Les barrages de l'Eau d'Heure sont situés au cœur de l'Entre-Sambre-et-Meuse, à 25 km au sud de Charleroi, à cheval sur les provinces de Hainaut et de Namur, entre les localités de Cerfontaine et de Froidchapelle au sud, et de Silenrieux et Boussu-lez-Walcourt au nord.
Ce complexe est constitué de deux barrages (Plate Taille et Eau d'Heure) et de trois pré-barrages (Falemprise, Ry Jaune et Féronval) installés sur le cours de l'Eau d'Heure, un affluent de rive droite de la Sambre qui prend sa source quelques kilomètres plus en amont, dans la forêt de Cerfontaine, vers 280 m d'altitude. Leur construction a débuté en 1971 et s'est achevée en 1979 avec comme objectifs initiaux a) de renforcer le débit d'étiage de la Sambre tout en contribuant à réduire par dilution les effets des pollutions, b) de soutenir le débit du canal Charleroi-Bruxelles, et c) de produire une électricité d'appoint.
Au total, ces infrastructures ont engendré la création de cinq retenues d'eau d'une superficie comprise entre 610 et 625 ha selon les sources (voir notamment VERNIERS et al., 2005) représentant 72 km de rives, et d'une profondeur variant de 6 à 45 m.
Le lac de la Plate Taille est de loin la plus vaste de ces retenues, avec une superficie d'environ 350 ha. Sa longueur maximale, dans l'axe est-ouest, est de 3,5 km et sa profondeur peut atteindre 45 m pour un volume de 68,4 millions de m3 d'eau. Le barrage, situé à l'extrémité orientale de la retenue (rue de Oupia), possède une ligne de crête de 790 m. Pour la construction de ce barrage du type «poids-béton» d'un volume d'environ 700.000 m3, on a utilisé des pierres calcaires concassées dont l'extraction a eu lieu dans la carrière des Vaux (SGIB 1587), au sud-est du village de Cerfontaine. Bien que situé à l'emplacement de l'ancienne vallée du ruisseau de la Plate Taille, le lac n'est alimenté par aucun cours d'eau; ce sont des pompes qui y font remonter l'eau durant la nuit, quand la consommation électrique est basse. Cela entraine des variations du niveau d'eau assez importantes qui ont des répercussions sur le milieu.
S'étendant à l'étage collinéen autour de 240 m d'altitude, le site s'inscrit dans un paysage vallonné composé de bois, de prairies et de cultures. La densité de la population est globalement faible, mais elle augmente fortement en période touristique aux abords des plans d'eau. La grande ville la plus proche est Charleroi (205.000 habitants), située à une vingtaine de kilomètre au nord. Les autres centres urbains de la région (Couvin, Philippeville, ...) comptent tous moins de 15.000 habitants.
Le cadre géologique et hydrogéologique est bien décrit par BOUCKAERT & DREESEN (1976) et plus récemment par REKK & HALLET (2010). En résumé, la région appartient à la bordure sud du Synclinorium de Dinant, à l'allochtone ardennais ou nappe du Condroz (domaine rhéno-hercynien de l'orogène varisque en Europe occidentale). Alors que les vallées sont constituées d'alluvions modernes, toutes les unités géologiques présentes ailleurs appartiennent au système Dévonien. La zone synclinoriale est couverte par des formations datant du Dévonien supérieur (étages Famennien et Frasnien) dont les lithologies dominantes sont les shales/schistes, les siltites et les grès.
Du point de vue biogéographique, le site se situe en zone continentale et dans le district phytogéographique mosan. Il se trouve en outre dans la zone de contact entre deux régions naturelles, le Condroz au nord et la Fagne au sud.
En raison de son cadre paysager remarquable et de ses nombreuses opportunités de développement, les lacs de l'Eau d'Heure sont devenus un pôle touristique majeur de Wallonie (DESCAMPS, 2017). On y trouve en effet différents types d'installations permettant de nombreuses activités récréatives: Centre Adeps, ports de plaisance, centres nautiques, clubs de voile et de plongée, villages de vacances, golf, maison de la pêche, etc. Plus de cent kilomètres de sentiers et de chemins, ainsi qu'une voie lente (RAVeL), y ont été aménagés autour des plans d'eau. Toutes ces activités ne sont pas sans influences sur le milieu aquatique et les habitats terrestres qui bordent les lacs.
