Une banquette alluviale domine le cours de la rivière de plus de 1m. Elle est creusée de fanges boueuses qui servent souvent de bauges.
Dans les bourbiers on observe Persicaria hydropiper, Ranunculus repens, Cardamine amara, Carex remota, Galium palustre, Impatiens noli-tangere, Deschampsia cespitosa, Lysimachia nemorum, Valeriana repens,...
La banquette alluviale porte une frênaie-aulnaie riche en Acer pseudoplatanus. On y observe une forte régénération d'Acer pseudoplatanus, A. platanoides, Fraxinus excelsior. Au sol : Stellaria nemorum subsp. nemorum domine, accompagné de Deschampsia cespitosa, Circaea intermedia, Geum urbanum, Athyrium filix-femina, Impatiens noli-tangere, Rumex sanguineus, Geranium robertianum, Persicaria bistorta, Festuca gigantea,.. Ce groupement avait déjà été reconnu par NOIRFALISE (1961, relevé 14 du tableau II).
Dans les zones les plus sèches, le hêtre, le charme et l'orme des montagnes apparaissent, ainsi que diverses espèces mésophiles et neutrophiles : peuplements de Mercurialis perennis, Melica uniflora, Galium odoratum, Lamium galeobdolon subsp. montanum, Brachypodium sylvaticum, Stachys sylvatica,... Il s'agit de la chênaie à charme à aspérule décrite par SOUGNEZ et THILL sur les alluvions caillouteuses comportant des débris gréseux fossilifères.
Sur les terrasses de la Masblette, SOUGNEZ (1973) a décrit comme suit la sous-association à ficaire de la chênaie mélangée à bistorte : 'Les différentielles en sont des neutrophytes des Fagetalia (Ranunculus ficaria, Arum maculatum), des transgressives hémihygrophiles de l'Alno-Padion (Geum urbanum, Urtica dioica, Adoxa moschatellina, Silene dioica (= Melandrium rubrum), Geranium robertianum, Heracleum sphondylium, Glechoma hederacea et Circaea lutetiana) ainsi que la mousse Eurhynchium schwarzii. A noter l'absence totale des espèces acidophiles, aussi bien dans le tapis herbacé que dans le peuplement ligneux. Ce dernier est particulièrement bien pourvu en érable sycomore, frêne, merisier et hêtre. Une variante basicline à Mercurialis perennis comporte outre cette euphorbiacée, les deux arbres Acer platanoides et Ulmus glabra.
Les bas de versant de la rive gauche portent quelques plages de l'érablière à orme qui groupe des espèces rares et intéressantes: Dentaria bulbifera, Ranunculus platanifolius (SOUGNEZ et THILL, 1961).
Les rochers ombragés sont envahis par les fougères parmi lesquelles Dryopteris dilatata, D. carthusiana, D. filix-mas, Athyrium filix-femina, Phegopteris connectilis, Gymnocarpium dryopteris,...
Sur la rive droite, s'élèvent des hêtraies à Calamagrostis arundinacea, Festuca altissima, Luzula luzuloides.
Atropa bella donna est noté en divers endroits de la vallée. Le long de la rivière poussent des fragments de phalaridaies.
Note complémentaire sur le ruisseau de Bilaude
Une des sources principales de la Masblette est l'exutoire de la fange du Rouge Ponceau, le ruisseau de Bilaude. Ce ruisseau montre des peuplements de Carex paniculata, des suintements à Carex laevigata, des cariçaies à Carex rostrata, C. nigra, des berges à Carex remota, des peuplements de Calamagrostis canescens. Les mousses abondantes qui recouvrent les rives du ruisselet accueillent le rare Trientalis europaea. Le cours d'eau coule en partie dans des pessières et des coupes. Des chablis encombrent ses abords. Ils devraient être dégagés de manière que la flore puisse se développer de manière optimale et que le ruisselet retrouve son intérêt paysager. Jadis une digue barrait le cours du ruisseau au Fond de Bilaude. Elle formait un étang qui appartenait au monastère de Saint-Hubert. De nombreuses légendes pittoresques sont attachées à ce lieu (LASSANCE, 1975). Cet étang figure sur les cartes de Ferraris VIII 176 (3).
Tourbières des Planettes
Cette petite zone présente une des rares chênaie boulaie à trientale, forêt naturelle des argiles blanches, ayant survécu aux enrésinnements massifs du début du siècle. Un site de très grand intérêt biologique et scientifique qui devrait être conservé.
