Constituée d'une succession de carrières désaffectées ouvertes dans un massif de calcaire givetien, la Montagne de la Carrière a été parcourue et décrite à plusieurs reprises, notamment par DUVIGNEAUD (1983) et SAINTENOY-SIMON (1999).
A l'ouest existent trois carrières: la carrière du Trou de l'Espoir, la carrière du Trou de l'Oeuf et la Carrière du Sanglier. A l'est, une longue série d'excavations s'étirant sur plus de 600 m, pratiquement jusqu'à la frontière française.
La Carrière du Trou de l'Espoir (fichier carrières Na/582/23)
On y observe (notamment d'après J. Saintenoy-Simon):
- des pelouses de l'Alysso-Sedion à Sedum album, Aphanes arvensis, Arabis hirsuta subsp. hirsuta, Cerastium pumilum, Geranium columbinum, Saxifraga tridactylites, Thlaspi perfoliatum, ... ;
- des pelouses du Xerobromion avec Sesleria caerulea, Anthericum liliago, Globularia bisnagarica, Hippocrepis comosa, Teucrium chamaedrys, Teucrium montanum, ... ;
- des pelouses du Mesobromion à Brachypodium pinnatum, Bromus erectus, Hieracium maculatum, Hieracium lachenalii, Primula veris, Festuca lemanii, Carex flacca, Carlina vulgaris, Euphorbia cyparissias, Gymnadenia conopsea, Lotus corniculatus, Pimpinella saxifraga, Carex caryophyllea, Helianthemum nummularium subsp. nummularium, Leontodon hispidus, ... ;
- un groupement chasmophytique à Melica ciliata, Hieracium glaucinum, Asplenium ruta-muraria, etc.;
- un groupement à Rumex scutatus;
- des éléments de pelouses d'ourlet à Agrimonia eupatoria, Aquilegia vulgaris, Astragalus glycyphyllos, Digitalis lutea, Euphorbia amygdaloides, Helleborus foetidus, Origanum vulgare, Polygonatum odoratum, Solidago virgaurea, Viola hirta, ... ;
- des fourrés à Prunus spinosa, Crataegus monogyna, Rosa canina, Rosa rubiginosa, Clematis vitalba, etc. ;
- des fourrés thermophiles du Berberidion avec Viburnum lantana, Rhamnus cathartica, Ligustrum vulgare, Cornus sanguinea, Berberis vulgaris, etc.
- des fourrés pionniers à Betula pendula et Salix caprea.
D'après A. Remacle: cette petite carrière de calcaire, ouverte dans le versant droit du vallon sec Lahaie, comprend un radier dominant la rue des Carrières, une falaise haute d'une douzaine de m, subverticale et très irrégulière, ainsi qu'une pente pierreuse parallèle à la rue des Carrières et formant un éboulis plus ou moins instable.
La végétation ligneuse, peu abondante au niveau de l'excavation, comprend Salix caprea, Pinus sylvestris, Fraxinus excelsior et Acer pseudoplatanus (jeunes), Rosa canina, R. rubiginosa, Cornus sanguinea, Prunus spinosa, Crataegus monogyna, Ligustrum vulgare, Viburnum lantana, Clematis vitalba, ...
La strate herbacée globale est principalement composée d'espèces de pelouses calcicoles, d'ourlets et d'éboulis: notamment Rumex scutatus, Helianthemum nummularium, Arabis hirsuta, Erophila verna, Sedum album, Sedum acre, Potentilla neumanniana, Sanguisorba minor, Hippocrepis comosa, Lotus corniculatus, Euphorbia cyparissias, Polygala vulgaris, Seseli libanotis, Vincetoxicum hirundinaria, Teucrium chamaedrys (abondant), Teucrium montanum (falaise, fond et pierrier), Thymus pulegioides, Origanum vulgare, Galium pumilum, Galium mollugo, Globularia bisnagarica (plusieurs plages), Carlina vulgaris, Cirsium acaule, Hieracium pilosella, Hieracium murorum, Hieracium glaucinum, Hieracium lachenalii, Leontodon hispidus, Senecio jacobaea, Inula conyzae, Carex flacca, Sesleria caerulea (abondante), Brachypodium pinnatum, Melica ciliata, Festuca lemanii, Bromus erectus, Poa compressa, Koeleria macrantha, Allium sphaerocephalon (abondant notamment sur falaise), Asplenium ruta-muraria; bryophytes et lichens.