La centrale hydroélectrique de la Plate Taille est gérée par la SOFICO. Il s'agit, après la centrale de Coo et ses 1.200 MW, de la plus importante installation de stockage de ce type en Belgique avec 140 MW, équivalant à un septième de la puissance d'un réacteur nucléaire. Cette capacité est rendue possible grâce aux quatre pompes-turbines équipant le barrage, mais aussi à l'important dénivelé (45 m !) qui existe entre le lac de la Plate Taille et celui de l'Eau d'Heure.
Végétation et flore
Avant la création du lac de la Plate Taille au cours des années 1970, l'endroit était couvert par un vaste massif forestier constitué du Bois du Grand Oupeau et du Bois de Rocq (partie occidentale) et traversé d'ouest en est par un affluent de rive gauche de l'Eau d'Heure, le ruisseau de la Plate Taille. S'il n'existe plus aucune trace de ce cours d'eau, quelques fragments de la forêt subsistent au sud et à l'ouest du lac.
Sur les quelques 17 km de rives que compte actuellement le plan d'eau, près de 10 km sont boisés, soit environ 1,7 km à la pointe ouest (Bois du Four), 1,5 km au nord (La Rochette, à l'est du village de vacance) et 7,8 km au sud et sud-est du lac (Bois du Grand Oupia).
Les eaux du lac de la Plate Taille sont de type famennien et ont été qualifiées d'oligotrophes par DEHAVAY (1981), de mésotrophes par DUVIGNEAUD & HAVRENNE (1985) et d'oligo-mésotrophes par VERNIERS et al. (2005). D'après ces derniers, les paramètres biochimiques disponibles indiquent un niveau de qualité bon (e.a. transparence souvent supérieure à 4 m, faible biomasse algale, taux modérés d'orthophosphates et de matières azotées dissoutes).
Dans la partie nord du lac, DUVIGNEAUD & HAVRENNE (1985) ont noté la présence d'herbiers aquatiques de Potamogeton crispus, P. perfoliatus, P. obtusifolius, P. pectinatus, Myriophyllum spicatum, Elodea canadensis, E. nuttallii, Zannichellia palustris subsp. palustris, Ranunculus circinatus, Ceratophyllum demersum,... Ces auteurs faisaient remarquer que le maintien de ces peuplements était à l'époque incertain en raison de l'emploi d'herbicides.
Les groupements les plus intéressants se forment dans les anses où aboutissent de petits ruisselets et où se produit une certaine sédimentation de la vase, particulièrement sur les pentes douces. En été et au début de l'automne, lorsque le niveau de l'eau baisse (soutien du débit d'étiage de l'Eau d'Heure, faible alimentation du lac), les vases s'exondent permettant à une végétation très particulière de s'y exprimer. Celle-ci a été analysée par DUVIGNEAUD & HAVRENNE (1985) en ce qui concerne les végétaux vasculaires et par SOTIAUX (1995) pour les bryophytes.
Sur les grèves exondées humides s'installe une sorte de gazon formé par des espèces de petite taille, bien adaptées à des variations du niveau de l'eau, qui peuvent exister sous forme d'accommodats terrestres, amphibies ou immergés. Cette association végétale dénommée le "Peplido-limoselletum" est exceptionnelle en Belgique, tout comme d'ailleurs les plantes qui la composent, Limosella aquatica en tête, accompagné de Callitriche palustris, C. hamulata, Lythrum portula. Là où les vases sont un peu asséchées se développe un groupement à Gnaphalium uliginosum, Isolepis setacea, Lythrum portula, etc. Plus haut encore sur la rive, ce sont des espèces plus grandes qui dominent, tels que Persicaria hydropiper, P. lapathifolia, Rorippa palustris, etc. Ces espèces végétales, et en particulier celles du groupe de la limoselle, sont sans doute apparues par ornithochorie, c'est-à-dire le transport des diaspores par les oiseaux (VERNIERS et al., 2005). Ces vases nues, en particulier sur la rive sud du lac, accueillent également un cortège de bryophytes très spécifiques dont le rarissime Physcomitrium eurystomum, connu d'une seule autre localité wallonne (étang de Bambois) et observé ici pour la dernière fois en janvier 2005 (A. Sotiaux, in litt. 2021).
