Le texte qui suit provient de la description d'A. REMACLE (2004) dans le cadre de l'inventaire des carrières et sablières de Wallonie, augmentée d'observations plus récentes.
La friche - en cours d'installation durant les années 2000 - est constituée d'espèces semées (graminées banales en faible densité) et surtout d'espèces apparues spontanément à partir notamment du stock grainier contenu dans les terres étalées en vue du réaménagement. La strate herbacée, encore plus ou moins discontinue, se caractérise par l'abondance et la diversité des fabacées, dont le recouvrement global est voisin de 75% (été 2004) dans certains secteurs: Trifolium hybridum, T. repens, T. alexandrinum, T. pratense, T. dubium, T. campestre, Melilotus officinalis, M. albus, Medicago sativa, M. lupulina, Lotus corniculatus, Vicia sativa, V. hirsuta, V. tetrasperma, V. sepium, V. cracca, Astragalus glycyphyllos (assez abondante), Lathyrus sylvestris. Un recensement (non exhaustif) des autres espèces végétales de cette friche en voie d'installation comprend: Ranunculus repens, Saponaria officinalis, Arenaria serpyllifolia, Cerastium fontanum, C. glomeratum, Silene latifolia subsp. alba, Fallopia japonica (bordure vers la rue du Nord belge), Rumex sp., Hypericum perforatum, Barbarea vulgaris, Reseda lutea, R. luteola, Oenothera sp., Daucus carota, Echium vulgare, Symphytum officinale, Origanum vulgare, Stachys palustris, Plantago lanceolata, Odontites vernus, Linaria vulgaris, Verbascum nigrum, Campanula rapunculus, Dipsacus fullonum, diverses astéracées parmi lesquelles Senecio erucifolius, S. inaequidens, Leontodon autumnalis, Picris hieracioides, Tanacetum vulgare, Cirsium arvense, Matricaria maritima subsp. inodora (très abondante en 2004 dans la partie voisine de la Meuse), Crepis biennis, Hypochaeris radicata, Lactuca serriola, Sonchus asper, Erigeron annuus, Conyza canadensis et Pulicaria dysenterica, diverses poacées dont Lolium perenne (semé), Arrhenatherum elatius, Dactylis glomerata, Holcus lanatus, Phleum pratense (touffes éparses), Poa pratensis, P. trivialis, P. compressa, P. annua, Festuca sp. et Bromus hordeaceus.
Le plan d'eau et ses mares annexes abritent, selon A. Remacle, des herbiers aquatiques à Potamogeton crispus (abondant localement), Potamogeton sp. (à feuilles linéaires) et une algue du genre Chara (abondante par endroits). Plus récemment, une certaine abondance de Myriophyllum spicatum et de Ceratophyllum demersum a été constatée, sans qu'on sache si cette présence a une origine récente ou pas ? En 2008, une plante aquatique invasive, Hydrocotyle ranunculoides, était observée localement le long de la berge occidentale, où elle n'a plus été revue récemment (obs. E. Bisteau et J.-Y. Baugnée 2016). Dans les anses calmes se développe aussi des tapis flottant de Lemna minuta, autre espèce invasive apparue elle au cours des dernières années.
Les berges et les îlots sont envahis par des semis et fourrés de Salix spp. (Salix alba notamment) ainsi que des rideaux d'Alnus glutinosa. Sur les berges et dans la partie sud de la zone humide croissent diverses plantes plus ou moins hygrophiles, incluant quelques espèces caractéristiques des berges exondées: Ranunculus sceleratus, Ranunculus (Batrachium) sp. (plusieurs petites plages sur berges), Persicaria maculosa, Polygonum aviculare, Atriplex sp., Rorippa palustris, Lysimachia vulgaris, Potentilla anserina, P. reptans, Lythrum salicaria, Epilobium hirsutum, E. parviflorum, Stachys palustris, Plantago major, Eupatorium cannabinum, Tussilago farfara, Juncus inflexus, J. bufonius, J. effusus, Carex hirta, Carex du groupe de C. spicata, Festuca arundinacea, Equisetum arvense,...
