Entre Olloy et Treignes, le Viroin s'écoule dans ses propres alluvions (alm : alluvions modernes des vallées). Il trace de grands méandres au contact de l'Ardenne et de la Calestienne, dans les assises du Couvinien (rive droite, principalement Coa : schistes, grauwackes et grès de Bure; rive gauche surtout Cob : schistes).
Les méandres concaves sont limités par des versants abrupts, les méandres convexes sont occupés par des prairies et des champs.
Dans la plaine alluviale, on trouve des graviers d'origine périglaciaire (solifluxion) surmontés de limons alluviaux. Des bancs de graviers et de galets forment des îlots dans le cours de la rivière. Ceux-ci sont malheureusement trop régulièrement victimes du curage de la rivière.
DUVIGNEAUD (1963) écrivait ceci : 'La presque totalité de la plaine alluviale du Viroin est occupée par des prairies de fauche, qui ont succédé à la forêt alluviale détruite. Ce n'est qu'en de très rares endroits que ce groupement forestier a pu se maintenir, là justement où la faible superficie du site ne permettait pas l'installation des prairies.
Généralement les lambeaux de forêts alluviales ne subsistent que dans les rives concaves des méandres de la rivière, c'est-à-dire dans des sites très fragmentaires d'accès difficile. La forêt alluviale y existe sous une forme assez sèche, en contact avec la forêt de pente. Les deux groupements présentent souvent des intrications et il se forme une zone intermédiaire, certaines espèces de la forêt de pente transgressant par exemple dans la forêt alluviale et supportant donc, à certaines époques de l'année, une inondation parfois d'assez longue durée'.
Actuellement, les prés de fauche ont à peu près disparu, remplacés partout par des prairies pâturées plus ou moins amendées et par des cultures (de maïs par exemple).
La zone intermédiaire située entre la chênaie-charmaie de bas de pente établie sur colluvions et la forêt de plaine alluviale, c'est-à-dire le plus souvent en bordure de prairies, demeure intéressante. En effet, c'est à cet endroit que l'on observe des populations parfois importantes de Scilla bifolia.
Dans les meilleurs des cas, on observe successivement les groupements suivants :
- suivant la lithologie : une chênaie à charme calcicole avec, sur les pointements rocheux bien éclairés exposés au nord-ouest, Sesleria caerulea, Ceterach officinarum et, sur les versants ombragés, Polystichum aculeatum, ou une chênaie silicicole à Luzula sylvatica, L. luzuloides, L. pilosa, Poa chaixii, etc.;
- une chênaie à charme sur colluvions qui montre une flore des sols riches et frais avec, par exemple Anemone nemorosa, Geum urbanum, Adoxa moschatellina, Ranunculus ficaria, Stellaria holostea, Arum maculatum, Alliaria petiolata, Mercurialis perennis, Euphorbia amygdaloides, Cardamine pratensis, Lamium galeobdolon subsp. montanum, Hedera helix, Allium ursinum, etc.;
- une zone intermédiaire qui s'enrichit progressivement en espèces de la plaine alluviale et où l'on note une espèce déjà évoquée,Scilla bifolia, très rare en Belgique ;
- une forêt alluviale, souvent réduite à une bande de quelques mètres longeant la rivière, dont la strate arborescente est formée par Alnus glutinosa, Fraxinus excelsior, Acer pseudoplatanus,... et surtout par Ulmus laevis, espèce médio-européenne à la limite occidentale de son aire de distribution, qui forme ici une de ses principales populations en Belgique ; la strate herbacée est particulièrement intéressante et comprend Aconitum lycoctonum subsp. vulparia, Gagea lutea, Anemone ranunculoides, Scilla bifolia, Persicaria bistorta, Primula elatior, Deschampsia cespitosa, etc.;
Dans les prairies sont visibles ici et là des dépressions qui sont les traces d'anciennes noues le plus souvent atterries aujourd'hui; on y observe des espèces des mégaphorbiaies et des roselières comme Phalaris arundinacea, heracleum sphodylium, Epilobium hirsutum, Symphytum officinalis, Filipendula ulmaria, Iris pseudacorus, etc.;
Des suintements sourdent aux pieds des versants avec Cardamine amara, Lychnis flos-cuculi, Veronica beccabunga, Stellaria alsine, Chrysosplenium oppositifolium, Juncus effusus,...;