Jusqu'à présent, seul le Bois de Rixensart (env. 100 ha) a fait l'objet d'études au sein du massif forestier. De nombreux relevés floristiques y sont effectués depuis 2001 par G. Weyembergh (plus de 300 espèces de plantes supérieures recensées). tandis que les communautés de lichens ont été étudiés récemment par C. Fontaine.
Schématiquement, les habitats suivants y ont été reconnus jusqu'à présent:
- des hêtraies acidiphiles atlantiques sur sols bruns lessivés ou podzolisés avec leurs variantes humides à Dryopteris spp., Luzula sylvatica, etc.;
- des chênaies-frênaies atlantiques à Hyacinthoides non-scripta;
- des chênaies-frênaies fraîches à Oxalis acetosella, Circaea lutetiana, Carex remota, etc.;
- des landes fragmentaires sur sables bruxelliens à Calluna vulgaris et à Vaccinium myrtillus dont le caractère dégradé apparaît par la présence de Molinia caerulea;
- des ptéridiaies;
- des mises à blanc dominées colonisées par des jonçaies à Juncus effusus, favorisées par le tassement des sols lors de l'exploitation forestière;
- des fourrés de recolonisation sur sols pauvres dominés par Prunus serotina; Betula pendula, Pinus sylvestris, Frangula alnus, Cytisus scoparius, Rubus sp., etc.
- des sources apparaissant au niveau des argiles yprésiennes.
La végétation forestière du Bois de Rixensart a été inventoriée et caractérisée en détail par WEYEMBERGH (2011), sur base des groupes éco-sociologiques tels que définis par NOIRFALISE (1984) dans son répertoire des espèces du sous-bois. Plus récemment, une analyse détaillée de l'évolution récente de la flore est proposée par WEYEMBERGH (2017).
De manière résumée, les groupes écologiques suivants sont présents dans le Bois de Rixensart:
Les groupes des Quercetalia roboris (ordre du chêne pédonculé):
- Le groupe de la myrtille (nettement acidophile et oligotrophe, sur dysmoder) représenté par 12 espèces sur 18 avec Anthoxanthum odoratum, Calluna vulgaris, Carex pilulifera, Carex pallescens, Deschampsia flexuosa, Hieracium umbellatum, Melampyrum pratense, Polypodium vulgare, Pteridium aquilinum, Teucrium scorodonia, Vaccinium myrtillus, Veronica officinalis.
- Le groupe du maianthème (méso-oligotrophe, sur sols moins pauvres, moder) représenté par 8 espèces sur 12 avec Convallaria majalis, Hieracium sabaudum, Holcus mollis, Hypericum pulchrum, Lathyrus linifolius, Luzula pilosa, Maianthemum bifolium, Viola riviniana.
- Le groupe de la molinie (acidophile et hygrocline) représenté par 13 espèces sur 15 avec Blechnum spicant, Carex ovalis, Carex pallescens, Molinia caerulea, Oreopteris limbosperma, Agrostis stolonifera, Epilobium hirsutum, Filipendula ulmaria, Lysimachia nummularia, Lythrum salicaria, Ranunculus repens, Scutellaria galericulata, Valeriana repens.
Les groupes des Fagetalia (ordre du hêtre):
- Le groupe de l'anémone sylvie (à large amplitude ionique) représenté dans sa totalité (14 espèces) avec Anemone nemorosa, Carex sylvatica, Dryopteris filix-mas, Epilobium montanum, Epipactis helleborine, Luzula pilosa, Milium effusum, Oxalis acetosella, Phyteuma spicatum, Poa nemoralis, Polygonatum multiflorum, Scrophularia nodosa, Senecio ovatus, Viola riviniana.
- Le groupe du lamier jaune (à tendance neutrocline) représenté par 5 espèces sur 9 avec Arum maculatum, Carex sylvatica, Lamium galeobdolon, Paris quadrifolia, Viola reichenbachiana, Vicia sepium.
- Le groupe de la circée de Paris (mésotrophe et hygrocline) représenté par 6 espèces sur 7 avec Anthriscus sylvestris, Circaea lutetiana, Glechoma hederacea, Lysimachia nemorum, Stachys sylvatica, Veronica montana.
