Le coteau «Sur Hohière» est situé dans la vallée de l'Aisne, en bordure nord du petit village d'Aisne, à 8 km de Durbuy et 5 km de Bomal. Il correspond au flanc droit de l'étroite vallée, ici à l'exposition sud à sud-ouest. S'élevant à une altitude de 180 à 220 m, la colline surplombe directement la Voie d'Aisne, petite route venant de Villers-Sainte-Gertrude et rejoignant la nationale 806 dans le village au fond de la vallée.
L'Aisne conflue avec l'Ourthe à Bomal. Le cours d'eau fait donc partie du bassin hydrographique mosan.
Le sous-sol est constitué de calcaires à Stringocéphales et de calcaires à polypiers et à stromatoporoïdes. Une grotte naturelle est présente sur le site, dont l'ouverture se trouve à l'altitude 215 m. Le porche d'entrée se présente comme un abri sous roche constitué d'une salle assez vaste, de forme arrondie et d'une quinzaine de mètres de longueur. La grotte en elle-même débouche dans le fond de cette salle et son ouverture a été fermée par l'UBS avec une grille. Son développement est de 203 m.
Le site est localisé en Calestienne orientale, dans la zone de transition avec l'Ardenne. Il appartient au district phytogéographique mosan.
Le coteau Sur Hohière était, jusqu'il y a peu, largement boisé (pins noirs d'Autriche et feuillus divers) et comportait encore une petite pelouse calcaire de plus en plus menacée par l'embroussaillement. Cette zone ouverte couvrait approximativement 0,31 ha plus quelques tout petits lambeaux de pelouse sèche sous les pins.
Cette pelouse a été considérablement agrandie au début des années 2010, grâce aux travaux de restauration effectués par l'équipe du Life Hélianthème. Le site a ensuite été clôturé afin de permettre une gestion d'entretien par pâturage ovin.
Malgré le manque de relevés disponibles, le site montre déjà une belle diversité d'espèces dont plusieurs possèdent une haute valeur patrimoniale.
Flore
Quelques relevés botaniques ont été effectués jusqu'à présent par H. Ghyselinck, I. Jacobs, J. Claessens et J.-L. Gathoye.
La pinède de Pinus nigra qui couvrait le versant sud de la colline a été exploitée début 2010 dans le cadre du Projet Life Hélianthème, en vue de restaurer les pelouses calcicoles.
Le sous-bois et la lisière de la chênaie-charmaie calcicole montrent une flore assez diversifiée avec notamment l'euphorbe des bois (Euphorbia amygdaloides), la violette hérissée (Viola hirta), l'ancolie vulgaire (Aquilegia vulgaris), l'épiaire des Alpes (Stachys alpina), etc. Outre les arbustes habituels, prunellier (Prunus spinosa) en tête, des espèces typiquement calcicoles sont présentes comme l'alisier torminal (Sorbus torminalis), le cornouiller mâle (Cornus mas), le fusain d'Europe (Euonymus europaeus), ...
La pelouse calcicole est dominée par le brome érigé (Bromus erectus) mais comporte de nombreuses autres espèces, les plus remarquables étant l'orchis homme-pendu (Orchis anthropophora), la gentiane ciliée (Gentianella ciliata), le genévrier commun (Juniperus communis), la néottie nid-d'oiseau (Neottia nidus-avis), la platanthère verdâtre (Platanthera chlorantha) et de l'orchis mâle (Orchis mascula). La présence de ces espèces protégées mais aussi symboliques des pelouses sèches permet de justifier la gestion et l'entretien de cette zone. Un renforcement des populations de Juniperus communis a été réalisé par la plantation, en 2014, de 75 jeunes individus provenant du bouturage d'individus du Tienne des Vignes (Rochefort) et de sites de la vallée de l'Aisne (Hohière, Derrière chez Mélanie).
Les talus de la petite route de la Voie d'Aisne, fauchés régulièrement par les services communaux, accueillent une belle diversité végétale, comme en témoigne les relevés effectués en 1998-1999 dans le cadre de la convention «bords de route» (obs. L. Bailly). Plus de 80 espèces de plantes supérieures y ont ainsi été notées dont de nombreuses caractéristiques des pelouses sèches: Ononis repens, Ranunculus bulbosus, Allium oleraceum, Thymus pulegioides, Brachypodium pinnatum, Sanguisorba minor, Avenula pubescens, Carex flacca, Centaurea scabiosa, Hieracium pilosella, Inula conyzae, Viola hirta, Orchis mascula, Campanula rotundifolia, Galium verum, Bromus erectus, Onobrychis viciifolia, Potentilla neumanniana, Lotus corniculatus, Carex caryophyllea, Vincetoxicum hirundinaria, etc.
Localement, une certaine eutrophisation du milieu se marque par la présence de rudérales comme Urtica dioica, Ranunculus ficaria, Heracleum sphondylium, Anthriscus sylvestris, Geum urbanum, Arum maculatum, Geranium robertianum ou encore Alliaria petiolata.
Faune
Très peu d'inventaires faunistiques ont été menés jusqu'à présent sur le coteau de Hohière.
Les seules données mammalogiques disponibles concernent des chiroptères en hibernation dans la grotte. Un comptage annuel est effectué depuis au moins 2005 par des membres du groupe de travail Plecotus (J.-L. Gathoye et coll.). Le nombre de spécimens comptabilisés est certes assez faible (2-20 selon les années) mais la représentation spécifique particulièrement remarquable, avec pas moins de 8 espèces recensées au cours des dix dernières années. En plus, quatre d'entre-elles sont des espèces d'intérêt communautaire (Rhinolophus ferrumequinum, Myotis bechsteinii, Myotis dasycneme, Myotis myotis), ce qui augmente encore l'intérêt de la grotte de Hohière. Notons que cette cavité est également utilisée comme gîte intermédiaire durant les périodes pré- et posthivernales.
Seules quelques espèces d'oiseaux ont été notées, dont le coucou gris (Cuculus canorus) et le bec croisé des sapins (Loxia curvirostra).
Les quelques observations de reptiles sont dues à E. Graitson (2005) et E. Graitson et C. Uyttenhoven (2010) qui ont recensé jusqu'à présent deux espèces, l'orvet fragile (Anguis fragilis) et la coronelle lisse (Coronella austriaca).
Les principaux relevés entomologiques ont été effectués par H. Ghyselinck et J. Dewyspelaere et concernent essentiellement les papillons de jour et les Orthoptères.
Parmi la petite dizaine d'espèces de papillons, on peut souligner la présence du demi-deuil (Melanargia galathea), caractéristique des prairies semi-naturelles, et du tabac d'Espagne (Argynnis paphia).
Un coléoptère emblématique a été observé récemment sur le coteau: c'est le lucane cerf-volant (Lucanus cervus). Le plus grand coléoptère de Wallonie est aussi une espèce d'intérêt communautaire qui est particulièrement rare dans la région.