Le ri du Pied de Boeuf et le ri de Romarin
D'après nos observations du 2 décembre 1994, ces deux ruisseaux coulent dans de belles forêts de hêtre à Calamagrostis arundinacea, Festuca altissima, Luzula luzuloides ou à Vaccinium myrtillus et Deschampsia flexuosa.
Les zones humides au voisinage des ruisseaux, assez encaissés, montrent une flore fontinale à base de Chrysosplenium oppositifolium, Stellaria alsine, carex remota, etc. Une petite fagne située le long du ri de Romarin et en contre-bas de celui-ci est envahie par une importante strate muscinale formée de Polytrichum commune, P. cf. strictum, Sphagnum div. sp. En outre, elle abrite Molinia caerulea, Deschampsia cespitosa, Agrostis canina, Juncus effusus, Vaccinium myrtillus, Dryopteris carthusiana, Digitalis purpurea, Carex echinata, Galium palustre,...
Remarque : Le nom de romarin est souvent donné à Myrica gale dont une seule population est connue en Wallonie, aux Marotelles. Malgré nos recherches, nous ne l'avons pas retrouvé le long du ruisseau du Romarin. mais il est possible que la plante y ait existé jadis donnant son nom au ruisselet.
Intérêt lichénologique (E. Sérusiaux)
Le massif est, pour ce qui concerne la flore lichénique épiphytique, unique pour le flanc nord du district ardennais. Il faut se placer sur son flanc sud et en Lorraine pour trouver des sites équivalents.
Cet intérêt tient aux caractéristiques suivantes:
- présence en nombre important de vieux fûts appartenant à des essences diverses (Quercus, Acer, fraxinus, Alnus...)donc le tronc est partiellement éclairé;
- humidité du sous bois élevée et peu variable (nappe phréatique affleurante; ruisselets et cours d'eau anastamosés, non aménagés);
- les zones les plus intéressantes sont insérées dans un vaste ensemble pour l'essentiel forestier, amortissant bien les perturbations 'classiques' de l'occupation moderne du territoire (agriculture intensive, axes de circulation...)
Si l'intérêt est d'abord celui des vieux fûts, il ne faut pas négliger celui des taillis et recrus puisque, notamment, c'est sur les taillis de Carpinus que le le lichen atlantique, très sensible aux perturbations, Phaeographis inusta a été retrouvé en 1997 ( seule station du Benelux)
Dans la vallée du ruisseau de Palogne se trouve une aulnaie à laîches où J.Saintenoy et Duvigneaud ont identifié les espèces suivantes ( visite du 15/09/1999 - alt.moy.405m - Lambert moy.: 220,9 / 84,25) :
Ajuga reptans, Alnus glutinosa, Aquilegia vulgaris, Athyrium filix femina, Blechnum spicant, Brachypodium sylvaticum, Cardamine amara, Carex pendula, Carex remota, Circaea x intermedia, Circaea lutetiana, Cirsium palustre, Deschampsia cespitosa, Deschampsia flexuosa, Digitalis purpurea, Dryopteris affinis, Dryopteris affinis subsp. borreri, Dryopteris filix-mas, Epilobium palustre, Euphorbia amygdaloides, Festuca altissima, Filipendulia ulmaria, galium palustre, Geranium robertanium, Geum urbanum, Glyceria fluitans, Hypericum quadrangulum, Ilex aquifolium, Impatiens noli-tangere, Juncus effusus, Lamium galeobdolon, Lamium galeobdolon subsp. montanum, Luzula sylvatica, Lysimachia nemorum, Molinea caerulea, Molinea caerulea subsp.caerulea, Oreopteris limbosperma, Oxalis acetosella, Persicaria hydropiper, Polypodium vulgare, Ranunculus repens, Rumex sanguineus, Stachys sylvatica, Stellaria alsine, Vaccinium myrtillus, Valeriana repens, Viola palustris.
Les boisements semi-naturels sur fortes pentes de la vallée de la Bilaude où sont représentés un grand nombre d'associations forestières assez diversifiées. On note ainsi divers types de hêtraies (à luzule blanche, à grande fétuque, à mélique et aspérule), une petite zone d'érablière de ravin, et quelques entités d'aulnaie à laîches, d'aulnaie-frênaie des sources et des ruisseaux. Ces boisements, qui ne sont plus exploités, ont généralement une structure irrégulière de type futaie jardinée très favorable à un développement important de la biodiversité.