Des espèces des roselières et des magnocariçaies s'implantent à leur suite, notamment Eleocharis palustris, Typha latifolia, Carex pseudocyperus, Alisma plantago-aquatica, Sagittaria sagittifolia, Glyceria fluitans, accompagnées de diverses autres hygrophiles comme Ranunculus flammula, Juncus effusus, J. inflexus, J. tenuis, Lycopus europaeus, Lythrum salicaria, Myosotis laxiflora subsp. cespitosa, M. scorpioides, Scutellaria galericulata, Lotus pedunculatus, Scirpus sylvaticus, Carex demissa, C. ovalis, C. remota, etc.
Les anses de la partie méridionale du lac sont les plus intéressantes sur le plan botanique. C'est là surtout que se concentrent les peuplements de limoselles, en particulier au lieu-dit «Fontaine aux Planes», près du Centre Adeps, et au fond de l'anse dite «aux cabiniers». VERNIERS et al. (2005) y ont effectué différentes observations actualisant quelque peu les données précédemment publiées. En juillet 2002, Limosella aquatica y est noté en compagnie de Ranunculus flammula, Persicaria minor, Rorippa palustris (= islandica), Mentha aquatica, Mentha arvensis, Mentha x verticillata, Callitriche palustris.
Ces mêmes auteurs mentionnent diverses espèces de l'alliance du Bidention, à affinités plus nitrophiles, des groupements à Juncus effusus, à Juncus bufonius, à Eleocharis palustris, à hélophytes dont Iris pseudacorus, Phalaris arundinacea, des cariçaies à Carex vesicaria, etc.
Les zones boisées bordant le lac sont souvent dignes d'intérêt. C'est le cas notamment du Bois du Four, à l'extrémité ouest du site. Il s'agit d'un très bel élément de chênaie-charmaie acidocline subatlantique à Luzula luzuloides et Polygonatum verticillatum, deux espèces plus typiquement ardennaises qui atteignent ici tous deux la limite septentrionale de leur aire d'extension (GIREA, 1989 in BODY, 2010).
En plus de ces différents habitats, la rive sud du lac au lieu-dit "Fontaine aux Planes" montre une intéressante zone bocagère comportant une pelouse sèche sur calcschistes connue pour sa remarquable population d'orchidées (Ophrys apifera et Dactylorhiza maculata). La présence d'autres plantes peu communes y est signalée comme Agrimonia procera (= repens), Centaurea nigra, Centaurium erythraea... Outre ces espèces, un relevé effectué en 2010 par B. Clesse (CNB - Centre Marie-Victorin) rassemble Achillea millefolium, Anthoxanthum odoratum, Anthriscus sylvestris, Carex caryophyllea, Carex flacca, Carex pallescens, Carex sylvatica, Cirsium palustre, Convolvulus arvensis, Crataegus monogyna, Cruciata laevipes, Cytisus scoparius, Dactylis glomerata, Eupatorium cannabinum, Festuca cf. lemanii, Festuca rubra, Heracleum sphondylium, Hieracium lachenalii, Hieracium murorum, Hypericum perforatum, Hypochaeris radicata, Leucanthemum vulgare, Ligustrum vulgare, Linum catharticum, Lotus corniculatus, Lotus pedunculatus, Luzula campestris, Malva moschata, Pimpinella saxifraga, Pinus sylvestris, Plantago lanceolata, Prunus avium, Prunus spinosa, Quercus robur, Ranunculus acris, Rosa canina, Rubus sp., Salix caprea, Veronica officinalis, Viburnum opulus. La pelouse est également densément peuplée de lichens terricoles, essentiellement des Cladonia.
D'une manière générale, la végétation actuelle du lac de la Plate Taille et de ses pourtours mériterait de nouvelles recherches et devrait faire l'objet d'une cartographie fine afin de servir de base à une gestion écologique et intégrée du site.
Intérêt faunistique
Si l'intérêt botanique du lac de la Plate Taille est évident, par la simple présence de la rarissime association à limoselle, la réputation du site auprès des naturalistes provient en grande partie de son avifaune, remarquable à divers titres. Avec les autres lacs de l'Eau d'Heure, il représente l'une des zones majeures de la Région wallonne pour l'hivernage et les haltes migratoires de nombre d'oiseaux d'eau, anatidés, laridés et limicoles en tête, dont certains constituent ici des rassemblements d'une importance rarement observée ailleurs (COPPEE, 1991).
