• H0 - Fagne

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Protection d'une remarquable forêt de Famenne avec les habitats d'intérêt communautaires associés: chênaie-charmaie famennienne, communauté pionnières des grèves humides oligo-mésotrophes, prés humides oligotrophes.

Le Bois des Fagnes est localisé dans la Fagne de l'Entre-Sambre-et-Meuse, au sud du village de Vodelée, sur le territoire de la commune de Doische. Couvrant environ 160 ha, il fait partie intégrante du vaste massif forestier qui couvre de façon quasi continue la dépression de la Fagne schisteuse entre Agimont (à l'est) et Mariembourg (vers l'ouest).

Il est délimité grossièrement au sud par la route de Philippeville (N40), à l'ouest par la rue du Point d'Arrêt qui joint Vodelée à Gimnée, au nord par le ruisseau de la Prêle, qui coule dans l'axe est-ouest un peu en retrait de la route d'Agimont, et à l'est par le ruisseau des Moines et la réserve naturelle de la Haie Gabaux (Natagora).

Les deux ruisseaux précités prennent source dans le Bois des Fagnes. Le ruisseau de la Prêle est un affluent direct de l'Hermeton au parcours bref (2350 m) et dont la confluence se trouve un peu à l'ouest de la carrière du Haut Mont. Il nait au niveau du layon de la ligne haute tension, dans la partie nord-est du bois qu'il irrigue sur 800 mètres à peine. Un second affluent de l'Hermeton, encore plus court et anonyme, apparaît dans le coin nord-ouest du bois, en amont de la réserve naturelle de Vodelée. Quant au ruisseau des Moines, il jaillit au nord du lieu-dit Haie Gabaux, traverse le Bois des Fagnes sur 1200 mètres en direction du sud-ouest, puis bifurque un moment vers Doische où il se jette dans le ruisseau de la Joncquière, lui-même affluent de la Meuse qu'il rejoint à Aubrives, dans les Ardennes Françaises.

En dehors des deux routes qui le longe, le Bois des Fagnes est indemne de toute autre infrastructure de transport (en dehors de quelques chemins forestiers et zones de débardage pour l'exportation des coupes de bois). En revanche, la partie orientale est traversée par une ligne haute tension (220 kv) qui alimente la ville de Charleroi au départ de la centrale nucléaire de Chooz. Le pied de cette ligne est débroussaillé périodiquement pour des raisons de sécurité, laissant une bande de 50 m de large sur 600 m de longueur (soit env. 3 ha) libre d'arbres (au total, dans sa traversée de l'ensemble du massif forestier, cette ligne électrique ménage un layon de 1650 m de long). Six mares ont été creusées en 2015 dans la portion du Bois des Fagnes lors du LIFE Elia;

Contrairement à la Calestienne voisine, le relief est peu prononcé et légèrement ondulé, l'écart des cotes altitudinales étant faible (185-225 m).

Du point de vue biogéographique, le Bois des Fagnes est situé dans la région continentale et au sein du district phytogéographique mosan.

Le Bois des Fagnes se distingue par une végétation particulièrement intéressante et sa richesse floristique élevée avec au moins 225 espèces de plantes supérieures recensées à ce jour à l'intérieur du périmètre concerné ici.

