Intro
Brève description
Ces anciennes carrières de calcaires se localisent sur le versant droit de la vallée de la Sambre, au sud du village de Labuissière, sur le territoire communal de Merbes-le-Château. S'étalant sur plus d'un kilomètre de longueur et une quinzaine d'hectare de surface, le site est longé au nord par la rue des Usines, à l'ouest par la rue du Calvaire, au sud et à l'est par la rue de Thuin. Au nord commencent les marais de la Haute Sambre, une des zones humides les plus remarquables de la région et réserve naturelle gérée par Natagora. Désaffectées depuis des années, les excavations ont été en bonne partie recolonisées par une végétation forestière dominée par les érables (Acer spp.) et les frênes (Fraxinus excelsior) et où l'exotique robinier faux-acacia (Robinia pseudoacacia) a bien pris sa place. Par endroits, on trouve également quelques fragments d'érablaie de ravin à scolopendre (Asplenium scolopendrium). Un imposant mur de moellons calcaires est toujours en place le long de la rue des Usines. Très moussu, son exposition a favorisé le développement d'un beau peuplement de fougères, dont le cystoptéris fragile (Cystopteris fragilis), rare en val de Sambre. Une zone ouverte assez restreinte subsiste dans la partie centrale avec des éléments de pelouses ouvertes, friches calcicoles et fourrés arbustifs. Une association locale y organise des animations sous le nom de "carrière de l'imaginaire". Trois habitations privées ont été construites dans l'ouest de la carrière, dont une au sein même d'une ancienne fosse d'extraction. Une ancienne galerie souterraine nommée le Trou au Chien existe en outre au sein de la carrière orientale. La faune locale reste à documenter et les observations sont à ce jour peu nombreuses. On mentionnera néanmoins la présence d'une colonie de corbeaux freux (Corvus frugilegus) et de quatre espèces de chauves-souris en hibernation dans la petite galerie du Trou au Chien. Le site ne bénéficie d'aucun statut de protection et n'a pas été inscrit dans le réseau Natura 2000.
Détails
Description physique
Les anciennes carrières Sainte-Anne et des Carmes ont été ouvertes dans le versant droit de la vallée de la Sambre au sud du village de Labuissière, actuellement situé sur le territoire communal de Merbes-le-Château. Au milieu du 19ème siècle, l'activité d'extraction de la pierre calcaire était florissante à cet endroit et on y dénombrait également une scierie de marbre et plusieurs fours à chaux.
Actuellement, ces carrières désaffectées sont en grande partie recolonisées par la végétation forestière. Elles s'alignent dans un axe est-ouest sur 1100 mètres de longueur, depuis la rue du Calvaire, à l'ouest, jusqu'à la rue de Thuin au niveau de l'écluse de Labuissière, à l'est. Au nord, les carrières sont longées par la rue des Usines et le talus y est soutenu par un imposant mur de moellons calcaires. Au-delà de cette route commence la plaine alluviale de la Sambre avec notamment la réserve naturelle des Marais de la Haute Sambre (Natagora). Au sud, le site est séparé de la rue de Thuin par une terre cultivée.
Le relief local est assez vallonné, mais la topographie du site en lui-même est très chahuté du fait de son passé extractif et industriel. L'altitude moyenne y est de 150 m. Le paysage de type rural est dominé par les cultures et les prairies, avec peu de zones boisées. Les carrières sont bordées de plusieurs habitations et l'une d'elles a même été aménagée dans les années 1980 au sein d'une ancienne fosse d'extraction.
Le fond de ces anciennes carrières est parcouru par plusieurs sentiers et chemins et divers aménagements y ont eu lieu ces dernières années, notamment dans le cadre du projet pédagogique "la carrière de l'imaginaire". La partie orientale renferme en outre une galerie souterraine désaffectée dénommée le Trou au Chien.
Description biologique
Situées en bordure de la zone alluviale, au sud de Labuissière, les anciennes carrières Sainte-Anne et des Carmes bordent la réserve naturelle des marais de la Haute-Sambre (une petite partie située au nord de la route est d'ailleurs incluse dans cette réserve).
La végétation, dont l'étude détaillée doit encore être menée, y est évidemment tres différente du marais en lui-même. Les anciennes fosses d'exploitation sont en grande partie recolonisées par des fourrés et un boisement varié à base notamment de Fraxinus excelsior, Acer pseudoplatanus et Robinia pseudoacacia, avec en sous-bois, de nombreuses fougères dont Asplenium scolopendrium particulièrement abondant.
Le mur de moellons calcaires longeant la rue des Usines, d'exposition nord, est particulièrement intéressant sur le plan floristique en raison de la présence d'un beau peuplement de fougères: Polypodium interjectum, Cystopteris fragilis, Asplenium scolopendrium, Asplenium ruta-muraria, Asplenium trichomanes, ainsi que diverses herbacées telles que Geranium robertianum, Mycelis muralis, Hieracium murorum, Poa nemoralis, Moerhingia trinervia, Myosotis arvensis, etc.
Le peuplement faunistique de ces anciennes carrières reste à étudier et est beaucoup moins bien documenté que les marais voisins de la Haute Sambre. Une colonie de héron cendré (Ardea cinerea) est installée depuis quelques années sur un bosquet de la carrière. On note également une corbeautière de corbeau freux (Corvus frugilegus) dans l'extrémité orientale du site.
A épingler également l'intérêt chiroptérologique de la petite galerie du Trou au Chien dans laquelle quatre espèces de chauves-souris ont été notées en hibernation ces dernières années (obs. P. Michaux - GT Plecotus).
En novembre 2006, on a observé dans la carrière des Carmes une population assez importante de l'hélice carénée (Hygromia cinctella), un gastéropode d'origine méridionale nouveau pour la faune belge qui a aussi été découvert simultanément dans la région de Dinant. Quinze ans plus tard, cette espèce a colonisé une grande partie du pays, profitant visiblement du réseau hydrographique.
Monument naturel
Monument historique
Histoire du site
La scierie de marbre Sainte-Anne fut fondée en 1868. Actuellement, l'activité est continuée à proximité de cet ancien site d'extraction, au nord de la rue des Usines, par la société Merbes-Sprimont S.A.
Au début du XXe siècle, l'entreprise connaît un formidable essor et emploie 600 ouvriers. Le marbre de Saint-Anne est exporté à travers le monde, pour le parement et la décoration de palais et d'édifices publics. Le nom de Labuissière est alors connu de l'Allemagne à l'Australie, en passant par l'Italie, la Russie, le Japon et le Brésil.
A présent, ces anciennes carrières font l'objet d'un projet culturel à l'initiative de l'administration communale de Merbes, en collaboration avec les entreprises Larcin, Wanty et Merbes-Sprimont. Appelé les "Carrières de l'Imaginaire", il présente, au travers d'oeuvres intégrées dans cet ensemble, différents thèmes liés à la matière (pierre, bois, terre, verre, fer).