1. Dans la première partie de son cours, entre la Fagne Wallonne et la Fagne des Deux Séries, la Helle coule au milieu de jonchaies acutiflores, de moliniaies entrecoupées de cariçaies à Carex nigra ou à C. rostrata, de fragments de landes à callune et airelle. Une partie de son cours supérieur est bordée de plantations de résineux établies sur tourbe. Ensuite la vallée devient progressivement plus encaissée et des futaies feuillues apparaissent (chênaies sessiliflores à Calamagrostis arundinacea et hêtraies). Au petit Bongard et au Grand Bongard existent des boulaies et une vaste moliniaie tourbeuse piquée de bouleaux (voir fiches LG 3 Grand Bongard et Petit Bongard et LG 65 entre Bongard et Neckel) du plus grand intérêt.
En effet, sur la rive gauche et sur la rive droite de la rivière existent des dépôts de tourbe souvent peu épais qui ont été étudiés (BONHOMME et al., 1985). Un profil réalisé sur la rive droite, concave, de la Helle a permis de faire remonter l'origine de la tourbière au Préboréal. Elle serait âgée de 9780 ans BP. C'est un des plus anciens dépôts de tourbe du haut-plateau.
En amont de ce site, une tourbière plus récente datant de la période Atlantique se superpose à d'anciens chenaux de la Helle.
2. Le Petit Bonheur. Près des confluents ru du Petit Bonheur-Helle-Spoorbach existe une magnifique boulaie sur tourbe qui occupe le fond de la vallée et remonte le long du Petit Bonheur. En plus de son intérêt écologique, elle présente un très grand intérêt paysager.
Un relevé réalisé dans les 'fagnes' qui longent le ru du petit Bonheur montre : Betula pubescens 3.3, Alnus glutinosa +, dans la futaie claire; Molinia caerulea 5.5, Deschampsia cespitosa 1.2, Calamagrostis canescens 1.2, Holcus mollis 1.2, Juncus effusus 1.2, J. effusus var. subglomeratus +, Lysimachia vulgaris 1.1, Galium saxatile 1.2, Vaccinium myrtillus 1.2, V. vitis-idaeus, Potentilla erecta 1.2, Agrostis canina 1.2, Equisetum sylvaticum 1.2, Anemone nemorosa 1.2, Scutellaria minor +, Carex nigra +, C. echinata +, Persicaria bistorta +, Dryopteris carthusiana +, Trientalis europaea +, Viola palustris +, Polygonatum verticillatum +, etc., dans la strate herbacée où s'étendent également des jonchaies acutiflores et une importante strate muscinale (Sphagnum sp. et Polytrichum commune). Dans l'eau du ruisseau pousse Juncus bulbosus et le long des berges moussues, Molinia caerulea, Vaccinium vitis-idaea, V. myrtillus, Blechnum spicant, etc.
NOIRFALISE et al. (1971) ont publié deux relevés réalisés dans un bois de bouleau pubescent (Vaccino-Betuletum typicum) de la vallée de la Helle (Membach). Ces auteurs ont observé :
- dans le premier relevé (relevé 19 du tableau I) : Molinia caerulea 3.3, Polytrichum commune 3.5, Sphagnum girgensohnii 3.3, S. fimbriatum 1.2, S. palustre 2.2, S. flexuosum 3.3, Tetraphis pellucida +.2, Vaccinium myrtillus 1.1, Deschampsia flexuosa 1.1, Luzula sylvatica +, Juncus effusus +, Persicaria bistorta +.2, Carex rostrata 1.3, Holcus mollis +.2, Pteridium aquilinum 1.2, Polytrichum strictum 1.2, Sphagnum cuspidatum;
- dans le second (relevé 26 du tableau I), plus pauvre en espèces, mais où les plantes dominantes sont comparables, l'absence de Sphagnum fimbriatum, mais la présence de S. apiculatum 4.4 et Aulacomium palustre +.2 ainsi que l'abondance de Deschampsia cespitosa 3.4.
