La sablière Noël (du nom des propriétaires et exploitants) est située en Hesbaye liégeoise à 5 km au nord de Wanze et de la vallée de la Meuse, à la sortie du village de Wanzoul (hameau de Vinalmont) en direction de l'autoroute de Wallonie. S'inscrivant dans un paysage vallonné à vocation agricole, vers 180 m d'altitude, cette carrière a été creusée dans le versant droit du vallon du ruisseau du Fond du Roua, petit affluent de la Mehaigne qui prend source quelques kilomètres plus à l'est. On y a exploité des sables oligocènes du Tongrien (avec amas de cailloux).
Initialement, jusqu'aux années 1970, seule la partie à l'ouest de la rue du Roua abritait l'activité extractive. Par la suite, l'exploitation du sable a été reportée à l'est de cette rue, où les réserves ont été rapidement épuisées. A l'heure actuelle, la partie ouest est occupée par les bureaux de l'entreprise Noël, des entrepôts, dépôts de containers, matériel de chantier, versages d'inertes, ...
La partie orientale, qui s'étend sur environ 2 ha, sert également de site de dépôt pour des matériaux inertes en attente de traitement: briquaillons, décombres, tas de sable, etc. Une petite falaise haute de 4 m maximum est en place depuis deux décennies. La lisière sud comporte également deux mares résiduelles. Seule cette partie est concernée par la présente fiche descriptive.
L'environnement est constitué d'une prairie au sud et de terres de cultures ailleurs. Le ruisseau du Roua s'écoule à moins de 200 au sud, à travers bois et prairies.
La végétation de la Sablière Noël (au sens large) a été considérée comme peu intéressante et rudérale lors de l'inventaire des carrières désaffectées de Wallonie par A. Remacle, qui n'y a effectué qu'une seule visite en 2004. Aucun inventaire détaillé n'a cependant été mené à cette occasion.
Seule la sablière orientale a fait l'objet d'une série d'observations botaniques en mai 2009 et avril 2023 (E. Bisteau et J.-Y. Baugnée) et en 2017 (T. Genty).
En 2009, les friches renfermaient notamment Potentilla anserina, Plantago major, Sonchus asper, Sisymbrium officinale, Tussilago farfara, Veronica agrestis, Convolvulus arvensis, Linaria vulgaris, Vicia sativa, Fumaria officinalis, Anchusa arvensis, Artemisia vulgaris, Euphorbia peplus, Valerianella locusta, Plantago lanceolata, Poa trivialis, Persicaria amphibia, Juncus effusus, Matricaria maritima subsp. inodora, Capsella bursa-pastoris, Viola arvensis, Ranunculus repens, Papaver rhoeas, Rumex obtusifolius, Cirsium arvense, Cirsium palustre, Alopecurus pratensis, Leucanthemum vulgare, Holcus lanatus, Geranium pyrenaicum, Medicago lupulina, Bromus hordeaceus, Senecio inaequidens, Fallopia japonica, etc. Une plante rare et naturalisée de longue date (archéophyte) a également été recensée cette année-là, à savoir Descurainia sophia, ou sagesse des chirurgiens.
Dans la mare au coin sud-ouest du site, on y observait aussi Ranunculus sceleratus et Potamogeton berchtoldii.
En 2017, les observations réalisées aux abords des deux mares sud font état de la présence d'une flore assez intéressante avec notamment Typha latifolia, Ranunculus sceleratus, Epilobium hirsutum, Alopecurus geniculatus, Juncus bufonius, Calystegia sepium, Eupatorium cannabinum, Ceratophyllum demersum, Potamogeton natans, Schoenoplectus lacustris, etc.
En mai 2018, on signale encore une observation botanique remarquable, celle de Lathyrus nissolia, la gesse de Nissole (T. Ory). Il s'agit d'une des rares espèces strictement protégées repérée à ce jour dans les limites du site.
Lors de la visite d'avril 2023, la plupart des espèces sus-mentionnées ont été revues, auxquelles s'ajoutent de nombreuses plantes échappées des jardins qui colonisent les tas de décombres de plus en plus volumineux.
A signaler en outre la présence d'herbiers aquatiques de Chara vulgaris var. vulgaris dans les deux mares sud, correspondant à un habitat d'intérêt communautaire (code Natura 2000: 3140).
En dehors de la présence de quelques espèces végétales rares ou semi-rares, l'intérêt biologique de la Sablière Noël repose essentiellement sur la présence de plusieurs espèces d'amphibiens, de libellules et de coléoptères liés aux milieux humides.
L'une des espèces phares est l'hirondelle de rivage (Riparia riparia) dont une petite population est connue sur le site depuis au moins le début des années 1990. Celle-ci occupait la sablière initiale, à l'ouest de la rue du Roua, comptant 10 couples en 1994 et 18 couples en 1995. L'espèce a ensuite disparu après destruction de son habitat, pour réapparaître quelques temps plus tard dans la partie orientale. Ainsi, une colonie de 18 couples y est établie en 2004 et une quarantaine d'oiseaux sont notés en 2009. La reproduction est encore constatée les années suivantes, au moins jusqu'en 2019 (données Aves-Natagora).
Outre cette hirondelle particulièrement menacée au niveau régional, on rapporte la présence d'un couple de poule d'eau (Gallinula chloropus) cantonné sur les mares de la sablière orientale et d'observations ponctuelles de la tourterelle des bois (Streptopelia turtur). L'avifaune locale comprend également diverses espèces des fourrés et des campagnes comme la fauvette grisette (Sylvia communis), la linotte mélodieuse (Carduelis cannabina), la fauvette des jardins (Sylvia borin), etc.
Malgré les dimensions très modestes des points d'eau, le site accueille (ou a accueilli) pas moins de 6 espèces d'amphibiens, dont le rare triton crêté (Triturus cristatus) encore noté en 2009, et l'alyte accoucheur (Alytes obstetricans) dont la présence actuelle reste néanmoins à démontrer. A noter que l'inventaire herpétologique réalisé par DOCHAIN (1998) dans le cadre d'un travail de fin d'étude concernait semble-t-il la mare (environ 30 m2) localisée dans l'ancienne sablière ouest, au sein de l'enceinte fermée de l'entreprise, et non les deux petites mares toujours en place dans la sablière orientale.
En ce qui concerne les libellules, seulement 9 espèces ont été recensées en 2009 mais trois sont remarquables dans le contexte régional: il s'agit de Ischnura pumilio (l'agrion nain), demoiselle typiquement pionnière, de Sympecma fusca (le leste brun), lié aux eaux stagnantes bordées d'hélophytes, et surtout Ceriagrion tenellum (l'agrion délicat), espèce réapparue courant des années 2000 après une longue éclipse en Région wallonne mais qui demeure très localisée (la population la plus proche d'ici se trouve à Ben-Ahin).
Les coléoptères comptent aussi son lot d'espèces caractéristiques du bord des mares, dont Anisosticta novemdecimpunctata (la coccinelle des roseaux), espèce strictement protégée par la législation wallonne.