Le site a été décrit une première fois par A. Remacle en 2004, sous le nom «Carrière de Boirs», dans le cadre de l'inventaire des carrières et sablières désaffectées de la Région wallonne, en ces termes: «Cette ancienne carrière a été ouverte au sud du village de Boirs, dans un court vallon aboutissant à la vallée du Geer, au niveau de la sortie autoroutière. Sa falaise longue de 700 m est parallèle à l'autoroute d'où elle est bien visible. On y a exploité, comme dans de nombreuses carrières de cette région, de la craie du Crétacé supérieur. Cette carrière allongée est accessible par le chemin agricole prolongeant vers le sud la courte rue dénommée Sous les Bois. Etant en grande partie occupée par des prés (prés de fauche et pâturés, avec des parties abandonnées), elle est clôturée et pourvue d'une barrière donnant accès à la partie nord.
Elle peut être divisée en plusieurs secteurs:
- Le secteur septentrional, plus large que le reste, correspond à une prairie plane, limitée vers l'est et le sud par la falaise crayeuse (avec silex), qui, à cet endroit, est la plus élevée; elle est subverticale dans la moitié supérieure et éboulée dans le bas. Un petit replat fort embroussaillé domine le fragment de falaise à l'extrémité nord-est.
- Le secteur intermédiaire, le plus long, est limité vers l'est par le prolongement de la falaise dont le pied est éboulé et caillouteux, et vers l'ouest par un talus en pente vers le chemin parallèle à l'autoroute. La partie nord, où pousse une végétation riche en plantes de friches (y compris la pente ouest), a peut-être servi de versage (présence à plusieurs endroits d'amas de tuyaux en béton et d'une ruine en béton); le reste est une prairie qui se termine vers l'ouest par une pente herbeuse piquetée d'arbustes.
- Le secteur méridional est plus large que le secteur intermédiaire et n'est plus entretenu (prairie abandonnée). Le replat de ce secteur se trouve à un niveau plus haut que celui du secteur précédent. Il est limité vers l'est par un talus peu pentu et non par un fragment de falaise.
La bordure supérieure de cette longue falaise crayeuse est en général très étroite; elle est fortement envahie de ronciers, de genêts et autres arbustes, les zones encore ouvertes étant globalement peu étendues et parfois inaccessibles»
A cette époque, toujours d'après A. Remacle, la fréquentation du site était très faible (essentiellement par l'agriculteur) et il subsistait un tas de tuyaux en béton dans la partie nord du secteur intermédiaire, ainsi qu'un petit versage dans le secteur nord (déchets déversés du chemin menant aux terrains agricoles du plateau).
A la suite de la création de la réserve naturelle du Thier de Boirs à cet endroit par acquisition de 9,3 ha de terrains par l'asbl Natagora en décembre 2017, le site a de nouveau fait l'objet d'une description complète dans le Plan de gestion transmis à la Région wallonne pour obtenir son agrément (KLEIJNEN et al., 2018). Ces données sont résumées ci-après.
Le site se trouve dans l'extrémité orientale de la Région limoneuse et donc, par conséquence, du district phytogéograpique brabançon. Il appartient au bassin hydrographique mosan, sous-bassin du Geer.
Outre l'autoroute E313 Liège-Tongres qui longe l'ouest de la réserve et le chemin de fer qui passe à proximité de sa limite nord de celle-ci, il existe un chemin agricole délimitant la partie nord avant de s'éloigner à l'est et un second qui dessine la limite ouest de la réserve, au pied du versant.
Selon la carte des sols, le site repose sur des terrains secs et calcaires, sur des craies du Crétacé. La falaise délimitant l'est de la réserve sur toute sa longueur permet d'observer ces craies datant de la formation de Maastricht, constituées de calcarénite assez grossière et de débris de coquilles, visible sur environ 5 m de longueur et moins de 2 m de hauteur; ces roches sont directement surmontées par des sables limoneux, eux-mêmes surmontés par des cailloutis typiques de terrasses fluviatiles.
La majeure partie du site montre des sols constitués de remblais (OE) qui ont servi à combler les anciennes fosses d'extraction. Le nord-est de la réserve se caractérise par un sol limono-caillouteux à charge de silexite, de gravier ou de conglomérat et à drainage naturel principalement favorable (GbBx). Des sols limoneux à drainage naturel favorable sont présents au sud-ouest (Abp0).
