Le site prend place dans la plaine alluviale de la Lomme, entre la courbe du chemin de fer et la rivière; en outre une parcelle de prairie amendée mais abandonnée depuis quelques années, est située à l'est de la Lomme, en aval du site du moulin.
La plaine alluviale s'élargit dans cette courbe sur environ 400m et est longée par la Lomme sur une longueur d'environ 750m. Celle-ci forme une île et des îlots en aval. En amont, la Lomme reçoit un affluent de droite, le ruisseau de Marsau, qui actionnait le moulin. En aval, elle reçoit le ruisseau de Revaus, son affluent de gauche. Un ancien fossé, jalonné par quelques aunes arborescents, a été établi sur toute la longueur de la plaine alluviale et marque la limite de crues majeures de la Lomme. Des fossés, en partie comblés, ont été tracés au-delà de cet ancien fossé; ils étaient sans doute destinés au drainage de la dépression qui s'amorce au-delà de la levée alluviale plus sèche. Ce réseau de drains a été interprété par d'aucuns comme un système d'abîssage, mais une visite attentive des lieux ne permet pas de confirmer cette hypothèse.
Substrat géologique de base : pour la partie nord, Siegenien moyen (S2) : quartzophyllades, schistes et grès légèrement calcarifères; pour la partie sud, Siegenien inférieur (S1) : alternance de schistes bleus et de quartzites gris clair.
Toutefois, la totalité de la vallée est couverte d'alluvions hétérogènes, limono-caillouteuses, très fortement gleyifiées entre la Lomme et le fossé principal et nourries d'apports périodiques d'alluvions de crue. Des fragments de charbon de bois et de scories, résidus de l'ancienne activité des forges, s'y rencontrent dans les profils (RUWET 1974).
Le bourrelet alluvial, large d'environ 200m au-delà du fossé est relativement plus sec mais compact et gleyifié en profondeur. Au-delà du bourrelet alluvial s'amorce au pied du versant boisé, une dépression longitudinale plus humide. Cette disposition ne se traduit que par des différences très ténues du relief, mais en revanche par des végétations contrastées.
Une station climatique permettant d'étudier le microclimat local fut installée dans le site durant les années 1970 (voir par ex. VANSEVEREN, 1975).
La Lomme est une rivière à cours rapide et débit fortement influencé par la fonte des neiges et des grosses précipitations; elle déborde périodiquement en hiver dans sa plaine alluviale, jusqu'au fossé marqué par un alignement d'aulnes, qui servait à évacuer les eaux de crue. La rivière comporte des herbiers de Ranunculus penicillatus en divers endroits; par contre, la végétation ripicole est peu développée et se limite à quelques colonies de Petasites hybridus (Filipendulo-Petasition), Phalaris arundinacea, Carex acuta, C. acutiformis ou encore Equisetum fluviatile.
L'aulnaie riveraine est localisée en bordure de la Lomme et couvre ses îles et îlots. Elle forme de beaux peuplements d'Alnus glutinosa, constitués d'arbres élancés et de belle grosseur (âgés de 60 ans et de 26,50 m de hauteur dominante), avec des pieds isolés d'Acer pseudoplatanus et de Fraxinus excelsior. Strate arbustive discontinue de Salix cinerea et ici et là, un saule osier, Viburnum opulus ou Ribes rubrum (Stellario-Alnetum).
Strate herbacée dominée par Phalaris arundinacea, Urtica dioica, Filipendula ulmaria, Epilobium hirsutum, etc.
Strate inférieure à Persicaria bistorta, Stellaria nemorum, Anemone nemorosa, Ranunculus ficaria, Adoxa moschatellina, Impatiens noli tangere, Galeopsis tetrahit, Poa nemoralis. Substrat d'alluvions limono- ou sablo-caillouteuses à profil juvénile, à humus du type mull et sans traces apparentes d'hydromorphie dans l'horizon A. Celui-ci repose sur un horizon de cailloutis ou sur un limon compact et marmorisé.
