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D. Les espèces des milieux tourbeux et associés en Haute-Ardenne

Les milieux tourbeux et paratourbeux des hauts-plateaux ardennais sont caractéristiques de conditions boréo-alpines. On y retrouve toute une série d'espèces reliques isolées depuis très longtemps des autres populations européennes. L'originalité de la flore et de la faune était l'une des raisons majeures qui motivait d'ailleurs les naturalistes du début du siècle passé à mettre en oeuvre des mesures de protection.

Canneberge au Grand Passage (Marc Dufrêne CC-by-NC)

Fleurs de canneberge au Grand Passage

Une grande diversité d'espèces représentée par quelques espèces emblématiques

Les biotopes particuliers des hauts-plateaux concernés par les projets de restauration recèlent évidemment une large diversité d'espèces particulières adaptées à ces environnements très hostiles et très contraignants. De nombreuses espèces sont considérées comme des boréo-alpines, c'est-à-dire qu'il faut monter en altitude en montagne ou en latitude dans la toundra pour les observer dans leur milieu naturel.

L'espèce la plus emblématique est le tétras lyre , symbole du Parc naturel des Hautes-Fagnes, dont une très petite population persiste encore en 2014. Mais de nombreuses autres espèces sont concernées. Jean Massart écrivait déjà en 1912 : " Le grand attrait du plateau de la Baraque Michel consiste dans les nombreuses reliques glaciaires, tant animaux que plantes, qui y ont survécu ".

Si d'autres espèces représentent un enjeu de conservation au niveau européen à travers la mise en oeuvre des Directives "Oiseaux" et "Habitats" et la délimitation de sites Natura 2000, la toute grande majorité des espèces de ces biotopes très originaux vont largement bénéficier des travaux de restauration et de la mise en oeuvre de mesures de gestion adaptée.

Les espèces cibles concernées par la Directive CE79/409 "Oiseaux"

Tetrao tetrix Tétras lyre

Tetras-lyre (Vnp)

Tétras lyre ( Tetrao tetrix )

Oiseau symbolique par excellence des tourbières en Wallonie, seule une dizaine de mâles territoriaux sont encore observés annuellement sur le massif des Hautes-Fagnes.

Cette espèce qui se nourrit de graines, de feuilles, de bourgeons et de fruits, occupait les landes et les tourbières de plusieurs massifs ardennais. Au tout début du printemps, les mâles paradent dans des arènes dégagées pour attirer les femelles.

Le niveau des populations de cette espèce autrefois chassée varie maintenant très fort en fonction des conditions climatiques. Les travaux réalisés dans les projets LIFE ne devraient pas avoir un impact positif immédiat car il faudra attendre que la végétation colonise les sites restaurés.

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Pie-grièche grise (A. Mikolajewski)

Pie-grièche grise ( Lanius excubitor )

De la taille d'un merle, cette pie-grièche de couleur gris clair est souvent très visible lorsqu'elle se pose au sommet d'un buisson isolé ou d'un jeune épicéa.

Cette espèce occupe des milieux ouverts avec buissons, riches en proies et parsemés de perchoirs. On la retrouve dans les fagnes arborées, les vastes coupes et plantations forestières, les landes et parfois dans les campagnes exploitées extensivement. Elle se nourrit d'insectes, de micromammifères, de petits oiseaux, de reptiles et d'amphibiens, qu'elle chasse à l'affût depuis un perchoir.

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Torcol

Torcol fourmilier (C. Pastor)

Torcol fourmilier ( Jynx torquilla )

Le torcol est un pic très particulier, à cause de son allure et de son comportement entièrement migrateur. Il doit son nom à sa curieuse habitude de tordre la tête dans tous les sens.

C'est un oiseaux insectivore qui se nourrit surtout de fourmis.

Les nicheurs sont encore rares mais en apparente augmentation, à partir de plusieurs noyaux d'Ardenne, de Famenne et de Lorraine. On les observe notamment de plus en plus dans les zones restaurées par les projets LIFE.

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Grus_grus.JPG

Grue cendrée ( Grus grus )

La grue cendrée est observée chaque année, principalement dans l'est de la Wallonie, durant ses déplacements migratoires qui ont lieu de septembre à mi-avril.