Le lac de la Plate Taille est d'ailleurs suivi depuis plusieurs décennies dans le cadre de différents programmes d'inventaires dont les traditionnels comptages hivernaux d'oiseaux d'eau qui sont synthétisés annuellement dans la revue Aves (voir e.a. JACOB et al., 2013). Les secteurs les plus favorables pour l'observation de l'avifaune sont décrits par BODY (2010) et sur le site internet d'Aves-Natagora (https://www.aves.be).
De nombreuses données sont disponibles pour la période 1980-1990 qui a suivi la mise sous eau des retenues. Selon COPPEE (1991), pas moins de 83 espèces (dont 56 palmipèdes) y ont été observées, une douzaine d'entre-elles étant des hivernants réguliers. Le grèbe huppé (Podiceps cristatus), le canard chipeau (Anas strepera), la fuligule morillon (Aythya fuligula), le harle bièvre (Mergus merganser) et la foulque macroule (Fulica atra) voient leur nombre augmenter depuis quelques années. Les effectifs de ces espèces au cœur de l'hiver constituent d'ailleurs une part importante de l'effectif total de la Wallonie et du Brabant, comme en témoigne le dénombrement de mi-janvier 1990 donnant par exemple 26% des grèbes huppés, 56% des canards chipeaux, 51% des harles bièvres.
A cette époque, certaines espèces rares choisissent déjà ces plans d'eau comme lieu d'hivernage. C'est le cas du plongeon catmarin (Gavia stellata) (6 ex. en 1988/89), du plongeon arctique (Gavia arctica) (4 ex. en 1982/83), du grèbe jougris (Podiceps grisegena) (1 ex. en 1990/91), l'oie des moissons (Anser fabalis) (une cinquantaine en 1986/87), le fuligule milouinan (Aythya marila) (1 à 4 ex. en 1987/88; 1 à 7 ex. en 1988/89), la macreuse brune (Melanitta fusca) (2 ex. en 1988/89), la nette rousse (Netta rufina) (1 à 2 ex. en 1988/89). Il y avait aussi les raretés de passage comme la sterne caspienne (Hydroprogne caspia), le labbe à longue queue (Stercorarius longicaudus), la grande aigrette (Ardea alba), ...
En outre, lors de l'hiver 1982/83, jusqu'à 10 hiboux des marais (Asio flammeus) ont été dénombrés au bord de la Plate Taille, tandis qu'un dortoir comprenant 5 ou 6 busards Saint-Martin (Circus cyaneus) s'est formé début février 1987 au même endroit.
On signalait parmi les nicheurs le grèbe huppé (Podiceps cristatus), le canard colver (Anas platyrhynchos), la foulque macroule (Fulica atra), la gallinule poule d'eau (Gallinula chloropus), le petit gravelot (Charadrius dubius) et, en périphérie la pie-grièche écorcheur (Lanius collurio).
En dépit des multiples activités touristiques qui se sont fortement développées au cours des années sur et autour du plan d'eau, de nombreux anatidés continuent d'y trouver refuge, en particulier dans les anses et les criques de la rive sud: canard colvert (Anas platyrhynchos) en grands nombres, fuligule morillon (Aythya fuligula), harle bièvre (Mergus merganser), harle piette (Mergus albellus), garrot à œil d'or (Bucephala clangula), canard souchet (Anas clypeata), canard siffleur (Anas penelope), canard chipeau (Anas strepera), macreuse brune (Melanitta fusca), cygne tuberculé (Cygnus olor), tadorne de Belon (Tadorna tadorna), fuligule milouin (Aythya ferina) à présent nettement plus rare que le morillon,... Pour le garrot à œil d'or et le harle piette, les lacs de l'Eau d'Heure constituent même l'un des rares sites d'hivernage réguliers en Wallonie, bien que le second tende à se raréfier ces dernières années. D'autres espèces sont plus occasionnelles comme le harle huppé (Mergus serrator), le canard pilet (Anas acuta), l'eider à duvet (Somateria mollissima) et la bernache cravant (Branta bernicla) très rarement, la nette rousse (Netta rufina) un peu plus souvent qu'avant (e.a. jusqu'à 12 ex. en novembre 2016 et 7 ex. en décembre 2019 - Observations.be),...
