L'intérêt biologique des prairies humides au nord de Ramont, le long du ruisseau du Grand Vivier, a été mis en évidence dans les années 1990 suite aux inventaires botaniques réalisés par le GIREA, dans le cadre du PCDN de Tenneville (rapport final non disponible). A cette époque, le site comportait principalement des groupements à bistorte (Persicaria bistorta), des jonchaies et des bas-marais à trèfle d'eau (Menyanthes trifoliata), comaret (Comarum palustre), populage des marais (Caltha palustris), prêle des eaux (Equisetum fluviatile), orchis à larges feuilles (Dactylorhiza majalis), violette des marais (Viola palustris), laîche distique (Carex disticha), laîche vésiculeuse (Carex vesicaria), etc.
Depuis lors, ces prairies ne semblent plus guère avoir été parcourues par les naturalistes, hormis une prospection rapide le 6 juin 2006 orientée sur les papillons de jour (obs. G. Bottin et J.-Y. Baugnée) et diverses données, essentiellement ornithologiques, disponibles sur notamment Observations.be (obs. principal D. van der Elst).
Une visite effectuée le 5 juillet 2016 dans le cadre d'un avis site (Ph. Goffart et J.-Y. Baugnée – SPW/DEMNA) a permis de recueillir diverses données biologiques (en dépit de conditions météorologiques peu favorables) et de confirmer l'intérêt du vallon. Basée sur ces observations, la description de la végétation donnée ci-après demeure fort incomplète et concerne essentiellement la moitié amont du vallon. En attendant une cartographie détaillée des habitats, ceux-ci sont succinctement abordés par parcelles cadastrales.
Chemin agricole au nord du site, lieu-dit Henon Pouce (non cadastré) : longé sur 250 m par le ruisseau du Grand Vivier, ce chemin de terre est bordé d'une haie bien développée mais irrégulière, composée d'aubépine à un style (Crataegus monogyna), sureau noir (Sambucus nigra), chêne pédonculé (Quercus robur), saule cendré (Salix cinerea), prunellier (Prunus spinosa), ... Ailleurs, le chemin est bordé par une flore herbacée particulièrement diversifiée, formée d'un mélange d'espèces de prés humides, de mégaphorbiaies et de prairies de fauche: jonc épars (Juncus effusus), renoncule âcre (Ranunculus acris), valériane officinale (Valeriana repens), crételle (Cynosurus cristatus), cirse des marais (Cirsium palustre), reine des prés (Filipendula ulmaria), anthrisque sauvage (Anthriscus sylvestris), stellaire graminée (Stellaria graminea), patience des prés (Rumex acetosa), lotier des fanges (Lotus pedunculatus), gaillet des fanges (Galium uliginosum), tanaisie (Tanacetum vulgare), fétuque des prés (Festuca pratensis), vesce à épis (Vicia cracca), petit trèfle jaune (Trifolium dubium), myosotis des marais (Myosotis scorpioides), berce spondyle (Heracleum sphondylium), pâturin commun (Poa trivialis), gaillet mou (Galium mollugo), lychnis fleur de coucou (Lychnis flos-cuculi), etc. Quatre espèces typiques des prairies de fauche submontagnardes peu fertilisées y sont localement représentées, à savoir la bistorte (Persicaria bistorta), la centaurée noire (Centaurea nigra), l'avoine dorée (Trisetum flavescens) et l'alchémille jaune vert (Alchemilla xanthochlora).
Parcelles 1353 B , 1352 B : au nord-est de ce chemin agricole, la pâture où prend source le ruisseau présente un caractère marécageux marqué par le développement de la jonçaie à jonc à tépales aigus (Juncus acutiflorus) et l'abondance d'espèces de bas-marais acides comme la stellaire alsine (Stellaria alsine), la renoncule flammette (Ranunculus flammula), le gaillet des marais (Galium palustre), le lotier des fanges (Lotus pedunculatus), etc. De petites mares piétinées par le bétail hébergent un groupement des sources héliophiles pauvres en bases à renoncule à feuilles de lierre (Ranunculus hederaceus), accompagnée de la glycérie dentée (Glyceria declinata) et de la callitriche des eaux stagnantes (Callitriche stagnalis).
