La Mellier, ou ruisseau de Mellier, est un petit cours d'eau de l'Ardenne méridionale qui nait de la conjonction de différents ruisseaux issus des plateaux situés entre Assenois et Léglise. Il s'écoule sur une dizaine de kilomètre au fond d'une vallée relativement étroite orientée dans un axe nord-sud, traversant au passage la petite localité de Mellier, puis la vaste ceinture boisée des forêts de Neufchâteau et de Rulles, jusqu'à sa confluence avec la Rulles, près de Marbehan, aux portes de la Lorraine belge. En tant que sous-affluent de la Semois, ce cours d'eau appartient donc au bassin hydrographique de la Meuse.
Le site considéré ici s'étend au sud de Mellier, depuis la rue de la Gare jusqu'aux Forges de Mellier, soit une distance de 1500 m. Le fond de la vallée y est situé vers 380 m d'altitude et dépasse rarement 100 m de large. Il est emprunté par une voie ferrée importante, la ligne SNCB 162 Namur-Arlon, aménagée ici sur remblais, ainsi que par deux routes, la rue de la Bougeoise qui conduit de Mellier à Marbehan par la rive droite, et la rue des Forges qui, via la rive gauche, rejoint la première au niveau des Forges de Mellier. La vallée entre Mellier et Marbehan comprend deux étangs, celui des Forges, d'environ un hectare, et celui des Basses Forges, situé plus aval, hors périmètre.
Entre la voie ferrée, la rue de la Gare et la rue des Forges, en rive gauche de la Mellier, la zone alluviale est quelque peu élargie et abrite la réserve naturelle agréée de Mellier (Natagora) couvrant environ 3,5 ha. Elle prend assise sur des sols alluvionnaires très humides voire marécageux et une petite zone inondée a été créée par le castor dans la partie aval de la réserve.
Du point de vue géologique, le site repose sur des alluvions modernes des vallées, tandis que les reliefs environnants sont formés de roches datant du Siegenien inférieur (Dévonien inférieur): il s'agit ici du faciès d'Anlier caractérisé par des bancs de phyllades et des schistes en alternance des quartzophyllades et des amas de quartzites (rarement un peu calcareux). La faille d'Herbeumont, qui traverse la région d'est en ouest, marque un chevauchement majeur (voir ASSELBERGHS, 1946).
La vallée de la Mellier comprise entre le village de Mellier et les Forges de Mellier n'a pas encore été suffisamment documentée en ce qui concerne les habitats et la flore actuellement présents.
Seule la végétation des parcelles constituant la réserve naturelle Natagora a été décrite de façon synthétique dans le dossier de demande d'agrément (RNOB, 1998). On y trouve:
- une très vaste mégaphorbiaie assez nitrophile à reine des prés (Filipendula ulmaria), bistorte (Persicaria bistorta), gaillet gratteron (Galium aparine), grande ortie (Urtica dioica), vesce en épi (Vicia cracca), lysimaque vulgaire (Lysimachia vulgaris), populage (Caltha palustris), épilobe cilié (Epilobium ciliatum), scirpe des bois (Scirpus sylvaticus), vulpin des prés (Alopecurus pratensis), renouée amphibie (Persicaria amphibia), ...;
- des lambeaux de magnocariçaie à laiche aiguë (Carex acuta) localisés aux zones en dépression et pénétrés ici et là par la bistorte (Persicaria bistorta), le populage (Caltha palustris), la scutellaire toque (Scutellaria galericulata), etc.;
- une roselière à baldingère (Phalaris arundinacea), principalement au pied de la ligne de chemin de fer, en mélange avec le liseron des haies (Calystegia sepium), la reine des prés (Filipendula ulmaria), le chiendent rampant (Elymus repens), la grande ortie (Urtica dioica), le gaillet gratteron (Galium aparine), ...;
- une prairie de fauche relictuelle à canche cespiteuse (Deschampsia cespitosa), bistorte (Persicaria bistorta), cirse des marais (Cirsium palustre), etc.;
- une friche herbeuse sur sol plus sec, avec le fromental (Arrhenatherum elatius), le chiendent rampant (Elymus repens), le cirse des champs (Cirsium arvense), e.a.;
- une colonisation forestière sous couvert de saules marsaults (Salix caprea) avec l'aubépine à un style (Crataegus monogyna), l'herbe aux goutteux (Aegopodium podagraria), le cerfeuil sauvage (Anthriscus sylvestris), le lamier blanc (Lamium album), l'épiaire des bois (Stachys sylvatica), etc.;
- des fourrés de saule cendré (Salix cinerea).
Une actualisation des données de cette belle zone alluviale serait nécessaire, d'autant que depuis quelques années, l'installation du castor (Castor fiber) a entrainé l'ennoiement de la portion aval de la réserve.
Les informations relatives à la flore aquatique du cours d'eau ainsi que de l'étang des Forges ne sont pas disponibles.
Juste au nord de cet étang, en contrebas de la rue de la Bourgeoise, s'étend une petite prairie enclavée (0,6 ha) inventoriée et restaurée dans le cadre du projet LIFE Herbages. Les relevés effectués en 2015 et 2016 (obs. P. Verté, M. Vanschepdael et Y. Martin) regroupent une cinquantaine d'espèces de plantes herbacées dont le gaillet mou (Galium mollugo), la tanaisie commune (Tanacetum vulgare), le plantain lancéolé (Plantago lanceolata), le trèfle des prés (Trifolium pratense), la centaurée jacée (Centaurea jacea), la patience des prés (Rumex acetosa), la vesce des haies (Vicia sepium), le lotier corniculé (Lotus corniculatus), la porcelle enracinée (Hypochaeris radicata), le cerfeuil sauvage (Anthriscus sylvestris), le fromental (Arrhenatherum elatius), l'alchémille vert jaunâtre (Alchemilla xanthochlora), la berce commune (Heracleum sphondylium), l'angélique des bois (Angelica sylvestris), le dactyle aggloméré (Dactylis glomerata), la lampsane (Lapsana communis), le liondent hispide (Leontodon hispidus), l'épilobe en épi (Epilobium angustifolium), l'eupatoire chanvrine (Eupatorium cannabinum), la pensée tricolore (Viola tricolor), l'achillée millefeuille (Achillea millefolium), le crépis des prés (Crepis biennis), la campanule à feuilles rondes (Campanula rotundifolia), le gaillet croisette (Cruciata laevipes), l'agrostis capillaire (Agrostis capillaris), la crételle (Cynosurus cristatus), le solidage verge d'or (Solidago virgaurea), la houlque laineuse (Holcus lanatus), la houlque molle (Holcus mollis), la baldingère (Phalaris arundinacea), le petit rhinanthe (Rhinanthus minor), l'achillée sternutatoire (Achillea ptarmica), la flouve odorante (Anthoxanthum odoratum), la gesse des prés (Lathyrus pratensis), l'avoine dorée (Trisetum flavescens), le salsifis des prés (Tragopogon pratensis), le céraiste commun (Cerastium fontanum), la mauve musquée (Malva moschata), etc.
Le domaine ferroviaire fait l'objet d'une fiche distincte (SGIB 3122).
Quant au peuplement faunistique de cette portion de la vallée de la Mellier, les données demeurent fragmentaires mais celles qui existent font état de la présence de diverses espèces intéressantes, notamment parmi les papillons diurnes, l'herpétofaune et les oiseaux d'eau.