Le Tier des Fotches est une colline dominant le flanc droit de la vallée de la Wamme à 1 km au sud-est du village de Hargimont, sur le territoire de l'entité de Marche-en-Famenne, le long de la route N896 Hargimont-Harsin. Le site se trouve au commencement de l'Ardenne gréseuse, dans la zone de transition avec la Famenne calcaire et schisteuse. L'altitude varie de 240 à 295 m.
Les trois carrières ouvertes sur le Tier des Fotches, aussi dénommées globalement «carrière de Hargimont» ou «carrière de Jemeppe» (cf rapport final du PCDN), ont été décrites en détail par A. Remacle dans le cadre de la convention «Inventaire des carrières et sablières abandonnées de la Région wallonne» sur base d'observations datant principalement de la fin des années 1990. Cette description est donnée ci-après moyennant de légères adaptations.
Carrière ouest
Cette excavation à l'ensoleillement limité présente une forme grossièrement rectangulaire, longue d'environ 190 m et large au maximum de 50 m. Elle est accessible par un chemin actuellement fermé par une clôture; il est également possible d'atteindre le radier en longeant la falaise nord-ouest (ancien accès - cf. carte IGN).
Elle est limitée
- vers le sud-est, par une falaise gréseuse subverticale correspondant au plan de stratification; cette dalle, très lisse, est quasiment dénudée, sauf à la partie supérieure plus irrégulière;
- vers le nord-ouest par une falaise irrégulière, éboulée dans le bas et nettement plus riche en végétation ligneuse et herbacée;
- vers le nord-est par une falaise irrégulière, pourvue d'un suintement apparemment temporaire.
Le fond est occupé du sud vers le nord par:
- une partie aménagée de façon sommaire, avec caravane, WC, jardinet, barbecue, tas de bois;
- une petite zone plus ou moins humide, du moins en hiver et au printemps;
- une pièce d'eau (avec poissons) de forme plus ou moins rectangulaire, d'une superficie approximative de 5 ares. Elle est limitée par la falaise sud-est et par des berges abruptes ailleurs;
- une zone humide avec plusieurs petites mares très peu profondes (sèches le 01/06/99), alimentées par le suintement descendant de la falaise nord-est.
Les infrastructures résiduelles de la carrière sont localisées au sud-ouest de l'excavation. Devant celle-ci se trouve une zone en friche plus ou moins humide, avec l'une ou l'autre très petite mare temporaire.
L'excavation est séparée de sa voisine par une parcelle boisée: pins sylvestres mêlés de feuillus divers, avec un sous-bois plus ou moins dense selon les endroits et, au sol, des ronces souvent abondantes. Les zones non ou peu arborées en bordure de l'excavation semblent rares et de faible surface. Des tas de pierres (haldes) sont visibles à la bordure supérieure des falaises, formant une sorte de bourrelet.
L'extrémité nord de l'excavation jouxte des terrains agricoles, mais elle en est séparée par une bordure arborée/buissonneuse.
Carrière centrale
Longue d'environ 175 m, soit un peu moins que sa voisine, cette excavation est globalement plus large (environ 60 m); toutefois, le fond est relativement étroit suite à la présence d'un replat intermédiaire le long d'une grande partie de la falaise nord-ouest, envahi de ligneux pionniers et de ronces.Le chemin d'accès actuel aboutit à ce replat; le fond de la fosse est atteint en descendant le talus du versage à l'extrémité sud.
Comme l'exca vation voisine, elle est limitée vers le sud-est par une dalle subverticale haute d'une quarantaine de m, où la végétation est surtout concentrée au niveau d'une vire large de 2-3 m maximum. Les deux autres falaises sont irrégulières et plus riches en végétation; la falaise nord-ouest présente vers le nord un éboulis très important avec accumulation de gros blocs.
Le fond de cette carrière, peu ensoleillé, est divisé en deux secteurs:
- le secteur sud, plus étroit, qui est recouvert d'anciens tas de déchets et envahi par une végétation nitrophile et des saules;
- le secteur nord, un peu plus large et non touché par les dépôts d'inertes; d'une surface de 10-15 ares, il comprend une zone humide de 5 ares maximum, correspondant à une mare très peu profonde (boueuse le 01/06/1999).