La Carrière du Trou de l'Oeuf (fichier carrières Na/582/11)
D'après A. Remacle: cette petite carrière de calcaire, ouverte dans le versant gauche de la vallée de la Joncquière, comprend un radier dominant la rue du Moulin, dammé et fréquenté (places à feu), et une falaise haute d'une quinzaine de m, subverticale et irrégulière. La végétation herbacée comprend diverses plantes calcicoles dont la plus intéressante est Teucrium montanum. Le site héberge Podarcis muralis.
Les ligneux, peu nombreux, sont représentés par les espèces suivantes: Salix caprea, jeunes Fraxinus excelsior, Crataegus monogyna, Rosa canina, Viburnum lantana, Cornus sanguinea, Cotoneaster horizontalis, Clematis vitalba, ...
La strate herbacée globale est principalement composée d'espèces de pelouses calcicoles et d'ourlets: notamment Helleborus foetidus, Rumex scutatus, Helianthemum nummularium, Sedum album, Sedum acre, Potentilla neumanniana, Sanguisorba minor, Hippocrepis comosa, Ononis repens, Euphorbia cyparissias, Linum catharticum, Bupleurum falcatum, Pimpinella saxifraga, Seseli libanotis, Daucus carota (fond), Vincetoxicum hirundinaria, Teucrium chamaedrys, Teucrium montanum (falaise), Teucrium botrys, Thymus pulegioides, Origanum vulgare, Plantago media, Galium mollugo, Globularia bisnagarica (abondante), Scabiosa columbaria, Carlina vulgaris, Cirsium acaule, Centaurea scabiosa, Centaurea (Jacea) sp., Hieracium pilosella, Solidago virgaurea, Senecio jacobaea, Picris hieracioides, Sesleria caerulea, Brachypodium pinnatum, Allium cf. sphaerocephalon, Asplenium ruta-muraria, Ceterach officinarum (> 10 touffes sur rocher).
La Carrière du Sanglier (fichier carrières: Na/582/10)
On y observe (notamment d'après J. Saintenoy-Simon):
- des pelouses de l'Alysso-Sedion à Sedum album, Aphanes arvensis, Arabis hirsuta subsp. hirsuta, Cerastium pumilum, Geranium columbinum, Saxifraga tridactylites, Thlaspi perfoliatum, Cladonia rangiformis, Fulgensia fulgens, ... ;
- des pelouses du Xerobromion avec Sesleria caerulea, Anthericum liliago, Globularia bisnagarica, Hippocrepis comosa, Orchis simia, Taraxacum laevigatum, Teucrium chamaedrys, Teucrium montanum, ... ;
- des pelouses du Mesobromion à Brachypodium pinnatum, Bromus erectus, Hieracium maculatum, Hieracium lachenalii, Primula veris, Festuca lemanii, Carex flacca, Carlina vulgaris, Euphorbia cyparissias, Gymnadenia conopsea, Lotus corniculatus, Pimpinella saxifraga, Carex caryophyllea, Helianthemum nummularium subsp. nummularium, Leontodon hispidus, ... ;
- des pelouses à Melica ciliata ;
- un groupement à Rumex scutatus fixateur d'éboulis ;
- un groupement chasmophytique à Asplenium ruta-muraria et Asplenium trichomanes ;
- des éléments de pelouses d'ourlet à Agrimonia eupatoria, Aquilegia vulgaris, Astragalus glycyphyllos, Digitalis lutea, Euphorbia amygdaloides, Helleborus foetidus, Origanum vulgare, Polygonatum odoratum, Solidago virgaurea, Stachys alpina, Viola hirta, ... ;
- des fourrés à Prunus spinosa, Crataegus monogyna, Rosa canina, Rosa rubiginosa, Clematis vitalba, etc. ;
- des fourrés thermophiles du Berberidion avec Viburnum lantana, Rhamnus cathartica, Ligustrum vulgare, Cornus sanguinea, Berberis vulgaris, etc.
- des fourrés pionniers à Betula pendula et Salix caprea.