Cette espèce niche dans les tourbières et les marais de la taïga, ainsi que dans les landes humides, les clairières des forêts tourbeuses et les steppes marécageuses. Elle migre vers le centre et le sud de l'Europe, souvent en grands groupes, pour aller passer l'hiver dans des plaines cultivées à proximité de lacs et marais.

Elle est régulièrement observée en halte lors des migrations dans les zones restaurées des différents projets LIFE.

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Gallinago gallinago

Bécassine des marais ( Gallinago gallinago )

La bécassine des marais niche dans des marais, des tourbières et des prairies humides. En période de migration et d'hivernage, elle fréquente les milieux humides. Elle trouve sa nourriture en enfonçant son long bec dans la vase.

La Bécassine des marais est un nicheur pratiquement éteint en Wallonie. Elle est néanmoins fréquente en période de migration et en hiver dans toutes sortes de milieux humides.

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Les espèces cibles concernées par la Directive CE79/409 "Habitats"

Lycaena helle

Cuivré de la bistorte ( Lycaena helle )

Ce petit papillon est assez rare et en déclin en Wallonie. Il fréquente les prairies humides et mésophiles en lisière de forêt ou parsemées d'arbustes, les mégaphorbiaies, les clairières humides, ou les bordures de tourbières abritées du vent. La plante-hôte unique pour la ponte et les chenilles est la bistorte ( Persicaria bistorta ) mais, à la différence du Nacré de la bistorte ( Boloria eunomia ), les adultes butinent d'autres fleurs .

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Leucorrhinia pectoralis

Leucorrhine à gros thorax ( Leucorrhinia pectoralis )

Cette Leucorrhine recherche les eaux stagnantes mésotrophes à faiblement eutrophes, pas trop acides ou alcalines, tels que des étangs tourbeux ou des suintements et fosses d'exploitation dans des bas-marais, le plus souvent situés dans un environnement forestier.

Sa répartition est disséminée en petites populations éparses à travers l'Europe occidentale et moyenne, depuis le sud de la Fennoscandinavie jusqu'au centre de la France. L'espèce est extrêmement rare en Belgique mais elle est de plus en plus souvent observée, notamment dans les sites restaurés par les projets LIFE.

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Petite lamproie ( Lampetra planeri )

Les lamproies ne sont pas vraiment des poissons mais des animaux plus primitifs, sans bouche mais avec une sorte de ventouse avec plusieurs dents. La lamproie de Planer est assez rare mais répandue dans les cours d'eau de bonne qualité au Sud du Sillon-Sambre-et-Meuse comme ceux qui découpent les hauts-plateaux.

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Exemples d'autres espèces remarquables

Flore

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Lycopode inondé ( Lycopodiella inundata )

Les lycopodes sont des plantes vasculaires sans graines dont les tiges sont souvent rampantes et portent un manchon de petites feuilles. Certaines de ces tiges ou rameaux dressés portent des épis sporangifères en forme de massue.

Cette plante très rare en Wallonie vit dans les parties souvent inondées des tourbières acides ou en bordure d'étangs oligotrophes et acides, notamment sur sable ou sur tourbe.

La régénération des tourbières devrait lui être favorable.

Voir la fiche descriptive de l' Atlas provisoire.

Dactylorhiza sphagnicola

Orchis des sphaignes ( Dactylorhiza sphagnicola )

Cette belle orchidée se rencontre le plus souvent dans les parties les plus mouillées des bas-marais, croissant dans les sphaignes, en pleine lumière. Elle se rencontre aussi à l'ombre, dans les boulaies marécageuses, mais toujours dans les zones détrempées. L'abaissement du niveau hydrique ou l'eutrophisation des tourbières semble entraîner une menace indirecte mais importante pour Dactylorhiza sphagnicola qui entre alors en concurrence avec d'autres Dactylorhiza , principalement D. maculata , qui résistent mieux à ces variations du milieu et qui s'hybrident avec D. sphagnicola au point de l'absorber parfois.

Voir la fiche descriptive de l' Atlas provisoire .

