L'Ilèwe (aussi dénommé Hileau ou encore Hilan) est un ruisseau qui nait sur le piémont de l'Ardenne au sein de la Forêt domaniale de Javingue, vers 350 m d'altitude. Il s'écoule en direction du nord pendant environ 3 km, essentiellement sous couvert forestier, avant d'aborder la dépression de la Famenne, à l'ouest du village de Javingue. A partir de là, le cours d'eau bifurque légèrement vers le nord-est et franchit la plaine herbagère située à l'ouest de Beauraing en frôlant le village de Baronville avant d'atteindre Wiesme au bout de 8,5 km. Après ce dernier village, l'Ilèwe serpente au sein d'une vallée forestière s'inscrivant dans un paysage particulièrement vallonné et sauvage, et à peu près dépourvue d'habitations et de voies de communication, à l'exception notoire de la ligne de chemin de fer Dinant-Beauraing qui emprunte le fond de vallée. Au bout de 5500 m et après avoir reçu pas moins de sept minuscules affluents, le ruisseau rejoint la Lesse à Houyet, un peu en amont de la gare ferroviaire, à 120 m d'altitude.
Le périmètre désigné ici s'étend sur près de 600 ha autour de la vallée de l'Ilèwe en incluant l'ensemble du massif forestier qui l'entoure et dans lequel prennent source ses différents affluents. Est exclu ici le vallon du Nocke, lequel est englobé dans le site voisin du Tienne du Grand Sart (SGIB 1446).
Au sud (en amont donc), ce périmètre commence dès la sortie du village de Wiesme, au niveau de la tranchée ferroviaire un peu au-delà de l'ancienne gare. Vers l'ouest, en rive gauche, l'Ilèwe reçoit un premier affluent issu du Bois de Lahimont puis dévalant le Bois d'Hautine; ce ruisselet anonyme conflue au niveau d'un petit étang après un bref parcours de 980 m. Trois autres affluents se succèdent en rive gauche de l'Ilèwe: un ru, anonyme également, d'à peine 510 m de long, puis le ruisseau de Romoine, le plus important (1930 m de long) et alimenté par la source dite "Fontaine du Fond d'al Bôle", et enfin le ruisseau du Fond de Ridou (1700 m de long) formé par la conjonction de deux sources, la "Fontaine de Ridou" (au nord) et la "Fontaine du Fond d'Irou" (au sud).
En rive droite, le principal affluent provient du Fond de Moiri, au sein du Bois du Roi; il se jette dans l'Ilèwe juste au nord du village de Wiesme, en marge sud du site. Un deuxième affluent, mineur, apparaît environ 1500 m plus en aval, au Fond de Scrupia où se trouve une source dite "Fontaine du Fond de Scrupia". Un peu plus loin s'écoule un autre ruisselet intermittent d'à peine 300 m, au lieu-dit "Fontaine de l'Aijelire", et un dernier également tout petit, encore plus aval, à l'endroit dénommé "Fontaine du Mirguet".
La limite nord (aval donc) du site est marquée par la route Houyet-Feschaux (N929), et celle à l'est et au sud-est par la route Wiesme-Houyet qui longe d'autre part le Bois du Roi.
Le relief est généralement accusé avec des dénivelés parfois assez importants. Le fond de la vallée de l'Ilèwe se trouve vers 130 m d'altitude, tandis que les sommets des crêtes culminent à 270 m. Vu le tracé sinueux de la rivière et de ses affluents, les terrains sont d'orientations très variées.
Cette portion de la vallée de l'Ilèwe se situe dans la région continentale et le district phytogéographique mosan.
La végétation et la flore de ce vaste site principalement forestier de près de 600 ha reste à décrire de façon formelle, les données étant souvent fragmentaires et/ou imprécises. Des informations relatives aux habitats sont seulement disponibles pour la zone Natura 2000 qui n'englobe ici qu'une petite partie de la vallée de l'Ilèwe et le bois de Fauramont.