Les groupes de l'Asperulo-Fagion (ordre du hêtre):
- Le groupe de l'aspérule odorante (mésophile ou neutrocline) représenté par 2 espèces sur 14 avec Melica uniflora, Mercurialis perennis.
Les groupes du Milio-Fagetum (ordre du hêtre):
- Le groupe de la luzule blanche (mésophile et acidocline) représenté par 3 espèces sur 7 avec Digitalis purpurea, Luzula sylvatica, Sambucus racemosa.
Les groupes du Carpinion (ordre du hêtre):
- Le groupe de la stellaire holostée (à large amplitude ionique, préférentiel des chênaies mixtes à charme) représenté par 4 espèces sur 10 avec Brachypodium sylvaticum, Potentilla sterilis, Stellaria holostea, Viburnum opulus.
- Le groupe de la primevère élevée (neutrocline et hygrocline, préférentiel des chênaies mixtes à frêne et coudrier) représenté par 11 espèces sur 20 avec Adoxa moschatellina, Circaea lutetiana, Geum urbanum, Glechoma hederacea, Hyacinthoides non-scripta, Primula elatior, Ranunculus ficaria, Ribes rubrum, Silene dioica, Stachys sylvatica, Veronica montana.
Les groupes de l'Alno-Padion (forêts alluviales):
- Le groupe du cerisier à grappes (méso-hygrophile, neutrocline et modérément nitrophile) représenté par 4 espèces sur 9 avec Aegopodium podagraria, Elymus caninus, Festuca gigantea, Prunus padus.
- Le groupe de la cardamine amère (hygrophile et plus ou moins acidocline) représenté par 6 espèces sur 11 avec Cardamine amara, Carex pendula, Carex remota, Chrysosplenium oppositifolium, Myosoton aquaticum, Rumex sanguineus.
Les groupes de l'Alnion glutinosae (aulnaies marécageuses):
- Le groupe de l'osmonde royale (hygrophile sur substrats oligotrophes et acides) représenté par 5 espèces sur 10 avec Blechnum spicant, Equisetum sylvaticum, Juncus acutiflorus, Lysimachia vulgaris, Oreopteris limbosperma.
- Le groupe de iris jaune (hygrophile sur substrats mésotrophes et neutrocline) représenté par 6 espèces sur 12 avec Angelica sylvestris, Carex paniculata, Iris pseudacorus, Lycopus europaeus, Ribes nigrum, Solanum dulcamara.
- Le groupe du cirse maraîcher (hygrophile sur substrats neutro-basiques) représenté par 6 espèces sur 7 avec Calystegia sepium, Carex acutiformis,Cirsium oleraceum, Equisetum telmateia, Eupatorium cannabinum, Humulus lupulus.
- Le groupe du phragmite (paludicole, des phragmitaies et magnocariçaies lié aux aulnaies) représenté par 4 espèces sur 14 avec Carex acutiformis, Phalaris arundinacea, Phragmites australis, Persicaria hydropiper.
Les autres groupes différentiels du régime hydrique:
- Le groupe de la fougère femelle (acidocline et hygrocline à large amplitude ionique) représenté l'ensemble du cortège: Agrostis stolonifera , Ajuga reptans, Athyrium filix-femina, Cardamine pratensis, Deschampsia cespitosa, Dryopteris carthusiana, Dryopteris dilatata, Persicaria bistorta.
- Le groupe du chardon des marais (acidocline et hygrophile) représenté par 7 espèces sur 13 avec Cirsium palustre, Galium palustre, Juncus conglomeratus, Juncus effusus, Lysimachia vulgaris, Mentha arvensis, Scirpus sylvaticus.
Espèces de forêts anciennes
Outre la diversité des groupes éco-sociologiques, le caractère «ancien» d'une forêt est également un important élément déterminant sa qualité biologique (HONNAY et al., 1999). Plusieurs études ont été consacrées aux espèces ayant une affinité marquée pour les forêts dites anciennes, c'est-à-dire ayant un long passé forestier ininterrompu. La liste de ces espèces de forêts anciennes pour l'ouest de la Belgique comporte en tout 67 taxons.