- des pinèdes à Pinus sylvestris et Pinus nigra, sur le plateau, avec sous-bois relativement diversifié: Quercus robur, Quercus petraea, Fraxinus excelsior, Fagus sylvatica, Tilia platyphyllos, Sorbus torminalis, Pyrus pyraster, Corylus avellana, Cornus sanguinea, Hedera helix, Orchis mascula, etc.
D'après A. Remacle: très peu embroussaillée, cette ancienne carrière comprend une petite excavation inférieure, au fond assez ombragé et arboré, une excavation supérieure plus étendue et un pierrier donnant sur la rue des Carrières. Le site, globalement très pierreux, montre une végétation de pelouse xérophile ou mésophile selon les endroits.
Les ligneux qui colonisent le site sont représentés par les espèces suivantes: Salix caprea, Betula pendula, Prunus spinosa, Cornus sanguinea, Crataegus monogyna, Rosa rubiginosa, Rosa canina, Viburnum lantana, Rhamnus cathartica, Ligustrum vulgare, Clematis vitalba,...
La strate herbacée est notamment composée d'espèces de pelouses sèches et très sèches, d'espèces d'ourlets et d'espèces d'éboulis: Helleborus foetidus, Aquilegia vulgaris, Rumex scutatus, Thlaspi perfoliatum, Arabis hirsuta, Viola hirta, Helianthemum nummularium, Saxifraga tridactylites, Sedum album, Potentilla neumanniana, P. reptans (partie basse), Sanguisorba minor, Agrimonia eupatoria, Aphanes arvensis, Hippocrepis comosa, Ononis repens, Lotus corniculatus, Euphorbia cyparissias, Erodium cicutarium, Geranium columbinum, Linum catharticum, Pimpinella saxifraga, Vincetoxicum hirundinaria, Echium vulgare, Teucrium montanum, Teucrium chamaedrys (très abondante), Teucrium botrys, Thymus pulegioides, Acinos arvensis, Origanum vulgare, Digitalis lutea, Globularia bisnagarica, Galium mollugo, Campanula rotundifolia, Dipsacus fullonum (partie basse), Cirsium acaule, Carlina vulgaris, Hieracium maculatum, Hieracium murorum, Hieracium lachenalii, Hieracium pilosella, Leontodon hispidus, Inula conyzae, Solidago virgaurea, Picris hieracioides, Leontodon autumnalis, Carex flacca, Carex caryophyllea, Sesleria caerulea (abondante), Brachypodium pinnatum, Bromus erectus, Festuca lemanii, Melica ciliata, Briza media, Poa compressa, Anthericum liliago (> 70 plants), Polygonatum odoratum, Epipactis atrorubens (> 15 pieds), Asplenium ruta-muraria, Asplenium trichomanes,...; bryophytes et lichens (e.a. Cladonia rangiformis et Fulgensia fulgens - Saintenoy-Simon, 1999).
Les petites carrières orientales (fichier carrières Na/582/13)
On y observe (notamment d'après J. Saintenoy-Simon):
- des pelouses de l'Alysso-Sedion à Sedum album, Aphanes arvensis, Arabis hirsuta subsp. hirsuta, Cerastium pumilum, Geranium columbinum, Saxifraga tridactylites, Thlaspi perfoliatum, Catapodium rigidum, Cladonia rangiformis, Fulgensia fulgens, ... ;
- des pelouses du Xerobromion avec Sesleria caerulea, Seseli libanotis, Anthericum liliago, Globularia bisnagarica, Hippocrepis comosa, Orchis simia, Minuartia hybrida, Teucrium chamaedrys, Teucrium montanum, Scabiosa columbaria subsp. columbaria, ... ;
- un groupement chasmophytique à Asplenium ruta-muraria et Asplenium trichomanes, où l'on retrouve aussi Teucrium montanum et Melica ciliata;
- des pelouses du Mesobromion à Brachypodium pinnatum, Bromus erectus, Hieracium maculatum, Hieracium lachenalii, Primula veris, Festuca lemanii, Carex flacca, Carlina vulgaris, Euphorbia cyparissias, Gymnadenia conopsea, Anthyllis vulneraria, Lotus corniculatus, Pimpinella saxifraga, Carex caryophyllea, Helianthemum nummularium subsp. nummularium, Leontodon hispidus, ... ;
- un groupement à Rumex scutatus très bien représenté sur les vastes éboulis et pierriers ;
- des éléments de pelouses d'ourlet à Agrimonia eupatoria, Aquilegia vulgaris, Astragalus glycyphyllos, Digitalis lutea, Euphorbia amygdaloides, Helleborus foetidus, Origanum vulgare, Polygonatum odoratum, Solidago virgaurea, Stachys alpina, Viola hirta, ... ;
- des fourrés à Prunus spinosa, Crataegus monogyna, Rosa canina, Rosa rubiginosa, Clematis vitalba, etc. ;
- des fourrés thermophiles du Berberidion avec Viburnum lantana, Rhamnus cathartica, Ligustrum vulgare, Cornus sanguinea, Berberis vulgaris, etc.
