Le bois de l'Hestreu est composé principalement de chênaies-charmaies acidiphiles et de chênaies sessiliflores, souvent avec un aspect de vieux taillis. Il a été globalement très peu enrésiné. Sur le versant dominant la vallée du Ry de Rome apparaissent ici et là des clairières naturelles dans lesquelles existent de petites landes herbeuses thermophiles, dont le maintient est lié à des conditions topographiques particulières (exposition sud, pente prononcée, sol superficiel) mais également à l'abondance du chevreuil qui broute la végétation arbustive.
La végétation de ce versant a été brièvement esquissée par CLESSE et DUVIGNEAUD (1987) et complétée par CLESSE (2014). On y observe notamment, du bas en haut de la pente:
- une lisière forestière sur éboulis schisteux avec Prunus spinosa, Campanula trachelium, Brachypodium pinnatum, Brachypodium sylvaticum, Euphorbia amygdaloides, Clinopodium vulgare, etc.
- une chênaie-charmaie neutrophile de bas de versant, avec Acer campestre, Acer pseudoplatanus, Carpinus betulus, Prunus avium, Corylus avellana, Poa chaixii, Melica uniflora, Lamium galeobdolon, ...
- une chênaie-charmaie acidiphile à Teucrium scorodonia, dominée par Carpinus betulus;
- une chênaie sessiliflore thermophile à Quercus petraea, Malus sylvestris, Mespilus germanica, Deschampsia flexuosa, Teucrium scorodonia, Holcus mollis, Lonicera periclymenum, Silene nutans, etc.
- une lande herbeuse dominée par les poacées Deschampia flexuosa, Agrostis capillaris et Festuca filiformis, avec Rumex acetosella, Silene nutans, Teucrium scorodonia, Luzula campestris, Polygala serpyllifolia, fortement colonisée par Cytisus scoparius et avec de belles plages de sol nu colonisées par les mousses Polytrichum juniperinum, P. piliferum, Dicranum scoparium, Racomitrium canescens et l'envahissant Campylopus introflexus, et les lichens Cladonia portentosa, C. furcata, C. ciliata, etc.;
- une lande à Calluna vulgaris où l'on retrouve la plupart des espèces de la lande herbeuse auxquelles s'ajoute Carex pilulifera.
C'est dans ces landes qu'a été trouvé, pour la première fois en Belgique, le rarissime Hypericum linariifolium (CLESSE et DUVIGNEAUD, 1987), une espèce à distribution atlantique qui était déjà connue de quelques localités des Ardennes françaises constituant un ilot de peuplement fort éloigné de son aire principale. Décelée en septembre 1986 par B. Clesse, cette station est longtemps restée unique jusqu'à la découverte d'une seconde localité à Treignes en 2012, à environ 13 km à l'est de Couvin (CLESSE, 2014).
L'évolution de la couverture végétale depuis les années 1980 a pu être évaluée grâce à un transect réalisé en août 2010 lors d'un stage de botanique organisé par le Centre Marie-Victorin (CLESSE, 2014), suivi d'un autre transect en août 2014. Le changement le plus important est l'envahissement arbustif par le genêt à balais (Cytisus scoparius) dont le recouvrement atteint entre ¼ et ½ de la surface de l'habitat. Ce développement du genêt reste inexpliqué, le site n'ayant subi aucune modification particulière au cours des deux dernières décennies (absence d'incendie, par ex.). Il a également été constaté un dépérissement notable du chêne sessile (Quercus robur), victimes de périodes de sècheresse et/ou de gel intense.
En 2010, le comptage d'Hypericum linariifolium donne au total 194 pieds, dont 164 dans la lande herbeuse et seulement 29 dans la lande à callune. En 2014, le comptage approximatif dans les deux parties de landes fait état de plusieurs centaines de pieds dont de très nombreuses plantules, confortant ainsi les gestionnaires du site dans leurs actions en faveur du maintien de la population.