1. Préserver et restaurer la molinaie alcaline, ainsi que les populations d'espèces végétales qui lui sont typiquement liées.
2. Conserver et restaurer une mosaïque de prairies humides de haute valeur biologique.
3. Conserver et améliorer les populations de plantes, de vertébrés et d'invertébrés rares et menaces des milieux ouverts extensifs et humides (flore des bas-marais, avifaune, papillons de jour, orthoptères, etc.).
4. Participer, en collaboration avec le Parc Naturel de la Vallée de l'Attert et des partenaires grand-ducaux, à la recréation d'un réseau de mares et de points d'eau, en rapport avec la restauration des populations de certaines plantes, insectes (odonates notamment) et vertébrés (herpétofaune et particulièrement la rainette verte).
5. Maintenir et améliorer la richesse biologique globale, en assurant le maintien d'un maximum d'éléments qui lui sont favorables (éléments ligneux et aquatiques notamment).
6. Maintenir et améliorer l'intérêt paysager de la zone.
7. Assurer un rôle important dans une approche de découverte de la nature et de sensibilisation du public aux enjeux de la conservation de la nature.
Ci-après les différentes modalités de gestion pour les différents objectifs identifiés.
1. Préserver et restaurer la molinaie alcaline, ainsi que les populations d'espèces végétales qui lui sont typiquement liées.
La richesse botanique de cet habitat est intimement liée aux pratiques agricoles d'autrefois. Les fragments de molinaie encore existants dans la réserve naturelle seront impérativement fauchés annuellement, avec exportation du produit de la fauche. La fauche sera réalisée tardivement, après la floraison de toutes les espèces typiques. Vu la petitesse de la surface encore occupée par cet habitat, il apparait nécessaire d'en restaurer des surfaces au sein de la réserve naturelle. La restauration passera par les étapes suivantes : le débroussaillage de zones envahies par les saules, si nécessaire le mulchage de prairies enfrichées afin de les rendre accessibles à la machinerie (tracteur), un fauchage annuel (voire pluriannuel) avec exportation. Une autre question qui se pose quant à la restauration de cet habitat concerne le drainage. En effet, autrefois, la zone était drainée par des petits fossés ouverts au louchet. Ce drainage Iéger permettait le ressuyage des molinaies alcalines en été, ce qui était favorable à de nombreuses espèces caractéristiques qui ne supportent pas l'engorgement permanent. Afin de recréer ces conditions, le drainage de la zone devrait être amélioré. Il est donc envisagé le creusement à la main de petits fossés étroits et profonds d'environ 30-40 cm autour des zones de molinaie alcaline. Ce travail est cependant lourd à mettre en œuvre et sa faisabilité devra être étudiée.
2. Conserver et restaurer une mosaïque de prairies humides de haute valeur biologique.
3. Conserver et améliorer les populations de plantes, de vertébrés et d'invertébrés rares et menaces des milieux ouverts extensifs et humides (flore des bas-marais, avifaune, papillons de jour, orthoptères, etc.).
La gestion des éléments ligneux
L'objectif est d'apporter une réponse à la menace posée par le reboisement spontané des prairies humides (recolonisation par les fourrés de saule principalement). Les éléments ligneux au sein des milieux ouverts jouent toutefois un rôle primordial dans l'habitat de nombreuses espèces justement liées aux milieux prairiaux extensifs, en tant que sites de nidification, en tant que postes de chant et/ou d'affût (par exemple pour le bruant des roseaux), en tant qu'abris contre les vents et/ou refuges nocturnes (par exemple pour de nombreuses espèces de papillons de jour et spécifiquement pour le cuivré de la bistorte). Le maintien d'une certaine proportion de fourrés, de même que des hales et des lisières progressives, est donc indispensable pour un grand nombre d'espèces. Des interventions de débroussaillage devront aider, si nécessaire, à maintenir le milieu ouvert, tout en conservant une certaine proportion de fourrés. On veillera notamment à empêcher la recolonisation des parcelles les plus intéressantes (bas-marais et molinaie alcaline par exemple). On maintiendra d'autre part les haies et autres alignements feuillus indigènes existants.
La gestion récurrente de complexes de milieux prairiaux
La plupart des milieux prairiaux ne sont stables à long terme que s'ils sont régulièrement gérés. Le maintien des communautés et des espèces qui leur sont liées dépend donc d'une gestion récurrente. Certaines communautés et espèces ont néanmoins besoin d'espaces ouverts laissés à l'abandon (ou seulement périodiquement gérés). Le fauchage est l'option qui convient particulièrement bien aux prairies du marais de Grendel. Dans les zones non visées par la préservation et la restauration de la molinaie alcaline, on appliquera une gestion par fauchage en rotation. Cette gestion en rotation permettra le maintien de zones irrégulièrement gérées, constituant des zones de reproduction pour certaines espèces animales. La fauche sera tardive (après le 15 juillet) et le produit de la fauche sera toujours exporté. Une partie de la réserve naturelle comprend des parcelles pâturées par le troupeau de vaches d'un agriculteur. Le pâturage pratiqué sera extensif et tardif. Idéalement, l'agriculteur sera encouragé à contracter un engagement pour une mesure agri-environnementale.
