La hêtraie à luzule (Luzulo-Fagetum) couvre la moitié de la surface de la réserve forestière du Rurbusch (+/- 50 ha). La hêtraie septentrionale (parcelles 124-125) est une vieille futaie d'arbres mal venus. Elle occupe un sol à microgley, le sous-bois est à dominance de myrtilles (Luzulo-Fagetum vaccinietosum); les hêtres culminent à 25-26 m. Diverses coupes de régénération, qui n'ont pas donné lieu à des semis spontanés, ont été plantées de Tsuga heterophylla, Abies grandis et Abies alba (85 ares plantés en 1957-58) et Picea abies (3 ha plantés en 1969).
Les hêtraies centrales (parcelles 121-122-123) occupent des sols profonds de 40-80 cm avec par endroits, des microgleys en surface. Le sous-bois est couvert de tapis de Vaccinium myrtillus, Holcus mollis, Pteridium aquilinum et Deschampsia flexuosa (Luzulo-Fagetum deschampsietosum). Les plages à pseudo-gley sont marquées par Deschampsia cespitosa, Molinia caerulea, Juncus effusus, Carex ovalis, Athyrium filix-femina et Blechnum spicant (Luzulo-Fagetum caricetosum). Les vieux arbres culminent à 25-26 m. Le peuplement est issu de coupes de régénération avec, par endroits, des perchis de hêtres et des brosses de semis fortement abroutis par le gibier.
Les hêtraies les meilleures sur le plan sylvicole occupent les parcelles 115-116-117 sur sols bruns acides assez profonds (60 à 80 cm). Les vieux hêtres atteignent 26 à 30 m de hauteur. Le chêne pédonculé (Quercus robur) subsiste à l'état dispersé (57 arbres en 1981), et localement des perchis d'érables sycomores (Acer pseudoplatanus). La régénération du hêtre s'opère aisément dans les coupes d'ensemencement. Ces hêtraies sont caractérisées en sous-bois par Oxalis acetosella, Polygonatum verticillatum, Poa chaixii, Maianthemum bifolium et localement Convallaria majalis et Milium effusum (Luzulo-Fagetum oxalidetosum).
A la limite extrême de la parcelle 117 jouxtant la vallée, on note une chênaie-hêtraie à Galium odoratum, Melica uniflora, Daphne mezereum, Narcissus pseudonarcissus, Anemone nemorosa, Stellaria holostea, etc... (variante du Melico-Fagetum).
Les plantations d'épicéas sont échelonnées depuis une centaine d'années, les plus anciennes en voie d'exploitation ont été plantées respectivement entre 1873 et 1900 (17,7 ha), entre 1900 et 1925 (10 ha) et entre 1939 et 1940 (2 ha). Les plus anciennes sont des peuplements de qualité avec des hauteurs dominantes de 26 à 30 m. Les éclaircies constituées par l'exploitation des arbres donnent lieu à de nombreux semis d'épicéas en nappes.
Il existe en outre un bas-marais acide, dans une dépression alimentée par des sources (parcelle 117), avec Phalaris arundinacea, Equisetum sylvaticum, Filipendula ulmaria, Valeriana repens, Scutellaria galericulata et Stachys sylvatica. Le ruisseau du Schwartzbach est bordé d'une aulnaie-betulaie à sphaignes (Sphagno-Alnetum).
Diverses espèces indiquent bien le caractère montagnard de l'endroit: Polygonatum verticillatum, Luzula luzuloides, Calamagrostis arundinacea, Trientalis europaea, ...
Une hépatique très rare, Douinia ovata, a été trouvée au Rurbusch dans les années 1970 (SCHUMACKER et al., 1979) et revue plus récemment (SOTIAUX et VANDERPOORTEN, 2015). Elle est par ailleurs signalée de deux autres localités wallonnes, toutes situées en Haute Ardenne.
Sur le plan faunistique, le Rurbusch est connu pour héberger plusieurs espèces d'oiseaux emblématiques de l'Ardenne orientale, comme le pic cendré (Picus canus). Le site accueille une forte densité de cervidés et de sangliers. En 2005, un inventaire des chiroptères effectué dans le cadre du projet XYLOBIOS a permis de recenser au moins 4 espèces en chasse dans le massif: la pipistrelle commune (Pipistrellus pipistrellus), le vespertillion de Daubenton (Myotis daubentonii), le vespertillion de Natterer (Myotis nattereri) et la sérotine commune (Eptesicus serotinus).
Le Rurbusch faisait partie de l'ancienne forêt de Küchelscheid, propriété de la Seigneurie du Bütgenbach (Duché de Luxembourg). Il fut attribué en propriété à la commune d'Elsenborn à partir de 1794. Forêt mélangée de chênes et de hêtres au 16e siècle, charbonnée à diverses reprises entre 1538 et 1615, avec autorisation d'extraire les souches en 1555.
Ultérieurement, après 1617, le charbonnage est réglementé avec obligation de maintenir 32 semenciers par arpent. La cour de Luxembourg interdit le charbonnage à partir de 1734. L'Administration prussienne des forêts procéda à des plantations de hêtres entre 1784 et 1804.
Vers la fin du 18ème siècle, à l'époque de la carte de Ferraris, le massif du Rurbusch était isolé et entouré de fagnes.