L'actuelle gare de Virton se trouve dans la vallée du Ton, à moins de 1,5 km au sud-ouest du centre de la ville, sur l'ancienne commune de Saint-Mard.
Le site tel que considéré ici comprend la gare sensu stricto mais aussi le segment de la ligne 165 allant vers l'ouest jusqu'au km 116,650 (pont oriental surplombant la route N88) et le segment de la ligne 155 jusqu'au km 127,4, soit jusqu'au pont sur le Ton (la rivière constitue approximativement la limite entre le tronçon de la ligne 155 géré par Infrabel et celui géré par l'usine Burgo). Les limites définies pour la gare proprement dite doivent être considérées comme assez arbitraires du côté nord en raison des travaux réalisés il y a peu (parking) et de ceux qui y seront réalisés (construction d'un CLI).
Le périmètre pris en compte dans cette fiche comprend principalement, d'ouest en est:
- côté nord, la bordure de la ligne 165 à partir du pont sur la route N88, une friche en cours de remaniement à l'emplacement de voies déferrées (projet de CLI) et, au-delà du bâtiment de la gare, le talus de la ligne 165;
- côté sud, la voie unique de la ligne 155 et ses abords depuis le petit pont enjambant le Ton jusqu'à la route conduisant notamment au parc à conteneurs, une étroite bande de végétation entre la voie droite de la ligne 165 et la ligne155, une bande de friche de près de 1 km s'étirant au nord de la petite route jusqu'au viaduc de la RN87 et, à l'extrémité orientale du périmètre, une grande friche dénommée ici friche orientale.
La plus grande partie de la gare sensu stricto, soit une surface de près de 4 ha, consiste en une étendue presque dénudée suite aux traitements herbicides appliqués chaque année. Toutefois, au début du printemps, les entrevoies y sont plus ou moins colonisées par une végétation thérophytique caractéristique des milieux ferroviaires, avec notamment Holosteum umbellatum, Erophila verna, Saxifraga tridactylites, Arabidopsis thaliana, Papaver argemone, Cerastium pumilum, Geranium purpureum,... L'espèce la plus remarquable, aussi présente dans quelques autres gares et dans une vingtaine de cimetières de la région jurassique (Remacle, 2011), est Holosteum umbellatum qui, en 2009 (avant la réalisation des travaux), formait une population dense, forte de milliers de pieds, au niveau de plusieurs entrevoies. Ces petites annuelles à floraison précoce parviennent, du moins certaines années, à accomplir leur cycle avant la pulvérisation printanière d'herbicides.
Les friches montrent, selon les endroits, un recouvrement de la strate herbacée très variable, allant de la friche ouverte et basse sur cendrées, laitier ou concassés, composée d'espèces souvent annuelles, à la friche élevée et dense, regroupant notamment diverses vivaces, par exemple Tanacetum vulgare, Solidago canadensis et Artemisia vulgaris, mais aussi d'abondants Melilotus albus, Erigeron annuus, Echium vulgare, Oenothera spp.,... Certaines zones sont envahies de ligneux pionniers, régulièrement recépés à proximité des voies encore actives.
Les friches de la gare de Saint-Mard hébergent diverses plantes intéressantes en raison de leur statut en Wallonie et/ou dans la région jurassique: Corrigiola litoralis (très localisé dans le site), Petrorhagia prolifera (forte station en grande partie détruite lors des travaux réalisés récemment dans la friche orientale), Cirsium eriophorum, Cerastium brachypetalum, Crepis foetida, Rumex scutatus, Agrimonia procera, Veronica polita, etc.
En plus de son intérêt pour la flore, ce site ferroviaire présente un intérêt herpétologique indéniable, avec l'existence de six reptiles: les deux couleuvres (Natrix natrix et Coronella austriaca) et les quatre lézards (Anguis fragilis, Podarcis muralis, Zootoca vivipara et Lacerta agilis). Par leur richesse en plantes entomophiles, notamment en fabacées (y compris Securigera varia), les friches accueillent divers papillons de jour dont deux espèces prioritaires, ainsi que nombre d'abeilles sauvages dont des espèces hélicicoles. Les aires plus ou moins dénudées hébergent les orthoptères thermophiles Oedipoda caerulescens et Platycleis albopunctata.