La population de Bruant proyer est en déclin très rapide en Belgique et ne compte plus aujourd'hui que quelques centaines de couples tout au plus. Depuis 2016, un projet de sauvegarde de cette espèce ainsi que des autres oiseaux nicheurs des milieux cultivés est développé à Perwez (Brabant Wallon, Belgique). Des mesures agro-environnementales et climatiques (MAEC), en l'occurrence des parcelles de céréales laissées sur pied pour l'hiver et des bandes enherbées extensives, ont été installées par les agriculteurs au sein de 800 ha de cultures intensives. La population de Bruant proyer y a fait l'objet d'un suivi intensif. Le nombre de mâles chanteurs a augmenté de 10 à 20 oiseaux en 4 ans. Pendant l'hiver, les effectifs ont culminé à 73 oiseaux, ces derniers utilisant intensivement les MAEC pour se nourrir. Les habitats utilisés varient pendant la période de reproduction, mais aussi d'une année à l'autre en fonction de l'importance des différentes cultures et de leur développement. Les cultures de betterave sucrière, de chicorée, et les bandes aménagées les plus anciennes sont particulièrement utilisées par les oiseaux. Les bandes enherbées les plus récentes ne semblent pas les attirer. Les nids sont principalement détectés dans les betteraves (15 cas pour 30), dans le froment (7) et dans les chicorées (5 cas). 11 des 16 femelles ayant réussi leur reproduction étaient accouplées à un mâle polygame. Ces mâles semblent occuper les meilleurs territoires sur la zone d'étude, qui sont donc de la plus grande importance pour la protection de cette population. Le suivi illustre que des aménagements MAEC bien ciblés permettent localement d'inverser la tendance au déclin du Bruant proyer. Au-delà de cette zone pilote, le défi est encore considérable car il s'agit d'installer rapidement des dispositifs semblables dans la majorité des plateaux agricoles encore fréquentés par l'espèce pour empêcher une disparition qui semblait jusqu'ici inexorable.