Les Fanges de Paradis prennent place au sein du Bois des Fagnes, massif forestier largement enrésiné au cours du 20ème siècle et traversé du nord au sud par l'autoroute E25.
Le site comprend un ensemble d'anciennes coupes d'épicéas sur des terrains paratourbeux très humides, juste à l'ouest de l'autoroute. Ces zones mises en lumière, couvrant une trentaine d'hectares, ont été assez rapidement recolonisées par une végétation très intéressante comme des bas-marais acides, des jonçaies, des landes humides, des fourrés de saules, etc.
L'intérêt botanique du site est important en raison de la présence de nombreuses espèces patrimoniales comme le lycopode en massue (Lycopodium clavatum), le rossolis à feuilles rondes (Drosera rotundifolia), la bruyère quaternée (Erica tetralix), la linaigrette vaginée (Eriophorum vaginatum), la canneberge (Vaccinium oxycoccos), le genêt des Anglais (Genista anglica), le jonc raide (Juncus squarrosus), etc.
La plupart de ces plantes se retrouvent dans les landes humides, aux côtés de divers bryophytes comme Calypogeia fissa, Campylopus flexuosus, Straminergon stramineum, Hylocomium splendens, Hypnum jutlandicum, Pleurozium schreberi, Polytrichum juniperinum, Polytrichum uliginosum, Sphagnum auriculatum, Sphagnum fallax, Sphagnum girgensohnii (abondant et d'aspect variable), Sphagnum inundatum, Sphagnum palustre, Sphagnum russowii, Jungermannia gracillima
On note aussi l'omniprésence de la mousse invasive Campylopus introflexus sur les vieilles souches d'épicéas, en compagnie de Dicranoweisia cirrata, Dicranum montanum, Dicranum scoparium, Mnium hornum, Tetraphis pellucida, etc.
Juste à l'est du chemin qui traverse la RND du nord au sud, s'étend une boulaie à sphaignes très intéressante dont le peuplement bryophytique a été inventorié récemment (A. Sotiaux et al., février 2017): Sphagnum fallax, Sphagnum girgensohnii, Sphagnum palustre, Sphagnum russowii, Campylopus flexuosus, Dicranodontium denudatum (abondant), Dicranum montanum (idem), Dicranum scoparium, Dicranum tauricum (sur souche), Eurhynchium striatum, Hypnum jutlandicum, Isothecium myosuroides (épiphyte), Lepidozia reptans (bois pourrissant), Loeskeobryum brevirostre (très peu abondant), Plagiothecium undulatum, Pohlia nutans, Polytrichastrum formosum, Polytrichum uliginosum, Pseudoscleropodium purum, Rhytidiadelphus triquetrus, Tetraphis pellucida (bois pourrissant), Thuidium tamariscinum.
A l'ouest de ce même chemin, la partie non enrésinée du Bois des Fagnes est occupée par une chênaie pédonculée à bouleau pubescent (Trientalo-Quercetum), riche en bois mort et peu exploitée, et comportant notamment de nombreux houx (Ilex aquifolium). Quelques bryophytes ont été notés sur la lisière ouest: Orthotrichum stramineum (épiphyte), Diplophyllum albicans, Jungermannia gracillima, Sphagnum auriculatum (fossé en bordure du chemin), Pseudoscleropodium purum, ...
On ajoutera encore la découverte exceptionnelle d'un pied d'orchis bouc (Himantoglossum hircinum), en 2014, le long du chemin longeant les fagnes (obs. H. Ghyselinck et al.). La présence de cette orchidée subméditerranéenne et calciphile dans ce site ardennais est totalement inattendue et pourrait trouver son origine dans l'aménagement du chemin avec des gravillons calcaires issus d'une carrière abritant l'espèce (simple hypothèse à vérifier!).
Au cours des hivers 2004-2005 et 2005-2006, plusieurs mares ont été creusées à des endroits dégradés du site. Leur colonisation par la faune aquatique ne s'est pas fait attendre. Ainsi, près de 15 espèces d'odonates ont été recensées l'année suivante, au cours de deux visites seulement (juillet et septembre 2006 - obs. P. Goffart). La présence de deux espèces rares avaient été détectées à l'époque: le leste dryade (Lestes dryas), lié aux eaux stagnantes mésotrophes à niveau fluctuant, en danger en Wallonie, et l'aeshne des joncs (Aeshna juncea), libellule des eaux oligotrophes localisée surtout aux zones tourbeuses (GOFFART et al., 2006). L'intérêt du site pour les libellules s'est encore accru ces dernières années avec l'apparition de deux leucorhines, la leucorrhine douteuse (Leucorrhinia dubia) et la leucorrhine à gros thorax (Leucorrhinia pectoralis), mais aussi du leste verdoyant (Lestes virens), de l'agrion nain (Ischnura pumilio) et même de l'anax napolitain (Anax parthenope), sans doute migrateur. Au total, pas moins de 29 espèces ont été notées au cours des dix dernières années!
Une vingtaine de papillons de jour y ont été observés, parmi lesquels figure l'échiquier (Carterocephalus palaemon), espèce peu commune en Wallonie, assez abondant ici et dont la chenille se nourrit notamment de molinie.
En juillet 2015, une coccinelle rarissime, Oenopia impustulata, a été découverte sur le site, sur un bouleau pubescent en bordure d'une lande humide (obs. P. Bonmariage). Il s'agit seulement de la deuxième localité wallonne répertoriée pour cette espèce essentiellement représentée en Campine.
Ce vaste site de structure variée et en partie forestier, accueille une avifaune riche incluant diverses espèces sensibles dont le pic cendré (Picus canus), la pie-grièche grise (Lanius excubitor), le pipit farlouse (Anthus pratensis), le pic noir (Dryocopus martius), le pouillot siffleur (Phylloscopus sibillatrix), le tarier pâtre (Saxicola rubicola), etc.