Le Bois de la Côre ou de la Sente s'étend en Gaume le long de la frontière française, à 1,5 km au sud du village de Ruette et à environ 6 km au sud-est de Virton. Il occupe un plateau de la côte bajocienne culminant à l'altitude de 380 m ainsi que le versant nord donnant sur la vallée du Ruisseau des Grosses Fontaines. L'une des caractéristiques les plus remarquables du site est la présence de nombreuses dépressions marquant le sol et considérées par certains comme des dolines (phénomènes karstiques) et par d'autres comme d'anciens sites d'extraction de pierres. En tous cas, dans l'ensemble formé par le Bois de la Côre et le Bois de Grandcourt, on y a extrait du calcaire bajocien et du minerai de fer.
A ce sujet, Caubergs (1970) considère qu'il s'agit de dolines «qui foisonnent sur plus de 1 km le long du chemin forestier»; l'Atlas du karst wallon (1994) mentionne «un ensemble de vastes dépressions liées à l'ancienne activité d'extraction»; quant à Parent (1960), il n'en dit rien dans son article sur les phénomènes karstiques de la Bajocienne. Par ailleurs, Chevalier & Caudron (1995 - convention ULg-DGATLP) signale «de nombreux trous à pierres qui forment un ensemble de dépressions de 2 à 3 m de profondeur maximum, où il n'y a pas d'affleurement observable». Malgré le couvert forestier dense, ces microreliefs sont très bien rendus actuellement grâce à la technologie LIDAR.
Dans le cadre de l'inventaire des carrières désaffectées de la Région wallonne, A. Remacle a décrit de façon détaillée l'excavation principale: celle-ci est localisée une centaine de mètres au sud d'un vieux chemin carrossable (dit chemin du Comité) reliant Grandcourt à Ruette via Malmaison. Elle est accessible au départ de ce chemin, par un sentier qui débute à proximité d'une friche occupant l'emplacement d'une excavation utilisée comme dépotoir. De l'ensemble des dépressions présentes dans ce bois au sud du grand chemin, il s'agit de l'excavation la plus intéressante car la plus grande, la plus rocheuse et la plus profonde. Cette dépression, accessible par l'ouest, est allongée dans l'axe ouest/nord-ouest – est/sud-est sur une longueur de près de 200 m et se prolonge vers l'est, au-delà d'un sentier, sur une faible distance. Les talus, nuls vers l'ouest, atteignent une hauteur maximale de 15-20 m dans la partie centrale; ils sont assez abrupts et la roche en place y affleure dans le haut, leur partie inférieure étant éboulée. Vers l'est, le fond de l'excavation devient fort étroit et encombré de blocs rocheux et d'arbres morts rendant la progression difficile. La végétation de la partie occidentale, moins ombragée, est semblable à celle du bois environnant, tandis que, dans la partie orientale plus rocheuse, elle se caractérise par l'abondance et la diversité des fougères.
Du point de vue phytogéographique, le Bois de la Côre se situe dans le district lorrain.
Le Bois de la Côre fait partie du vaste massif forestier couvrant la côte bajocienne tout le long de la frontière française, de Torgny à Grandcourt. Le peuplement est principalement constitué de hêtraies neutrophiles médio-européennes à mélique et de hêtraies calcicoles médio-européennes, mais on y observe également des chênaies-frênaies subatlantiques neutrophiles de substitution à la hêtraie ainsi que quelques fragments d'érablaies à scolopendre. En outre, le ruisseau de l'Aunaie, un petit cours d'eau appartenant au bassin de la Chiers, y prend sa source. Des inventaires ont été réalisés notamment dans le cadre de la cartographique du site Natura 2000 BE34066 «Vallée du Ton et Côte bajocienne de Montquintin à Ruette».
Sur presque l'ensemble du site, le sol est littéralement miné de nombreuses fosses, dépressions et autres excavations, le plus souvent de petites dimensions. Une excavation plus importante a été décrite par A. Remacle dans le cadre de l'inventaire des carrières désaffectées de la Région wallonne : boisée depuis longtemps, cette fosse comporte une forêt de ravin à Fraxinus excelsior, Acer pseudoplatanus, A. platanoides, Tilia platyphyllos, Ulmus glabra, Fagus sylvatica, avec un sous-bois peu développé, composé de Corylus avellana, Lonicera xylosteum (> 5 pieds), Sambucus racemosa, Ribes uva-crispa et de la liane Lonicera periclymenum. Dans la strate herbacée apparaissent diverses espèces forestières présentes dans la futaie environnante: Ranunculus auricomus, R. ficaria, Viola reichenbachiana, Circaea lutetiana, Mercurialis perennis, Geranium robertianum, Angelica sylvestris, Pulmonaria obscura, Lamium galeobdolon, Ajuga reptans, Campanula trachelium, Galium odoratum, Mycelis muralis, Carex sylvatica, C. digitata, Milium effusum, Arum maculatum, Paris quadrifolia, Polygonatum multiflorum, ainsi que de très nombreuses fougères: Asplenium scolopendrium (fort abondante), Polystichum aculeatum (abondante, surtout dans la partie orientale - la présence de l'hybride P. x bicknellii devrait être contrôlée; ce taxon est en effet mentionné par Parent, 1997, dans le vallon des Grosses Fontaines à Grandcourt), Cystopteris fragilis (un peu partout, surtout sur les blocs rocheux), Dryopteris filix-mas, D. dilatata, Athyrium filix-femina et Asplenium trichomanes (rochers). La strate muscinale est bien développée.