et-Meuse a été jadis le siège d'une industrie métallurgique particulièrement florissante. Elle regorgeait de forges et fourneaux auxquels des étangs fournissaient l'eau et l'énergie nécessaires. L'aspect de la vallée de l'Eau Noire, par exemple, dans sa traversée de la partie ardennaise de l'Entre-Sambre-et-Meuse, est resté particulièrement caractéristique à ce point de vue. Les anciens bâtiments des forges et des fourneaux se succèdent tout au long de la vallée, implantés au pied de hautes digues qui retenaient les eaux vers l'amont. Si ces étangs sont aujourd'hui asséchés et transformés en prairies pâturées et si le paysage possède maintenant un aspect totalement agreste, la présence çà et là de dépôts de laitier de fourneau appelé dans la région 'crasses' ou 'crayats', rappelle l'intense activité industrielle de jadis'.
D'après Ferraris : le site était jadis occupé par des prairies marécageuses, bois, étangs. Les bâtiments des forges Jean Petit, Pré Brulard et Destray étaient déjà bien visibles.