Embroussaillement et recolonisation forestière spontanée, au détriment des pelouses ouvertes.
Gyrobroyage des talus, aboutissant à la disparition des espèces végétales rares.
Le tienne du Grand Ri a été géré de 1989 à 1992 par les naturalistes locaux (Viroinvol et Naturalistes de Philippeville) au rythme d'une journée par an au mois de septembre. Cette gestion effectuée à l'aide de débroussailleuses à lame, a consisté principalement à contrôler les rejets et les pousses dans les zones de pelouses, à entretenir les passages entre les pelouses et de freiner l'avancée des lisières. Plus récemment, un plan de gestion (Duvigneaud et al., 1998) a été proposé et introduit auprès de l'Ingénieur en chef du cantonnement, M. P. Jonard. Il prend en compte principalement l'entomofaune et l'aspect botanique.
Sur le plan botanique, il faut admettre qu'une recolonisation forestière aboutit inéluctablement à une régression de la flore et de la végétation des zones ouvertes, en particulier les espèces très particulières, souvent fragiles et rares, constituant les pelouses silicicoles du Thero-Airion. Les mesures suivantes sont donc préconisées afin de conserver ce type de milieu et d'en étendre la superficie:
- Procéder au débroussaillage et au fauchage tardif dans les pelouses subsistantes, même sur des surfaces restreintes, en faisant attention d'exporter les branchages et les fanes;
- Conserver une bande de fourrés dans le sud de la réserve, le long de la route, notamment dans un but protecteur;
- Eviter à tout pris le gyrobroyage du talus de la route, qui porte une flore très intéressante. Celle-ci est en effet menacée de disparaître par étouffement progressif sous les débris de la fauche laissés sur place ainsi que par le caractère agressif de la méthode; dans ce milieu aussi fragile, un fauchage tardif (mais pas nécéssairement annuel) doit être préconisé afin de permettre les floraisons printanières;
- Suivre l'évolution de la seule plage de brachypode penné du site, graminée sociale des pelouses calcicoles au sujet de laquelle on ne dispose encore que de peu de renseignements.
- Respecter à tout prix certaines niches écologiques comme la petite carrière de calcaire frasnien, dont les parois sont envahies par des communautés de mousses remarquables, ou les massifs de sureaux noirs dont les branches et les troncs portent des bryophytes épiphytes d'un intérêt exceptionnel.
D'un point de vue entomologique, le Grand Ri abrite une faune intéressante et variée; il s'agit d'un des sites thermophiles majeurs de cette partie de la Fagne. Les pelouses silicicoles et calcicoles ainsi que leurs ourlets sont les milieux renfermant les espèces les plus spécialisées et les plus rares. Pour favoriser leur épanouissement, il est donc primordial de procéder au dégagement des pelouses qui subsistent actuellement jusqu'à ce qu'elles couvrent au moins la moitié de la surface de la réserve. Ainsi, il y aura un meilleur équilibre entre les zones ouvertes et les zones fermées, qui est une garantie pour la conservation d'une entomofaune riche et variée.
Dans cette optique, le plan de gestion prévoit un élargissement prononcé des couloirs reliant les différentes clairières afin de faciliter les échanges faunistiques.
Par ailleurs, les gestionnaires devraient agir de concertavec les locataires de la chasse, car ceux-ci concourent eux aussi à limiter l'extension forestière, notamment en entretenant des layons et sentiers.