Linaigrettes dans une zone restaurée de la Fagne des Deux Séries
Les résultats globaux
Les cinq projets presque terminés avaient pour but de restaurer le fonctionnement écologique d'un peu moins de 1.400 ha de zones protégées existantes , majoritairement dans le massif des Hautes-Fagnes où les surfaces sont historiquement les plus importantes. Ces 5 projets avaient aussi pour but de créer de l'ordre de 1.400 hectares de nouvelles zones protégées grâce à des achats de terrain ou des conventions à long terme avec les propriétaires.
Le dernier projet " Ardenne liégeoise " qui vient d'être lancé devrait compléter ces objectifs avec la restauration de 500 ha de zones restaurées.
Les résultats dépassent largement les objectifs puisque plus de 2.700 hectares de nouvelles zones bénéficient d'un statut de protection ou de contrat de longue durée . Par rapport aux 9.500 hectares protégés par un statut de Loi de la Conservation de la Nature en 2003, cela représente une augmentation considérable !
Les achats de terrain représentent globalement de l'ordre de 400 ha , ce qui représente moins de 15% de ces nouveaux sites protégés. La majorité des nouveaux sites protégés sont des terrains communaux et domaniaux sur des sols très marginaux dorénavant dédiés à la nature et qui continuent d'être gérés par les propriétaires.
Près de 1.745 hectares de plantations résineuses sur sols très humides ont été restaurés et sont maintenant destinés à la conservation de la nature et la réalisation de services écosystémiques. Contrairement à une idée répandue, bien qu'ils soient ambitieux, les projets LIFE ne sont donc pas responsables d'une évolution régressive de la capacité de production de résineux en Wallonie. Ils concernent moins de 1 % de la surface de résineux et ce sont des zones qui devraient être exclues de la notion de « forêt productive » qui sert de référence pour maintenir l'équilibre résineux-feuillus promu par le Code forestier.
Les résultats montrent qu'on atteint largement les 4.500 hectares restaurés et qu'avec le dernier projet en cours, on devrait dépasser les 5.000 ha restaurés .
Nouvelle zone protégée de la Fagne du Pouhon - en plein travaux de restauration (voir les résultats impressionnants sur BING)
La superposition des travaux de restauration
Comme une partie de ces opérations de restauration se succèdent partiellement au même endroit, il est toujours difficile de bien évaluer les surfaces restaurées. Les surfaces comptabilisées ne représentent pas la somme des travaux de restauration mais bien la surface du croisement de toutes les actions réalisées. Les travaux mis en oeuvre avaient pour but de restaurer l'ensemble des fonctionnalités des tourbières, et en fonction des problèmes locaux rencontrés, on a réalisé une combinaison particulière d'actions. La superposition des travaux est très visible avec le portail géographique de la Maison du Parc des Hautes-Fagnes. |
Comment relancer la dynamique régionale des populations ?
La mise en oeuvre de la logique des réseaux écologiques, qui sous-tend toutes les actions de conservation de la nature et de gestion de la biodiversité en Wallonie, est finalement assez simple. Elle peut se résumer en deux axes d'action :
- laisser un peu plus de place à la nature dans les paysages,
- et ailleurs, laisser un peu plus de place aux processus naturels dans les processus de production primaire.
Comme l'extinction des populations est un phénomène courant, la dynamique des populations nous explique que pour qu'un système de populations puisse se maintenir, il faut absolument que le taux de colonisation soit toujours plus grand que le taux d'extinction. On suppose qu'en général le taux d'extinction augmente lorsque la surface diminue alors que le taux de colonisation va dépendre logiquement de l'isolement de la population.
Dès lors, si c'est la surface qui est le facteur limitant dans un paysage (taux d'extinction local élevé), il faut tenter d'améliorer la connectivité des populations, pour augmenter le taux de colonisation. Si par contre, c'est l'isolement (taux de colonisation faible), il faut tenter augmenter la surface pour limiter le taux d'extinction.
Sur les Hauts-Plateaux ardennais, différents projets de recherche et l'évolution des populations de plusieurs espèces montraient une érosion continue due à la fragmentation du paysage, combinant des surfaces trop faibles à un isolement élevé.
Dès lors, dans les différents projets LIFE du Méta-projet "Tourbières", la vision a toujours été d'essayer de maximiser les surfaces tout en minimisant l'isolement de manière à obtenir dans chaque massif un noyau important de sites interconnectés, base indispensable pour tenter d'assurer la pérennité des populations et des biotopes sur chacun des massifs. Ces noyaux de populations peuvent dès lors devenir des sources d'individus ou de gènes pour des populations périphériques plus isolées. Comme d'importantes surfaces de milieux tourbeux et très humides avaient été draînés et plantés de résineux sans avenir, le potentiel de restauration est toujours très important.
Au delà des surfaces, l'impact sur la "défragmentation" des réseaux de populations
L'impact sur la connectivité peut se mesurer par la comparaison de cartes du réseau des sites avant et après les projets LIFE. Au départ, les zones ouvertes (en rouge) sont généralement drainées et perturbées.
Après le dégagement des plantations résineuses hors station de production (en orange) et la restauration hydrique de toutes les zones ouvertes, la connectivité est très largement augmentée comme le montrent les zones tampons (500 m). De nombreux sites isolés ne le sont plus et leur surface a de plus augmenté. On a à la fois diminué les risques d'extinction et augmenté les chances de colonisation. L'impact total dans le paysage du réseau de sites est nettement plus important.
Avant le projet | Après le projet | |
Projet LIFE Saint-Hubert | ||
Projet LIFE Croix-Scaille | ||
Projet LIFE Plateau des Tailles | ||
Projet LIFE Hautes-Fagnes |
Pour les trois premiers projets, l'impact sur la connectivité des travaux de restauration est très clair. Les sites qui étaient isolés de plus de 3 à 5 km ne le sont plus. La toute grande majorité des sites sont maintenant distants de moins de 500 m de leurs voisins, créant ainsi une continuité relative à l'échelle des massifs.
Pour les Hautes-Fagnes, comme on dispose d'un bloc de plus de 5.000 ha où de nombreux travaux de restauration ont été menés, on a proportionnellement moins de nouveaux sites (mais quand même près de 1.200 ha !) et l'effet sur la connectivité se marque moins. Toutefois, les effets de renforcement de la connectivité sont très nets.