Le Bois du Fond du Grand Pouhon était jadis en partie occupé par une vaste lande s'étalant entre Verdenne et Marenne, laquelle fut largement enrésinée durant le 19ème siècle (dans le cadre de la loi sur la mise en valeur des incultes de 1847). A l'heure actuelle subsistent des témoins relictuels de cette lande sous la forme de pelouses acidiphiles et de plages de callunes localisées au bord des chemins et talus éclairés, dans les clairières ou les coupes à blanc.
Dans une étude sur les pelouses acidiphiles de basse Ardenne, GIOT (2016) décrit un habitat intéressant qu'il a récemment découvert sur le site, la pelouse acidiphile à nard. Ce type de végétation, devenu très rare en Wallonie, est un habitat d'intérêt communautaire trouvant son origine dans les pratiques agro-pastorales traditionnelles liées à l'élevage ovin.
Les stations étudiées par GIOT (2016) sont situées le long de deux chemins forestiers (zones 1 et 2) plus ou moins parallèles, distants d'environ 600 m et orientés selon un axe ouest-est. Ces deux chemins sont reliés entre eux par deux layons forestiers. Quatre relevés botaniques y ont été effectués entre juin et août 2013.
La zone 1 (1 relevé) est localisée sur un versant exposé au nord-ouest, à une altitude de 350 m. S'étendant sur une longueur de 370 m, ce chemin traverse une propriété forestière récemment replantée et est fauché annuellement pour des raisons cynégétiques, ce qui permet le maintien d'une végétation herbacée sur les bermes mais aussi, par endroits, sur l'assise même du chemin. L'extrémité ouest de celui-ci est franchie par un ruisselet qui comporte une petite zone humide.
Un cordon arbustif linéaire marque la limite entre la jeune plantation et le chemin. On y recense Betula pendula, B. pubescens, Cytisus scoparius, Fagus sylvatica, Frangula alnus, Lonicera periclymenum, Populus tremula, Quercus petraea, Q. robur, Salix caprea, Salix x multinervis, Sorbus aucuparia. Des touffes de Calluna vulgaris y sont localement présentes, accompagnées de Vaccinium myrtillus.
Ce cordon est lui-même bordé par un ourlet herbacé acidiphile dominé par Pteridium aquilinum, avec aussi Deschampsia flexuosa, Holcus mollis, Hypericum pulchrum, Melampyrum pratense, Potentilla erecta, Teucrium scorodonia, Veronica officinalis, de même que Gnaphalium sylvaticum.
La végétation herbacée du chemin montre des éléments de nardaie comportant une trentaine de touffes de Nardus stricta, ainsi que Agrostis capillaris, Carex pallescens, Carex caryophyllea, Danthonia decumbens, Festuca filiformis, Galium saxatile, Hieracium laevigatum, Polygala serpyllifolia.
Des espèces prairiales acidiclines s'y associent, comme Anthoxanthum odoratum et Hypochaeris radicata.
La station héberge également toute une série d'espèces des prairies mésophiles mésotrophes dont Carex flacca, Centaurea jacea s.l., Cerastium fontanum subsp. vulgare, Dactylis glomerata, Daucus carota, Festuca rubra subsp. commutata, Holcus lanatus, Leontodon autumnalis, Plantago lanceolata, Poa trivialis, Prunella vulgaris, Taraxacum sp. S'y ajoute Centaurium erythraea, assez abondant dans la région et colonisant souvent sur des sols perturbés acides à neutro-basiques.
La zone humide installée à l'extrémité orientale du chemin renferme une jonçaie mixte à Juncus acutiflorus et J. effusus, ainsi qu'un élément de bas-marais oligotrophe à Carex echinata, C. panicea, Viola palustris, Juncus bulbosus, Molinia caerulea accompagnés par Epilobium tetragonum subsp. lamyi, Galium palustre, Lysimachia vulgaris, Athyrium filix-femina et Oreopteris limbosperma.
La zone 2 (3 relevés) s'étend à 600 m au sud de la 1ère, à une altitude de 385 m, sur le haut du versant sud du vallon du Ri del Deffe, à une soixantaine de m de la ligne de crête. La station correspond au côté nord du chemin qui part de la tour de télécommunications militaires de Verdenne (tour dite BEMILCOM), en se dirigeant vers l'est sur environ 370 m de longueur. Constitué de pierres calcaires, ce chemin et ses abords forme une banquette à flanc de coteau permettant une certaine rétention de l'eau de pluie, d'où la formation d'ornières et de petits fossés. Aux abords de la tour, l'accotement est formé d'un petit talus séparant le chemin d'une mise à blanc et ensuite d'une vaste plantation de mélèzes. Plus vers l'est, l'accotement s'élargit progressivement offrant un espace ouvert d'une largeur atteignant par endroits une dizaine de mètres. Se trouvant sur le même territoire de chasse que la 1ère zone, la végétation du chemin est également fauchée annuellement, à la fin de l'été.
