Etant donné la longueur de la vallée de la Gueule, des relevés complets ou des sondages ont été faits à divers points de la vallée
-1. Ferme de Kupfermühle.
-2. Plaine alluviale à 1 km en aval de cette ferme.
-3. Bois de plaine alluviale en aval de la ferme Hammermühle.
-4. Bois de plaine alluviale aux abords du château d'Eyneburg.
-5. Abords de l'étang du Casino.
-6. L'étang du Casino (voir fiche signalétique s'y rapportant).
-7. Haldes calaminaires à l'ouest de l'étang du Casino (voir fiche signalétique s'y rapportant).
-8. Réserve naturelle d'Ardenne et Gaume.
-9. A la sortie de la Calamine, près du confluent avec le Lontzenerbach.
-10. Au Moulin de Moresnet.
-11. A Plombières (voir fiche signalétique s'y rapportant).
-12. Le long de la Gueule à Plombières en amont du tunnel.
-13. En aval du tunnel. 13. Au confluent avec le Weschbach.
A. Pâturages.
Dans les prairies pâturées amendées de l'amont, la Gueule est soulignée par une galerie forestière plus ou moins fragmentaire d'Alnus glutinosa, Fraxinus excelsior, Acer pseudoplatanus, Salix fragilis, Salix purpurea, enlacés par Humulus lupulus et accompagnés de Corylus avellana, Crataegus monogyna, Euonymus europaeus, Sambucus nigra, Ribes rubrum. Les berges sont rudéralisées et Urtica dioica abondant. A côté de cette espèce poussent des plantes de l'aulnaie (CORINE 44.32), des espèces des groupements nitrophiles des haies (CORINE 37.71), etc. (Stellaria nemorum, Aegopodium podagraria, Silene dioica, Alliaria petiolata, Galium mollugo, Solanum dulcamara,...). Des peuplements de Petasites hybridus s'installent sur les cailloux, au bord de la rivière (CORINE 37.714).
Les saules têtards peuvent porter divers épiphytes (Rosa canina, Euonymus europaeus, Rubus sp.,...).
A la sortie de la Calamine, près du confluent avec le Lontzenerbach, la rivière est un peu polluée. Aux espèces observées précédemment s'ajoutent des espèces prairiales plus ou moins nitrophiles comme Arrhenatherum elatius, Dactylis glomerata, Holcus lanatus, Poa trivialis, Leucanthemum vulgare, Galium mollugo, Rumex obtusifolius, Lamium album, Chaerophyllum temulum,... (CORINE 38.2) et quelques hautes herbes des mégaphorbiaies alluviales (Filipendula ulmaria, Eupatorium cannabinum,...) (CORINE 37.1).
A Plombières, le long de la rivière, on observe des saulaies, une aulnaie fragmentaire et des mégaphorbiaies.
Plus en aval encore, au Vieux Moulin de Plombières, les berges artificialisées et recreusées portent des groupements nitrophiles dominés par les hautes herbes : Artemisia vulgaris, Carduus crispus, Urtica dioica, Heracleum sphondylium, Filipendula ulmaria, Eupatorium cannabinum, Epilobium hirsutum, Lycopus europaeus, Angelica sylvestris, Calystegia sepium, Lotus pedunculatus, Carex spicata,... (CORINE 37.7) et des fragments de phalaridaies (CORINE 53.16).
A cet endroit, la plaine alluviale est fort endommagée par la pose d'égouts. D'autre part, une nouvelle route rejoint le fond de la vallée. Le pont sur la Gueule est démoli et l'on peut craindre de nouvelles atteintes au paysage lors de sa reconstruction.
B. Bois.
Des fragments de frênaie-aulnaie à stellaire existent çà et là, mais le groupement forestier le plus intéressant de la plaine alluviale est l'ormaie-frênaie.
A Hammermühle, Eyneburg et aux abords de l'étang du Casino, ce groupement est particulièrement beau et intéressant.
On observe (résumé de trois sites) :
- Dans la strate arborescente : Alnus glutinosa, Fraxinus excelsior, Acer pseudoplatanus, Populus canescens, Carpinus betulus, Ulmus glabra, U. laevis, Tilia platyphyllos (ces trois dernières espèces à Eyneburg).
- Dans la strate arbustive : Fraxinus excelsior, Corylus avellana, Acer pseudoplatanus, Euonymus europaeus, Populus canescens, Sambucus nigra, Ilex aquifolium,...
- Dans la strate sous-arbustive : Ribes rubrum, Rubus sp.
- Dans la strate herbacée : Aconitum vulparia subsp. lycoctonum, Lunaria rediviva, Geum rivale, Anemone ranunculoides, Lathraea squamaria, Allium ursinum, Stellaria nemorum, Aegopodium podagraria, Festuca gigantea, Arum maculatum, Adoxa moschatellina, Ranunculus ficaria subsp. bulbilifer, etc. (CORINE 44.33).