Andromeda polyfolia

Andromède ( Andromeda polifolia )

Cette espèce est une éricacée comme les bruyères, les myrtillers, la canneberge et l'airelle qui caractérisent les landes et millieux tourbeux. Elle est très exigeante et est d'ailleurs assez typique des tourbières actives. Elle n'est présente en Wallonie que dans les Hautes-Fagnes, dans les tourbières de l'Ardenne liégeoise et au Plateau des Tailles.

Voir la fiche descriptive de l' Atlas provisoire.

Papillons

Boloria aquilonaris

Nacré de la canneberge ( Boloria aquilonaris )

Le Nacré de la canneberge est une relicte glaciaire se développant sur la canneberge, une plante des tourbières. Il est présent uniquement sur les hauts-plateaux ardennais et dans une station en Lorraine. L'espèce fréquente les tourbières acides à sphaignes, hautes ou de transition (flottantes), faiblement ou modérément boisées, où croît la canneberge ( Vaccinium oxycoccos ), la principale plante-hôte des chenilles. Cette espèce montre une tendance nette à coloniser de nouveaux sites depuis le lancement des premiers projets LIFE.

Voir la fiche descriptive du portail - le site web consacré aux recherches menées sur l'espèce.

Lycaena hippothoe

Cuivré écarlate ( Lycaena hippothoe )

L'espèce fréquente les prairies humides et bas-marais, bordures de tourbières, clairières humides. Elle pond surtout sur Rumex acetosa et Rumex acetosella , occasionnellement d'autres Rumex.

Elle vole en une génération, surtout en juin et juillet, avec un pic fin juin.

Cette espèce est assez rare et en déclin en Wallonie. Les derniers noyaux de populations se situent principalement en Ardenne méridionale, en Haute-Lesse, dans l'Ourthe occidentale, au Plateau des Tailles et dans les Hautes-Fagnes. Elle a aujourd'hui presque disparu de Lorraine.

Voir la fiche descriptive du portail .

Boloria eunomia

Nacré de la bistorte ( Boloria eunomia )

L'espèce fréquente les prairies humides abandonnées à bistorte ( Persicaria bistorta ) et bords de tourbière. La bistorte fournit l'unique source de nourriture pour les chenilles (plante-hôte) et les adultes (nectar), à la différence du Cuivré de la bistorte ( Lycaena helle ). Cette double dépendance rend Boloria eunomia particulièrement vulnérable.

Cette espèce typiquement ardennaise accuse un déclin récent assez net. Anciennement présente dans la plupart des vallées ardennaises et lorraines, elle a disparu et continue à disparaître de nombreuses stations, entraînant une contraction assez importante de son aire de répartition et un isolement croissant des populations à l'échelle locale.

Voir la fiche descriptive du portail .

Libellules

Aeshna subarctica

Aeschne subarctique ( Aeshna subarctica )

L'espèce fréquente uniquement les eaux stagnantes acides des tourbières à sphaignes. En Haute Ardenne, on la rencontre le plus souvent au-dessus des mares d'anciens lithalses présentant des tapis flottants bien développés de sphaignes. La végétation aquatique plus ou moins clairsemée comprend en particulier la Linaigrette à feuilles étroites ( Eriophorum angustifolium ), la Laîche à bec ( Carex rostrata ) et le Trèfle d'eau ( Menyanthes trifoliata ), ainsi que des sphaignes immergées.

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Somatochlora artica

Cordulie arctique ( Somatochlora arctica )

L'espèce fréquente uniquement les eaux stagnantes ou très faiblement courantes des tourbières, qu'elles soient ou non partiellement reboisées. Elle se reproduit préférentiellement dans les suintements d'eau acides (ou plus rarement neutres) des bas-marais à sphaignes, mais aussi dans les fosses de détourbage et les mares peu profondes de lithalses très colmatés par les tapis de végétation flottante.

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Coenagrion hastulatum

Agrion hasté ( Coenagrion hastulatum )

Cet agrion fréquente les eaux stagnantes des tourbières et étangs tourbeux, en particulier les mares de lithalses en Ardenne. Sa préférence va pour des eaux à tendance mésotrophe, à pH légèrement acide ou neutre, où il peut former des populations bien fournies, plutôt que des milieux très oligotrophes (ou dystrophes) et acides, dans lesquels les effectifs restent beaucoup plus modestes.

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Mis à jour le 06/02/2014