La mégaphorbiaie à Filipendula ulmaria est contiguë à l'aulnaie, dont elle dérive par déboisement. Strate vernale à Anemone nemorosa, Ranunculus ficaria et çà et là quelques touffes de Narcissus pseudonarcissus. Strate intermédiaire à Stellaria nemorum, Poa palustris, Persicaria bistorta, Crepis paludosa et Scirpus sylvaticus. Strate de hautes herbes à Phalaris arundinacea, Filipendula ulmaria, Urtica dioica, Lysimachia vulgaris, Heracleum sphondylium, Festuca gigantea, Epilobium hirsutum, Scutellaria galericulata et de temps à autres, Cirsium palustre, Alopecurus pratensis, Deschampsia cespitosa ou Arrhenatherum elatius. C'était jadis une prairie alluviale de fauche plus riche en graminées, mais aujourd'hui abandonnée et formant des faciès saisonniers par des floraisons successives de la bistorte et de la reine des prés et une faune entomologique qui leur est inféodée.
Les groupements des fossés comportent tantôt des peuplements de Phalaris arundinacea et Phragmites australis, Scirpus sylvaticus, Lycopus europaeus, Lysimachia vulgaris, Iris pseudacorus, Caltha palustris et Juncus effusus, J. conglomeratus, tantôt une flore des bas-marais acides à Carex vesicaria, Carex nigra, Carex ovalis, Carex canescens, Carex rostrata, Carex echinata, Carex demissa, Agrostis canina, Juncus acutiflorus, Ranunculus flammula, Viola palustris, Comarum palustre et Menyanthes trifoliata (bas-marais acides; jonchaies). Ces fossés sont localement colonisés par des fourrés de Salix cinerea et S. aurita.
Les pelouses plus sèches du Nardo-Galion (Nardo-Galion) sont caractérisées par Festuca rubra, F. filiformis, Lathyrus linifolius var. montanus, Luzula campestris, L. multiflora, Hypericum maculatum, Succisa pratensis, Carex pilulifera, C. pallescens, Galium saxatile, Nardus stricta plutôt rare, de même que Danthonia decumbens, Anthoxanthum odoratum, Potentilla erecta. Cette prairie 'maigre' héberge de belles plages de Narcissus pseudonarcissus, et en automne quelques Colchicum autumnale. Cette pelouse est envahie en plusieurs endroits par de jeunes Prunus spinosa, Crataegus monogyna, Quercus robur, et parfois Viburnum opulus.
La prairie abandonnée qui jouxte le site du moulin est une ancienne prairie temporaire à Lolium perenne et Poa trivialis avec des groupes ou plages de Urtica dioica, Cruciata laevipes, G. mollugo, Alopecurus pratensis, Tanacetum vulgare, etc.
Une prairie (?) à Molinia caerulea, Juncus effusus, J. conglomeratus, Carex pallescens, C. ovalis, Succisa pratensis, Selinum carvifolia, Scorzonera humilis, Dactylorhiza maculata (Junco-Molinietum) a été signalée par TANGHE en 1974; elle pourrait être liée aux sols subhumides, au voisinage des drains (Junco-Molinion).
Nous n'avons pas non plus retrouvé au cours de notre prospection rapide le 'Mesobrometum' cité par TANGHE en 1974 et caractérisé par Cirsium acaule, Pimpinella saxifraga, Carex caryophyllea, Platanthera chlorantha et Brachypodium pinnatum, dont la présence sur les alluvions ardennaises est assez insolite.
La chênaie-charmaie à Luzula luzuloides, Anemone nemorosa, Milium effusum, Lamium galeobdolon et Senecio ovatus (Stellario-Carpinetum luzuletosum) est liée à l'étroite bande de colluvions des bas de versants. Elle est relayée plus haut par la chênaie sessiliflore à luzule, elle-même dérivée du Luzulo-Fagetum).