Une étude menée par l'université de Gand à la demande du projet Life Pays Mosan, dans le but d'étudier les teneurs en phosphore du sol montre que le pH est supérieur à 7,5 sur l'ensemble de la réserve et même supérieur à 8 dans la partie centrale et que la teneur en phosphore (ols) y varie de 5 à 40 mg/kg.
Le relief est globalement peu accusé, en dehors des falaises, vestiges de l'ancienne activité extractrice de la craie. L'altitude du site varie entre 90 m et 130 m au sommet des falaises.
Le Thier de Boirs prend place dans un environnement rural. Outre les infrastructures de transport (autoroute à l'ouest, chemins agricoles, voie ferrée au nord), les abords immédiats sont constitués de lisières arborées au nord et au sud, de champs au nord-ouest, au sud et au sud-est, de prairies pâturées à l'est, avec vergers au nord-est, et de prairies de fauche au sud-ouest. Le pourtour du site est souligné par des fourrés dont la largeur oscille entre 1 et 10 m. L'entrée principale de la réserve, située au nord, et la seconde entrée, située au sud-ouest, donnent toutes deux sur des prairies, actuellement fauchées. Celles-ci forment le coeur de la réserve et sont les plus importantes en termes de surface, s'étendant sur toute la longueur du site. Les pelouses calcaires sont quant à elles cantonnées dans la partie sud-est de la réserve où elles occupent les replats et les sommets de falaises.
Sur le plan botanique, le site a été décrit initialement sous le nom «Carrière de Boirs» par A. Remacle en 2004, dans le cadre de l'inventaire des carrières et sablières désaffectées de la Région wallonne, de la façon suivante:
«Cette ancienne carrière, inscrite au plan de secteur en zone de loisirs, est enclavée dans le site Natura 2000 de la vallée du Geer. Les parties les plus intéressantes sont, d'une part, le secteur méridional et, d'autre part, la falaise et ses abords supérieurs, là où arbustes et ronciers ne présentent pas un recouvrement trop important. Les ligneux y sont représentés par Betula pendula, Salix caprea, Quercus robur, Prunus avium, Cornus sanguinea, Crataegus monogyna, Prunus spinosa, Rosa canina, R. rugosa, Ligustrum vulgare, Sambucus nigra, Cotoneaster horizontalis, Clematis vitalba,...
La falaise, constituée d'une partie supérieure avec lambeaux de pelouse et d'une partie inférieure érodée et caillouteuse, présente une végétation herbacée discontinue, constituée d'un spectre d'espèces assez large, incluant non seulement des espèces de pelouses, de prairies et d'ourlets, mais aussi des espèces pionnières des milieux anthropiques. Les plantes relevées ici sont globalement: Arabidopsis thaliana, Reseda luteola, Sanguisorba minor, les fabacées Ononis spinosa (abondant), Lotus corniculatus, Anthyllis vulneraria, Trifolium campestre et Melilotus albus, Pimpinella saxifraga, Daucus carota, Solanum dulcamara, Echium vulgare, Galeopsis angustifolia, Thymus pulegioides, Origanum vulgare, Teucrium scorodonia, Linaria vulgaris, Campanula rotundifolia, Galium pumilum, G. verum, Scabiosa columbaria, diverses astéracées parmi lesquelles Leontodon hispidus, Hieracium pilosella, Leucanthemum vulgare, Senecio inaequidens, S. jacobaea, Crepis polymorpha, Picris hieracioides, les poacées Brachypodium pinnatum, Briza media, Arrhenatherum elatius, Poa compressa, Festuca filiformis, Koeleria macrantha et Catapodium rigidum. En de nombreux endroits, le pied de la falaise est colonisé par des buissons et des nitrophytes (notamment Urtica dioica, Galium aparine, Cruciata laevipes, Eupatorium cannabinum, Cirsium arvense).
Le secteur méridional comprend une partie inférieure plane dominée par Arrhenatherum elatius, accompagné entre autres d'Urtica dioica, Cirsium arvense et Rubus sp., et d'une partie en pente où le tapis graminéen, relativement dense et composé majoritairement de Brachypodium pinnatum, relève du Mesobromion. On retrouve dans ce secteur la plupart des plantes poussant sur la falaise crayeuse, mais aussi d'autres espèces de pelouses et d'ourlets, comme Avenula pubescens, Ranunculus bulbosus, R. acris, Viola hirta, Agrimonia eupatoria, Potentilla neumanniana, Linum catharticum, Polygala vulgaris, Clinopodium vulgare, Stachys officinalis, Plantago media, Verbascum nigrum, Cuscuta epithymum, Carlina vulgaris, Cirsium acaule, Carex flacca et C. caryophyllea.
