Le site de Bonnerieu est constitué d'un ancien champ de moto-cross situé sur le plateau agricole le long de la route Mazée-Vaucelles. Depuis son classement en réserve naturelle domaniale, l'endroit est clôturé et pâturé par des moutons 1 fois tous les 2 ans, plutôt en fin d'été.
Il renferme des pelouses sèches plus ou moins xériques en fonction de la profondeur du substrat: plutôt mésophile sur le haut et dans les ornières (présence de Carex tomentosa, e.a.), plus xérophile dans les secteurs décapés par le passage des motos, avec notamment Globularia bisnagarica, Hippocrepis comosa ...
Quelques fourrés à Prunus spinosa, Crataegus monogyna et bosquets à Betula pendula, Quercus robur, Pinus sylvestris ponctuent cette pelouse.
A l'ouest, la pelouse est plus mésotrophe et a été jadis dégradée par des dépôts anciens comme en témoigne la présence de diverses espèces rudérales (en majeure partie, hors enclos).
Ce site est connu pour abriter l'unique station d'Antennaria dioica subsistant en pelouse calcicole: il s'agit d'un clone femelle formant une plage de 3 mètres carrés sur un secteur décapé par le passage des motos).
Il a également une importance majeure pour Orchis morio (plusieurs centaines d'individus en mai 2015) mais abrite également de belles populations d'O. mascula, Platanthera chlorantha, Gymnadenia conopsea, etc.
La lisière du bois au nord de la route est également intéressante et héberge quelques espèces calcicoles. Dans le prolongement ouest, on trouve en outre quelques fragments de pelouse dégradée tandis qu'une prairie fleurie s'est développée sur l'ancien terrain de football, à l'abandon depuis quelques années.
Le site de Bonnerieu présente un grand intérêt faunistique, en particulier entomologique, mais jusqu'à présent seuls quelques groupes classiques ont été documentés de manière satisfaisante.
Du point de vue herpétologique, il se distingue également par la présence d'au moins 4 espèces de reptiles: la couleuvre à collier (Natrix natrix), surtout observée sur la lisière forestière au nord du chemin, l'orvet fragile (Anguis fragilis), peu abondant, le lézard vivipare (Zootoca vivipara) et la coronelle lisse (Coronella austriaca) en très petit nombre (GRAITSON, 2015).
Avec 32 espèces signalées au cours des deux dernières décennies, la diversité des papillons de jour est remarquable pour un site si peu étendu (2 ha). On y observe nombre d'espèces rares ou semi-rares et typiques des pelouses sèches comme la petite violette (Boloria dia), le point de Hongrie (Erynnis tages), l'argus frêle (Cupido minimus), le céphale (Coenonympha arcania), le demi-deuil (Melanargia galathea), l'argus bleu nacré (Lysandra coridon) ou encore la rarissime hespérie du chiendent (Thymelicus acteon) encore notée en 2011.
D'autres espèces davantage liées aux lisières et zones embroussaillées sont présentes également, tel que l'argus vert (Callophrys rubi), la lucine (Hamearis lucina), le grand nacré (Argynnis aglaja), le thécla du prunier (Satyrium pruni), le gazé (Aporia crataegi), ...
Certains papillons encore observés sur le site au début des années 2000 n'y ont plus été signalés et leur maintien actuel devrait être confirmé. Le damier de la succise (Euphydryas aurinia) est dans ce cas mais revoir cette espèce en situation critique en Wallonie paraît peu probable.
Autre groupe très bien représenté sur le site, les Orthoptères comptent près de vingt espèces, dont le sténobothre ligné (Stenobothrus lineatus), la decticelle bicolore (Metrioptera bicolor), la decticelle bariolée (Metrioptera roeselii) mais aussi la decticelle des bruyères (Metrioptera brachyptera), sauterelle davantage typique des landes. On soulignera d'ailleurs la présence sur un même site des trois espèces de Metrioptera de Wallonie, fait rare au niveau régional.
C'est de ce site que l'Hémiptère Cicadellidae nord-américain Kyboasca maligna fut signalé pour la première fois de la Région paléarctique (1 mâle capturé en 1995, BAUGNEE, 2003).