La végétation et la flore de l'ile Vas-t'y-Frotte a été étudiée par SAINTENOY-SIMON et DUVIGNEAUD (1993). Un inventaire complémentaire visant à actualiser les données biologiques a été réalisé le 27 août 2008 par E. BISTEAU, J.-Y. BAUGNEE et Y. COLLARD. A ce jour, 121 espèces de plantes vasculaires ont été recensées sur cette ile.
Naguère couverte de prairies de fauche, de pâtures et de potagers, l'ile fut exploitée pour le tourisme à la fin du 19ème et début du 20ème siècles. Après l'abandon de cette activité, elle fut progressivement réinvestie par la forêt, en même temps que diverses plantations y furent effectuées: on y observe toujours Populus x canadensis, Aesculus hippocastanum, Catalpa bignoioides, Sophora japonica, Fagus sylvatica cv atropunicea, Castanea sativa, Alnus incana, Populus nigra var. italica, Salix alba subsp. vitellina cv tristis, Platanus x hispanica, Symphoricarpos albus var. laevigatus, Syringa vulgaris, Ligustrum ovalifolium, Parthenocissus quinquefolia, Prunus insititia, Rubus laciniatus, Acer negundo, etc. Plusieurs de ces espèces y sont aujourd'hui parfaitement naturalisées.
Le boisement le plus étendu se rattache à l'ormaie-frênaie alluviale, avec Fraxinus excelsior, Ulmus minor, Cornus sanguinea, Ribes rubrum, Fagus sylvatica, Arum maculatum, Scrophularia nodosa, Stachys sylvatica, Circaea lutetiana, Brachypodium sylvaticum, Veronica chamaedrys, Campanula trachelium, Poa nemoralis, Geum urbanum, Primula elatior, Dryopteris filix-mas, Hedera helix, Cardamine impatiens, Aconitum lycoctonum subsp. vulparia, Lathraea squamaria, Allium ursinum, Anemone ranunculoides, etc.
On observe également plus localement une aulnaie en cours de formation ainsi que des saulaies fragmentaires à Salix alba et Salix x rubens dans lesquelles apparaissent aussi Salix caprea, Salix viminalis, Salix x multinervis, ... Lors de la visite de 2008, certains gros saules portaient des carpophores du polypore Phellinus trivialis.
Les orties (Urtica dioica) sont partout présentes, de même que les ronces (Rubus spp.) qui ont envahi les restes de prairies et de mégaphorbiaies subsistant dans les rares clairières, formant de vastes massifs dans lesquels diverses espèces parviennent néanmoins à persister, comme Rumex sanguineus, Stellaria nemorum subsp. nemorum, Calystegia sepium, Humulus lupulus, Anthriscus sylvestris, Heracleum sphondylium, Cirsium arvense, Rumex acetosa, Rumex obtusifolius, Filipendula ulmaria, Symphytum officinale, Epilobium hirsutum, Lythrum salicaria, Eupatorium cannabinum, Thalictrum flavum, Geranium robertianum, Galium aparine, Alliaria petiolata, Lamium maculatum, etc.
Les berges, à peu près partout artificielles, portent une végétation irrégulière composée de Rorippa sylvestris, Lycopus europaeus, Scutellaria galericulata, Euphorbia esula subsp. esula, Mentha x villosa var. alopecuroides, Urtica dioica et même Lunaria rediviva (1 pied signalé par SAINTENOY-SIMON et DUVIGNEAUD, 1993) !
Des fragments de roselières se maintiennent très localement, en particulier dans les anses pas trop ombragées de la berge ouest. On y observe Phragmites australis, Phalaris arundinacea, Rumex hydrolapathum, Lythrum salicaria, Epilobium hirsutum, Iris pseudacorus, ...
L'enrochement protégeant la berge ouest accueille par ailleurs Cardamine hirsuta, Cardamine flexuosa, Cardamine impatiens, Scrophularia auriculata, Senecio erucifolius, Senecio jacobaea, Senecio viscosus, Carex divulsa, entre autres espèces.
Souvent négligée, la flore bryophytique a récemment fait l'objet d'un recensement par A. et O. SOTIAUX (27-08-2008 - inédit): 35 espèces sont recensées sur l'île, la plupart étant communes à très communes au sein du district mosan.
Conocephalum conicum et Pellia endiviifolia colonisent les berges terreuses verticales éclaboussées par la Meuse.
Lunularia cruciata, Cratoneuron filicinum, Plagiomnium rostratum, Calliergonella cuspidata sont des espèces à tendance basophile rencontrées sur le chemin central dans une ambiance forestière humide et ombragée.
Le sous-bois est occupé par une végétation nitrophile dense (Rubus et Urtica) ne permettant pas le développement de la strate muscinale. Quelques rares trouées ont cependant permis l'implantation d'une végétation muscinale neutrophile fort banale: Barbula convoluta, B. unguiculata, Brachythecium rutabulum, Kindbergia praelonga, Oxyrrhynchium hians, O. pumilum, Fissidens bryoides, F. taxifolius, Pohlia melanodon ainsi qu'une petite touffe de Thamnobryum alopecurum, espèce caractéristique des sous-bois calcaires.
Amblystegium serpens, Bryum capillare, Rhynchostegium murale, Tortula muralis colonisent des débris de maçonneries ombragés.
