La flore et la végétation de l'argilière de Wanlin a fait l'objet de nombreuses observations et inventaires qui ont été synthétisées dans le plan de gestion de la réserve naturelle domaniale. La cartographie des habitats du site Natura 2000 a été réalisée sur base de relevés phytosociologiques datant de 2006-2007 (J.-M. Couvreur et F. Etienne - SPW)
Le site regroupe une mosaïque de groupements végétaux dont la dynamique est fort dépendante de l'activité extractrice locale. Certaines végétations peuvent se développer de façon éphémère tandis que la colonisation ligneuse a souvent un caractère pionnier.
Les végétations suivantes étaient présentes sur le site en 1992 (d'après les relevés effectués par J. Saintenoy-Simon):
- des herbiers aquatiques à Myriophyllum spicatum parfois très denses qui colonisent les anciennes fosses d'exploitation;
- des herbiers aquatiques à Potamogeton natans et à Potamogeton crispus;
- une roselière basse à Eleocharis palustris;
- des typhaies à Typha latifolia et Typha angustifolia;
- une roselière à Sparganium erectum;
- des jonchaies plus ou moins étendues à Juncus effusus et Juncus inflexus;
- un groupement rivulaire à Juncus bufonius, Juncus articulatus, Alopecurus aequalis;
- une glycéraie à Glyceria fluitans avec Alisma plantago-aquatica;
- un groupement sur sol dénudé à Herniaria glabra, Scleranthus annuus, Sagina apetala, Phleum bertolonii, Apera interrupta, Vulpia myuros, Poa compressa, Arenaria serpyllifolia, Chaenorhinum minus,...;
- des friches rudérales à Melilotus albus, M. officinalis à flore assez banale;
- des friches herbeuses dominées par Holcus lanatus;
- des fourrés de Cytisus scoparius;
- des fourrés de saules (Salix purpurea, S. alba, S. caprea, S. x multinervis,...) et des bois pionniers à Populus tremula et Betula pendula en abondance.
Un état des lieux a été réalisé en 1988 par A. Remacle dans le cadre de l'inventaire des carrières désaffectées de Wallonie. Les ligneux qui colonisent progressivement le site appartiennent aux espèces suivantes: Salix caprea, Salix purpurea, Salix alba et Salix x multinervis, Salix cinerea, Salix viminalis, Betula pendula, Betula pubescens, Populus tremula, Alnus glutinosa, Acer pseudoplatanus, Crataegus monogyna, Cytisus scoparius, ...
Au niveau des pièces d'eau, permanentes ou temporaires, on recense Juncus effusus, Juncus articulatus, Juncus bufonius, Juncus tenuis, Juncus inflexus, Eleocharis palustris, Typha latifolia, Typha angustifolia (bien représentée), Chara sp., Glyceria fluitans, Myriophyllum spicatum (abondante dans plusieurs pièces d'eau), Ranunculus (Batrachium) sp., Alisma plantago-aquatica, Sparganium erectum, Lycopus europaeus, Ranunculus flammula, Equisetum palustre, Lythrum portula (vu à plusieurs endroits), Lotus pedunculatus, Myosotis scorpioides, Cirsium palustre, Epilobium hirsutum.
Dans les zones en friche voisines des pièces d'eau poussent notamment Sagina apetala, Hypericum perforatum, Rumex sp., Trifolium hybridum (très abondant), Trifolium medium, Trifolium pratense, Trifolium arvense (rampe schisteuse), Melilotus albus, Melilotus officinalis, Vicia cracca, Medicago lupulina, Lathyrus pratensis, Epilobium angustifolium, Oenothera sp., Daucus carota, Heracleum sphondylium, Centaurium erythraea, Matricaria maritima subsp. inodora, Tussilago farfara, Senecio erucifolius, Centaurea jacea s.l., Lactuca serriola, Achillea millefolium, Leucanthemum vulgare, Artemisia vulgaris, Tanacetum vulgare, Equisetum arvense ainsi que diverses poacées.