D'après les inventaires réalisés par WEYEMBERGH (2011), le bois de Rixensart en recèle 46 (soit 69%), ce qui est remarquable pour un massif somme toute isolé et de surface limitée. Une explication est que le bois de Rixensart figurait déjà sur la carte de Ferraris et qu'il a gardé son affectation forestière depuis.
Habitats de grand intérêt biologique
- La lande sèche à Callune (habitat Natura 2000, code 4030) est assez bien représentée, sur une bonne partie du plateau ainsi que sur certains hauts de versants. Calluna vulgaris est favorisé par les éclaircies et est accompagné de Carex pilulifera, Agrostis capillaris, Anthoxanthum odoratum, Hieracium umbellatum, Hypericum pulchrum, Luzula multiflora, Luzula campestris, Potentilla erecta, Rumex acetosella, Danthonia decumbens (très localisé). Vaccinium myrtillus apparaît surtout sous couvert forestier important.
- des fragments de pelouse pionnière qui pourraient être rattachées à une version très appauvries et dégradées du Thero Airion (habitat Natura 2000, code 2330) se développent localement en bordure de chemin sablonneux sur le plateau ouvert (anciennes landes). Installées sur sables acides nus, non fixés, et bien éclairés, ces petites pelouses comportent Aira praecox, Rumex acetosella, Arabidopsis thaliana ainsi que de nombreux bryophytes et lichens (Cladonia sp).
- des suintements à sphaignes de pente sont présents très localement dans le Bois de Rixensart. L'un de ces suintements relevé en 2005 (obs. G. Weyembergh) montrait une flore particulièrement intéressante formée par Sphagnum fimbriatum, Carex demissa, Carex echinata, Juncus acutiflorus, Lysimachia vulgaris, Lotus pedunculatus, Ajuga reptans, Ranunculus repens, Potentilla erecta, Betula sp. (plantule), Pteridium aquilinum, Lonicera periclymenum et Dryopteris carthusiana. La station a été fortement perturbée en 2006 par un dépôt de rémanents de coupe favorisant un envahissement par les ronces.
- Une lisière forestière très riche est présente le long des marges ouest et nord-ouest du bois, longée par un ruisseau affluent de la Lasne et en contact avec des milieux agricoles (prairies, champs, ...) et des zones humides (saulaie, aulnaie, roselière, étangs). Y poussent notamment Lathyrus linifolius, Lysimachia nummularia, Persicaria bistorta, Danthonia decumbens, Melampyrum pratense, Maianthemum bifolium, Anemone nemorosa, Stellaria holostea, Pimpinella major, Lathyrus pratensis, Phyteuma spicatum, Carex pendula, Carex acutiformis, Equisetum sylvaticum. Cette dernière espèce était déjà signalée fin du 19ème siècle comme «assez abondante à la lisière du bois de Rixensart» (LECOYER, 1872) mais ses stations ne présentent plus la vitalité de jadis.
Cette lisière bien structurée comporte de nombreuses espèces ligneuses: Populus x canadensis (planté), Quercus robur, Quercus rubra, Salix alba, Fraxinus excelsior, Alnus glutinosa, Corylus avellana, Carpinus betulus, Quercus robur, Fagus sylvatica, Fraxinus excelsior, Alnus glutinosa, Salix caprea, Viburnum opulus, Cornus sanguinea, Prunus spinosa, Crataegus monogyna, Cytisus scoparius, ...
D'autres relevés floristiques réalisés dans plusieurs zones du massif confirment la grande diversité végétale. Ainsi, le long de la drève des étangs, sur la lisière ouest du bois de Rixensart, diverses espèces patrimoniales ont été notées comme Succisa pratensis, Persicaria bistorta, Epipactis helleborine, Scrophularia umbrosa, Melampyrum pratense, etc. (J. Taymans 2006, inédit). A proximité de cette drève existe une mardelle hébergeant plusieurs espèces d'amphibiens.
