Le site de Modave comprend des prairies, un ancien verger, des jardins, un très grand parc, des bois de feuillus, des plantations de feuillus et de résineux, des pelouses artificielles, aménagées dans les fonds de vallon, des pelouses calcaires,...
Les plateaux
Au voisinage du château, la vue était jadis presqu'entièrement dégagée. Le plateau était occupé par des prairies et par un ancien verger. La plus grande partie des prairies a été plantée de hêtres, le verger a été planté de peupliers et souffre de l'ombre portée par ces arbres. Sa disparition est inéluctable.
Le paysage qui était très ouvert est maintenant fermé et l'aspect des abords du château est fort modifié (voir 44).
La carte topographique au 1/20.000e (1867, revue en 1903, complétée en 1947) montre que le plateau situé entre le ruisseau de Pailhe et le Hoyoux, à l'est du bois de la Drève, n'était pas boisé. il y avait entre autres (d'après O. d'OULTREMONT) une très vaste prairie pâturée par des moutons encore pendant la guerre de 40-45 et immédiatement après celle-ci. Ce site a été entièrement reboisé dans les quarante dernières années. D'autre part, une partie du plateau situé au sud des fonds de Morva a également été reboisé à une époque relativement récente. On y trouve des plantations de mélèzes, d'épicéas, de frêne et d'aulnes (voir 44).
Les forêts de plateau sont des chênaies, des chênaies-frênaies parfois riches en hêtres dont la strate herbacée traduit l'existence d'un sol riche et frais : Anemone nemorosa, Primula elatior, Arum maculatum, Pulmonaria montana, Sanicula europaea, Lamium galeobdolon subsp. montanum, Luzula pilosa, Ajuga reptans, Cardamine pratensis, Deschampsia cespitosa, Epipactis helleborine, etc. avec localement quelques espèces plus acidiphiles comme Luzula luzuloides (Fraxino-Carpinion).
Les versants
Le parc occupe une grande partie des versants calcaires de la vallée du Hoyoux, restés assez naturels. On y trouve des arbres remarquables : hêtres, charmes, tilleuls, épicéas, sapins de taille imposante. Taxus baccata, Chamaecyparis lawsoniana, Buxus sempervirens, Lonicera xylosteum, Prunus padus y ont été introduits.
En général, l'encaissement de la vallée est tel que l'effet de versant est 'gommé'. On observe dans la futaie Quercus pedunculata, Fagus sylvatica; dans le taillis de très nombreux Fraxinus excelsior, Acer pseudoplatanus, Corylus avellana. Ribes rubrum, R. grossularia, Lonicera xylosteum accompagnés parfois de Daphne mezereum forment une strate sous-arbustive assez importante. Au sol c'est Mercurialis perennis qui est la plante dominante. Les espèces les plus intéressantes qui l'accompagnent sont Asplenium scolopendrium, Polystichum aculeatum, Anemone ranunculoides et en bas de versant Pulmonaria montana, Allium ursinum, Corydalis solida, Dipsacus pilosus (Fraxino-Aceretum). Cystopteris fragilis est très fréquent sur les rochers ombragés.
Des fragments de hêtraie existent sur les sommets des affleurements rocheux.
L'unique versant de psammite famennien montre une végétation tout à fait acidiphile formée d'une chênaie mêlée de mélèze et de bouleau verruqueux. Vaccinium myrtillus, Deschampsia flexuosa, Pteridium aquilinum, Carex pilulifera, des ronciers parfois étendus, et même des fragments de landes à Calluna vulgaris en sont les éléments les plus marquants (Quercion robori-petraeae).
Le fond du vallon de Morva, situé au pied du tige psammitique, est d'un intérêt exceptionnel de par la présence de l'unique localité naturelle connue de la rarissime fougère Matteuccia struthiopteris, parfois introduite ailleurs pour des raisons ornementales.
Une graminée médico-européenne intéressante, Poa chaixii, tapisse les flancs de ce vallon.
La plaine alluviale du Hoyoux
Les vallons sont la plupart du temps très artificialisés par la CIBE. Des plantations, des pelouses remplacent la forêt alluviale naturelle et le cours du Hoyoux est partiellement canalisé. Les tronçons restés assez naturels sont le domaine de l'ormaie-frênaie alluviale, parfois très riche en Petasites hybridus (Ulmenion) et de la frênaie-aulnaie.
Des prairies existent encore à certains endroits (Trou Al Wesse). Elles rassemblent des graminées comme Arrhenatherum elatius, Dactylis glomerata, Poa pratensis,... et sont abondamment fleuries par Lathyrus pratensis, Heracleum sphondylium, Angelica sylvestris, Pimpinella major, Torilis japonica, Agrimonia repens, Valeriana repens, Knautia arvensis, Lotus corniculatus, Senecio jacobea, Tragopogon pratensis, etc (Arrhenatherion). Ces prairies sont en voie de colonisation par Prunus spinosa, Salix caprea, Corylus avellana,...
Les rives du Hoyoux portent Caltha palustris, Chrysosplenium alternifolium, C. oppositifolium, Cardamine amara, Carex remota, Iris pseudacorus, Epilobium hirsutum, Lycopus europaeus, Eupatorium cannabinum, Phalaris arundinacea, Mentha aquatica, Agropyrum caninum, Scrophularia auriculata, etc. Gagea lutea existe en certains endroits de la plaine alluviale.
Dans le Hoyoux, on peut observer entre autre Nasturtium officinale, Veronica beccabunga, Groenlandia densa
Les pelouses calcaires
Des pelouses calcaires existent à différents endroits de la réserve (prés de Pont-de-Bonne, à Petit-Modave, au Trou Al Wesse). Certaines sont à rattacher au Festucion pallentis par la présence de Festuca pallens, Melica ciliata, Teucrium botrys,..., à l'Alysso-Sedion par la présence de Sedum album, S. rupestre, S. sexangulare,... sur les replats plus terreux, au Mesobromion riches en espèces, dominées par les graminées Sesleria caerulea, Bromus erectus, Festuca lemanii, Poa compressa, Koeleria macrantha, Briza media avec en outre Helianthemum nummularium subsp. nummularium, Centaurea scabiosa, Thymus pulegioides, Anthyllis vulneraria, Scabiosa columbaria, Sanguisorba minor, Pimpinella saxifraga, Cirsium acaule, Carlina vulgaris, Epipactis atrorubens, Campanula rotundifolia, Allium sphaerocephalum, Silene nutans, S. vulgaris, etc.
S'y ajoutent des espèces d'ourlet comme Digitalis lutea, Vincetoxicum hirundinaria, Viola hirta, Verbascum lychnitis, Polygonatum odoratum, Origanum vulgare, Calamintha clinopodium, Helleborus foetidus, Brachypodium sylvaticum, des fourrés des Prunetalia et du Berberidion avec Crataegus monogyna, Cornus sanguinea, Prunus spinosa, Cornus mas, Rhamnus cathartica, Rosa rubiginosa, R. tomentosa, R. canina, Clematis vitalba, dans lesquels germent les espèces forestières.