L'espace entre le sommet de la falaise et les pâtures voisines est fortement embroussaillé suite au développement d'une fruticée discontinue, de grands ronciers et de massifs de Cytisus scoparius. Dans les zones encore ouvertes, de surface souvent réduite, croissent des plantes calciphiles telles Cerastium arvense, mais aussi quelques acidiphiles comme Rumex acetosella.
Dans la partie basse le long du chemin parallèle à l'autoroute, plusieurs plantes introduites ont été notées: Parthenocissus inserta, Symphoricarpos albus et Lathyrus latifolius. La partie du pré en pente vers ce chemin est relativement intéressante vers le sud, avec la présence de nombreux Ononis spinosa et de Centaurium erythraea.»
Une décennie plus tard, la situation semble avoir relativement peu évolué du point de vue botanique. Les principaux habitats rencontrés au sein de la réserve naturelle ont été décrits dans le Plan de gestion élaboré par Natagora (KLEIJNEN et al., 2018) et sont résumés ci-après.
Habitats ouverts:
Des prairies de fauche de basse altitude peu à moyennement fertilisées correspondent à l'ensemble de la partie basse de la réserve, soit les trois quarts de la surface. Les espèces typiques sont Arrhenatherum elatius, Centaurea jacea, Festuca rubra, Heracleum sphondylium, Leucanthemum vulgare, Galium verum, Pimpinella saxifraga, en mélange avec Dactylis glomerata, Equisetum arvense, Alopecurus pratensis, Aethusa cynapium, Anthoxanthum odoratum, Origanum vulgare, Plantago lanceolata, Poa trivialis, Taraxacum sp., Trifolium pratense.
Des prairies pâturées permanentes pas ou peu fertilisées occupent principalement le centre dans la réserve. Ces prairies sont ponctuées de quelques arbustes marquant un front de colonisation de la forêt. Les plantes caractéristiques sont Agrostis capillaris, Anthoxanthum odoratum, Cynosurus cristatus, Dactylis glomerata, Festuca rubra, Galium verum, Holcus lanatus, Hypochaeris radicata, Medicago lupulina, Poa pratensis, Leontodon autumnalis, Trifolium repens. On y observe aussi l'abondance de Achillea millefolium, Agrimonia eupatoria, Arrhenatherum elatius, Artemisia vulgaris, Centaurea jacea, Cirsium arvense, Crataegus monogyna, Dipsacus fullonum, Echium vulgare, Equisetum arvense, Heracleum sphondylium, Hieracium sp., Hypericum perforatum, Melilotus albus, Origanum vulgare, Plantago lanceolata, Poa trivialis, Prunella vulgaris, Senecio jacobaea, Sonchus asper, Tanacetum vulgare et Urtica dioica.
Des pelouses calcicoles mésophiles et mésoxérophiles sont majoritairement cantonnées dans le sud-est de la réserve, sur les replats calcaires et la partie supérieure des falaises. Même s'il ne montre pas la richesse de la Montagne Saint-Pierre, cet habitat est remarquable pour la région limoneuse et renferme nombre d'espèces typiques, pour la plupart rares dans la région: Brachypodium pinnatum, Anthyllis vulneraria, Briza media, Carex flacca, Echium vulgare, Galium verum, Hieracium pilosella,Scabiosa columbaria, Lotus corniculatus, Ononis spinosa, Origanum vulgare, Sanguisorba minor, Carex caryophyllea, Carex flacca, Catapodium rigidum, Cuscuta epithymum, etc.
Habitats boisés:
En raison de l'historique du site, les milieux boisés sont récents et donc relativement peu développés. Les ligneux se présentent essentiellement à l'état de fourrés de recolonisation et de boisements pionniers âgés d'une quarantaine d'années tout au plus. Ces boisements sont surtout développés dans les parties nord-ouest, sud et sud-est de la réserve où leur largeur est maximale.
Les espèces ligneuses constitutives sont Crataegus monogyna, Prunus spinosa, Clematis vitalba, Cornus sanguinea, Rubus fruticosus, Corylus avellana, Cytisus scoparius, Euonymus europaeus, Acer pseudoplatanus, Sambucus nigra, Sorbus aucuparia, Malus sylvestris, Carpinus betulus, Hedera helix, Rosa canina, Betula pendula, Salix caprea ainsi que les exotiques Robinia pseudoacacia et Buddleja davidii.