En outre, une lande située le long de la drève du Calvaire montre Calluna vulgaris, Carex pilulifera, Luzula campestris, Luzula pilosa, Agrostis capillaris, Juncus tenuis, Deschampsia flexuosa, Molinia caerulea, Cytisus scoparius, Melampyrum pratense, Rumex acetosella, Pteridium aquilinum, etc. Parmi la faune, on y signale la présence de la mygale Atypus affinis (obs. J. Taymans, 2006).
Une étude des communautés de lichens du bois de Rixensart a été menée en 2008 par C. FONTAINE (inédit) qui y a reconnu différents groupements dont certains de grand intérêt écologique et patrimonial.
1. Lichens épiphytes héliophiles et photophiles
1.1. Lichens pionniers à thalle crustacé
Les lichens à thalle crustacé sont les pionniers des écorces lisses. Ils sont ici représentés par trois associations:
- Lecanoretum carpinae atlanticum (Lecanorion carpinae), neutro-acide à large amplitude lumineuse, ombrophile et nitrotolérante distribuée sur de nombreux phorophytes (Fraxinus, Alnus sp. Acer pseudoplatanus, Populus sp., Sorbus aucuparia, Sambucus nigra, etc.). Elle est ici bien constituée. Nous avons relevé Lecanora carpinea (Acer pseudoplatanus), Lecidella elaeochroma en grand nombre (ubiquiste qui fréquente aussi le Graphidion et le Xanthorion), Candelariella xanthostigma (Populus sp.), Buellia punctata (syn. Amandinea punctata) plus xérophyle (sur Acer et Fraxinus), à amplitude moins étroite, (cette espèce fréquente aussi le Buellion canescentis, saxicole calcifuge, ombrophile et hygrophile), Lecanora chlarotera (Fraxinus) également dans le Graphidion ; Lecanora expallens (sur face abritée de Pinus), et Melanelixia subaurifera (sur Populus isolé). Deux espèces de ce groupe n'ont pas été observées: d'une part Caloplaca cerina (thalle gris et apothécie lécanorine jaune orangé), espèce dominante de cette association, mais absente en Wallonie depuis 1832, date à laquelle elle fut signalée en Ardenne, et d'autre part Rinodina pyrina (apothécie bistre foncé) dont il faudrait rechercher la présence sur les Tilia isolés.
- Xanthorietum candelariae (Xanthorion parietinae): quelques échantillons d'Hyperphyscia adglutinata, assez xérophile, ont été distingués sur écorce lisse de Fraxinus ainsi que l'un ou l'autre thalle discret de Candelariella reflexa apparaissent sur les arbres d'alignement de la drève. Xanthoria candelaria qui avait été observé deux ans plus tôt sur un rameau exposé d'essence neutro-acide (probablement Fraxinus), ne s'est pas manifesté lors du présent échantillonnage. Cette espèce indique d'ordinaire une exceptionnelle qualité de l'air puisqu'elle ne tolère pas plus de 35 µg/m3 de SO2 atmosphérique. La proximité de l'usine pharmacologique, source sensible de pollution en est la cause probable.
- Buellietum punctatae (Buellion canescentis). Plus xérophile, ce groupement s'observe sur la face exposée des écorces, à l'abri du vent avec Buellia punctata (Fraxinus) cité dans le Lecanoretum, et Diploica canescens (Populus).
1.2. Lichens à thalle foliacé
Deux groupements répartis selon le niveau trophique du phorophyte sont à distinguer:
a) Espèces nitrophiles ou héminitrophiles: les écorces nitrifiées accueillent des espèces assez résistantes à la pollution réunies au sein du Physcietum adscendentis Frey et Ochsner 1926 (Xanthorion parietinae). Assez photophiles, elles privilégient les substrats aérohygrophiles et croissent dans les zones à fortes variations thermiques occasionnant une humidité sous forme de brouillards. Nous avons relevés une série d'espèces très communes comme Physcia adscendens (Fraxinus) neutro-basique; Physcia caesia et Physcia tenella (Sambucus), Phaeophyscia orbicularis supportant des conditions nitrophiles sévères, rencontré sur de nombreux feuillus isolés en lisière de forêt ; Xanthoria parietina, très commun et ubiquiste, Candelariella reflexa fréquent sur Fagus et Quercus, Candelariella xanthostigma (Fagus) dont la large amplitude écologique lui permet de s'installer aussi dans le Lecanoretum. Phaeophyscia nigricans, inaperçu, fait partie de ce groupe. Il est à rechercher sur écorces poussiéreuses de même que sur les murets de pont en briques cimentées.
