S'étendant entre Hachy et Vance, le site occupe la zone bocagère drainée par les ruisseaux de Gäertchen et de Rodenbach et est limité au nord par l'autoroute A4-E411, au sud par la Chaussée romaine dite Brunehaut, à l'ouest par la route de Habay et enfin à l'est par un chemin de campagne, la Kohlenweg. Paysagèrement, il s'agit d'un espace semi-naturel de très haute valeur en raison de la quasi absence d'urbanisation (à l'exception de deux constructions dans le quart sud-ouest) sur l'ensemble de ses 220 ha, mais également du fait de la structure très variée de la couverture végétale, constituée de haies, de bosquets, de prairies pâturées et de fauche, de fossés, de talus, de dépressions humides, de mardelles et autres mares. Et du point de vue floristique, cet ensemble remarquable est d'un intérêt exceptionnel, comme bien démontré par les relevés effectués durant les années 1990 par les botanistes de la FUL Arlon (actuellement ULiège) et plus récemment dans le cadre de la cartographie du site Natura 2000. En effet, plus de 200 espèces de plantes vasculaires y ont été notées dont un grand nombre d'éléments à haute valeur patrimoniale.
Initialement, la présente fiche (n° 2102) ne concernait qu'un complexe de prairies humides de 9,5 ha occupant le centre du périmètre. Celui-ci est à présent étendu à l'ensemble de l'espace compris entre les voiries précitées, et englobe donc les ex-SGIB codés 2063, 2067, 2068, 2077, 2108. Plusieurs parcelles pour une surface totale de 10,7 ha, toutes localisées en dehors des contours initiaux de ces SGIB, constituent la réserve naturelle agréée du Petit Vivier, gérée par Natagora.
Prairies du ruisseau de Gäertchen (X 244395 - Y 42730)
Complexe de groupements prairiaux disposés de part et d'autre du Gäertchen, sur environ 9,5 ha, en fonction de la nature et du gradient d'humidité du substrat, allant de la prairie oligotrophe à molinie (Molinia caerulea) sur marnes calcaires, à la prairie de fauche, différents types de roselières et de magnocariçaies.
Les relevés effectués en juin 1997 par F. Guyon (FUL-Arlon) regroupent
- des espèces de prairies oligotrophes avec Primula veris, Carex panicea, Carex pallescens, Scorzonera humilis, Silaum silaus, Arrhenatherum elatius, Potentilla erecta, Molinia caerulea, Luzula multiflora, Succisa pratensis, Serratula tinctoria, Stellaria palustris, Dactylorhiza majalis, Carex vesicaria, Carex acuta, Carex nigra, Carex hostiana, Colchicum autumnale, Ranunculus flammula, Galium palustre, etc.
- des espèces de roselières et de mégaphorbiaies dont Angelica sylvestris, Phalaris arundinacea, Scirpus sylvaticus, Filipendula ulmaria ainsi que le petit hélophyte Eleocharis palustris.
- des espèces de prairies de fauche humides comme Deschampsia cespitosa, Lychnis flos-cuculi, Juncus acutiflorus, Ranunculus repens, Caltha palustris, Carex hirta, Juncus effusus, Carex disticha, ...
- des espèces de bas-marais acides à Ranunculus flammula, Carex rostrata, Comarum palustre, Valeriana dioica, Stellaria palustris, ...
Le rare Oenanthe peucedanifolia y a été noté en 2010 (obs. P. Verté - DEMNA).
Mardelle de Hachy sud (X 244586 - Y 42806)
Cette minuscule mardelle de moins de 5 ares est située en prairie, à environ 150 m de la rive droite du ruisseau du Rodenbach. Une grange est présente à 10 m de la mare, laquelle est actuellement très bien éclairée et protégée des vents du nord par une longue rangée d'épicéas à sous-bois envahi par les épineux. Cependant, durant les années 2000-2010, les saules se sont fortement développés et avec eux l'ombrage de la mardelle.
D'après les relevés datant de mai 1992 (D. Thoen - FUL), la végétation comporte diverses espèces typiques des milieux oligo-mésotrophes dont:
- un groupement d'hydrophyte à Ranunculus peltatus et Ranunculus circinatus (davantage eutrophile).