Dans les ourlets et sous leur couvert se développent diverses herbacées comme Origanum vulgare, Geranium robertianum, Arctium lappa, Artemisia vulgaris, Galium aparine, Geum aparine, Agrimonia eupatoria, Holcus lanatus, Agrostis capillaris, Deschampsia cespitosa, Lapsana communis, Urtica dioica, Bryonia dioica, etc.
Plus localement, apparaissent des arbustes représentatifs des fourrés thermophiles calcaires comme Rhamnus cathartica, Rosa rubiginosa, Ligustrum vulgare, Acer campestre, ...
Intérêt floristique
Le Thier de Boirs peut être considéré comme un site relativement riche du point de vue botanique, comptabilisant pas moins de 230 espèces de plantes supérieures recensées au cours des vingt dernières années sur une surface de 9,6 hectares (KLEIJNEN et al., 2018).
Dans le contexte régional, plusieurs espèces se distinguent par leur valeur patrimoniale élevée, en raison d'une rareté reconnue, d'un statut de protection et/ou d'une présence sur la liste rouge wallonne: c'est tout spécialement le cas de la petite cuscute (Cuscuta epithymum), petite plante parasite très localisée qui se cantonne surtout dans les pelouses calcicoles et certaines landes. On peut aussi mentionner le catapode rigide (Catapodium rigidum), la Barkhausie à feuilles de pissenlit (Crepis polymorpha), le céphalanthère à grandes fleurs (Cephalanthera damasonium), le rosier rouiller (Rosa rubiginosa) ou encore le millepertuis des montagnes (Hypericum montanum), ce dernier étant également d'une grande rareté en dehors de la Calestienne.
Deux autres plantes bénéficiant d'une protection partielle en Région wallonne se rencontrent sur le site, l'érythrée petite centaurée (Centaurium erythraea), peu abondante, et l'épipactis à larges feuilles (Epipactis helleborine), seule autre orchidée connue localement. Ces espèces sont largement distribuées et leur situation est globalement stable.
Dans le Plan de gestion de Natagora sont mentionnées deux autres plantes suspectes, d'une part, la potentille des rochers (Potentilla rupestris), espèce des rochers calcaréo-siliceux rarissime connue seulement de quelques stations de la région de Ciergnon et Villers-sur-Lesse (il s'agit vraisemblablement d'une erreur de transcription), et d'autre part le myosotis raide (Myosotis stricta), rare, peut-être méconnue, et d'identification délicate, dont la présence, toujours possible, demande toutefois confirmation.
L'occurrence d'une série d'autres plantes peu communes s'avère très intéressante pour la Région limoneuse; ce sont souvent des espèces typiques d'habitats sur calcaire surtout répandues au sud du sillon sambro-mosan (districts mosan et lorrain) et particulièrement rares et localisées au nord de celui-ci: entre autre l'anthyllide vulnéraire (Anthyllis vulneraria), le brachypode penné (Brachypodium pinnatum), l'amourette (Briza media), la campanule à feuille de pêcher (Campanula persicifolia), la laîche glauque (Carex flacca), le cirse acaule (Cirsium acaule), l'euphorbe petit-cyprès (Euphorbia cyparissias), la bugrane épineuse (Ononis spinosa), le galéopsis à feuilles étroites (Galeopsis angustifolia), le gaillet couché (Galium pumilum), la koelérie grêle (Koeleria macrantha), le nerprun purgatif (Rhamnus cathartica), la bétoine officinale (Stachys officinalis), la potentille printanière (Potentilla neumanniana),...
La faune du Thier de Boirs
La faune locale peut être considérée comme modérément connue, seuls les vertébrés ayant fait l'objet d'observations plus ou moins régulières, ainsi que l'un ou l'autre groupe d'invertébrés comme par exemple les très populaires papillons de jour. Ainsi, en 2018, selon le Plan de gestion élaboré par Natagora, la liste faunistique comporte seulement 161 espèces dont une petite centaine d'arthropodes (insectes et araignées).
Du point de vue ornithologique, la réserve accueille plusieurs espèces nicheuses intéressantes des milieux bocagers dont l'hypolaïs polyglotte (Hippolais polyglotta), le rouge-queue à front blanc (Phoenicurus phoenicurus) et le bruant jaune (Emberiza citrinella) qui profite des nombreux arbustes isolés comme poste de chant. Le site est aussi régulièrement visité par de jeunes milans royaux (Milvus milvus) erratiques et par le busard Saint-Martin (Circus cyaneus) en halte migratoire. Le vanneau huppé (Vanellus vanellus) est souvent noté à proximité de la réserve, en particulier durant la période hivernale, de même que le corbeau freux (Corvus frugilegus).
