Au Nord du village de Wodecq, au coeur du plateau limoneux hennuyer, la vallée du ruisseau du Tordoir s'est façonnée en une dépression large de 300 mètres sur près de 1250 mètres, pour une altitude constante de 30 mètres. Le substrat est composé d'un manteau d'alluvions modernes des vallées, qui dissimule les dépôts constitutifs de la vallée : argile yprésienne surmontant le sable landénien. Un lacet sinueux du ruisseau divise le site en deux composantes. La rive droite est occupée par une très belle aulnaie marécageuse tandis que la rive gauche est couverte de prairies humides. Malgré la plantation d'une futaie de peupliers et la présence de fossés de drainage, l'aulnaie conserve une humidité intéressante. Les prairies sont également à la merci des débordements de crue du ruisseau du Tordoir : la topographie du site, en amont du moulin du Moufflu est en effet extrêmement favorable à des mises sous eau périodiques.
Sous le couvert d'une plantation de peupliers, l'aulnaie alluviale a conservé une humidité intéressante. Par endroits, le taillis s'enrichit d'espèces ligneuses telles que l'orme champêtre (Ulmus minor) et le frêne (Fraxinus excelsior). La flore y est diversifiée : citons la baldingère (Phalaris arundinacea), la cardamine des prés (Cardamine pratensis), le populage des marais (Caltha palustris), le houblon (Humulus lupulus), le millepertuis tetraptère (Hypericum tetrapterum), la véronique des ruisseaux (Veronica beccabunga), l'épiaire des bois (Stachys sylvatica), la lysimaque nummulaire (Lysimachia nummularia). Sur la rive gauche, les prairies côtoyent une peupleraie assez ouverte colonisée par des espèces caractéristiques des prairies humides à reines des prés (Filipendula ulmaria) : l'achillée sternatutoire (Achillea ptarmica), l'angélique (Angelica sylvestris), le cirse des marais (Cirsium palustre), l'épilobe hérissé (Epilobium hirsutum), la salicaire commune (Lythrum salicaria), le cirse mâraicher (Cirsium oleraceum), la pulicaire dysentérique (Pulicaria dysenterica)... Sur les berges du ruisseau du Tordoir se fixent la scrofulaire aquatique (Scrophularia auriculata), le myosotis des marais (Myosotis scorpioïdes) et le lycope d'Europe (Lycopus europaeus). Dans les zones tampon (interface bois-prairie et prairie-ruisseau), se réfugient des espèces typiques des prairies humides peu fertilisées comme le lychnis fleur-de-coucou (Lychnis flos-cuculi), des joncs (Juncus sp.), le brome en grappe (Bromus racemosus)... Les prairies proprement-dites devaient constituer, jusqu'il y a peu, des prairies de fauche mouilleuses de fond de vallée. On y observe encore, réfugiés dans les interfaces, la menthe à feuilles rondes (Mentha suaveolens), le lotier des fanges (Lotus pedunculatus), le jonc glauque (Juncus inflexus), le jonc aggloméré (Juncus conglomeratus), le jonc épars (Juncus effusus), la patience agglomérée (Rumex conglomeratus), le scirpe des marais (Eleocharis palustris), la renoncule flamette (Ranunculus flammula), l'oenanthe fistuleuse (Oenanthe fistulosa)...
Des relevés réalisés en 1976 par P.Meerts , alors qu'elles étaient exemptes d'amendements, signalent de nombreuses espèces intéressantes : le vulpin genouillé (Alopecurus geniculatus), plusieurs laîches (Carex disticha, Carex vulpina, Carex panicea), le rhinanthe à petites fleurs (Rhinanthus minor), le rhinanthe à grandes fleurs (Rhinanthus angustifolius), la véronique à écus (Veronica scutellata), le brome variable (Bromus commutatus)...Ces espèces sont à rechercher actuellement : ces prairies sont aujourd'hui exploitées en pâturage permanent et de ce fait considérablement altérées.