La végétation forestière est composée de chênaies-charmaies famenniennes, de chênaies-charmaies neutrophiles, de plantations résineuses (épicéas, sapins de douglas, pins), de peupleraies alluviales, etc. Les milieux ouverts se rencontrent ici et là dans le fond de la vallée et sur ses versants, dans les coupes laissées à leur évolution, le long de certains chemins...
Au nord de l'ancienne gare de Wiesme, la tranchée du chemin de fer est bordée de talus schisteux et schisto-calcaires bien exposés et d'un grand intérêt botanique et lichénologique. Le cortège floristique se compose principalement des espèces herbacées suivantes: hélianthème jaune (Helianthemum nummularium), fétuque à feuilles d'épaisseur variable (Festuca heteropachys), cardamine hirsute (Cardamine hirsuta), drave printanière (Erophila verna), drave des murailles (Draba muralis), germandrée scorodoine (Teucrium scorodonia), arabette des sables (Cardaminopsis arenosa s.l.), fausse capillaire (Asplenium trichomanes), doradille noire (Asplenium adiantum-nigrum), doradille du nord (Asplenium septentrionale), phalangère à fleurs de lis (Anthericum liliago), valérianelle carénée (Valerianella locusta f. carinata), silène penché (Silene nutans), polypode vulgaire (Polypodium vulgare s.s.), orpin réfléchi (Sedum rupestre), dompte-venin (Vincetoxicum hirundinaria), petite pimprenelle (Sanguisorba minor), géranium herbe à Robert (Geranium robertianum), arabette de Thalius (Arabidopsis thaliana), ...
Ces pelouses souvent de surface faible sont envahies de divers ligneux comme le genêt à balais (Cytisus scoparius), l'aubépine à un style (Crataegus monogyna), le prunellier (Prunus spinosa), le saule marsault (Salix caprea), le noisetier (Corylus avellana), etc.
Les chemins qui quadrillent les bois et leurs lisières associées ne sont pas dépourvus d'intérêt floristiques et certaines espèces rarissimes y trouvent parfois refuge. C'est ainsi qu'une petite station de limoselle aquatique (Limosella aquatica) a été découverte en 2009 sur une ornière de chemin au lieu-dit Fosse de Scrupia. On peut aussi mentionner la gypsophile des moissons (Gypsophila muralis) notée le long de la route Wiesme-Houyet en 2011
Globalement, les milieux prairiaux sont assez limités mais souvent très intéressants. Ainsi, une parcelle de prairie de fauche non fertilisée particulièrement riche s'étend au sein d'une petite clairière forestière accolée à la route Wiesme-Houyet, à hauteur du Bois de Fauramont. Un relevé daté de la mi-mai 2009 comprend le fromental (Arrhenatherum elatius), la centaurée jacée (Centaurea jacea), le millepertuis perforé (Hypericum perforatum), le colchique d'automne (Colchicum autumnale), le lychnis fleur de coucou (Lychnis flos-cuculi), l'alchemille vert jaunâtre (Alchemilla xanthochlora), la laiche glauque (Carex flacca), la gesse des prés (Lathyrus pratensis), la flouve odorante (Anthoxanthum odoratum), la véronique petit-chêne (Veronica chamaedrys), le salsifis des prés (Tragopogon pratensis), la berce commune (Heracleum sphondylium), le lotier corniculé (Lotus corniculatus), l'avoine pubescente (Avenula pubescens), le sélin à feuilles de carvi (Selinum carvifolia), le gaillet croisette (Cruciata laevipes), la brunelle commune (Prunella vulgaris), le bugle rampant (Ajuga reptans), la petite pimprenelle (Sanguisorba minor), la grande marguerite (Leucanthemum vulgare), le gaillet mou (Galium mollugo), l'agrostide commun (Agrostis capillaris), l'achillée millefeuille (Achillea millefolium), le crépis des prés (Crepis biennis), l'anthrisque sauvage (Anthriscus sylvestris), la laiche pâle (Carex pallescens), le petit rhinanthe (Rhinanthus minor), la fétuque rouge (Festuca rubra), etc.
