La zone humide de l'Hydrion s'étend de part et d'autre de la Semois et est entourée de terrains bâtis, jardins, centre sportif, zoning commercial et pâtures (au sud). Elle comprend des parties largement boisées et des parties à structure plus variée comportant également des secteurs plus secs. En berge droite de la Semois se trouve une peupleraie alluviale à sous-bois riche en orties, mais présentant encore localement des groupements hygrophiles. Une assez vaste mégaphorbiaie à Petasites hybridus se développe sur une centaine de mètres le long de la lisière orientale de cette peupleraie.
Vers le nord, une zone humide fait suite à la peupleraie dont l'extension est limitée par les habitations de la rue de l'Hydrion. Depuis 2011, elle est occupée par un plan d'eau d'environ 1 hectare, suite à l'installation du castor et à la construction d'un barrage sur la Semois, au niveau du centre sportif. Cet étang a une profondeur maximale avoisinant le mètre et ses eaux semblent dépourvues de végétation aquatique. De nombreux arbres morts ou dépérissants (Alnus glutinosa, Salix spp., Picea abies, etc.) ont maintenant les pieds dans l'eau, tandis que d'autres ont été abattus par le castor. Les berges, en grande partie boisées, accueillent quelques herbacées comme Juncus effusus, Symphytum officinale, Carex vesicaria, etc. Cette végétation est abondamment broutée par la bernache du Canada (Branta canadensis), nicheuse sur le site. Une clairière à l'est de l'étang montre un fragment de mégaphorbiaie à Persicaria bistorta, Cirsium oleraceum, Cirsium palustre, Filipendula ulmaria, Valeriana repens, ... En bordure du zoning on observe également une prairie de fauche de basse altitude, à la flore diversifiée.
Sur base d'observations effectuées en juin 2013 (E. Bisteau et J.-Y. Baugnée, avis site 1849), on peut considérer que le site est constitué de six grands types d'habitats, décrits de manière plus détaillée ci-dessous: prairie de fauche, peupleraie, pessières, et autres zones boisées, mégaphorbiaies et ourlets nitrophiles, zones rudérales, prairie humide. Une partie du site est également sous eau, de par les activités de construction du castor (barrage en bordure aval de la zone).
Prairie de fauche
La prairie située à l'extrémité est du site correspond typiquement à une prairie de fauche de basse altitude, peu à moyennement fertilisée. Les espèces caractéristiques y sont bien représentées: Arrhenatherum elatius, Daucus carota, Crepis biennis, Centaurea jacea, Heracleum sphondylium, Tragopogon pratensis, Anthriscus sylvestris, Galium mollugo, Dactylis glomerata, Alopecurus pratensis, Cirsium arvense, Rumex acetosa, Ajuga reptans, aux côtés de Poa pratensis, Holcus lanatus, Vicia sativa nigra, Trifolium pratense, Trifolium dubium, Cerastium fontanum ou encore Ranunculus acris. La strate herbacée est très diversifiée, avec pas moins d'une soixantaine d'espèces recensées, ce qui est plutôt remarquable. Elle ne présente toutefois pas d'espèce d'intérêt patrimonial. Quelques pieds de Fallopia japonica sont également présents dans le fond de la prairie, en mauvais état.
Peupleraie
Une vaste peupleraie occupe près de la moitié de la superficie du SGIB. La flore herbacée y est typique des zones alluviales, plus ou moins nitrophile ou plus ou moins marécageuse selon les endroits, avec la présence de roselières à Phalaris arundinacea et d'autres herbacées comme Ranunculus ficaria, Poa trivialis, Alliaria petiolata, Geum urbanum, Geranium robertianum, Scirpus sylvaticus, Galium aparine,... L'ortie (Urtica dioica) y forme également de vastes massifs quasiment monospécifiques. La zone est inondée dans sa partie nord-ouest (petite portion), à cause du barrage érigé par le castor en aval du site. Les peupliers sous eau sont morts.
Mégaphorbiaies et ourlets nitrophiles
Une première zone, remarquable de par la présence de pétasites (Petasites hybridus) en très grand nombre, se trouve en bordure nord de la peupleraie, sur une largeur d'environ 15 m. Au moment de notre passage, les feuilles des pétasites avaient atteint leur taille maximale, formant un peuplement monospécifique assez impressionnant.
La flore sous les pétasites est relativement clairsemée. On y retrouve essentiellement des espèces telles que Glechoma hederacea, Ranunculus ficaria, Geranium robertianum, Poa trivialis, Urtica dioica, avec de ci de là des espèces caractéristiques des zones plus humides à marécageuses (Scirpus sylvaticus, Angelica sylvestris,...), et, en alternance, de petits peuplements de Phalaris arundinacea ou de Glyceria maxima. Ce biotope correspond à un ourlet nitrophile, hygrocline, héliophile à sciaphile. Bien que floristiquement pauvre, cet habitat d'intérêt communautaire présente un grand intérêt faunistique puisque la plante accueille diverses espèces spécialisées, dont les diptères Syrphidae Neoascia unifasciata, N. obliqua et N. annexa, rares à très rares en Wallonie et tous trois présents dans la station.