Les coupes dans ce groupement montrent des plantes de roselières comme Iris pseudacorus, Sparganium erectum, des espèces des mégaphorbiaies et de l'aulnaie (Cirsium oleraceum, Impatiens noli-tangere, I. glandulifera, Filipendula ulmaria, Eupatorium cannabinum). Les suintements (anciens bras ou noues de la Gueule) abritent des plantes fontinales (Veronica beccabunga, Cardamine amara) (CORINE 54.111) ou du Bidention (Persicaria hydropiper, P. minus,...) (CORINE 22.33).
En aval du tunnel qui traverse une colline à Plombières, la rivière coule dans un vallon très encaissé. Une frênaie-aulnaie y montre de très hauts arbres. A peu de distance des berges, cette frênaie-aulnaie tend à être remplacée par une chênaie à charme mésophile.
Les versants boisés sont occupés par un Querco-Carpinetum à Mercurialis perennis, Hedera helix ou Vinca minor ou, sur sol siliceux, par une chênaie à charme à Luzula sylvatica.
Quelques plantations de mélèzes, d'épicéas ou de peupliers (sur pâtures à moutons) occupent la plaine alluviale. Au Moulin de Moresnet, une route a été établie sur l'ancien chemin de fer et le site est abîmé par les travaux. Si la peupleraie ne semble pas avoir un très grand intérêt, par contre, la Gueule y a un cours particulièrement pittoresque, jalonnée par des cépées d'aulnes et par des plantes calaminaires.
C. Etangs.
L'étang du Casino (voir fiche signalétique s'y rapportant) est bordé par une vaste roselière (CORINE 53.11) favorable aux oiseaux d'eau. Une graminée fort rare pousse le long de ses berges, Leersia oryzoides.
L'étang qui se trouve dans le site calaminaire de Plombières montre une extraordinaire succession de types de végétations : pelouses calaminaires (CORINE 34.221), molinaie calaminaire (CORINE 37.31), magnocariçaie à Carex paniculata, roselières à Schoenoplectus lacustris (CORINE 53.12), phragmitaies (CORINE 53.11), etc. (voir fiche signalétique s'y rapportant).
D. Sites calaminaires.
Les haldes calaminaires de la Calamine et de Plombières (voir fiches signalétiques s'y rapportant) portent toute les espèces caractéristiques du Violon calaminariae (CORINE 34.221). Le très rare Minuartia verna var. hercynica subsiste encore ici en quelques touffes. Avenula pratensis graminée également très rare dans la région forme une pelouse très particulière dans la réserve naturelle d'Ardenne et Gaume (DUVIGNEAUD, PAUQUET, SAINTENOY-SIMON, 1964).
La Calamine :
Le gisement de La Calamine comporte un gîte sud et un gîte nord.
Le gîte nord fut exploité à ciel ouvert, depuis les temps les plus reculés jusqu'à son épuisement total en 1858. A l'origine le minerai était traité par calcination dans d'énormes bûchers. Les terres calaminaires inutilisées s'entassent d'une manière désordonnée autour des chantiers.
En 1806 commença l'exploitation industrielle (procédé thermique de réduction du zinc à l'état métallique). Il en résulta une énorme excavation qui fut, après épuisement du minerai, utilisée pour y stocker les schlamms provenant de la laverie des terres calaminaires que l'on avait commencé à traiter. Ces boues furent ensuite réexploitées et traitées dans un four rotatif Waelz, livrant de l'oxyde de zinc. Après l'arrêt définitif de l'industrie, l'excavation se remplit d'eau jusqu'à la galerie d'écoulement vers la Gueule créée au XVIe siècle. Elle servit alors de dépotoir puis fut complètement comblée avec des terres et des matériaux de démolition. La partie remblayée est occupée actuellement par un parc.
Le gîte sud fut exploité par galeries et puits jusqu'à une profondeur de 110m.
Le gisement était énorme, long de 400-500m et large de 100 à 150m, situé au centre de l'agglomération actuelle de la Calamine. On y trouvait de nombreux minéraux.
Les haldes calaminaires formaient un chaos de talus, de terrasses et de cuvettes dont une grande partie a disparu aujourd'hui.
'Les résidus de lavage des calamines menues comportaient des argiles zincifères (10-13 % de zinc) dont la teneur moyenne et presque constante en humidité est voisine de 30%. La présence de Molinia caerulea signale les zones d'épandage de ces argiles.
Il arrive parfois que ces schlamms calaminaires aient été entassés dans des bassins au fond desquels les eaux de pluies se rassemblent pour former des mares peu profondes' (SOUGNEZ, 1957).
A Plombières (Bleiberg), le filon atteignait une longueur de près de 2 km et, après une zone stérile, continuait alors sur une longueur de 250m à Sippenaken.
L'extraction se faisant surtout par puits et galeries et de nombreux problèmes d'exhaure se posèrent.
(Pour l'histoire détaillée des sites voir DEJONGHE et al. 1993).
D'après Ferraris le site était occupé par des bois, des cultures, des prairies, des landes. Un bocage nettement marqué.