Montrant de petits éléments arbustifs dispersés, cette pâture ainsi que les parcelles voisines (e.a. 1340 C , 1308 B , 1300 A , 1301 A , 1007 A , 1004 A ) présentent un intérêt particulier de par la présence régulière d'un couple potentiellement reproducteur de pie-grièche grise (Lanius excubitor), une espèce en fort déclin, en particulier dans les zones agricoles (l'espèce a aussi été notée à plusieurs reprises plus en aval dans le vallon, notamment en 2015 - obs. D. van der Elst).
Parcelles 1364 D , 1365 D , 1366 D : situées au nord du petit chemin herbeux issu du chemin agricole, ces parcelles sont colonisées principalement par une mosaïque de groupements de prairies abandonnées, parmi lesquels la mégaphorbiaie non rivulaire à reine des prés et le pré de fauche humide à bistorte et canche cespiteuse dominent largement. La strate herbacée, haute et dense, renferme aussi la valériane officinale (Valeriana repens), le jonc aggloméré (Juncus conglomeratus), le jonc épars (Juncus effusus), l'ortie dioïque (Urtica dioica), le gaillet des fanges (Galium uliginosum), la laîche pâle (Carex pallescens), des épilobes (Epilobium spp.), le galéopsis tétrahit (Galeopsis tetrahit) et d'autres hautes herbes. Des plages d'agrostis capillaire (Agrostis capillaris) apparaissent dans les zones plus ouvertes et plus sèches. La colonisation préforestière est annoncée par le framboisier (Rubus idaeus), l'érable sycomore (Acer pseudoplatanus), l'aubépine à un style (Crataegus monogyna), le hêtre commun (Fagus sylvatica), le saule à oreillettes (Salix aurita), ...
Le chemin lui-même (non cadastré), long d'une centaine de mètres à peine, comporte diverses plantes déjà mentionnées, avec en plus la scrofulaire aquatique (Scrophularia auriculata), le séneçon de Fuchs (Senecio ovatus), le dactyle aggloméré (Dactylis glomerata), la fléole des prés (Phleum pratense), le plantain lancéolé (Plantago lanceolata), etc.
Parcelles 1363 E , 1363 C , 1365 C , 1361, 1360 D , 1275 C , 1272, 1359 A : s'étendant au sud de ce chemin herbeux, ces parcelles constituent la partie la plus remarquable du site, tout au moins du point de vue botanique. On y observe une mosaïque complexe de groupements hygrophiles intriqués, les principaux étant la prairie abandonnée à reine des prés, le pré de fauche humide à bistorte, canche cespiteuse et scirpe des bois, la jonçaie à jonc à tépales aigus. Le cortège comprend la reine des prés (Filipendula ulmaria), l'épilobe vert foncé (Epilobium obscurum), le cirse des marais (Cirsium palustre), la bistorte (Persicaria bistorta), la prêle des bourbiers (Equisetum fluviatile), la renoncule rampante (Ranunculus repens), l'ortie dioïque (Urtica dioica), le jonc à tépales aigus (Juncus acutiflorus), le jonc épars (Juncus effusus), la renoncule flammette (Ranunculus flammula), le scirpe des bois (Scirpus sylvaticus), le populage des marais (Caltha palustris), la patience des prés (Rumex acetosa), la patience à feuilles obtuses (Rumex obtusifolius), etc. Plus ponctuellement apparaissent des espèces comme la crépide des marais (Crepis paludosa), le lycope d'Europe (Lycopus europaeus) et d'autres hygrophiles. Le scirpe des bois y constitue une vaste plage de plusieurs centaines de mètres carrés, en mélange avec le jonc à tépales aigus et quelques orties.
Un énorme chablis d'épicéa sur argile blanche, en lisière d'une ancienne pessière (parcelle 1359 A ), a permis l'installation de plantes de petite taille comme le millepertuis couché (Hypericum humifusum), la potentille tormentille (Potentilla erecta), le jonc des crapauds (Juncus bufonius), le vulpin genouillé (Alopecurus geniculatus), ... La galette d'argile de ce chablis constitue une paroi verticale naturelle bien éclairée dans laquelle nidifient plusieurs espèces de guêpes solitaires, dont l'euménide Odynerus spinipes et ses deux coucous habituels, les guêpes dorées Chrysis viridula et Chrysis mediata.
Plus bas dans le versant, vers le ruisseau, apparaît une cariçaie à laîche noire (Carex nigra) fragmentaire.