- un groupement flottant à Lemna minor.
- des éléments de bas-marais acides et de jonçaies à Carex nigra, Veronica scutellata, Galium palustre, Ranunculus flammula, Juncus effusus, Myosotis scorpioides, ...
- des herbiers amphibies à Glyceria fluitans et Callitriche platycarpa.
- une frange rivulaire à Sparganium erectum, Carex acuta, Ranunculus repens, Lysimachia nummularia, Salix alba, Cardamine pratensis, ...
En mai 2009 (époque où la mare était fort ombragée par les saules), ont en outre été notées quelques espèces supplémentaires : Carex vesicaria, Alisma plantago-aquatica, Solanum dulcamara, Lycopus europaeus, Iris pseudacorus.
Mardelle de Hachy nord (X 244508 - Y 42909)
Cette mardelle boisée et partiellement atterrie, d'une trentaine d'ares, est située 100 m à peine au nord-ouest de la mardelle de Hachy sud, au-delà de la rangée d'épicéas. Jusqu'en 2010, elle était accolée à une parcelle d'épicéas qui a depuis été exploitée et reconvertie en prairie. Cette dépression se présente donc maintenant comme un petit bosquet isolé en prairie mais relié au reste du bocage par deux haies libres.
Cette mardelle est assez unique en Lorraine de par sa végétation turficole. On y observe en effet diverses plantes des bas-marais et des tourbières acides, dont Carex canescens, Carex diandra, Carex rostrata, Eriophorum vaginatum, Eriophorum angustifolium, Menyanthes trifoliata, Stellaria palustris, Vaccinium oxycoccos, Viola palustris, Comarum palustre, Veronica scutellata, ...
Les parties encore sous eau accueillent des herbiers de Callitriche hamulata, Ranunculus peltatus, Ranunculus penicillatus, ainsi qu'un groupement flottant à Lemna minor.
On observe également des éléments de roselières et de magnocariçaie avec notamment Lysimachia vulgaris, Equisetum palustre, Carex acutiformis, Alisma plantago-aquatica, Sparganium erectum, Filipendula ulmaria, Dryopteris carthusiana, Iris pseudacorus, Juncus inflexus, Lycopus europaeus, etc.
La végétation arborée comprend une saussaie marécageuse à Salix cinerea et Salix aurita, et un fragment de boulaie sur tourbe.
Mardelles du Kolenweg (X 244065 - Y 42413)
Cette petite mardelle arrondie de 4,5 ares est localisée en bordure de prairie, le long d'un chemin agricole venant de la Chaussée Brunehaut. Une seconde mare, de dimension comparable, se trouve 80 m plus à l'est, dans la même prairie.
La mardelle ouest, partiellement sous eau et accessible au bétail au début des années 1990, est remarquable par son peuplement d'utriculaires, plantes «carnivores» aquatiques partout très rares en Wallonie. La détermination de l'espèce est souvent délicate, P.B. d'Enghien signalant la plante observée en 1992 comme Utricularia vulgaris-australis, tandis qu'en 2009, P. Verté tranche pour Utricularia australis.
Outre cette population d'utriculaire, d'autres hydrophytes sont notés comme Ranunculus peltatus, Lemna trisulca, Lemna minor.
Les parties atterries sont colonisées par diverses espèces des roselières, des jonçaies, des bas-marais et des prairies humides sur sols compacts: Alopecurus geniculatus, Glyceria fluitans, Eleocharis palustris, Sparganium erectum, Menyanthes trifoliata, Carex vesicaria, Juncus acutiflorus, Juncus effusus, Alisma plantago-aquatica, Potentilla anserina, Ranunculus repens, Ranunculus flammula, Myosotis laxa subsp. cespitosa, Juncus conglomeratus, Iris pseudacorus, Carex pallescens, Carum carvi (2009), Filipendula ulmaria, Cardamine pratensis, etc.
A certaines époques (par ex. durant les années 2000), des fourrés de Salix aurita ont eu le loisir de se développer dans les zones délaissées par le bétail.
