Les marais de Prouvy et de Rawez s'étendent en Lorraine, dans le bassin de la Semois. Le site s'étend principalement en rive gauche d'un affluent, la Breuvane, sur une distance de plus de 3 km, entre les hameaux de Holloy au sud et de Frénoi au nord. Si cette rive gauche est largement à vocation agricole (prairies surtout), la rive droite, en direction de Saint-Vincent, est en grande partie forestière.
La Breuvanne prend source au nord du Grand Bois. A la sortie du bois existait jadis un vaste étang, alimentant le Fourneau de Rawez (ou Rawé). Le cours de la Breuvane est d'abord orienté sud-nord, puis à hauteur de l'ancien moulin du Frénoi, il prend une direction ouest-est jusqu'à sa confluence avec la Semois, au village de Breuvanne.
L'étang de Rawez, en assec depuis le début du 20ème siècle, a été établi au confluent de ruisselets issus du Grand Bois ou des abords du village de Saint-Vincent et qui forment la Breuvanne. Ces ruisseaux sont plus ou moins canalisés sur certains tronçons.
Le vaste marécage qui occupe maintenant l'emplacement de l'ancien étang a la forme d'un Y renversé. La digue se trouvait du côté de la ferme de Rawez, au nord. La branche ouest se prolonge vers la voie de chemin de fer de Libramont-Athus, la branche est se dirige vers le lieu-dit les Marbines. Le marais est entouré de prairies pâturées.
Une grande partie de la zone repose sur des calcaires sableux de Florenville (Snas).
Le marais de Prouvy est constitué d'un vaste ensemble de prairies pâturées, prairies à l'abandon, prés de fauche, bas-marais, saulaies, aulnaies marécageuses, etc.
D'après des observations du 28 juin 1994 et du 1 août 1995 (J. SAINTENOY-SIMON) et diverses données publiées par G.-H. PARENT, on y observe les groupements végétaux suivants:
A. Dans les ruisselets: Berula erecta, Veronica beccabunga, Glyceria fluitans, Sparganium erectum, Catabrosa aquatica, Scrophularia umbrosa, etc.
B. Dans les prairies de la plaine alluviale:
- des filipendulaies à Persicaria bistorta ;
- des cariçaies à Carex acutiformis et C. riparia;
- des cariçaies à Carex rostrata où poussent Dactylorhiza maculata et Dactylorhiza majalis;
- des cariçaies à Carex disticha et à Carex nigra;
- des phalaridaies;
- des scirpaies à Scirpus sylvaticus avec Iris pseudacorus;
- des jonçaies acutiflores;
- des nappes d'Eleocharis palustris;
- des suintements à Menyanthes trifoliata;
- un remarquable marais alcalin à Juncus obtusiflorus, Parnassia palustris, Triglochin palustris;
- un Caricetum limosae à Carex limosa, C. pulicaris, etc.;
- des prairies abandonnées, très marécageuses, envahies par Angelica sylvestris, avec aussi Odontites vernus subsp. serotinus, Rhinanthus minor, ...
Ces différents groupements accueillent diverses autres plantes hygrophiles comme Cirsium oleraceum, Cirsium palustre, Valeriana repens, Valeriana dioica, Lycopus europaeus, Lotus pedunculatus (= L. uliginosus), Lychnis flos-cuculi, Sparganium erectum, Lythrum salicaria, Deschampsia cespitosa, Epilobium hirsutum, Epilobium palustre, E. parviflorum, Urtica dioica, Galium aparine, Galium palustre, Juncus effusus, Equisetum palustre, Equisetum fluviatile, Myosotis scorpioides, etc.
La colonisation forestière comprend:
- des fourrés de saules sont assez abondants avec surtout Salix cinerea et S. x multinervis;
- une aulnaie-boulaie, très intéressante, riche en Prunus padus, dans laquelle les hautes herbes sont abondantes: Filipendula ulmaria, Carex acutiformis, Eupatorium cannabinum, Lysimachia vulgaris, Phragmites australis, Crepis paludosa, Calamagrostis canescens, Caltha palustris, Carex paniculata et où, localement, existent des zones riches en sphaignes et une fougère rarissime, Thelypteris palustris. Solanum dulcamara grimpe à plusieurs mètres de hauteur.
Le marais de Rawez est également constitué d'une mosaïque de végétations intéressantes.
D'après des relevés effectués le 18 juin 1996, on relève dans le marais les groupements suivants:
- un bas-marais à Menyanthes trifoliata, Caltha palustris,... dans les zones les plus basses;
- une cariçaie à Carex appropinquata;
- une moliniaie à Molinia caerulea, Eupatorium cannabinum, Cirsium palustre, Angelica sylvestris, Equisetum palustre, Succisa pratensis, Valeriana dioica, Carex paniculata, Mentha aquatica, Dactylorhiza majalis... avec aussi Lychnis flos-cuculi, Potentilla erecta, Crepis paludosa, Carex lepidocarpa... Ce groupement est menacé par l'extension des espèces sociales telles que Phragmites australis, Filipendula ulmaria et Molinia caerulea qui s'étendent sur les zones un peu plus sèches;
- une cariçaie à Carex acutiformis;
- une cariçaie à Carex acuta;
- une cariçaie à Carex disticha;
- une filipendulaie qui comporte parfois des espèces nitrophiles comme Urtica dioica, Galium aparine;
- une phalaridaie;
- une roselière à Phragmites australis;
- des prairies pâturées à Festuca pratensis, Anthoxanthum odoratum, Poa trivialis, Holcus lanatus, Cynosurus cristatus, Carex disticha, Carex panicea, Carex rostrata, Carex hirta, Carex nigra, Eleocharis palustris, Caltha palustris, Equisetum palustre, Equisetum fluviatile, Lychnis flos-cuculi, Ranunculus acris, Ranunculus repens, Rhinanthus minor, Ajuga reptans, Valeriana dioica, Dactylorhiza majalis, etc.
- des éléments de marais alcalin avec Carex lepidocarpa, Parnassia palustris, entre autre;
- une saulaie à Salix cinerea;
- un groupement à Nasturtium officinale, Berula erecta, Myosotis scorpioides dans la Breuvanne;
- un groupement à Catabrosa aquatica occupant une mare.