Un ancien versage occupe le fond de la partie méridionale de cette excavation; des inertes, mais aussi des pneus, ferrailles, plastiques,..., y sont encore apparents.
Les infrastructures résiduelles de la carrière sont localisées au sud-ouest de l'excavation et de la voisine.
L'excavation est séparée de ses deux voisines par des parcelles boisées: pins sylvestres mêlés de feuillus divers, avec un sous-bois plus ou moins dense selon les endroits et, au sol, des ronces souvent abondantes. Les zones non ou peu arborées en bordure des excavations semblent rares et de faible surface. Des tas de pierres (haldes) sont visibles à la bordure supérieure des falaises, formant une sorte de bourrelet.
Début avril 1999, le versage était de nouveau approvisionné de façon assez intensive: terres et inertes surtout, avec quelques ferrailles et sacs poubelles; un tas de terre bloquait à cet époque l'accès au replat intermédiaire à partir duquel étaient déversés ces déchets
Petite carrière orientale
Cette excavation, qui correspond probablement à un début d'exploitation, est nettement plus petite et probablement plus récente que les deux voisines. Elle se marque peu dans le paysage.
Les falaises, en partie schisteuses (notamment schistes rouges), sont hautes de moins de 8 m et extrêmement délitées, avec accumulation importante de fragments schisteux dans le bas; elles sont pauvres en végétation.
Le fond de cette dépression est en grande partie couvert de tas de déchets envahis de nitrophytes. Des ferrailles et quelques encombrants ménagers sont visibles çà et là dans le fond et vers le chemin.
D'après A. Remacle, les trois excavations localisées au lieu-dit Tier des Fotches présentent un intérêt biologique pouvant être qualifié de moyen. Ce diagnostic reposait sur des données fragmentaires datant surtout de la fin des années 1990. Aucune ré-évaluation de cet intérêt n'a été réalisée ultérieurement. Le site est repris comme zone centrale dans le rapport final du PCDN de Marche-en-Famenne (GRAITSON, 2007) mais aucune information nouvelle n'est apportée sur le plan biologique. Néanmoins, les relevés effectués en 1999 et 2007 ont permis d'établir une liste de plantes supérieures s'élèvant tout de même à près de 120 espèces.
Carrière ouest
La pièce d'eau est pauvre en végétation, hormis la présence de Potamogeton crispus (assez abondant) et de quelques feuilles de nymphéacée.
Au niveau des petites zones humides poussent notamment Ranunculus repens, Lychnis flos-cuculi, Rumex sp., Solanum dulcamara, Veronica beccabunga, Valeriana repens, Cirsium palustre, Juncus effusus, Typha latifolia (quelques plants), Glyceria fluitans, Alopecurus geniculatus, ainsi que des algues filamenteuses.
Ailleurs dans le fond, la végétation comprend, parmi les ligneux, Betula pendula, B. pubescens, Pinus sylvestris, Alnus incana, A. glutinosa, Salix caprea, Populus tremula, Fraxinus excelsior, Ulmus campestris, Prunus avium, Sambucus racemosa, Cornus sanguinea,..., et, parmi la végétation herbacée, Ranunculus acris, R. repens, Erophila verna, Dianthus armeria (station voisine de la pièce d'eau), Silene vulgaris (peu abondante), Rumex acetosa, Potentilla reptans, Trifolium dubium, T. repens, T. pratense, Geranium robertianum, Myosotis arvensis, Prunella vulgaris, Plantago lanceolata, Galium mollugo, Bellis perennis, Hieracium murorum, Hieracium maculatum (quelques plants), H. lachenalii, Tussilago farfara, Hypochaeris radicata, Crepis biennis, Picris hieracioides, Senecio jacobaea, diverses poacées dont Holcus lanatus, Arrhenatherum elatius, Lolium perenne, Poa compressa,... Quelques fougères croissent dans l'angle sud fort ombragé (entre la falaise principale et un pan rocheux secondaire): au moins Dryopteris filix-mas, D. dilatata, Athyrium filix-femina.