On y trouve également deux petits points d'eau. L'un, situé dans l'extrémité sud de la parcelle 1360 D , est englobé en grande partie par des fourrés de saule à oreillettes (Salix aurita), les berges montrant quelques touffes de jonc épars (Juncus effusus), de morelle douce-amère (Solanum dulcamara) et de laîche à bec (Carex rostrata), entre autres. Cette mare semble à peu près dépourvue de végétation aquatique, en dehors d'un groupement flottant librement, peu étendu, à petite lentille d'eau (Lemna minor) et lentille à plusieurs racines (Spirodela polyrhiza), auxquelles s'ajoutent l'hépatique aquatique Riccia fluitans et une algue verte filamenteuse non identifiée. Quelques grenouilles vertes (probablement Pelophylax lessonae, à confirmer) y ont élu domicile, de même que divers insectes aquatiques (dont un «tourniquet», Gyrinus substriatus). Au sud, la mare est bordée par un radeau flottant à comaret (Comarum palustre) auquel se joint, un peu plus loin, le trèfle d'eau (Menyanthes trifoliata), couvrant ici une dizaine de mètres carrés.
La seconde mare localisée dans la parcelle 1275 C , à 30 m au sud-ouest de la première, abrite un herbier aquatique enraciné des eaux oligotrophes à potamot à feuilles de renouée (Potamogeton polygonifolius). Elle est bordée par une petite cariçaie à laîche à bec (Carex rostrata), des franges de scirpe des bois (Scirpus sylvaticus) et de jonc à tépales aigus (Juncus acutiflorus) ainsi que par un massif assez étendu de lysimaque ponctuée (Lysimachia punctata), plante largement naturalisée - et parfois envahissante - en Ardenne.
Cette parcelle 1275 C accueille en outre deux plantes d'intérêt patrimonial, l'orchis à larges feuilles (Dactylorhiza majalis) et la violette des marais (Viola palustris).
Parcelles 1582, 1581 A : s'étendant entre la rue de la Falize et le ruisseau, ces parcelles sont occupées par une prairie fertilisée au cortège floristique appauvri dominé par les graminées: houlque laineuse (Holcus lanatus), dactyle aggloméré (Dactylis glomerata), crételle (Cynosurus cristatus), fléole des prés (Phleum pratense), vulpin des prés (Alopecurus pratensis), pâturin commun (Poa trivialis), ... parmi les dicotylées, peu nombreuses, figurent notamment le cirse des champs (Cirsium arvense), le trèfle des prés (Trifolium pratense), la renoncule âcre (Ranunculus acris), la stellaire graminée (Stellaria graminea), la gesse des prés (Lathyrus pratensis), la patience crépue (Rumex crispus). Le bord nord de la parcelle 1582 est par ailleurs occulté par un écran boisé constitué d'aubépines surtout.
Parcelles 1540, 1541: situées à l'est des parcelles précédentes, entre le cimetière et le rideau boisé en rive gauche du ruisseau, ces parcelles sont occupées par le même type de prairie à la flore banale, essentiellement graminéenne. Elles ne sont pas directement visées par le projet.
Parcelles 1583, 1584 A , 1585 C , 1586 A , 1587, 1527 A , 1530 B , 1530 C : ces parcelles, en versant gauche du vallon, regroupent pour l'essentiel des prairies fortement fertilisées et des pâtures permanentes, à la flore banalisée. Le parcours prévu pour l'épreuve de motocross traverse une partie de ces parcelles.
Notons que même si elles n'abritent aucune espèce d'intérêt particulier, ces différentes prairies constituent néanmoins une zone tampon limitant le ruissellement venant des cultures voisines. De plus, elles sont régulièrement visitées par des oiseaux tels que les milans (Milvus spp.), les pies-grièches (Lanius spp.) et la grande aigrette (Ardea alba) en quête de proies.
Ruisseau du Grand Vivier: la majeure partie de ce petit cours d'eau traverse des prairies et ses abords immédiats, seulement très partiellement prospectés, sont colonisés par diverses plantes hygrophiles classiques comme la reine des prés (Filipendula ulmaria), le scirpe des bois (Scirpus sylvaticus), le jonc à tépales aigus (Juncus acutiflorus), le jonc épars (Juncus effusus), le lotier des fanges (Lotus pedunculatus), le gaillet des marais (Galium palustre), l'épilobe à tiges carrées (Epilobium tetragonum), le cirse des marais (Cirsium palustre), etc. La mégaphorbiaie rivulaire y est représentée de manière fragmentée. Une source (non vue) est signalée sur la carte IGN, dans le sud de la parcelle 1259 A , au niveau du rideau arboré.