Une partie du diverticule nord-ouest est arborée: saules et bouleaux, avec, au sol, Rubus sp., Lychnis flos-cuculi, Carex cuprina, Carex flacca, Cirsium palustre, Juncus effusus, Ranunculus flammula, Prunella vulgaris, Lysimachia nummularia,..., ainsi que diverses poacées et des bryophytes. Au niveau du creux humide longitudinal, présence, à côté de bryophytes, de Carex cuprina, Eleocharis palustris, Lycopus europaeus, Juncus articulatus, Veronica scutellata (quelques plantes repérées),...
La friche envahie de jeunes Salix div. sp., Betula pendula et Cytisus scoparius montre une strate herbacée composée notamment de Dianthus armeria (quelques plants repérés), Potentilla reptans, Lotus corniculatus, Lathyrus pratensis, Trifolium medium, Daucus carota, Tanacetum vulgare, Achillea ptarmica (abondante), Senecio jacobaea, Senecio erucifolius, Centaurea jacea s.l., Achillea millefolium, Carduus crispus, Cirsium arvense, Juncus inflexus, ...
Le secteur nord du site est déjà bien reboisé. D'après les relevés N2000 datant de 2006, diverses espèces forestières s'y observent comme Fagus sylvatica, Quercus petraea, Quercus robur, Fraxinus excelsior, Galium aparine, Circaea lutetiana, Valeriana officinalis (= repens), Viburnum opulus, Dactylis glomerata, Dryopteris carthusiana, Lonicera periclymenum, Acer pseudoplatanus, Prunus spinosa, Crataegus monogyna, Salix caprea, Betula pendula, Prunus avium, Fragaria vesca, Torilis japonica, Agrimonia eupatoria, Geum urbanum, Holcus lanatus,
Intérêt faunistique
L'argilière de Wanlin constitue une zone humide particulièrement accueillante pour l'avifaune, les amphibiens et les libellules qui sont inventoriées depuis de nombreuses années par les naturalistes locaux et de passage.
L' avifaune , riche d'une centaine d'espèces, comprend divers oiseaux d'eau nicheurs ou au moins estivants: canard colvert (Anas platyrhynchos), foulque macroule (Fulica atra), gallinule poule-d'eau (Gallinula chloropus), grèbe castagneux (Tachybaptus ruficollis), cygne tuberculé (Cygnus olor), héron cendré (Ardea cinerea), sans oublier l'inévitable bernache du Canada (Branta canadensis), de loin l'espèce invasive la plus visible sur le site, alors que l'ouette d'Egypte (Alopochen aegyptiaca) y demeure plus discrète. Le râle d'eau (Rallus aquaticus) est curieusement peu noté alors que son habitat préférentiel est bien représenté, mais vu sa grande discrétion, la nidification de ce rallidé reste cependant plausible.
Le petit gravelot (Charadrius dubius) est régulier même si certaines années ne fournissent aucune donnée. L'un ou l'autre couple se cantonne en période de nidification dans les parties les plus ouvertes du site, mais le succès de sa reproduction est généralement difficile à établir. Le même constat s'applique au martin-pêcheur d'Europe (Alcedo atthis).
Outre le râle d'eau, les roselières accueillent en petit nombre des passereaux peu communs ou menacés dont le bruant des roseaux (Emberiza schoeniclus) et la rousserolle effarvatte (Acrocephalus scirpaceus).
Durant les migrations et en période hivernale, le site est fréquenté par plusieurs espèces de canards, dont la sarcelle d'hiver (Anas crecca), le canard souchet (Spatula clypeata), le canard chipeau (Mareca strepera), par le grand cormoran (Phalacrocorax carbo), la bécassine des marais (Gallinago gallinago), plus rarement la bécassine sourde (Lymnocryptes minimus), ainsi que la grande aigrette (Ardea alba), déjà notée localement durant les années 1990 et qui y constitue un dortoir ayant compté jusqu'à 75 oiseaux en 2014 (obs. M. Paquay).