Sur les falaises pousse une végétation éparse composée notamment de ligneux surtout pionniers (Betula pendula, Pinus sylvestris, Salix caprea, Picea abies (jeunes), Quercus robur, Cytisus scoparius,...), de Rubus sp. et, parmi la végétation herbacée, de Silene latifolia subsp. alba, Teucrium scorodonia, Leucanthemum vulgare, Hieracium murorum, Arrhenatherum elatius, Deschampsia flexuosa,...
Sur les tas bloquant l'ancien accès ouest poussent, à côté de jeunes ligneux pionniers et de Cytisus scoparius, Hieracium lachenalii, H. murorum et H. piloselloides.
Carrière centrale
Les ligneux qui ont colonisé le fond et le replat intermédiaire sont représentés par les espèces suivantes: Salix caprea (nombreux sur les tas d'inertes), Betula pendula, Pinus sylvestris, Alnus incana, A. glutinosa, Fraxinus excelsior, Prunus avium, Ulmus campestris, Sambucus nigra, Rosa canina, Cornus sanguinea, Cytisus scoparius, Symphoricarpos albus (versage),...
La zone humide de la partie intacte du fond montre une végétation herbacée plus intéressante que celle des petites zones humides de l'excavation voisine: Typha latifolia (plage relativement importante), Equisetum palustre, Glyceria fluitans, Eleocharis palustris (abondant), Scirpus sylvaticus, Carex vesicaria (quelques petites plages), Juncus effusus, Lycopus europaeus, Rumex sp., Cirsium palustre, Epilobium div. sp. (probablement E. hirsutum et E. parviflorum), Solanum dulcamara, Valeriana repens, Eupatorium cannabinum, Cardamine pratensis, Hypericum du groupe maculatum,...
Ailleurs croissent notamment Urtica dioica, Silene dioica, Dianthus armeria, Malva moschata, Coincya monensis subsp. cheiranthos (espèce très rare - obs. M. Paquay en 1999), Reseda luteola, Agrimonia eupatoria, Trifolium pratense, T. campestre, Geranium robertianum, Echium vulgare, Adoxa moschatellina, Senecio ovatus, Hieracium murorum, Leucanthemum vulgare (replat), Dryopteris filix-mas.
Sur les falaises poussent de jeunes ligneux (Betula pendula, Salix caprea, Pinus sylvestris), Rubus sp. et, parmi la strate herbacée, Teucrium scorodonia, Leucanthemum vulgare, Hieracium murorum, Arrhenatherum elatius, Deschampsia flexuosa, les fougères Polypodium vulgare, Asplenium trichomanes et Dryopteris filix-mas,... Quelques touffes de Calluna vulgaris ont été observées à la bordure supérieure de la falaise.
Les parcelles boisées situées entre l'excavation et ses voisines sont des pinèdes relativement âgées de pin sylvestre mêlées de divers feuillus et d'arbustes (notamment Corylus avellana et Crataegus monogyna). Les ronces y sont globalement abondantes. Plusieurs arbres morts encore dressés présentent un intérêt pour les oiseaux cavernicoles et les insectes xylicoles ou xylophages.
Petite carrière orientale
L'excavation concernée par cette fiche est plus petite et plus ensoleillée que les deux voisines; à proximité et près du chemin existent des lambeaux de pelouse sèche silicicole (groupement se rapprochant d'un Thero-Airion), remarquables par la présence d'une espèce rarissime dans le district mosan: Filago vulgaris (non retrouvée en mai 2007).
Les ligneux qui colonisent ce site sont encore relativement jeunes: Salix caprea (majoritaire), Pinus sylvestris, Betula pendula, B. pubescens, Quercus robur (replat), Cytisus scoparius, Clematis vitalba.
Le fond de cette cavité, altéré par d'anciens dépôts de déchets, montre une végétation peu intéressante, avec Ranunculus repens, Urtica dioica, Silene latifolia alba, Rubus sp., Filipendula ulmaria, Vicia sepium, Epilobium angustifolium, Heracleum sphondylium, Solanum dulcamara, Galium aparine, G. mollugo, Cruciata laevipes, Valeriana repens, Cirsium arvense, Hieracium murorum, Tanacetum vulgare, Dactylis glomerata,...
