Glaucopsyche arion est une espèce d'intérêt communautaire nécessitant une protection stricte à l'échelle européenne (Directive Faune-Flore-Habitat, annexe 4). Il s'agit sans doute d'une des espèces dont la conservation est la plus étudiée en Europe. Elle devrait tirer profit du futur plan d'action « pelouses sèches ». Deux raisons majeures expliquent la régression de l'espèce au cours de ce siècle : - L'intensification de l'agriculture (herbicides, fertilisants, labourages,...), réduisant drastiquement les habitats (herbages extensifs avec Thym) et entrainant l'isolement des populations. - L'abandon du pâturage sur les sites peu rentables, conduisant à un développement trop important de la végétation et à un envahissement par les ligneux. En effet, l'herbe coupée à ras favorise le développement du thym, empêché là où l'herbe a déjà pris pied. Une fois la végétation devenue plus haute (plus de 4 cm) et plus dense, M. sabuleti sera remplacée par d'autres espèces de fourmis qui ne permettront pas au papillon de boucler son cycle. La sauvegarde de l'espèce n'a pu être réellement envisagée qu'à partir des premières recherches réalisées par Jeremy Thomas sur les relations entre le papillon et les fourmis. Les exigences de la fourmi sont certainement indispensables à connaître pour mieux comprendre le déclin de Maculinea arion et l'enrayer. Pour préserver une population de Maculinea , plusieurs paramètres sont à prendre en compte. Il faut notamment : - des plantes nourricières et des fleurs nectarifères en quantité au moment de la ponte - des fourmilières de l'espèce M. sabuleti en suffisance à proximité des plantes nourricières (pour maximiser les chances que la chenille soit trouvée) - des plantes nourricières bien dispersées afin d'éviter une trop grande concentration des chenilles autour des mêmes fourmilières. Les chenilles seraient emmenées dans les mêmes fourmilières et mourraient après avoir épuisé les réserves de couvain. - des fourmilières de taille assez importante, une seule chenille pouvant dévorer jusqu'à 600 larves de fourmis. Actuellement, il est assez fastidieux de favoriser l'espèce dans les pays où elle est encore présente. Si les modalités de gestion des milieux ne sont pas toujours évidentes à mettre en oeuvre sur le terrain (pâturage, dégagement des buissons, plantation de thym,...), la rareté des populations "sources" est à elle seule un facteur très limitant. Chez nous, la gestion de pelouses gaumaises devra s'atteler à maintenir des zones très rases permettant le développement du thym. Dans les carrières de grès, où le développement de la végétation est plus lent, les interventions humaines devraient rester limitées. Par contre, sur les pelouses calcaires, une gestion par pâturage saisonnier (en automne-hiver voire en début d'été) répété chaque année par des moutons, chèvres ou vaches rustiques doit être mise en place. |