4. Participer, en collaboration avec le Parc Naturel de la Vallée de l'Attert et des partenaires grand-ducaux, à la recréation d'un réseau de mares et de points d'eau, en rapport avec la restauration des populations de certaines plantes, insectes (odonates notamment) et vertébrés (herpétofaune et particulièrement la rainette verte).
De nombreuses espèces animales et végétales sont liées à l'existence d'un réseau de points d'eau. Plus particulièrement, le site abritait jadis la rainette (Hyla arborea), espèce qui a totalement disparue à l'état sauvage de Wallonie. Un programme de création et de restauration de mares pour la reproduction de cette espèce a récemment été initié au Grand Duché du Luxembourg et dans le périmètre du Parc Naturel. Le marais de Grendel est à quelques kilomètres des premiers sites occupés par la rainette. L'aménagement de quelques mares (peu profondes, fortement ensoleillées) devrait être envisage dans la réserve naturelle du marais de Grendel en vue favoriser la réapparition de la rainette en Région Wallonne. Même sans le retour de la rainette, la création de mares dans le marais de Grendel aurait incontestablement un impact très positif sur la flore et la faune aquatiques. Les sites sélectionnés pour le creusement de plans d'eau ne se situeront évidemment pas dans des habitats de haute valeur biologique. Il s'agira de prévoir des plans d'eau avec des pentes douces et dans des situations ensoleillées. Pour la rainette, les mares doivent être peu profondes (20 cm d'eau au centre) et la pente très douce. Elles ne doivent pas être trop petites (grandeur optimale entre 6 et 15 ares) et il est préférable de mettre en place plusieurs mares côte à côte afin de créer des complexes ou la reproduction se fait de façon optimale. Par la suite, le principal problème rencontré est l'atterrissement progressif de ces milieux aquatiques du fait de l'accumulation de matière organique. Ainsi, après quelques années, le rajeunissement des mares devrait être envisagé, d'autant que la rainette est clairement une espèce pionnière... Une solution doit évidemment être trouvée concernant les terres issues de tels travaux. Il s'agit bien entendu de ne pas dégrader/détruire un autre habitat par le remblaiement par ces terres.
5. Maintenir et améliorer la richesse biologique globale, en assurant le maintien d'un maximum d'éléments qui lui sont favorables (éléments ligneux et aquatiques notamment).
6. Maintenir et améliorer l'intérêt paysager de la zone.
Les actions menées en vu de maintenir, améliorer et restaurer les communautés et les populations d'espèces présentes dans la réserve naturelle (cf. actions de gestion des objectifs précédents) permettent notamment, en plus des objectifs opérationnels cités ci-dessus :
· de maintenir et améliorer les zones de nourrissage (milieux ouverts extensifs) pour plusieurs espèces d'oiseaux nichant à proximité de la réserve (par exemple: cigogne noire, milan noir, milan royal, bondrée apivore);
· de maintenir et améliorer les sites de reproduction (milieux herbagers extensifs, bocage) des passereaux typiques de ces milieux (pie-grièche écorcheur, coucou gris, fauvette babillarde, ...);
· de maintenir et améliorer les sites de migration et/ou d'hivernage de plusieurs espèces (par exemple: bécassine des marais, bécassine sourde, ...).
L'attrait paysager de la réserve sera maintenu, voire amélioré, par les mesures de gestion préconisées. D'autres mesures dépassant le périmètre devraient être envisagées, comme le « contrôle » à moyen terme du bassin versant et des prairies qui entourent le marais afin de limiter les apports d'engrais et le pâturage intensif.
7. Assurer un rôle important dans une approche de découverte de la nature et de sensibilisation du public aux enjeux de la conservation de la nature.
Un effort particulier sera réalisé pour permettre au public de profiter au maximum des richesses naturelles: organisation de visites guidées (fixées ou sur demande), de chantiers de gestion (avalisées par la commission de gestion), installation de panneaux didactiques, etc. La réserve est déjà équipée d'un panneau d'information et de quelques tronçons de caillebotis permettant de circuler dans les parties les plus mouilleuses. Les objectifs particuliers de protection dans le marais de Grendel sont, comme c'est le cas pour les autres réserves de la région caractérisée par les mêmes végétations, la conservation des intérêts botaniques, faunistiques (entre autres ornithologiques et entomologiques), culturels et historiques du site, et en particulier la restauration et la préservation des zones les plus précieuses, à savoir les zones de bas-marais, les moliniaies et les cariçaies, mais aussi la protection d'une très bel ensemble paysager.