Parcelles 1271, 1270, 1414 A , 1415 C , 1415 D , 1414 D , 1469 F , 1469 G , 1470 A , 1470 B , 1468 C , 1537 A , 1533 A , 1532 A , 1529 D , 1529 C , 1529 B , 1529 A : l'ensemble de ces parcelles correspond au versant droit du vallon, depuis le ruisseau jusqu'au talus supérieur, bien marqué sur le PPNC sous forme d'une ligne plus claire et souligné par un gros chêne isolé (vers le nord-est).
L'habitat dominant est une prairie de fauche peu à moyennement fertilisée présentant des affinités submontagnardes. Le cortège floristique y apparaît nettement plus riche que sur le versant gauche, avec une proportion beaucoup plus importante de dicotylées : plantain lancéolé (Plantago lanceolata), porcelle enracinée (Hypochaeris radicata), campanule à feuilles rondes (Campanula rotundifolia), céraiste commun (Cerastium fontanum), séneçon jacobée (Senecio jacobaea), patience des prés (Rumex acetosa), grande marguerite (Leucanthemum vulgare), achillée millefeuille (Achillea millefolium), pissenlit (Taraxacum sp.), gesse des prés (Lathyrus pratensis), lotier des fanges (Lotus pedunculatus), centaurée noire (Centaurea nigra), petit boucage (Pimpinella saxifraga), millepertuis maculé (Hypericum maculatum s.s.), petit trèfle jaune (Trifolium dubium), vesce à épis (Vicia cracca), renoncule âcre (Ranunculus acris), renoncule rampante (Ranunculus repens), dactyle aggloméré (Dactylis glomerata), crételle (Cynosurus cristatus), houlque laineuse (Holcus lanatus), agrostis capillaire (Agrostis capillaris), géranium disséqué (Geranium dissectum), stellaire graminée (Stellaria graminea), ivraie commune (Lolium perenne), canche cespiteuse (Deschampsia cespitosa), cirse des champs (Cirsium arvense), etc.
Le talus se distingue par une richesse encore plus élevée, avec en plus la véronique petit-chêne (Veronica chamaedrys), la vesce des haies (Vicia sepium), la vesce cultivée (Vicia sativa s.l.), la vesce hirsute (Vicia hirsuta), le gaillet mou (Galium mollugo), la mauve musquée (Malva moschata), le galéopsis tétrahit (Galeopsis tetrahit), le myosotis des champs (Myosotis arvensis), la crépide capillaire (Crepis capillaris), la berce spondyle (Heracleum sphondylium), etc.
La parcelle 1529A, contre le ruisseau à l'extrémité occidentale de la zone, renferme une mégaphorbiaie à reine des prés (Filipendula ulmaria) riche en cirse des marais (Cirsium palustre) et valériane officinale (Valeriana repens), tout comme les parcelles situées plus en aval.
Parcelles 1408 A , 1411 B , 1416 A , 1420, 1419, 1418, 1455, 1456, 1457 A , 1461 E , 1460 B , 1461 C , 1466 A : ces parcelles comprises entre le talus décrit ci-avant, au sud-est, et une haie irrégulière au nord-ouest, correspondent à un vaste bloc prairial à la flore diversifiée, dont le cortège s'apparente à celui observé dans les prairies en contrebas du talus.
La haie, bien développée quoique irrégulière, est soulignée par une floraison abondante de digitale pourpre (Digitalis purpurea) dans les espaces dégagés. Présentant un intérêt ornithologique évident (nicheurs et migrateurs en halte), elle est incluse au sein du territoire exploité par la pie-grièche grise (par ex. 1 adulte observé le 23 août 2015, D. van der Elst).
Espèces patrimoniales
Si les connaissances floristiques et faunistiques du vallon du Grand Vivier peuvent être considérées comme très lacunaires, la présence de plusieurs espèces qualifiées de patrimoniales (c'est-à-dire au minimum les espèces protégées rares et/ou menacées à des degrés divers) y a d'ores-et-déjà été établie.
Ainsi, parmi les quelques 130 espèces de plantes supérieures identifiées jusqu'à présent sur le site, se distinguent plus particulièrement:
- la callitriche des eaux stagnantes (Callitriche stagnalis) : plante dépourvue de statut de protection, mais figurant sur la liste rouge des plantes menacées de Wallonie dans la catégorie «vulnérable». C'est une espèce à grande plasticité écologique, qui est plus particulièrement caractéristique des eaux stagnantes peu profondes (fossés, ornières forestières, bras morts, etc.).