Il représente un très bel exemple de l'habitat d'intérêt communautaire "chênaies-charmaies famenniennes". Elle renferme le cortège typique de ce type de forêt qui s'installe sur des sols plus ou moins humides issus de l'altération des argiles schisteuses: la strate arborée est dominée par les chênes (Quercus robur et Q. petraea) et le sous-bois est particulièrement riche en charme (Carpinus betulus) accompagné d'aubépines (Crataegus spp.), du rosier des champs (Rosa arvensis) et de prunellier (Prunus spinosa). La strate herbacée comprend surtout des espèces neutrophiles avec, selon les endroits, un mélange avec des plantes plus franchement acidophiles et d'autres plus calciphiles. Citons entre le fraisier sauvage (Fragaria vesca), le brachypode des bois (Brachypodium sylvaticum), la laiche glauque (Carex flacca), l'euphorbe des bois (Euphorbia amygdaloides), la potentille faux-fraisier (Potentilla sterilis), l'anémone sylvie (Anemone nemorosa), la luzule velue (Luzula pilosa), la bétoine (Stachys officinalis), la flouve odorante (Anthoxanthum odoratum), le chèvrefeuille des bois (Lonicera periclymenum), la germandrée scorodoine (Teucrium scorodonia), la canche flexueuse (Deschampsia flexuosa), la canche cespiteuse (Deschampsia cespitosa), le millepertuis élégant (Hypericum pulchrum), la stellaire holostée (Stellaria holostea), etc.

D'autres groupements à haute valeur patrimoniale sont également présents au sein du massif; ils ont été identifiés précisément lors de la cartographie du site Natura 2000 (obs. V. Fievet et E. Peiffer – SPW-DEMNA). L'un des plus remarquables est sans doute la végétation pionnière des grèves humides oligo-mésotrophes qui se développe localement, là où les conditions sont favorables, surtout sur les chemins éclairés avec des ornières argileuses. Cette végétation, très marginale et menacée en Région wallonne, n'occupe que des surfaces très limitées et est composée de différentes plantes naines annuelles comme la cicendie filiforme (Cicendia filiformis), le jonc des marécages (Juncus tenageia), le jonc des crapauds (Juncus bufonius), la gnaphale des marais (Gnaphalium uliginosum), la centenille naine (Centunculus minimus), le millepertuis couché (Hypericum humifusum), le pourpier d'eau (Lythrum portula), la petite centaurée délicate (Centaurium pulchellum), la radiole faux lin (Radiola linoides) ou encore le scirpe sétacé (Isolepis setacea). Elles sont souvent accompagnées d'autres espèces non typiques du groupement, e.a. la petite scutellaire (Scutellaria minor), la renoncule rampante (Ranunculus repens), la petite douve (Ranunculus flammula), le gaillet des marais (Galium palustre), le jonc bulbeux (Juncus bulbosus), le jonc grêle (Juncus tenuis), la laîche vert jaunâtre (Carex demissa), le grand plantain (Plantago major), ...

D'autres végétations se rencontrent également sous forme de fragments: c'est le cas des bas-marais acides et des prairies humides oligotrophes apparaissant ici et là le long des chemins, des quelques ruisselets qui traversent le site, ou dans les trouées forestières. Ils sont indiqués par la présence d'espèces telles que la laîche bleuâtre (Carex panicea), la laîche vert jaunâtre (Carex demissa), l'agrostide des chiens (Agrostis canina), la petite douve (Ranunculus flammula), le lotier des fanges (Lotus pedunculatus), la petite scutellaire (Scutellaria minor), la violette des chiens (Viola canina), le jonc bulbeux (Juncus bulbosus), le colchique d'automne (Colchicum autumnale), la gesse des montagnes (Lathyrus linifolius), etc.

De même, on trouve quelques éléments de lande à callune (Calluna vulgaris), canche flexueuse (Deschampsia flexuosa), épervière en ombelle (Hieracium umbellatum), laîche à pilules (Carex pilulifera), tormentille (Potentilla erecta), polygala à feuilles de serpolet (Polygala serpyllifolia), ...

