La végétation et la flore du ruisseau d'Eclaye et de ses alentours n'ont semble-t-il pas encore fait l'objet d'études particulières. La description que nous en donnons est basée sur des observations effectuées en juillet 2005 (G. Minet, M. Paquay et J.-Y. Baugnée). Celles-ci ont porté plus particulièrement sur le tronçon situé au nord du chemin reliant le village de Pondrôme au hameau de Revogne.
Des fossés peu profonds et envahis par la végétation herbacée sont présents le long du chemin à hauteur du ruisseau. On y observe Galium aparine, Urtica dioica, Carex cuprina, Epilobium hirsutum, Valeriana repens, Juncus inflexus, Berula erecta, Lotus pedunculatus, ... Bien que les zones d'eau libre soient très peu étendues, ces fossés accueillent une petite population de Coenagrion mercuriale, une libellule figurant comme espèce d'intérêt communautaire dans le décret Natura 2000. Jusqu'il y a encore peu de temps, celle-ci n'était connue en Wallonie que dans quelques fossés de la plaine de Focant ainsi qu'en de rares localités de Lorraine; on assiste donc peut être à l'expansion locale de cette intéressante libellule.
Juste au nord du chemin, le ri coule au milieu d'une pâture; il est large d'environ 1,5 m et son fond est assez vaseux. Les berges et le lit sont régulièrement perturbés par le passage des bovins. Dans l'eau, on note Veronica beccabunga, Persicaria hydropiper, Glyceria declinata, Lemna minor, Alisma plantago-aquatica (rare), Ranunculus sceleratus, Nasturtium officinale, Berula erecta, ... Sur les berges et dans la pâture alentours se développent Malva sylvestris, Alopecurus stolonifera, Poa annua, Rorippa sylvestris, Persicaria avicularia, Carduus crispus, Scrophularia umbrosa, Cirsium arvense, Epilobium parviflorum, etc. Plus ponctuellement, on observe Stachys palustris, Lycopus europaeus, Sparganium erectum, Hypericum quadrangulum, Veronica anagallis-aquatica, ... On y retrouve une population de Coenagrion mercuriale plus prospère que dans les fossés et forte d'une centaine de spécimens au moins (en 2005). D'autres odonates plus répandus évoluent également dans le secteur quoiqu'en très faible densité (Calopteryx virgo, C. splendens, Libellula depressa, Gomphus pulchellus, ...)
En amont de ce secteur ouvert, les berges du ruisseau sont occupées par de très vieux Salix alba (incluant sans doute Salix x rubens) dont les troncs sont parcourus de nombreuses crevasses et cavités. Présents également au sud du chemin, ces arbres remarquables, dont certains dépassent les 5 m de tour de tronc, sont à protéger ! Quelques uns d'entre-eux portent Viscum album.
En remontant encore le cours d'eau, on traverse des fourrés de Crataegus monogyna et Prunus spinosa ainsi qu'un massif de Salix purpurea quasi monospécifique. Ce dernier arbuste est à respecter car il héberge une faune entomologique très spécialisée. Une espèce de punaise, Orthotylus interpositus (Miridae), inédite pour la faune belge, a d'ailleurs été découverte lors de notre visite !
On aboutit ensuite dans une zone humide occupée par une mégaphorbiaie ainsi qu'une magnocariçaie, ces deux groupements s'interpénétrant plus ou moins. A cet endroit, la rivière disparait complètement sous la végétation luxuriante comprenant notamment Berula erecta (très developpé) ainsi que Epilobium hirsutum et quelques bouquets de Phragmites australis. Dans la mégaphorbiaie, Filipendula ulmaria est plus ou moins dominant, aux côtés d'Urtica dioica (dispersé !), Valeriana repens, Calystegia sepium, Galium aparine, Caltha palustris, Rumex conglomeratus, Scirpus sylvaticus, etc. Carex acutiformis s'y rencontre également mais constitue par ailleurs un petit peuplement homogène en bordure du massif de saule pourpre. Deux papillons peu communs, Brenthis ino et Melitaea diamina, sont liés à ce secteur : ils se développent respectivement aux dépens de Filipendula ulmaria et de Valeriana repens. On y observe par ailleurs la sauterelle Conocephalus dorsalis et le syrphe Tropidia scita, deux insectes très hygrophiles et dont les populations sont très localisées en Famenne.
S'étendant à une centaine de mètres de là, un étang est en cours d'atterrissement. Il est actuellement ceinturé d'une roselière à Phragmites australis dans laquelle on observe aussi Urtica dioica et quelques autres espèces hygrophiles.
Les flancs du vallon, en pente douce, sont couverts partiellement par des prairies maigres de fauche à Arrhenatherum elatius et Crepis biennis et des pelouses calcicoles mésophiles à Bromus erectus. La flore y est assez diversifiée : Pimpinella saxifraga, Ononis spinosa, Leontodon autumnale, Medicago lupulina, Helianthemum nummularium, Lotus corniculatus, Cirsium acaule, Centaurea gr. jacea, Knautia arvensis, Sanguisorba minor, Galium verum, Senecio jacobaea, Malva moschata, Leucanthemum vulgare, Tragopogon pratensis, Achillea millefolium, Dactylis glomerata, Holcus lanatus, Primula veris, Plantago media, Plantago lanceolata, Rumex acetosa, etc. Cette offre florale est évidemment favorable à l'entomofaune dont les papillons, particulièrement abondants dans ces prairies semi-naturelles (Lycaena tityrus, Melanargia galathea, Aricia agestis, Carcharodus alceae, ...).
Au lieu-dit 'Les Monts', en rive gauche, s'étend une chênaie-charmaie calcicole dont la lisière renferme Corylus avellana, Acer campestre, Rosa arvensis, Viburnum lantana ainsi que quelques Juniperus communis.