- la laîche à bec (Carex rostrata) : cette plante dépourvue de statut de protection et considérée comme non menacée en Région wallonne, n'en n'est pas moins une espèce patrimoniale en raison de sa distribution fragmentée et de son écologie spécialisée. Elle pousse typiquement dans les bas-marais acides et au bord des vasques et mares de tourbières d'une grande partie de l'Ardenne, où ses peuplements apparaissent néanmoins le plus souvent localisés et peu étendus.
- l'orchis à larges feuilles (Dactylorhiza majalis) : cette orchidée strictement protégée en Région wallonne est encore bien représentée en Lorraine, en Haute-Ardenne et en Fagne-Famenne, mais elle apparaît globalement en déclin, en raison de la dégradation de plus en plus généralisée de ses habitats, en particulier ceux situés hors réserve naturelle. L'espèce semble fort rare dans la région des Deux-Ourthes. Dans le site, elle a été observée dans la zone humide nord (au moins dans la parcelle 1275 C ).
- le trèfle d'eau (Menyanthes trifoliata) : bénéficiant d'une protection stricte en Région wallonne, le trèfle d'eau est également repris sur la liste rouge comme espèce «vulnérable». Essentiellement distribué en Ardenne et en Lorraine, où ses populations sont localisées principalement dans les bas-marais, tourbières, marnières et berges d'étangs. Avec le comaret, cette plante remarquable constitue souvent des radeaux flottants, ou «tremblants», souvent accompagnés de la prêle des bourbiers.
- le potamot à feuilles de renouée (Potamogeton polygonifolius) : ne bénéficiant d'aucun statut de protection, ce potamot assez rare et à distribution presqu'exclusivement ardennaise figure néanmoins sur la liste rouge wallonne dans la catégorie «vulnérable». Cette plante aquatique colonise les eaux acides et oligotrophes, stagnantes ou courantes, et peut résister à un assèchement temporaire de son habitat. Elle existe au moins dans une petite mare au nord du site (parcelle 1275 C ).
- la renoncule à feuilles de lierre (Ranunculus hederaceus) : espèce strictement protégée en Région wallonne et inscrite comme «en danger» sur la liste rouge. C'est une caractéristique des sources héliophiles peu minéralisées, très localisée au niveau régional, la plupart des stations étant situées en Ardenne. Jusqu'à présent, cette renoncule aquatique n'a été trouvée sur le site que dans la zone de source du ruisseau, à proximité du chemin agricole nord (parcelles 1353 B et 1352 B ). Elle pourrait aussi exister plus en aval.
- la violette des marais (Viola palustris) : bien que dépourvue de statut de protection et ne figurant pas sur liste rouge, la violette des marais peut être considérée comme une espèce à haute valeur patrimoniale, en raison de sa distribution fragmentée, son écologie spécialisée et sa sensibilité à l'eutrophisation. De plus, elle constitue la plante hôte préférentielle de la chenille d'une espèce patrimoniale de papillon de jour, le petit collier argenté (Boloria selene), non encore observé à ce jour sur le site où la plante est, il est vrai, très localisée et peu abondante (et en régression probable depuis les années 1990).
Du point de vue faunistique, on retiendra surtout:
- la pie-grièche grise (Lanius excubitor) : espèce strictement protégée en Région wallonne et d'intérêt communautaire (Natura 2000), ce passereau prédateur est une espèce en net déclin à travers l'Europe occidentale, y compris en Wallonie où l'effectif, dans les années 2000, était estimé à 270-330 couples, la plupart localisés en Ardenne, en Famenne et en Lorraine. La contraction d'aire se poursuit actuellement avec l'abandon progressif des cantons de nidification en milieu agricole. Ainsi en Ardenne, plus de la moitié des couples de pies-grièches grises nichent dans les grandes coupes et jeunes plantations et environ 20% dans les fagnes, alors que le reste de la population tente péniblement de se maintenir dans les rares zones agricoles encore exploitées plus ou moins extensivement (voir VAN DER ELST, 2013, pour la situation sur le plateau de Saint-Hubert). En 2015-2016, le nombre de nicheurs wallons a sans doute été inférieur à 100 couples (D. van der Elst, in litt.)! Le territoire d'un oiseau peut s'étendre sur plusieurs dizaines d'hectares (20-100 ha) et comprend une mosaïque de milieux ouverts riches en proies (gros insectes, micromammifères, ...) et parsemés de lisières forestières, arbres et buissons isolés, piquets de clôtures, etc., que la pie-grièche utilise comme perchoirs. D'après la fiche éditée par le Musée National d'Histoire Naturelle de Paris, il s'agit de l'espèce de pie-grièche la plus sensible aux dérangements humains, le développement des loisirs «nature» pouvant l'affecter. Sur le site étudié, l'oiseau a été contacté aux différents moments de l'année et à plusieurs endroits mais surtout dans le secteur au nord du chemin agricole. La présence d'un couple visiblement cantonné durant la saison 2016 laisse soupçonner une reproduction locale.