La deuxième zone de mégaphorbiaie se trouve plus en amont, pour ainsi dire à la «jonction» avec le SGIB "Boulaie à sphaignes de Schoppach". Il s'agit d'une zone extrêmement fangeuse, parcourue par un petit ruisseau, affluent de la Semois. La bordure est de la mégaphorbiaie, un peu plus sèche, abrite une série d'espèces caractéristiques du Filipendulion: Filipendula ulmaria, Scirpus sylvaticus, Angelica sylvestris, Valeriana repens, ainsi qu'une petite typhaie à Typha latifolia en formation.
Le reste de la zone, très humide, correspond à une mégaphorbiaie naturelle, habitat Natura 2000 d'intérêt communautaire. Les principales espèces présentes sont Scirpus sylvaticus, qui y forme des peuplements étendus, ainsi que Filipendula ulmaria, Epilobium hirsutum, Sparganium erectum, Deschampsia cespitosa, Phalaris arundinacea, Equisetum palustre, Persicaria bistorta, Carex disticha, Valeriana repens, Solanum dulcamara, Galium palustre, Lycopus europaeus, Caltha palustris, ... Des saules (Salix caprea, S. fragilis, S. aurita, e.a.) et des aulnes blancs (Alnus incana) parsèment la zone, surtout en bordure. Son état de conservation est bon, mais la colonisation ligneuse par les saules et les aulnes est à surveiller. On y trouve également des suintements ferrugineux.
Zones rudérales
Quelques zones ouvertes plus rudérales sont également présentes sur le site, surplombant légèrement la zone alluviale. Elles sont constituées principalement de massifs d'épilobes en épi (Epilobium angustifolium) et d'orties (Urtica dioica). On y retrouve également Galium aparine, Rubus idaeus, Arrhenatherum elatius, Alopecurus pratensis,... Parmi les ligneux présents, le cerisier tardif (Prunus serotina) est relativement abondant, côtoyant quelques grosses aubépines (Crataegus monogyna) et de jeunes chênes pédonculés (Quercus robur). Ces zones ne présentent pas d'intérêt particulier sur le plan floristique. L'extension du cerisier tardif, très invasif et présent en lisière de toutes ces zones ouvertes, est à surveiller.
Pessières et autres zones boisées
Deux petites pessières ont été identifiées et ne présentent pas d'intérêt particulier. La plus petite se trouve en bordure de l'ourlet à pétasites, la plus étendue, plus au nord, en bordure de la peupleraie. Elle est en partie inondée, suite aux activités du castor (barrage) et les épicéas sous eau sont morts.
Une série de petits boisements secondaires parsèment le site, allant des fourrés feuillus à Crataegus monogyna, Rosa canina, Salix purpurea, Salix viminalis, Prunus serotina et autres, en bordure de la prairie de fauche, à de jeunes peupleraies ou bouquets de jeunes peupliers, probablement issus de régénération naturelle (Populus cf trichocarpa), en passant par de jeunes saulaies de colonisation à Salix caprea, ou encore de jeunes frênaies. Il est possible que dans ces deux derniers cas de figure il s'agisse de faciès post-culturaux, compte tenu de la présence en sous-étage de Sambucus nigra et de l'abondance de nitrophiles dans la strate herbacée (Geum urbanum, Urtica dioica, Geranium robertianum,...).
Ces zones ne présentent pas non plus d'intérêt particulier, si ce n'est la petite peupleraie située à proximité du terrain d'athlétisme de l'Hydrion, sous laquelle on retrouve de nombreux pieds d' Epipactis helleborine, ainsi que Neottia ovata.
Un relevé datant de 2005, effectué dans la zone humide par L. Sottiaux (données sur observations.be), renseigne quant à lui une magnocariçaie à Carex acuta, des typhaies, des jonchaies à Juncus effusus et Juncus inflexus, ainsi que des communautés d'hélophytes non graminoïdes, avec Iris pseudacorus, Eleocharis palustris, Alisma plantago-aquatica,... et de une mégaphorbiaie naturelle avec le cortège caractéristique du Filipendulion: Filipendula ulmaria, Scirpus sylvaticus, Persicaria bistorta, Lythrum salicaria, Valeriana repens, Epilobium hirsutum, ... dans laquelle viennent s'imbriquer des éléments des bas-marais acides (Comarum palustre notamment). Il signale également («plusieurs centaines d'exemplaires dans les parties les plus humides») la présence d'une espèce intéressante pour la région: Equisetum telmateia (la Grande Prêle), typique des suintements d'eau alcaline, des frênaies, talus et prairies humides. L'espèce est renseignée comme assez rare dans le district phytogéographique lorrain. Nous ne l'avons pas aperçue lors de notre passage sur place, mais il est possible qu'elle se soit maintenue en bordure de la zone actuellement sous eau.