Les autres oiseaux d'eau les plus réguliers sont la foulque macroule (Fulica atra) très abondante et souvent en tête des effectifs d'oiseaux d'eau du lac (en compagnie du colvert), la gallinule poule d'eau (Gallinula chloropus) plus discrète, le grèbe huppé (Podiceps cristatus), le grèbe castagneux (Tachybaptus ruficollis), le grand cormoran (Phalacrocorax carbo), ... Parmi les raretés, citons notamment le séjour de deux cormorans huppés (Phalacrocorax aristotelis) durant l'hiver 2016-2017, fait exceptionnel à l'intérieur des terres.
Le lac de la Plate Taille accueille un dortoir pouvant rassembler plusieurs dizaines de milliers de laridés de 6 espèces différentes: mouette rieuse (Chroicocephalus ridibundus), goéland cendré (Larus canus), goéland brun (Larus fuscus), goéland argenté (Larus argentatus), goéland leucophée (Larus michahellis), goéland pontique (Larus cachinnans). Ces espèces sont susceptibles d'être observées toute l'année en nombre variable sur l'ensemble des lacs de l'Eau d'Heure. D'autres laridés peuvent y être rencontrés plus occasionnellement, généralement en individus isolés ou en petits groupes dont la mouette pygmée (Hydrocoloeus minutus) parfois présente aussi en dortoir (par ex. 6 ex. début décembre 2019), la mouette mélanocéphale (Ichthyaetus melanocephalus), le goéland marin (Larus marinus), la sterne pierregarin (Sterna hirundo), la sterne arctique (Sterna paradisaea), ...
Certains secteurs sont plus attractifs que d'autres. Ainsi, le site de la cornée, qui est l'anse située au sud-ouest du lac près du lieu-dit «Fontaine aux Planes», accueille durant l'hiver les plus espèces les plus remarquables du site. On peut y observer les 3 espèces de plongeons (comme en novembre-décembre 2019 !), les macreuses brunes et noires, le garrot à œil d'or, le harle piette, ... mais aussi une grande variété de limicoles durant les migrations.
Le développement spontané de ceintures d'hélophytes et en particulier de phragmites permet le cantonnement de quelques fauvettes aquatiques dont la rousserole effarvatte (Acrocephalus scirpaceus), mais également le bruant des roseaux (Emberiza schoeniclus).
Certaines friches et prairies semi-naturelles qui bordent directement le lac ou qui s'étendent en retrait sont très attractives pour les oiseaux du bocage et des fourrés, comme la pie grièche écorcheur (Lanius collurio), la rousserolle verderolle (Acrocephalus palustris), le tarier pâtre (Saxicola rubicola), la fauvette grisette (Sylvia communis), la fauvette babillarde (Sylvia curruca), le rossignol philomèle (Luscinia megarhynchos), l'hypolaïs polyglotte (Hippolais polyglotta), le bruant jaune (Emberiza citrinella), la locustelle tachetée (Locustella naevia), ... En 2006, la friche qui prolonge la «cornée» sud du lac a accueilli la première nidification de la bergeronnette flavéole (Motacilla flava flavissima) en Entre-Sambre-et-Meuse, tandis que d'autres espèces très rares s'y sont déjà cantonnées comme le râle des genêts (Crex crex), la marouette ponctuée (Porzana porzana), etc.
Les bois feuillus, dont celui du Grand Oupia, hébergent notamment des picidés dont le pic mar (Dendrocopos medius), mais aussi le loriot d'Europe (Oriolus oriolus), le coucou gris (Cuculus canorus), etc.
En dehors des oiseaux, le peuplement faunistique du lac de la Plate Taille demeure peu documenté et les données sont fragmentaires même pour des groupes populaires comme les libellules.
A souligner néanmoins l'observation d'une donacie bicolore (Donacia bicolora) en mai 2018 sur la rive de l'anse de la «cornée» (P. Deflorenne - obs.be): en effet, ce coléoptère paludicole lié à différents hélophytes connaît une régression dramatique en Belgique au point de ne plus être signalé que de quelques rares stations en Fagne-Famenne et en Lorraine (FAGOT, 2019).
Dans le rayon des curiosités signalons encore trois invertébrés aquatiques peu banals qui peuplent les eaux du lac, à savoir une éponge d'eau douce (Spongilla lacustris), un bryozoaire (Cristatella mucedo) et une méduse d'eau douce (Craspedacusta sowerbii), qui sont tous trois des organismes filtrants (obs. P. Deflorenne - Obs.be).