Malgré sa superficie modérée, le site des Spinets (incluant les parcelles du Pachy de la Bime) présente un grand intérêt botanique autant que faunistique. La flore et la végétation ont été esquissées récemment à l'occasion d'une actualisation des données, dans le cadre d'une excursion des «Naturalistes de la Haute Lesse» en mai 2015 (TYTECA et CHAMPLUVIER, 2015). D'après ces auteurs, le site héberge essentiellement des habitats thermophiles sur calcaire brièvement décrits ci-après.
1. Pelouses calcicoles mésophiles
Ces pelouses constituent l'habitat central des Spinets et ont fait, à ce titre, l'objet de nombreux inventaires et travaux de restauration depuis les années 1990.
Elles comportent un riche cortège floristique incluant cinq espèces d'orchidées: l'homme pendu (Orchis anthropophora), la listère à deux feuilles (Listera ovata), l'orchis bouc (Himantoglossum hircinum), le platanthère verdâtre (Platanthera chlorantha) et le céphalanthère pâle (Cephalanthera damasonium), diverses graminées comme le brome erigé (Bromus erectus), le brachypode penné (Brachypodium pinnatum), l'amourette (Briza media), la fétuque de Léman (Festuca lemanii), l'avoine pubescente (Avenula pubescens), et de nombreuses autres plantes telles que l'inule conyze (Inula conyzae), particulièrement abondante, le cirse acaule (Cirsium acaule), le genêt des teinturiers (Genista tinctoria), la laîche printanière (Carex caryophyllea), l'hélianthème jaune (Helianthemum nummularium), le polygala à toupet (Polygala comosa), la campanule raiponce (Campanula rapunculus), le lin purgatif (Linum catharticum), l'hippocrépide fer à cheval (Hippocrepis comosa), la bugrane rampante (Ononis repens), la potentille printanière (Potentilla neumanniana), la gesse des bois (Lathyrus sylvestris), la laîche glauque (Carex flacca), l'anthyllide vulnéraire (Anthyllis vulneraria), la renoncule bulbeuse (Ranunculus bulbosus), le petit boucage (Pimpinella saxifraga), le millepertuis perforé (Hypericum perforatum), la petite pimprenelle (Sanguisorba minor), le saxifrage tridactyle (Saxifraga tridactylites), etc.
Certaines espèces d'ourlets calcicoles mésophiles apparaissent en bordure des parties boisées et des fourrés: le trèfle moyen (Trifolium medium), la digitale jaune (Digitalis lutea), le dompte venin (Vincetoxicum hirundinaria), le millepertuis velu (Hypericum hirsutum), la réglisse sauvage (Astragalus glycyphyllos), la violette hérissée (Viola hirta), le grémil officinal (Lithospermum officinale), le fraisier des collines (Fragaria viridis) ou encore l'ancolie commune (Aquilegia vulgaris).
Localement, se rencontrent des espèces plus hygrophiles comme le colchique d'automne (Colchicum autumnale), voire même le sureau yèble (Sambucus ebulus).
Dans la partie «Pachy de la Bime» existe une pelouse calcicole méso-xérophile très pentue à la flore caractéristique mais dont l'originalité par rapport au reste du site est d'héberger une station d'orchis pourpre (Orchis purpurea). Il faut y ajouter un groupement de fougères des fissures de rochers calcaires renfermant le cétérach (Ceterach officinarum), espèce peu commune remarquablement adaptée à la sècheresse extrême.
2. Groupement d'éboulis calcaires.
Ce groupement apparaît sur les anciens déblais issus du creusement de la voie ferrée, essentiellement dans la partie nord des Spinets. On parle donc ici d'éboulis d'origine artificielle.
Il se compose de l'orpin réfléchi (Sedum rupestre), de la germandrée botryde (Teucrium botrys), de la laitue des murailles (Mycelis muralis), du groseillier à maquereau (Ribes uva-crispa), de la mélique ciliée (Melica ciliata), de la rue des murailles (Asplenium ruta-muraria), de l'épervière piloselle (Hieracium pilosella), de l'épervière des murs (Hieracium murorum), de la vipérine (Echium vulgare), etc.
3. Fruticées calcicoles.
Ces broussailles annoncent le retour progressif d'un couvert forestier suite à l'arrêt de gestion et représentent un bel exemple d'écotone, en l'occurrence la zone de transition entre les pelouses et la forêt. Elles sont constituées d'arbustes comme le prunellier (Prunus spinosa), l'aubépine à un style (Crataegus monogyna), l'aubépine à deux styles (Crataegus laevigata), le nerprun purgatif (Rhamnus cathartica), le fusain d'Europe (Euonymus europaeus), le troène commun (Ligustrum vulgare), la viorne mancienne (Viburnum lantana), le cornouiller mâle (Cornus mas). Par endroits, la fruticée est envahie par les nappes de la clématite des haies (Clematis vitalba).