b) Espèces non nitrophiles: elles s'installent en retrait des zones agricoles et urbaines et se répartissent dans trois associations regroupant des taxons tantôt assez communs, tantôt plus rares et même parfois très rares pour le Brabant:
- Parmelietum caperatae (Xanthorion parietinae): situés essentiellement en forêt ouverte et en lisière, nous avons relevé le cortège suivant: Flavoparmelia caperata (Alnus incana), Punctelia subrudecta (Populus, Quercus, etc.) et son parent Punctelia ulophyla (Populus) moins fréquent. Deux exemplaires d'un taxon très rare pour le district ont été découverts dans l'aulnaie bordant la phragmitaie située au niveau des étangs du Grand Cortil. Il s'agit de Punctelia borreri (contenant de l'acide gyrophorique) fort semblable à son frère P.subrudecta (acide lécanorique). Il s'en distingue morphologiquement par des pseudocyphelles plus étroits, moins nombreux et moins circulaires, la couleur noirâtre du cortex inférieur et la réaction C+ rose-rouge de sa médulle. (C+ rouge vif chez P.subrudecta). Le très ubiquiste Parmelia sulcata se signale sur de nombreux rameaux. Il étend son amplitude dans le Pseudevernietum furfuraceae ainsi que Parmelina tiliacea (Fraxinus) en moins grand nombre mais disposant d'une amplitude écologique encore plus étendue puisqu'on l'observe dans le Parmelietum acetabuli et le Parmelietum revolutae. Enfin, Melanila fuliginosa subsp. glabratula (vieux Quercus) qui, avec P. subrudecta, supporte des conditions plus eutrophes et plus acides.
- Parmelietum revolutae: absolument pas représentative dans ce contexte. La présence d'Hypotrachina revoluta (Parmelietum revolutae) très sensible à la pollution soufrée, comparée à l'absence de Xanthoria candelaria tout aussi sensible, devrait nous encourager à rechercher ce dernier.
- Parmelietum acetabuli (Parmelion perlatae) paraît assez homogène mais sous représenté. Cet ensemble privilégie les situations à éclairement variés: en lumière indirecte (photophile) ou exposé (héliophile). Mais à la différence du Physcietum adscendentis, les espèces qui la constituent sont ombrophiles (soumises à un écoulement direct). Nous y trouvons Pleurosticta acetabulum sur Pinus, Parmotrema perlatum sur Fraxinus âgé, à grande amplitude et assez thermophile (situé aussi dans le Pertusarium hemisphaericae), Parmelina tiliacea sur Sambucus, déjà cité et qui profite de l'eutrophisation des écorces et Flavoparmelia soredians sur Salix sp.
2. Lichens épiphytes photophiles à sciaphiles
2.1. Espèces relativement ombrophiles
A. Les peuplements d'écorces lisses non altérées
Parmi ceux-ci le Graphidietum scriptae (Graphidion) s'est révélé bien constitué malgré des absents. L'amplitude lumineuse de ce groupe est sensiblement plus large que celle des crustacés du Lecanoretum carpinae atlanticum. On le trouve sur des écorces indirectement éclairées. Parmi les espèces à thalle endocorticole: Opegrapha cf.rufescens, Porina aenea (tous deux sur Acer juvénile), nous trouvons d'autres crustacés comme Arthonia spadicea (Alnus) très caractéristique dans les ripisylves à ombroclimat humide médio-européen, Lecidella elaeochroma assez présent dans d'autres alliances comme le Xanthorion ou le Lecanorion. Le Graphidietum s'est pourtant révélé assez fragmentaire. Des têtes de groupes tel Graphis scripta, et Arthonia radiata, Arthopyrenia punctiformis, champignon lichénicole, n'ont révélé aucun signe d'existence ici alors qu'elles apparaissent fréquemment sur écorces lisses de Corylus ou de Carpinus dans la réserve toute proche du Confluent Lasne/Argentine. Leur découverte ultérieure clarifierait quelque peu la pertinence syntaxinomique de ce groupement bien peu homogène.