Des roselières, inexistantes ou très fragmentaires dans les années 2000, se sont à présent bien développées, en particulier le long de la berge septentrionale et au niveau du petit plan d'eau oriental. Les massifs de Phragmites australis y sont en expansion, de même que les typhaies à Typha latifolia, plus localement aussi à T. angustifolia. Noté en 2001 (obs. J.-P. Jacob), Schoenoplectus lacustris n'a pas été observé par A. Remacle mais l'espèce est toujours bien présente (plusieurs massifs en 2016 - obs. E. Bisteau et J.-Y. Baugnée).
Des arbres et arbustes ont été plantés à différents endroits, entre autres Alnus glutinosa, Alnus cordata, Salix spp., Fraxinus excelsior, Acer campestre, Carpinus betulus, Sorbus aucuparia, ... Par ailleurs, plusieurs plantes étaient présentes avant le réaménagement de la gravière mais n'ont plus été notée par la suite (E. Melin, in litt.): Erysimum cheiranthoides (encore présent en bordure de Meuse en 2008), Galega officinalis, Securigera varia.
Le site présente un très grand intérêt faunistique et en particulier ornithologique. Il est suivi par plusieurs observateurs locaux, dont P. Loly (Aves-Natagora). Cet intérêt s'amplifiera au fil au fur et à mesure du développement de la végétation, surtout si une partie importante du plan d'eau et de ses abords jouit de la quiétude nécessaire. Au cours de ces dernières années, on y a constaté la nidification de l'Hirondelle de rivage (Riparia riparia - 80 nids en 2004), de la Poule d'eau (Gallinula chloropus), du Tarier pâtre (Saxicola torquata), de la Bergeronnette printanière (Motacilla flava), de la Rousserolle effarvatte (Acrocephalus scirpaceus), et de la Rousserolle verderolle (Acrocephalus palustris), du Bruant des roseaux (Emberiza schoeniclus), la nidification probable du Petit gravelot (Charadrius dubius) et de la Gorgebleue à miroir (Luscinia svecica - 3 mâles cantonnés en 2006), et la présence régulière de Grèbes huppés (Podiceps cristatus), de divers laridés (dont Larus michahellis et Larus ridibundus), du Grand Cormoran (Phalacrocorax carbo), de la Sarcelle d'hiver (Anas crecca),... Le site est exploité comme territoire de chasse par le Faucon pèlerin (Falco peregrinus), nicheur sur la centrale nucléaire de Tihange.
Les amphibiens comptent au moins l'alyte (Alytes obstetricans) et la grenouille rieuse (Pelophylax ridibundus), présente en nombre. Par contre, le crapaud calamite (Bufo calamita), présent avant remblayage des mares, a probablement disparu, provisoirement du moins.
La gravière accueille également un riche cortège d'odonates (au moins 26 espèces à ce jour - données du GT Gomphus), dont le leste brun (Sympecma fusca), très régulièrement observé, ainsi que l'anax napolitain (Anax parthenope), la libellule écarlate (Crocothemis erythraea), l'agrion à longs cercoïdes (Erythromma lindenii), l'agrion nain (Ischnura pumilio), etc.
Les zones de friches entourant le plan d'eau ne sont pas dépourvues d'intérêts. En guise d'illustration, deux hémiptères nouveaux pour la faune belge ont été observés récemment, l'un inféodé aux joncs: Conomelus lorifer, l'autre se développant sur Festuca arundinacea: Ribautodelphax imitans (BAUGNEE et DEN BIEMAN, 2008).
Le site est colonisé par plusieurs espèces exotiques dont certaines montrent un comportement invasif dans nos régions. Deux oiseaux pourraient poser problème à l'avenir, à savoir la bernache du Canada (Branta canadensis) et l'ouette (Alopochen aegyptiacus). Un mollusque aquatique, la corbicule asiatique (Corbicula fluminea), semble très abondante si l'on tient compte des coquilles trouvées sur les rives.