A l'est du site, une petite carrière calcaire est présente le long d'un chemin semi-forestier qui part de la route Houyet-Wiesme en direction de l'Ilèwe. Dans l'inventaire des carrières désaffectées de la Région wallonne, elle est identifiée sous l'appellation "Carrière Doyare" et c'est d'ailleurs le seul site d'extraction recensé dans les limites du périmètre. D'après les observations de A. Remacle datées de 1996, cette petite zone d'un are à peine renferme une petite falaise et sert régulièrement de lieu d'entrepôt pour les grumes.
En dehors des ligneux de plus en plus envahissants - entre autres chêne pédonculé (Quercus robur), merisier (Prunus avium), saule marsault (Salix caprea), jeunes frênes (Fraxinus excelsior), aubépine à une style (Crataegus monogyna), noisetier (Corylus avellana), cornouiller sanguin (Cornus sanguinea), églantier (Rosa canina), genêt à balais (Cytisus scoparius), lierre (Hedera helix), clématite des haies (Clematis vitalba) et ronces (Rubus sp.) - on y observe une végétation herbacée composée principalement d'espèces de pelouses sèches, d'espèces prairiales et de lisières forestières: hellébore fétide (Helleborus foetidus), millepertuis perforé (Hypericum perforatum), millepertuis velu (Hypericum hirsutum), hélianthème jaune (Helianthemum nummularium), potentille printanière (Potentilla neumanniana), potentille rampante (Potentilla reptans), petite pimprenelle (Sanguisorba minor), fraisier des bois (Fragaria vesca), aigremoine eupatoire (Agrimonia eupatoria), lotier corniculé (Lotus corniculatus), bugrane rampante (Ononis repens), mélilot élevé (Melilotus altissimus), luzerne lupuline (Medicago lupulina), petit boucage (Pimpinella saxifraga), serpolet commun (Thymus pulegioides), origan (Origanum vulgare), clinopode (Clinopodium vulgare), épiaire des bois (Stachys sylvatica), lierre terrestre (Glechoma hederacea), campanule à feuilles rondes (Campanula rotundifolia), gaillet mou (Galium mollugo), knautie des champs (Knautia arvensis), solidage verge d'or (Solidago virgaurea), inule conyze (Inula conyzae), liondent hispide (Leontodon hispidus), épervière piloselle (Hieracium pilosella), achillée millefeuille (Achillea millefolium), centaurée jacée (Centaurea jacea), calamagrostis commun (Calamagrostis epigejos), amourette (Briza media), brachypode des bois (Brachypodium sylvaticum), fougère mâle (Dryopteris filix-mas), etc.
Dans le nord du site, le Fond d'Irou est fort occupé par les jeunes plantations résineuses et feuillues et par les coupes forestières. Les chemins qui le traverse y sont plus ou moins bien éclairés et accueillent une flore mélangeant les espèces acidophiles, neutrophiles voire calciphiles, et des éléments de pelouses sèches, et de prairies et de lisières: digitale pourpre (Digitalis purpurea), sureau rouge (Sambucus racemosa), véronique officinale (Veronica officinalis), violette de Rivinus (Viola riviniana), menthe des champs (Mentha arvensis), origan (Origanum vulgare), picride fausse épervière (Picris hieracioides), érythrée petite-centaurée (Centaurium erythraea), silène penché (Silene nutans), campanule à feuilles rondes (Campanula rotundifolia), petite cigüe (Aethusa cynapium), campanule raiponce (Campanula rapunculus), succise des prés (Succisa pratensis), géranium colombin (Geranium columbinum), euphraise raide (Euphrasia stricta), fléole noueuse (Phleum nodosum), potentille argentée (Potentilla argentea), pâturin comprimé (Poa compressa), vipérine (Echium vulgare), molène noire (Verbascum nigrum), hélianthème jaune (Helianthemum nummularium), scléranthe annuel (Scleranthus annuus), crételle (Cynosurus cristatus), knautie des champs (Knautia arvensis), œillet velu (Dianthus armeria), liondent d'automne (Leontodon autumnalis), torilis faux-cerfeuil (Torilis japonica), etc.