La mardelle est, plus fortement atterrie et davantage ombragée par les saules (Salix alba en particulier), est moins intéressante du point de vue botanique. Les utriculaires en sont apparemment absentes. Les relevés effectués en 1992 (P.B. d'Enghien - FUL) puis en 2009 (P. Verté - DEMNA) regroupent notamment Glyceria fluitans, Ranunculus peltatus, Carex vesicaria, Alopecurus geniculatus, Filipendula ulmaria, Galium palustre, Juncus effusus, Juncus inflexus, Lotus pedunculatus, Stellaria palustris (1992), Alisma plantago-aquatica, Lathyrus pratensis.
Mardelle de la chaussée Brunehaut (X 243506 - Y 42042)
Cette minuscule mardelle d'à peine deux ares s'étend en prairie à 50 m à l'est de la route d'Habay, un peu au nord du croisement avec la Chaussée Brunehaut (au nord du lieu-dit «Derrière l'Aclos du Mâre»).
La mare est ombragée par plusieurs saules blancs (Salix alba). Malgré tout, la présence d'une végétation aquatique à potamot fluet (Potamogeton pusillus) marque l'intérêt du site qui est menacé par une certaine banalisation de son environnement (constructions récentes au nord et au sud). L'occurrence actuelle de ce rare potamot mériterait cependant d'être confirmée.
La végétation comporte également d'autres plantes aquatiques telles que Callitriche hamulata, Callitriche platycarpa, Lemna trisulca, Lemna minor, Ranunculus peltatus.
Les abords sont colonisés par diverses herbacées comme Stellaria palustris, Glyceria fluitans, Alopecurus geniculatus, Eleocharis palustris, Juncus acutiflorus, Juncus effusus, Juncus inflexus, Urtica dioica, Epilobium palustre, Potentilla anserina, Carex hirta, Carex disticha, Veronica scutellata, Lychnis flos-cuculi, Sparganium erectum, etc.
D'autres mardelles existent dans les limites du site mais on manque d'informations à leur sujet et une seule a été inventoriée jusqu'ici. Celle-ci est située environ 220 m au nord de la Chaussée Brunehaut, au sein d'une prairie en bordure orientale d'une plantation d'épicéas; en 2012, elle faisait l'objet d'une MAE et le relevé effectué à cette époque (C. Dopagne - aCREA) comportait les espèces herbacées suivantes: Cirsium palustre, Galium aparine, Glyceria fluitans, Juncus effusus, Lemna minor, Mentha aquatica, Scirpus sylvaticus, Urtica dioica, Cirsium arvense, Lotus pedunculatus, Galeopsis tetrahit, Epilobium sp., Lysimachia vulgaris. Cette dépression partiellement atterrie est colonisée par un bosquet de saules (Salix caprea, Salix alba).
Prairie humide à l'est de La Sagnette (X 243602 - Y 43235)
Cette belle prairie de fauche humide et peu amendée s'étend sur 1,8 ha, dans le coin nord-ouest du périmètre, à la source nord du Gäertchen. Elle se distingue par sa population d'orchis de mai (Dactylorhiza majalis) et de scorsonère des prés (Scorzonera humilis).
Plusieurs relevés réalisés successivement en 1998 (F. Guyon - FUL), 2008 (P. Goffart - DEMNA) et 2010-2015 (P. Verté - DEMNA) ont bien démontré le grand intérêt floristique de la zone, avec des espèces telles que Serratula tinctoria, Scorzonera humilis, Dactylorhiza majalis, Selinum carvifolia, Colchicum autumnale, Carex panicea, Succisa pratensis, Potentilla erecta, Cirsium oleraceum, Comarum palustre, etc.
Par ailleurs, une belle population d'orchis bouffon (Orchis morio) s'épanouit dans une prairie maigre située plus près de la route d'Habay, en compagnie de Scorzonera humilis.
Prairies enclavées du Petit Vivier (X 243655 - Y 42765)
Cette zone située à la marge occidentale du site, entre la route de Habay et le ruisseau de Gäertchen, correspond à la plus vaste des parcelles de la RNA dite du «Petit Vivier». Elle regroupe sur près de 6 ha une belle mosaïque de prairies maigres plus ou moins humides, de prés de fauche humides et de mégaphorbiaies, enclavées par des bosquets ou entourées de haies et de fourrés selon les endroits.