Quelques arbustes plutôt acidophiles sont également signalés, en particulier la bourdaine (Frangula alnus) et le genêt à balais (Cytisus scoparius).
4. chênaies-charmaies calcicoles.
Ce groupement forestier, dominé par le chêne pédonculé (Quercus robur) et le charme (Carpinus betulus), se développe sur des sols calcaires superficiels et secs, le plus souvent sur des pentes d'exposition sud. Aux Spinets, il se présente sous la forme de fragments s'étendant sur quelques ares tout au plus.
Un de ces fragments se trouve dans l'extrémité sud-ouest du site et montre un grand intérêt du point vue orchidologique. C'est ainsi que certaines années, par exemple en 2003 et en 2013, des concentrations extraordinaires de céphalanthère pâle (Cephalanthera damasonium) et de néottie nid d'oiseau (Neottia nidus-avis) ont pu y être constatées (obs. D. Tyteca). D'autres espèces intéressantes s'y rencontrent dont l'épipactis de Müller (Epipactis muelleri), la réglisse sauvage (Astragalus glycyphyllos) et l'ancolie commune (Aquilegia vulgaris).
Dans l'extrémité nord-est du site s'étend une autre chênaie-charmaie qui apparaît cependant plus pauvre en espèces. Outre le céphalanthère pâle (Cephalanthera damasonium), on y observe la mercuriale vivace (Mercurialis perennis), la jonquille (Narcissus pseudonarcissus), le fusain d'Europe (Euonymus europaeus), la renoncule tête d'or (Ranunculus auricomus), etc.
Au Pachy de la Bime, un bois plus diversifié montre notamment l'euphorbe des bois (Euphorbia amygdaloides), la petite pervenche (Vinca minor), la néottie nid d'oiseau (Neottia nidus-avis), puis, en descendant vers le niveau de la Wamme, la benoîte commune (Geum urbanum), le groseillier à maquereau (Ribes uva-crispa), la valériane officinale à rejets (Valeriana repens), la véronique à feuilles de lierre (Veronica hederifolia subsp. lucorum), la véronique des montagnes (Veronica montana), la raiponce en épi (Phyteuma spicatum), la viorne obier (Viburnum opulus), et même diverses espèces franchement hygrophiles comme la laîche espacée (Carex remota), la reine-des-prés (Filipendula ulmaria), la baldingère (Phalaris arundinacea).
Outre les habitats présents, la flore des Spinets renferme un grand nombre d'espèces d'intérêt patrimonial, ce qui en fait un site de haute valeur botanique à l'échelle de la Région wallonne.
Les plantes vedettes des Spinets sont sans nul doute les orchidées, dont pas moins de 16 espèces ont été répertoriées depuis le début des années 2000, et ce sur huit hectares à peine! Plus des trois quarts ont un statut défavorable en Wallonie, ce qui leur vaut de figurer sur la liste rouge des plantes menacées. Les populations locales ont une importance régionale et se comptent parfois en milliers de plantes, comme c'est le cas pour le céphalanthère pâle. Seules trois d'entre-elles n'ont pas été revues récemment, au moins après 2005 (sans qu'on puisse exclure leur maintient dans des secteurs peu explorés du site): il s'agit de l'ophrys mouche (Ophrys insectifera), l'épipactis brun-rouge (Epipactis atrorubens) et de l'épipactis négligé (Epipactis neglecta).
L'autre espèce phare de la flore des Spinets est la rare gentiane ciliée (Gentianella ciliata), dont quelques dizaines à quelques centaines d'individus sont observés bon an mal an.
La faune des Spinets rassemble également de nombreuses espèces intéressantes.
Parmi les vertébrés, on signalera plus particulièrement la présence d'un petit rongeur, le muscardin (Muscardinius avellanarius) et de trois reptiles: l'orvet fragile (Anguis fragilis), le lézard des murailles (Podarcis muralis) et la coronelle lisse (Coronella austriaca).
La connaissance de l'entomofaune est encore très partielle mais on est actuellement bien documenté pour certains groupes comme les Lépidoptères (papillons).
Les papillons de jour sont d'une remarquable diversité, avec plus de 50 espèces recensées depuis le début des années 2000, incluant maints éléments de grand intérêt patrimonial.