Le peuplement faunistique de la vallée de l'Ilèwe a fait l'objet de nombreuses observations courantes mais peu d'inventaires suivis et aucune synthèse n'a été réalisée à ce jour. Les données disponibles témoignent néanmoins de l'existence de nombreuses espèces de haute valeur patrimoniale.
L'avifaune forestière est particulièrement bien représentée: pic noir (Dryocopus martius), pic mar (Dendrocopos medius), pic épeiche (Dendrocopos major), pic vert (Pics viridis), pic épeichette (Dendrocopos minor), grosbec casse-noyaux (Coccothraustes coccothraustes), bondrée apivore (Pernis apivorus), épervier d'Europe (Accipiter nisus), bécasse des bois (Scolopax rusticola), etc. Hôte typique et fidèle de ce type de vallée, le martin-pêcheur d'Europe (Alcedo atthis) y est régulièrement aperçu et y niche peut-être. D'autres espèces peu communes sont notées comme le grand corbeau (Corvus corax), la locustelle tachetée (Locustella naevia), le coucou gris (Cuculus canorus), ...
Les abords de la voie ferrée qui traverse la vallée du sud au nord se révèlent être très favorables pour l'herpétofaune: pas moins de cinq espèces de reptiles y sont en effet présentes dont une importante population de lézard des murailles (Podarcis muralis) et de son prédateur principal, la coronelle lisse (Coronella austriaca). Ce peuplement remarquable est suivi de près depuis plusieurs années par un biologiste de Natagora (E. Graitson).
De petites mares, fossés et autres points d'eau accueillent divers amphibiens, dont la grenouille de Lessona (Pelophylax lessonae) et l'alyte accoucheur (Alytes obstetricans).
Dans l'Ilèwe vivent une quinzaine d'espèces de poissons dont certaines sont indicatrices d'une bonne qualité bio-chimique de ses eaux. Des inventaires réalisés en 1996 puis en 2018 par les services de la Région wallonne (DEMNA-DNE) à la sortie du massif forestier, juste en amont de Houyet, font état de la présence du chabot (Cottus gobio s.l.), de la lamproie de Planer (Lampetra planeri), de la truite fario (Salmo trutta fario), de la loche franche (Barbatula barbatula), du vairon (Phoxinus phoxinus), de la perche fluviatile (Perca fluviatilis), du gardon (Rutilus rutilus), de l'épinoche (Gasterosteus aculeatus), du goujon (Gobio gobio), du chevaine (Squalius cephalus).
Parmi les invertébrés aquatiques, l'Ilèwe accueille notamment la perle Leuctra geniculata, les éphémères Serratella ignita et Ephemera danica, le diptère Athericidae Atrichops crassipes, la crevette Gammarus fossarum, l'hétéroptère Gerridae Aquarius najas, le mollusque dulcicole Ancylus fluviatilis, etc.
Parmi les organismes terrestres, de nombreuses données ont été réunies ces dernières années par des naturalistes locaux (e.a. par G. Minet et M. Paquay) mais restent à synthétiser. Le groupe des papillons de jour (Rhopalocères) est certainement le mieux documenté de l'entomofaune, avec pas moins de 40 espèces signalées, dont la grande Tortue (Nymphalis polychloros), le thécla de l'yeuse (Satyrium ilicis), le tabac d'Espagne (Argynnis paphia), le petit sylvain (Limenitis camilla), le damier noir (Melitaea diamina), l'hespérie de la mauve (Pyrgus malvae), le demi-deuil (Melanargia galathea), etc.