Sur le versant de la vallée du ruisseau du Petit Bonheur et de la Helle, on note une lande à Nardus stricta 3.3, Agrostis tenuis 1.2, Deschampsia flexuosa 2.2, Galium saxatile 2.2, Holcus mollis 1.2, Carex panicea +, Festuca filiformis +, Luzula multiflora subsp. congesta. En bordure du chemin qui remonte le cours du ruisseau, on observe Meum athamanticum.
Les berges de la Helle bien éclairées portent Vaccinium uliginosum, V. myrtillus, V. vitis-idaea, Succisa pratensis, Potentilla erecta, Juncus acutiflorus, Calluna vulgaris, Hypericum maculatum,... et des fourrés de Salix aurita.
3. Le Spoorbach est jalonné de fragments d'aulnaies à Alnus glutinosa, Betula pubescens, Phalaris arundinacea, Equisetum sylvaticum,... Vers le milieu de son cours, existe un pouhon qui envoie ses eaux ferrugineuses dans le ruisseau.
Vers le confluent, le ruisseau s'encaisse et son versant droit devient vertigineux.
4. En aval de Hertogenhégel, la vallée s'encaisse et coule dans de belles hêtraies. Le lit est encombré de gros blocs de roche et les berges sont très érodées. Les arbres bordant le cours d'eau ne peuvent pousser que sur la banquette alluviale située à un ou deux mètres au-dessus de la rivière. Leurs racines sont le plus souvent partiellement en surplomb. Généralement la forêt-galerie d'aulne est très réduite, la hêtraie s'étendant jusqu'aux berges. Les branches des hêtres s'etendent loin au-dessus de la rivière qui est de ce fait très ombragée et bordée d'une végétation éparse. Les plus anciens hêtres de l'Hertogenwald poussent le long du Schorstein.
a) En synthétisant plusieurs relevés effectués sur la banquette alluviale de la Helle, on peut dire que celle-ci comporte :
- dans la strate arborée : Fagus sylvatica, Quercus petraea, Picea abies;
- dans la strate arbustive : Fagus sylvatica, Acer pseudoplatanus, Sorbus aucuparia, Betula pubescens, Picea abies;
- dans la strate sous-arbustive : Cytisus scoparius +, Lonicera periclymenum, Rubus sp.;
- dans la strate herbacée, une série d'espèces co-dominantes telles Molinia caerulea, Calamagrostis arundinacea, Vaccinium myrtillus, Pteridium aquilinum, Deschampsia flexuosa, Luzula sylvatica, L. luzuloides, Agrostis tenuis, Athyrium filix-femina, et d'espèces plus sporadiques comme Oxalis acetosella, Blechnum spicant, Carex pallescens, C. echinata, C. canescens, C. ovalis, C. laevigata, Juncus filiformis, J. effusus, J. effusus var. subglomeratus, Deschampsia cespitosa, Galium saxatile, dryopteris dilatata, D. filix-mas, Potentilla erecta, Teucrium scorodonia, Holcus mollis, Polygonatum verticillatum, Hypericum pulchrum, Melampyrum pratense, Phegopteris connectilis, Impatiens noli-tangere ainsi que des coussinets de Polytrichum formosum.
b) Les rives concaves, abruptes et rocheuses portent généralement de belles colonies de fougères qui rassemblent Phegopteris connectilis, Oreopteris limbosperma (toujours très abondant), Athyrium filix-femina, Dryopteris carthusiana, des coulées de Sphagnum div. sp. ainsi que Carex remota, Calamagrostis arundinacea...
c) Des landes à Cytisus scoparius existent çà et là.
d) Des trouées, situées un peu plus haut que la banquette alluviale montrent une végétation un peu différente dominée par Holcus mollis, Calamagrostis canescens, Deschampsia cespitosa, D. flexuosa, Molinia caerulea, Lotus pedunculatus, Agrostis tenuis, Trientalis europaea entrecoupée de cariçaies à Carex nigra et de jonchaies acutiflores.
e) Les bords de l'eau abritent Glyceria fluitans, Juncus bulbosus, J. bufonius, Callitriche sp., et les drains, Phalaris arundinacea, Carex pendula (rare)...
f) Les zones déprimées de la plaine alluviale sont occupées par des aulnaies fragmentaires à Molinia caerulea.