- la pie-grièche écorcheur (Lanius collurio) : espèce strictement protégée en Région wallonne et d'intérêt communautaire, elle est nettement plus répandue que sa grande cousine grise et serait même en progression. La présence d'un à plusieurs couples paraît vraisemblable vu les potentialités d'accueil du site. L'espèce a d'ailleurs déjà été contactée dans le secteur au cours des cinq dernières années, notamment en bordure du site, le long de la rue de la Falize, près de la chapelle Hatert (obs. B. Jardon).
- le milan royal (Milvus milvus) : espèce strictement protégée en Région wallonne et d'intérêt communautaire, le milan royal est un nicheur rare cantonné essentiellement à l'Ardenne et la Lorraine, dont l'effectif a été estimé à 150-180 couples (Voskamp & van Rijn, 2010). Il est lié aux paysages herbagers pourvus de bosquets, lisières et arbres isolés, sur lesquels il peut installer son aire. Les prairies du secteur étudié sont très régulièrement exploitées par un à trois individus qui y chassent les micromammifères. Les observations s'étalent sur une grande partie de l'année (obs. D. van der Elst).
- le busard des roseaux (Circus aeruginosus): un couple de ce nicheur rare en Wallonie était visiblement cantonné dans le secteur et un mâle a été observé en chasse en début juillet 2016.
- la cigogne noire (Ciconia nigra): nicheur dans les environs, cet échassier fréquente le vallon à la recherche de nourriture.
- la grenouille de Lessona (Pelophylax lessonae) : la présence de cette espèce demande confirmation car les deux individus observés en juillet 2016 dans l'une des deux mares du site n'ont pu être capturés pour un examen détaillé. Néanmoins, l'habitat (petit point d'eau situé sur un plateau) et la petite taille des grenouilles sont deux éléments qui plaident davantage pour cette espèce, délicate à séparer de la grenouille verte ( P. kl. esculentus ). Ces deux taxons sont intégralement protégés en Région wallonne.
Espèces exotiques
D'une manière générale, les espèces exotiques sont très peu présentes dans le vallon du ruisseau du Grand Vivier. On notera en particulier l'absence de plantes pourtant fréquentes le long des cours d'eau ardennais, comme la balsamine de l'Himalaya (Impatiens glandulifera), les spirées (Spiraea spp.), le solidage glabre (Solidago gigantea) ou encore le mimule tacheté (Mimulus guttatus). La première espèce est cependant signalée plus en aval, le long du ruisseau de Tenneville.
Le développement de massifs de lysimaque ponctuée (Lysimachia punctata), comme constaté dans la partie nord du site, mérite d'être souligné. Bien que non reprise dans la liste des espèces invasives en Belgique, cette échappée de jardin fréquemment naturalisée (plus particulièrement en Ardenne) est susceptible de s'étendre rapidement sur des surfaces considérables, au détriment de la flore locale. On remarquera par ailleurs que ses fleurs - à l'instar de celles de L. vulgaris - représentent une source alimentaire abondante pour deux espèces d'abeilles solitaires très spécialisées et légalement protégées en Région wallonne, Macropis fulvipes et M. europaea, dont les larves ne sont nourries qu'avec du pollen et des huiles produites par la plante (ces abeilles n'ont pas été observées mais leur occurrence sur le site est jugée vraisemblable).
Parmi les animaux, la seule espèce exotique détectée jusqu'à présent est le minuscule mollusque aquatique Ferrissia fragilis (= wautieri; = clessiniana), d'origine nord-américaine, localisé dans la mare à Potamogeton polygonifolius.