Les limicoles sont peu communs par contre, avec des effectifs toujours très faibles : c'est le cas du chevalier gambette (Tringa totanus) et du bécasseau variable (Calidris alpina), avec des observations isolées respectivement en 2015 et 2019, et du chevalier culblanc (Tringa ochropus) avec seulement trois occurrences récentes.
L'une des espèces phares de l'argilière est l'hirondelle de rivage (Riparia riparia) qui niche dans les parois mises à nu par l'extraction de l'argile. Une petite colonie est connue depuis au moins les années 1980 et son effectif varie fortement d'une année à l'autre, de quelques couples jusqu'à une trentaine à une époque.
Les boisements hébergent divers passereaux, corvidés et rapaces. Le loriot d'Europe (Oriolus oriolus) chante chaque année dans le bois dans la partie nord du site. La zone est également fréquentée par le pic vert (Picus viridis), le pouillot fitis (Phylloscopus trochilus), la grive draine (Turdus viscivorus), le rossignol philomèle (Luscinia megarhynchos), ...
D'autres espèces du bocage s'observent sur ou aux alentours du site, comme la bergeronnette grise (Motacilla alba), l'hypolaïs polyglotte (Hippolais polyglotta), le rougequeue noir (Phoenicurus ochruros), la linotte mélodieuse (Linaria cannabina), le tarier pâtre (Saxicola rubicola) ou encore le pipit farlouse (Anthus pratensis) qui se cantonne régulière en bordure de la zone de dépôt sud.
Outre toutes ces espèces notées plus ou moins régulièrement, le site accueille par ailleurs quelques raretés, tel un mâle de bruant fou (Emberiza cia) en halte début avril 2022, et ce cormoran pygmée (Microcarbo pygmaeus) immature vu début novembre 2023 (obs. M. Paquay et A. De Broyer - Obs.be).
Le peuplement d' amphibiens compte au moins 9 espèces reproductrices, dont la plus remarquable est le crapaud calamite (Bufo calamita) qui trouve ici la seule population significative de la Famenne! Le site est aussi réputé pour abriter le rare triton crêté (Triturus cristatus).
Les odonates sont remarquablement diversifiés, avec pas moins de 36 espèces observées depuis 2010, ce qui fait de l'argilière de Wanlin l'un des sites les plus riches de toute la Famenne. Les éléments les plus notables, en raison de leur rareté ou de leur écologie spécialisée, sont le leste dryade (Lestes dryas), le leste brun (Sympecma fusca), l'aeschne printanière (Brachytron pratense), la libellule fauve (Libellula fulva), le sympétrum noir (Sympetrum danae) et le sympétrum méridional (Sympetrum meridionale). D'origine méridionale, ce dernier n'a été noté qu'une seul fois en 2018, contrairement à l'agrion mignon (Coenagrion scitulum) et au crocothémis écarlate (Crocothemis erythraea), plus souvent aperçus. Un autre arrivant du sud, le sympétrum à nervures rouges (Sympetrum fonscolombii), reste lui aussi discret.
Quelques individus de gomphe à pinces (Onychogomphus forcipatus) ont été observés sur le site, en provenance de la Lesse toute proche dans les eaux de laquelle les larves se développent.
D'une manière générale, on demeure mal documenté sur le reste de l'entomofaune (en dehors de quelques familles de coléoptères comme les Curculionidae) ainsi que sur les mammifères. Parmi ces derniers, figurent notamment le blaireau européen (Meles meles), le putois (Mustela putorius), le lièvre d'Europe (Lepus europaeus), ainsi que deux espèces invasives d'origine américaine, comme la bernache du Canada: le rat musqué (Ondatra zibethicus) présent depuis longtemps, et le ragondin (Myocastor coypus) dont l'installation dans le secteur semble récente (autour de 2020, in litt. M. Paquay).