L'accotement était naguère occupé par un manteau arbustif qui a été éliminé lors de la mise à blanc, il y a une dizaine d'années. Une recolonisation ligneuse s'y observe actuellement, avec les mêmes espèces que dans la zone 1, soit sous la forme de semis, soit par rejets de souche. Un roncier s'y développe également. Sur le haut du talus ainsi que dans l'alignement de Quercus rubra et Alnus glutinosa bordant la plantation de mélèzes, on observe la présence de Calluna vulgaris, qui y forme des lambeaux de lande.
Dans la partie orientale du chemin, la strate arbustive montre un développement plus avancé. En sous-strate, la callune domine largement, formant une belle étendue de lande accompagnée par un appauvrissement net de la strate herbacée.
Le long du manteau arbustif, Pteridium aquilinum forme un ourlet préforestier en nappe qui s'étend jusqu'à la partie médiane de l'accotement. D'autres espèces d'ourlet acidiphile l'accompagnent, comme Deschampsia flexuosa, Hypericum pulchrum, Potentilla erecta, Teucrium scorodonia, Veronica officinalis,...
Dans les zones laissées libres par la fougère aigle, apparaît une prairie acidophile à Agrostis capillaris et Holcus mollis.
Aux endroits les plus ouverts et secs, prend place la pelouse acidiphile oligotrophe à Agrostis capillaris, Carex pallescens, C. pilulifera, Danthonia decumbens, Festuca filiformis, Galium saxatile, Hieracium laevigatum, Polygala serpyllifolia, Nardus stricta (2 touffes), Rumex acetosella subsp. pyrenaicus, Arenaria serpyllifolia, Luzula multiflora subsp. multiflora.
S'y ajoutent nombre d'espèces de prairie mésophile et mésotrophe, comme Arrhenatherum elatius, Bellis perennis, Centaurea jacea s.l., Cerastium fontanum subsp. vulgare, Dactylis glomerata, Festuca rubra subsp. commutata, Festuca pratensis, Galium mollugo, Holcus lanatus, Leontodon autumnalis, Leucanthemum vulgare, Medicago lupulina, Plantago lanceolata, Plantago major, Poa annua, Poa trivialis, Prunella vulgaris, Ranunculus acris, Rumex acetosa, Stellaria graminea, Taraxacum sp., Trifolium repens, T. pratense, etc. D'autres plantes prairiales apparaissent plus rarement, par exemple Cynosurus cristatus, Lolium perenne, Phleum pratense cantonnés en bord de chemin, auxquelles se joignent les acidoclines Hypochaeris radicata et Anthoxanthum odoratum.
La formation d'ornières et petites mares a favorisé l'implantation d'espèces hygrophiles représentatives de plusieurs groupements:
- prairies sur sols humides méso-eutrophes: Agrostis stolonifera, Juncus effusus, Mentha arvensis, Potentilla reptans, Ranunculus repens;
- roselières et mégaphorbaies: Angelica sylvestris, Eupatorium cannabinum;
- prairies non fertilisées sur sols oligo-mésotrophe: Agrostis canina, Carex ovalis, Cirsium palustre, Juncus conglomeratus, Luzula multiflora subsp. multiflora et subsp. congesta, Ranunculus flammula;
- communautés pionnières des grèves humides argilo-siliceuses: Hypericum humifusum, Gnaphalium uliginosum, Juncus tenuis, Juncus articulatus, Carex demissa, Persicaria minor.
Des plantes typique des coupes forestières croissent ici et là, dont Cirsium vulgare, Digitalis purpurea, Epilobium angustifolium, Senecio sylvaticus, Solidago virgaurea, Gnaphalium sylvaticum. La flore est complétée par les nitrophiles Artemisia vulgaris, Cardamine hirsuta, Chaenorrhinum minus, Epilobium tetragonum subsp. tetragonum, Galeopsis tetrahit, Lapsana communis, Sonchus asper, ainsi que par des espèces de pelouses sèches comme Hypericum perforatum, Euphrasia stricta, et prairiales comme Leontodon autumnalis.
Centaurium erythraea y abonde, surtout à l'extrémité orientale de la zone.
Les layons qui relient les deux chemins sont également gérés par une fauche annuelle. La végétation est fort semblable à ce que l'on observe sur le chemin nord (zone 1). La présence de Nardus stricta y a aussi été constatée (3 touffes dans le layon occidental).