Les vallées de la Petite Rulles, de la Rulles et de l'Heinstert se trouvent sur le versant sud de la vaste forêt d'Anlier.
Ce sont des rivières à eaux fraîches, vives et bien aérées, se situant dans la zone piscicole à truites et de productivité faible à moyenne (SVB : 0,25 à 0,5). Ces eaux sont faiblement acides (pH 6,3 à 6,8), assez pauvres en calcium sauf dans le bassin de l'Heinstert. Elles ne contiennent ni chlore, ni nitrites, seulement des traces d'ammoniaque dans les petits ruisseaux et des teneurs en nitrates faibles, sauf lorsque en forte crue, elles peuvent être chargées de matières organiques.
Elles se classent probablement parmi les rares exemplaires d'eaux naturelles non polluées, du fait qu'aucune partie de leur bassin n'est ni habitée, ni cultivée (NOIRFALISE 1987).
La plaine alluviale est régulièrement inondée lors des crues.
Géologie : Quartzites, phyllades et quartzophyllades du Siegenien.
Géomorphologie : La vallée de la Rulles a fait l'objet d'une étude géomorphologique très originale (PETIT et SCHUMACKER, 1986). On y lit : L'évolution géomorphologique de la Rulles a été suivie pendant cinq années. Plusieurs relevés floristiques ont permis d'associer certaines espèces de plantes aquatiques à des sites bien spécifiques du lit majeur et de leur attribuer ainsi un rôle d'indicateur de l'activité géomorphologique de la rivière. C'est ainsi que les bryophytes aquatiques tels que Fontinalis antipyretica, Scapania undulata et Chiloscyphus polyanthos caractérisent des tronçons de rivière à écoulement rapide et de faible profondeur dont le fond est tapissé de gros cailloux qui dépassent la compétence de la rivière. Callitriche hamulata caractérise les seuils constitués de dépôts de petits cailloux (de l'ordre de 2 cm de diamètre), seuils qui, du fait de l'importance des accumulations, sont à une altitude relativement élevée et où les vitesses du courant sont importantes. Myriophyllum alterniflorum se retrouve également (associé à Callitriche hamulata) sur ce type de seuils - mais moins élevé - ainsi que dans les contre-pentes des mouilles, là où les conditions dynamiques sont moins sévères. Sparganium emersum se rencontre presqu'exclusivement dans les mouilles (zone de plus grande profondeur généralement associée aux boucles des méandres), les vitesses du courant et les pentes du plan d'eau y sont peu importantes, du moins lors de faibles débits qui coïncident, le plus souvent, avec la période végétative.
La vallée de la Rulles est formée par la confluence de nombreux ruisselets relativement importants: ruisseau de la Croix Jean Thirion, de la Passée du Cerf, des Beaux Charmes, etc.
Le lit de la rivière abrite les bryophytes Fontinalis antipyretica, Scapania undulata et Chiloscyphus polyanthus (HEINEMANN et VANDEN BERGHEN, 1946 ; PETIT et SCHUMACKER, 1986). Callitriche hamulata, Potamogeton alpinus, Sparganium emersum sont signalés par PETIT et SCHUMACKER, 1986) ; Myriophyllum alterniflorum, Ranunculus penicillatus, Callitriche cf. platycarpa s'étendent dans le courant. Glyceria fluitans, Sparganium erectum, Carex rostrata, C. vesicaria, Cardamine amara, Phalaris arundinacea, Comarum palustre, Impatiens noli-tangere sont présents le long des berges.
Une aulnaie rivulaire fragmentaire s'étend le long du cours d'eau.
La plaine alluviale est occupée par un remarquable ensemble de prés de fauche à l'abandon où l'on observe :
- des jonchaies acutiflores ;
- des bas-marais à Comarum palustre, Menyanthes trifoliata, ...;
- des cariçaies plus ou moins développées à Carex vesicaria, C. rostrata, C. nigra,...
- des scirpaies à Scirpus sylvaticus ;
- des groupements en pleine évolution à Persicaria bistorta, Lysimachia vulgaris, Viola palustris, Scutellaria galericulata, Filipendula ulmaria, Carex paniculata, Equisetum sylvaticum, E. fluviatile, Eriophorum angustifolium, Molinia caerulea, Agrostis canina, etc.;
- des prairies à Deschampsia cespitosa et Persicaria bistorta parfois envahies par Cirsium palustre ;
- des prairies à Colchicum autumnale, envahies par Rubus idaeus;
- des prairies humides dominées par Holcus lanatus accompagné de nombreuses espèces hygrophiles. On y note quelques pieds de Platanthera chlorantha ;
- des filipendulaies ;
- des noues à Glyceria fluitans, Sparganium erectum ;
- des recolonisations forestières par Cytisus scoparius, Salix aurita, Populus tremula, Betula pubescens, Alnus glutinosa, Frangula alnus, Prunus spinosa, Picea abies, ...
Sur les rebords, plus secs de la vallée s'étendent des nardaies fort intéressantes dans lesquelles se développent diverses graminées (Festuca nigrescens, F. filiformis, Poa chaixii, Deschampsia cespitosa, D. flexuosa, Briza media, Nardus stricta, Holcus lanatus, Agrostis capillaris) et de nombreuses autres espèces comme Galium verum, Potentilla erecta, Stachys officinalis, Phyteuma nigrum, Galium saxatile, Ranunculus serpens, Hypericum maculatum, Viola canina, Polygala vulgaris, Knautia arvensis, Centaurea thuilleri, Lathyrus linifolius var. montanus, Anemone nemorosa, Succisa pratensis,...). Il faut noter que les sangliers, très abondants dans la vallée, déterrent les bulbes de Narcissus pseudonarcissus dont ils semblent être très friands.