Sur les falaises schisteuses et les quelques petits replats de celles-ci ont été recensés: Silene vulgaris, Rumex acetosa, Lepidium campestre, Coincya monensis subsp. cheiranthos, Fragaria vesca, Epilobium lanceolatum, E. angustifolium, Teucrium scorodonia, Hieracium murorum, Hieracium piloselloides, etc.
Les lambeaux de pelouses sèches localisés en bordure du chemin hors site montrent une végétation herbacée composée d'une proportion assez importante d'espèces annuelles (groupement se rapprochant d'un Thero-Airion): Arenaria serpyllifolia, Sagina apetala, Spergularia rubra, Scleranthus annuus, Cerastium semidecandrum, Silene vulgaris, Rumex acetosella, Erophila verna, Lepidium campestre, Potentilla argentea, P. neumanniana, Aphanes arvensis, Sanguisorba minor (peu abondante), Fragaria vesca, Trifolium campestre, T. arvense, T. dubium, Lotus corniculatus, Geranium columbinum, Echium vulgare, Myosotis ramosissima, Plantago lanceolata, Veronica arvensis, V. officinalis, Filago vulgaris (abondante en bordure du chemin, plus dispersée dans les autres petites plages encore ouvertes de la parcelle voisine), Hieracium piloselloides, H. pilosella, Hypochaeris radicata, Senecio jacobaea, Vulpia bromoides, Poa compressa,..., ainsi que de bryophytes et de lichens. La petite poacée caractéristique du Thero-airion, Aira praecox, n'a pas été observée. Ces plages de pelouses sont progressivement envahies par des ronces, des genêts (Cytisus scoparius), des arbustes et de jeunes arbres.
Le peuplement faunistique n'est que très partiellement documenté. La plupart des données disponibles datent des années 1990. Les observations plus récentes ne sont guère nombreuses et concernent surtout les oiseaux (grand-duc d'Europe en particulier) et les papillons de jour.
Mammifères: le muscardin (Muscardinus avellanarius), inclus dans la liste rouge des mammifères de Wallonie, a été observé en bordure d'une parcelle boisée entre les excavations (obs. M. Paquay).
Oiseaux: les falaises élevées et abruptes des deux excavations principales présentent un grand intérêt pour l'avifaune rupicole, en particulier pour le grand-duc d'Europe (Bubo bubo) qui y niche régulièrement depuis au moins le début des années 1990. Nidification possible de la chouette effraie (Tyto alba), avec présence d'un abri-perchoir régulièrement fréquenté en 1999 (obs. M. Paquay).
Le pic noir (Dryocopus martius), le pic épeiche (Dendrocopos major) et le pic mar (Dendrocopos medius) sont présents dans la partie forestière, de même que le bouvreuil pivoine (Pyrrhula pyrrhula), le gros-bec cassenoyaux (Coccothraustes coccothraustes) et le pouillot siffleur (Phylloscopus sibilatrix).
Reptiles: présence de l'orvet fragile (Anguis fragilis), de la coronelle (Coronella austriaca) (obs. M. Paquay en 1999) et du lézard des murailles (Podarcis muralis) (obs. E. Heymans, 2000).
Amphibiens: le petit étang sert de lieu de ponte pour le crapaud commun (Bufo bufo) et secondairement la grenouille rousse (Rana temporaria) (obs. Th. Mulders). Ces deux espèces se reproduisent également dans les autres points d'eau, plus temporaires, en compagnie du triton palmé (Lissotriton helveticus) et du triton ponctué (Lissotriton vulgaris). En outre, la présence de l'alyte accoucheur (Alytes obstetricans) a été signalée sur le site (obs. D. Vieuxtemps).
Insectes: très peu d'Odonates ont été recensés jusqu'à présent; la principale espèce est la petite nymphe au corps de feu (Pyrrhosoma nymphula).
Point de vue Lépidoptères, seules 11 espèces de papillons de jour sont signalées, la plus intéressante étant le thécla du prunier (Satyrium pruni) noté en 2017 en lisière du site (obs. O. Baltus).
La seule donnée d'Orthoptère concerne une espèce pionnière assez rare, le gomphocère tacheté (Myrmeleotettix maculatus).