Espèce introduite de longue date en Belgique, le faisan de Colchide (Phasianus colchicus) est présent toute l'année, les oiseaux étant probablement issus des lâchers pour la chasse.
Les mammifères, animaux très discrets s'il en est, sont souvent difficiles à recenser. 5 espèces ont été notées jusqu'ici.
Aucune espèce de reptile ni d'amphibien n'a été observée à ce jour sur le site. L'occurrence de l'orvet (Anguis fragilis) et du lézard vivipare (Zootoca vivipara) y est probable. L'absence de point d'eau limite les potentialités d'accueil pour les amphibiens.
Parmi les araignées, sont à épingler plus particulièrement Cryptachaea riparia et Dipoena melanogaster ainsi que l'observation de «chaussettes» de mygales du genre Atypus (espèce à préciser).
Eu égard sa localisation en région limoneuse, la richesse du Thier de Boirs en papillons de jour est assez élevée (au moins 20 espèces) avec en plus la présence d'éléments rares et localisés au nord du sillon sambro-mosan: le tabac d'Espagne (Argynnis paphia), la grisette (Carcharodus alceae), le demi-argus (Polyommatus semiargus), le point de Hongrie (Erynnis tages), l'hespérie de la mauve (Pyrgus malvae). En outre, le thécla du bouleau (Thecla betulae) a été observé à plusieurs reprises dans les prairies pâturées au centre de la réserve à l'endroit où le prunellier, plante hôte de la chenille, est abondant. On signalera aussi la présence du machaon (Papilio machaon) et, parmi les hétérocères, de l'écaille chinée (Euplagia quadripunctaria) et de zygènes (Zygaena filipendulae surtout).
Les orthoptères devraient faire l'objet d'un suivi plus régulier. Cinq espèces sont connues sur le site, principalement dans les milieux ouverts. Deux espèces encore très rares au nord du sillon sambro-mosan à la fin des années 1990, sont en expansion continue depuis lors et ont colonisé la réserve: il s'agit du criquet des clairières (Chrysochraon dispar) et du phanéroptère commun (Phaneroptera falcata). Le premier est lié à une végétation herbacée dense et plutôt mésohygrophile, le second affectionne les pelouses et friches embuissonnées riches en prunelliers et autres arbustes qui servent de site de ponte.
Les données concernant l'énorme ordre des coléoptères sont très lacunaires avec à peine une petite dizaine d'espèces identifiées. Les plus remarquables sont l'aromie musquée (Aromia moschata) dont l'existence est liée à celle des vieux saules dans lesquels se développe la larve, et le méloé scarabée (Meloe proscarabaeus), un coléoptère terricole que l'on observe surtout au printemps et qui parasite au stade larvaire les nids d'abeilles solitaires. Tous deux sont par ailleurs légalement protégés en Région wallonne. On soulignera aussi l'observation de l'Histéride Haeterius ferrugineus en 1993 (obs. R. Cammaerts) en raison de son intérêt particulier: outre sa grande rareté, ce minuscule coléoptère a un mode de vie spécialisé qui le confine dans les fourmilières, principalement celles des Formica et Lasius (PARMENTIER et al., 2023). Rien n'indique que cette espèce remarquable ne soit plus présente sur le site et mériterait d'y être recherchée.
Autre ordre immense, les hyménoptères sont tout aussi mal connus sur le site, avec seulement une quinzaine d'espèces renseignées (sur les 5000 ou plus vivant sur le territoire wallon). On mentionnera néanmoins la présence d'une importante population de la collète des bruyères (Colletes succinctus) ainsi que l'andrène à pattes fauves (Andrena fuscipes), deux abeilles sauvages strictement associées aux landes à bruyères, les femelles récoltant exclusivement le pollen de ces plantes pour approvisionner leurs larves. L'andrène à pattes fauves est en outre régionalement protégée. Une autre abeille aux mœurs spécialisées, l'osmie rousse (Osmia aurulenta), occupe également le site; elle a la particularité de nidifier dans les coquilles vides d'escargots.
Parmi les autres insectes intéressants à relever figure le fourmilion parisien (Euroleon nostras).