Malgré l'expansion récente de l'espèce en Lorraine, des actions en faveur de ses habitats demeurent hautement prioritaires, en raison de ses exigences très spécifiques et du faible nombre de populations florissantes et protégées. Elle sera donc directement ciblée par un futur plan d'action « prairies maigres » et « pelouses sèches ». Les objectifs de la gestion de l'habitat du Damier du Plantain sont de maintenir des milieux semi-naturels herbacés maigres, dans la mesure du possible "interconnectés" (c'est-à-dire, pas trop éloignés les uns les autres), à végétation assez lâche, riches en plantes nourricières des chenilles (plantains) et fleurs nectarifères, avec des lisières arborées protectrices.
L'entretien des milieux herbacés se fera de préférence au moyen du pâturage très extensif par bovins ou ovins, la charge ne pouvant dépasser 0,5 Unités de Gros Bétail par ha et par an. La fauche étant très dommageable pour les populations du papillon, ce mode de gestion doit être utilisé de façon très modérée sur les sites abritant l'espèce, soit sur des portions ne dépassant pas le cinquième de la surface totale, une année donnée.
La restauration de milieux adéquats pourra se faire sur tous les sols maigres favorables à la colonisation par les plantains. Des coupes de ligneux dans les prés et pelouses envahis par les buissons, suivis de pâturage extensif ou de fauche tardive (octobre) sont susceptibles d'engendrer des biotopes appropriés. Le décapage superficiel du sol (étrépage) pourrait bien constituer une mesure intéressante susceptible de favoriser l'expansion du plantain sur les sols minéraux plus pauvres que l'on aura fait affleurer (par enlèvement de la couche superficielle souvent beaucoup plus riche).
La réintroduction peut constituer une mesure complémentaire indiquée lorsque les sites restaurés sont éloignés des populations les plus proches (plus de 10 km), rendant les chances de colonisation naturelle improbables. Toutefois, ce type d'opération doit être rigoureusement étudié et planifié. Les transferts "sauvages" sans étude préalable et sans évaluation par un comité d'"experts" sont à proscrire et à décourager absolument. En effet, réalisés sans discernement, ils peuvent être voués à l'échec (lorsque l'habitat d'accueil ne correspond pas aux exigences requises) et faire plus de mal que de bien, du fait des ponctions effectuées dans les populations survivantes, sans parler d'éventuels problèmes génétiques (prélèvements dans des populations éloignées et très distinctes du point de vue génétique). |