L'épiphytisme est peu développé. Très souvent Hypnum cupressiforme est la seule espèce corticole, mais sur Fraxinus excelsior il faut cependant épingler la présence d'un cortège diversifié: Frullania dilatata, Metzgeria furcata, Orthotrichum affine, O. diaphanum, O. lyellii, O. obtusifolium, O. tenellum, Platygyrium repens, Rhynchostegium confertum, Syntrichia papillosa, Ulota bruchii, U. crispa.
L'intérêt de l'île pour la faune est avant tout ornithologique et à cet égard, il s'agit même d'un des sites majeurs pour l'observation des oiseaux d'eau dans la région namuroise. L'endroit est d'ailleurs suivi très régulièrement par plusieurs observateurs d'Aves (en particulier F. POURGNAUX, J.-Y. PAQUET, E. DELOOZ et A. MONMART).
Une colonie de héron cendré (Ardea cinerea) est installée dans la canopée depuis le début des années 2000. Le comptage des nids est difficile en raison de leur dispersion mais on estime qu'il y a bon an mal an entre 40 et 50 couples nicheurs.
Le grand cormoran (Phalacrocorax carbo) constitue sur l'île un dortoir important ayant compté jusqu'à 1000 ex. bien qu'au cours de ces dernières années, le nombre d'oiseaux soit moins élevé. En 2003, deux couples y ont niché pour la première fois dans la vallée de la Meuse, embryon d'une colonie qui compte cinq ans plus tard pas moins de 15 nids.
Nicheur régulier sur les berges de l'île, le grèbe huppé (Podiceps cristatus) a compté lors d'une année particulièrement favorable jusqu'à 8 couples.
Souvent observé aussi, le grèbe castagneux (Tachybaptus ruficollis) ne niche cependant pas dans le secteur, peu favorable à cette espèce farouche. Sa présence y est notée surtout en hiver ainsi que durant les migrations. Il affectionne plus spécialement les petites anses abritées le long des berges, là où l'eau est peu profonde.
Le corbeau freux (Corvus frugilegus) se reproduit depuis 2004 sur l'île (environ 50 nids sur les peupliers). Trois autres oiseaux peuvent être considérés comme des nicheurs potentiels: il s'agit du pic épeichette (Dendrocopos minor), une espèce mobile à vaste territoire qui est régulièrement entendue à Vas-t'y-frotte, le pic vert (Picus viridis), également fréquemment noté, et le faucon hobereau (Falco subbuteo) dont l'observation en période estivale est de plus en plus fréquente.
Certaines espèces communes peuvent utiliser le site comme dortoir nocturne, comme c'est le cas pour le pigeon ramier (Columba palumbus) avec des groupes atteignant plusieurs milliers d'individus lors des années de glandée, ou encore pour la pie bavarde (Pica pica).
En hiver, c'est essentiellement autour de l'île Vas-t'y-frotte que se concentrent les anatidés, dont le harle bièvre (Mergus merganser) et le rare harle piette (Mergus albellus).
La nidification de la bernache du Canada (Branta canadensis) est constatée depuis quelques années sur la pointe aval de l'île. Une troupe importante d'oiseaux non nicheurs séjourne autour de La Plante où ils bénéficient d'un nourrissage régulier par les habitants du quartier. La présence de cette espèce semble avoir un impact non négligeable sur la végétation herbacée et pourrait se révéler problématique à l'avenir.
Les données disponibles sur les autres vertébrés sont quasi inexistantes. En ce qui concerne les mammifères, on peut seulement mentionner l'observation d'indices de présence du rat musqué (Ondatra zibethicus), une espèce d'origine nord-américaine bien connue et parfaitement naturalisée depuis de nombreuses années en Wallonie. La présence d'arbres à cavité pourrait se révéler favorable à certaines chauves-souris forestières. Dans le cas des amphibiens et des reptiles, il est fort probable qu'aucune espèce n'occupe l'ile de façon permanente.
On est également très peu documenté sur les différents groupes d'invertébrés (insectes en particulier), pour lesquels aucun inventaire ne semble avoir été réalisé.
Lors de la visite d'août 2008, un gastéropode nouveau pour la faune belge fut découvert parmi un roncier de l'ile: il s'agit de Hygromia cinctella, espèce d'origine méditerranéenne, dont l'aire est centrée sur l'Italie et le sud de la France mais qui connait une expansion rapide vers le nord depuis une dizaine d'années (VIMPERE, 1999). Auparavant, sa présence fut déjà constatée en 2006 dans une carrière calcaire de la vallée de la Sambre à Labuissière (obs. J.-Y. Baugnée), ainsi que dans la vallée de la Meuse à Dinant (obs. T. Neckheim).
Plusieurs autres escargots ont été observés lors de cette même visite: Cepaea nemoralis, Helix pomatia, Fruticicola fruticum, Balea biplicata, Discus rotundatus. Ces espèces sont pour la plupart largement distribuées en Wallonie et généralement eurytopes. A noter toutefois que Helix pomatia, l'escargot de Bourgogne, est partiellement protégé par arrêté royal du 21 février 1984 réglementant sa collecte pour des fins alimentaires.
L'observation de plusieurs dizaines de coquilles d'Unio crassus (espèce Natura 2000) et d'Unio pictorum en 2008 apparait plus anecdotique. L'existence de ces deux mulettes n'est, en effet, pas directement liée aux biotopes de l'ile. Toutefois, même si une partie des coquilles a sans doute été amenée par les inondations, leur présence en si grand nombre indique probablement que des populations sont installées dans la Meuse aux environs immédiats (la récolte d'individus vivants d'Unio crassus a d'ailleurs été signalée quelques centaines de mètres en amont de l'ile Vas-t'y-Frotte, G. MOTTE comm. or.).