Le sous-ensemble Opegraphetum rufescentis dont O.rufescens, cité plus haut, fait aussi partie, requiert des conditions d'acidité moyenne. Il est très hygrophile mais assez ombrophobe. En alimentant le substrat de ses minéraux il prépare la croissance d'autres associations que nous allons détailler.
B. Les peuplements d'écorces altérées
Le vieillissement des écorces entraine l'accroissement de leur acidité et favorise la naissance d'espèces plus substratohygrophiles qui trouvent leur équilibre sur les écorces rugueuses, poreuses et crevassées de phorophytes plus âgés. C'est ici que nous rencontrons une série de lichens fruticuleux à thalle primaire foliacé prolongé par un podétion.
- Cladonietum coniocraea regroupant des cortèges bryolichéniques avec notamment Cladonia coniocraea à la base de des troncs de Quercus. Les souches pourrissantes accueillent Cladonia ochrochlora et Cladonia fimbriata. La lande sableuse à callune recèle une espèce assez souvent oubliée: Cladonia pyxidata subsp.chlorophaea. Cladonia pyxidata comporte de nombreux chémotypes morphologiquement difficiles à distinguer. La subsp. chlorophaea présente le plus souvent des podétions qui s'élargissent régulièrement depuis la base jusqu'au scyphe, les autres chémotypes n'ont pas cette particularité et sont regroupés dans le sous-ensemble des C. pyxidata subsp. grayi. Chimiquement, C. pyxidata subsp. chlorophaea est le seul du groupe à ne contenir que de l'acide fumarprotocétrarique (K-) ou (K+ ocre). La subsp. grayi contient de l'atranorine en supplément.
- Anisomeridium polypori sur Salix, représentant isolé de l'Acrocordietum gemmatae est ici très discret en bordure de la phragmitaie. Il n'est pas étonnant de ne pas avoir rencontré le représentant principal du groupe, Acrocordia gemmata qui requiert des conditions d'humidité plus stables que ne peut lui procurer cet environnement.
2.2. Espèces ombrophobes
A. Les fonds de ripisylves sont sujets à de fréquentes variations microclimatiques caractérisées par des changements brusques de température selon l'heure du jour, occasionnant rosées et brouillards. Ces conditions profitent aux espèces crustacées du Phlyctidetum argenae Oechsner 1928 (Hypogymnionphysodes), communauté qui selon Wirth, occupe une position syntaxinomique incertaine. Elle devrait succéder aux espèces plus héliophiles du Lecanoretum horizae lorsque l'éclairage se fait plus indirect suite à la croissance des phorophytes. Elle s'avère ici totalement inexistante et n'est citée qu'à titre d'information. Phlyctis argenae est le seul représentant que nous ayons trouvé sur Alnus. Mycoblastus fucatus est à rechercher dans ce microsystème.
B. Lorsque la canopée prend de l'ampleur, les conditions lumineuses s'affaiblissent pour laisser place aux espèces à thalle lépreux très souvent stériles de Leprarietum incanae (Leprarion inacanae) dans lequel s'épanouit Lepraria incana en conditions scyaphiles sur de nombreuses écorces acides (Quercus, Pinus, etc.) relativement bien protégées des pluies directes. L'humidité atmosphérique est suffisante à la croissance de son thalle poudreux très perméable. Lepraria lobificans est beaucoup moins fréquent. On le voit parfois à la base de Quercus rubra et dans les complexes bryophytiques acides sur les versants de lande à callune.