Le layon de la ligne haute tension qui traverse l'est du Bois des Fagnes représente actuellement la principale zone ouverte du site (env. 3 ha, de la limite nord de la réserve de la Haie Gabaux jusqu'au début du ruisseau de la Prêle, en lisière nord du bois). Ce secteur se distingue par son affectation et la gestion qui y est menée depuis de nombreuses années. Récemment, il a en outre bénéficié des actions du LIFE Elia qui a mis en place des mesures de gestion écologique (gestion par fauche et ou pâturage, creusement de mares, ...). Les inventaires récents (2015-2015) ont mis en évidence la présence d'une flore particulièrement intéressante avec notamment l'ophioglosse vulgaire (Ophioglossum vulgatum), le trèfle doré (Trifolium aureum), la petite centaurée délicate (Centaurium pulchellum), le plantain d'eau (Alisma plantago-aquatica), le sélin à feuilles de carvi (Selinum carvifolia), le petit rhinanthe (Rhinanthus minor), l'orchis de Fuchs (Dactylorhiza fuchsii), la laîche cuivrée (Carex cuprina), le scirpe des marais (Eleocharis palustris), la petite cuscute (Cuscuta epithymum) (sur genêt - J. Delacre 2010).

Les bords des voiries principales - soit la route de Philippeville, qui longe le sud du site, et la rue du Point d'Arrêt, à l'ouest - sont colonisés par diverses plantes nitrophiles telles que la grande ortie (Urtica dioica), le chénopode blanc (Chenopodium album), la renouée persicaire (Persicaria maculosa), la tanaisie commune (Tanacetum vulgare), l'armoise vulgaire (Artemisia vulgaris), la prêle des champs (Equisetum arvense), la barbarée vulgaire (Barbarea vulgaris), le mélilot élevé (Melilotus altissimus) (...), des espèces prairiales comme le crépis des prés (Crepis biennis), l'avoine dorée (Trisetum flavescens), le fromental (Arrhenatherum elatius), la grande marguerite (Leucanthemum vulgare), le gaillet mou (Galium mollugo), le lotier corniculé (Lotus corniculatus), la fléole des prés (Phleum pratense), l'ivraie vivace (Lolium perenne), la fétuque rouge (Festuca rubra), le trèfle champêtre (Trifolium campestre), la vesce en épi (Vicia cracca), la mauve musquée (Malva moschata) (...), des espèces d'ourlets mésophiles dont l'origan (Origanum vulgare), le trèfle moyen (Trifolium medium), le millepertuis velu (Hypericum hirsutum), la vesce des haies (Vicia sepium), ainsi que quelques espèces exotiques dont l'aster à feuilles lancéolées (Aster lanceolatus = Symphyotrichum lanceolatum), l'arbre aux papillons (Buddleja davidii), la matricaire discoïde (Matricaria discoidea), le séneçon sud-africain (Senecio inaequidens). Une station du rare trèfle fraise (Trifolium fragiferum) a en outre été signalée fin des années 2000 à hauteur du Trou des Gattes (obs. B. Clesse).

L'intérêt faunistique du Bois des Fagnes est documenté par de nombreuses données de naturalistes de passage, dont beaucoup concernent les papillons diurnes, dont la diversité locale est bien connue.

L'espèce phare, le damier de la succise (Euphydryas aurinia), est cependant en situation très précaire malgré les travaux effectués en sa faveur lors du LIFE Papillons. La population noyau située dans la réserve naturelle de la Haie Gabaux qui jouxte le site est elle-même en mauvais état. Une autre espèce en régression dramatique en Région wallonne est la lucine (Hamearis lucina), dont la dernière observation remonte à 2010 (O. Kints). Quelques-unes sont encore présentes mais rencontrées de façon plus ponctuelles, comme le grand nacré (Argynnis aglaja), la petite violette (Boloria dia), la grande violette (Brenthis ino) ou le flambé (Iphiclides podalirius), tandis que nombre d'autres espèces intéressantes sont régulièrement notées: le grand mars changeant (Apatura iris), le petit mars changeant (Apatura ilia), le moyen nacré (Argynnis adippe), la mélitée du mélampyre (Melitaea athalia), le damier noir (Melitaea diamina), le grand collier argenté (Boloria euphrosyne), le céphale (Coenonympha arcania), l'échiquier (Carterocephalus palaemon), le thécla de l'yeuse (Satyrium ilicis), etc.

LIFE Papillons

LIFE Elia