La flore inventoriée durant les années 2000-2010 illustre bien l'intérêt et de la diversité de ces prairies: Colchicum autumnale, Silaum silaus, Achillea ptarmica, Carex nigra, Carex panicea, Selinum carvifolia, Oenanthe peucedanifolia, Galium palustre, Galium uliginosum, Primula veris, Centaurea jacea, Lotus corniculatus, Potentilla erecta, Alopecurus pratensis, Holcus lanatus, Cirsium palustre, Eupatorium cannabinum, Ranunculus acris, Succisa pratensis, Carex vesicaria, Lychnis flos-cuculi, Cirsium oleraceum, Filipendula ulmaria, Angelica sylvestris, Ophioglossum vulgatum, Scorzonera humilis, Dactylorhiza majalis, Carex hostiana, Vicia cracca, Equisetum palustre, Myosotis scorpioides, Deschampsia cespitosa, Caltha palustris, Persicaria bistorta, Phalaris arundinacea, Rumex acetosa, Carex disticha, Carex ovalis, Valeriana officinalis, Avenula pubescens, Ajuga reptans, Briza media, Lathyrus pratensis, Pimpinella saxifraga, Caltha palustris, Molinia caerulea, Glyceria fluitans, Heracleum sphondylium, Hypericum dubium, Carex acuta, Trifolium pratense, Anthriscus sylvestris, Galium verum, Galium album (= mollugo subsp. erectum), Epilobium obscurum, Epilobium palustre, Anthoxanthum odoratum, Agrostis stolonifera, Epilobium hirsutum, Carex flacca, Leontodon autumnalis, Lotus pedunculatus, Lysimachia vulgaris, Senecio erucifolius, Carex demissa, Cynosurus cristatus, Calamagrostis epigejos, Leucanthemum vulgare, Lolium perenne, etc.
La présence d'une végétation rudérale se remarque ici et là, notamment là où le sol a été remué, avec Urtica dioica, Galium aparine, Tanacetum vulgare, Plantago major, Rumex obtusifolius, Veronica agrestis, Aethusa cynapium, Poa annua, Geum urbanum, Geranium molle, Polygonum aviculare, Veronica hederifolia, Capsella bursa-pastoris, Sonchus oleraceus, Matricaria discoidea, Matricaria recutita, Sysimbrium officinale, Artemisia vulgaris, Equisetum arvense, Persicaria maculosa, ...
Les parties boisées et embroussaillées abritent Alnus glutinosa, Salix alba, Fraxinus excelsior, Prunus spinosa, Crataegus monogyna, Populus tremula, Salix caprea, Malus sylvestris, Sorbus aucuparia, Salix triandra, Viburnum opulus, etc.
Replat calcaire le long de la E411
Entre le haut du talus de l'autoroute et la petite route qui la longe parallèlement au sud, s'étend un replat s'étirant sur 1300 m pour 5 à 15 mètres de largeur par endroits. Cette zone thermophile repose sur un substrat calcaire oligotrophe qui explique la présence d'une végétation particulièrement remarquable composée d'un mix d'espèces de molinion, de prairie maigre de fauche et de pelouse calcaire. Les relevés effectués en 2010 (A. Remacle) et 2019 (H. Baltus) en plusieurs points de ce replat regroupent entre autres Silaum silaus, Centaurium erythraea, Trifolium fragiferum ou encore Carex flava, aux côtés de Juncus conglomeratus, Potentilla anserina, Fragaria vesca, Carex pallescens, Plantago media, Linum catharticum, Sanguisorba minor, Leontodon hispidus, Avenula pubescens, Hypericum perforatum, Lotus corniculatus, Tragopogon pratensis, Ononis repens, Convolvulus arvensis, Leucanthemum vulgare, Galium mollugo, Daucus carota, Crepis biennis, Carex flacca, Arrhenatherum elatius, etc. La présence de l'orchidée Platanthera bifolia est également notée dans la partie est de ce replat.
Ce secteur très fleuri durant l'été s'avère fort attractif pour les insectes pollinisateurs (abeilles solitaires, e.a.). Des dépôts de fumiers y sont cependant réguliers et constituent un facteur d'eutrophisation du milieu, au détriment de la flore des prés maigres.