C. Dans les fonds de vallées fraîches, le long du ruisseau, les Caliciales du Calicion viridis regroupées en deux associations s'abritent des pluies dans les fissures de vieux chênes en profitant de leurs écorces spongieuses. Nous y trouvons Chaenotheca ferruginea, et Chaenotheca chrysocephala (Cheanothecetum ferrugineae) à large amplitude, ainsi que le très sporadique Calicium salicinum (Calicietum viridis). Plus ombrophobe encore, Chrysothrix candelaris (Leprarion incanae) se loge dans les profondes crevasses de Quercus pour bénéficier de conditions aérohygrophiles substantielles. Très sensible à la pollution agricole, il ne s'observe qu'à de rares endroits. Son thalle contient de l'acide pulvinique, l'un des rares qui soient vénéneux chez les lichens. Vulpicida pinastri en révèle de grandes concentrations. Lecanora conizaeoides (Lecanoretum conizaeoidis) peu sensible à la pollution soufrée, se distingue sur diverses écorces acides.
2.3. Espèces très ombrophiles
Le Pseudevernietum furfuraceae est formé d'espèces plus héliophiles ne craignant pas l'écoulement direct des eaux. Ces lichens s'installent sur la face exposée de feuillus et de conifères isolés à écorces non eutrophisées. C'est dans cet environnement qu'ont été trouvés quelques exemplaires de Parmelia saxatilis sur des troncs renversés d'Alnus, Hypogymnia physodes (Fagus), Parmelia sulcata (Populus) très ubiquiste, cité plus haut dans le Xanthorion parietinae et Evernia prunastri (Fraxinus). Le groupement s'est révélé très fragmentaire et peu représentatif. L'absence de Pseudevernia furfuracea, Plastimatia glauca et Tuckermanopsis chlorophylla nécessiterait cependant vérification.
3. Peuplements saxicoles
Les rares structures maçonnées situées dans le domaine limitent assez considérablement la diversité de crustacés saxicoles. Les vestiges d'une ancienne chapelle, les murs bétonnés d'une remise agricole à l'abandon et deux petits ponts, celui de la Lasne et celui du ruisseau du château ainsi que des débris de pierre ont fait l'objet d'un rapide examen. Les espèces calcicoles du Caloplacion decipiens que nous avons rencontrées se répartissent ici en six associations qui se révèlent très inopérantes. Par souci de cohérence, nous avons maintenu le protocole de classification de départ même si le caractère excessivement fragmentaire des associations ne confirme pas ici une véritable pertinence.
Les deux ponts hébergent Lecanora dispersa (Caloplacetum saxicolae), Aspicilia contorta (Aspicilietum contortae), trouvé aussi sur des débris de roches, Xanthoria calcicola et Xanthoria parietina (Xanthorietum calcicolae), Caloplaca citrina (Caloplacetum citrinae).
Le pont du ruisseau du château, situé en lisière du bois face aux champs et peu abrité par les essences d'alignements de la drève et donc en conditions relativement ombrophiles et photophiles, profite à Caloplaca teicholyta, Caloplaca holocarpa et Candelariella aurella (Caloplacetum teicholytae). Dans ce contexte, des recherches ultérieures devraient sans doute nous permettre de rencontrer Solenospora candicans fréquent sur parois verticales soumises aux écoulements d'eaux boueuses.
Les vestiges de la chapelle située dans le bois hébergent Acrocordia conoidea (Acrocordion conoideae) en présence de Trentepohlia sp., Chlorophycée à pigmentation rouge dominante.
A la faveur d'un ombroclimat humide et sciaphile, Psilolechia lucida recouvre de larges pans cimentés d'un bâtiment agricole proche des Etangs du Grand Cortil. Notons enfin qu'en amont du site, un petit sentier bordé d'un muret de briques de maçonnerie abrite Candelariella coralliza (Candelarielletum corallizae), espèce ombrophile, photophile et ornithocoprophile. Adepte de sites venteux, cette espèce est souvent accompagnée d'Aspicilia caesiocinerea (absent ici). Verrucaria muralis et Lecanora albescens complètent cette mosaïque avec Lecanora dispersa déjà cité.