- des fourrés pionniers à Betula pendula et Salix caprea.
- des pinèdes à Pinus sylvestris et Pinus nigra, avec en sous-bois Quercus robur, Sorbus torminalis, Pyrus pyraster, Corylus avellana, Daphne mezereum, Hedera helix, Orchis mascula, etc.
- des chênaies-charmaies à Carex digitata et Orchis mascula.
Aperçu de la faune de la Montagne de la Carrière
Le substrat calcaire, l'exposition favorable, la diversité floristique et la coexistence de différents habitats entrainent la présence d'une faune (et en particulier d'une entomofaune) d'une exceptionnelle richesse, incluant de nombreuses espèces xéro-thermophiles.
Ainsi, plus de 60 espèces de Lépidoptères rhopalocères (papillons diurnes) ont été recensées à ce jour. Certaines sont bien représentées et typiques des pelouses sèches et des zones rocheuses exposées, comme le némusien (Lasiommata maera), le bleu nacré (Lysandra coridon), le fluoré (Colias alfacariensis) ou encore l'hespérie du chiendent (Thymelicus acteon).
Les orthoptères rassemblent au moins 23 espèces, ce qui fait de la Montagne de la Carrière l'un des sites les plus riches de Wallonie (voir notamment DEVRIESE, 2009). Les éléments les plus intéressants sont Gomphocerippus rufus, Metrioptera bicolor, Metrioptera brachyptera, Myrmeleotettix maculatus, Nemobius sylvestris, Oedipoda caerulescens, Omocestus rufipes, Omocestus viridulus, Phaneroptera falcata, Platycleis albopunctata, Stenobothrus lineatus, Tetrix bipunctata et Tetrix tenuicornis.
Les hyménoptères aculéates (guêpes, abeilles et fourmis) n'ont été que partiellement inventoriés mais de nombreuses espèces peu communes ont déjà été notées. Il s'agit notamment d'un des rares sites abritant les 5 osmies hélicicoles de Belgique (Osmia aurulenta, Osmia bicolor, Osmia rufohirta, Osmia andrenoides et Osmia spinulosa).
Les fourmis, étudiées par LEMAL (1978) et plus récemment par BAUGNEE (2004) comptent au moins 26 espèces, parmi lesquelles figurent Aphaenogaster subterranea, Camponotus ligniperdus, Camponotus piceus, Formica cunicularia, Formica pratensis, Formica sanguinea, Lasius alienus, Lasius brunneus, Lasius emarginatus, Lasius flavus, Lasius fuliginosus, Lasius umbratus, Temnothorax interruptus, Temnothorax parvulus, Temnothorax unifasciatus, Myrmica schencki, Solenopsis fugax.
Les Hétéroptères, ou punaises, sont très abondants, avec beaucoup d'espèces rares. Entrainant la formation d'une galle florale sur Teucrium montanum, le tingide Copium teucrii trouve ici son unique localité belge actuellement connue. La punaise prédatrice Rhynocoris erythropus n'est connue que de quelques sites rocheux du bassin mosan.
L'avifaune renferme également plusieurs espèces intéressantes. Le caractère rocheux et la relative tranquilité du site sont favorables à la présence du grand-duc d'Europe (Bubo bubo), dont on trouve régulièrement des restes de repas (hérissons, e.a.). Le pic noir (Dryocopus martius) est présent dans les pinèdes.