La végétation et la flore du terril du Hasard ont été étudiées par FRANKARD (1984), FRANKARD (2000) et FRANKARD & HAUTECLAIR (2009).
Les relevés ont permis de dénombrer 166 espèces de spermatophytes sur le terril. La majorité des espèces présentent des affinités forestières et sont assez banales dans la région. On note toutefois la présence d'épipactis à larges feuilles (Epipactis helleborine) et de 2 belles populations de petite pyrole (Pyrola minor) dans les boulaies encore assez pionnières.
Orchidées rares signalée jadis sur le site, l'orchis de Fuchs (Dactylorhiza fuchsii) et l'orchis négligé (Dactylorhiza praetermissa), n'ont pas été observées lors des divers inventaires réalisés ces 25 dernières années. La présence de ces 2 espèces sur le terril est actuellement considérée comme douteuse.
58 espèces de Bryophytes ont été recencées sur le terril. On peut notamment citer l'abondance de Campylopus introflexus, une mousse sud-africaine invasive.
Signalons également, la présence d'un champignon peu commun qui croit sous les schistes nus: Pisolithus arrhizus.
Vu sa grande hauteur et ses pentes fortes, le terril est encore partiellement fort peu couvert de végétation. Sur les pentes, on note surtout la présence de groupements pionniers de bouleau verruqueux (Betula pendula) qui s'étendent progressivement vers le sommet depuis la base du terril. Sur les pentes mobiles, rares sont les espèces qui arrivent à pousser avec le bouleau. Parmi celles-ci, on peut citer le séneçon des bois (Senecio sylvaticus), le tussilage (Tussilago farfara), le pâturin comprimé (Poa compressa), le séneçon sud-africain (Senecio inaequidens). Quelques secteurs sont colonisés par un groupement pionnier herbacé dominé par le tussilage (Tussilago farfara).
En bas de pentes et sur les replats, le terril est boisé. Ces boisements peuvent se diviser en deux grandes catégories : la boulaie et le bois mixte artificiel.
La boulaie est un boisement naturel qui résulte de l'évolution progressive des groupements pionniers qui se développent sur les pentes mobiles et les plateaux. Le bouleau (Betula pendula) y est l'espèce dominante. Cette boulaie compte un nombre plus important d'espèces dont l'emblématique petite pyrole (Pyrola minor) qui compte sur le terril deux stations riches d'une centaine de pieds. Comme autres espèces intéressantes et peu communes, on peut citer l'épilobe lancéolé (Epilobium lanceolatum) et l'épervière fausse piloselle (Hieracium piloselloides) rencontrées surtout dans les boulaies claires surmontant des pentes mobiles, le cotonéaster sauvage (Cotoneaster integerrimus), l'épervière des murs (Hieracium murorum). Comme espèce plus commune et plus abondante, citons le pâturin des bois (Poa nemoralis), la ronce (Rubus sp.), le lapsane commun (Lapsana communis), le lierre (Hedera helix) ou encore l'épipactis à larges feuilles (Epipactis helleborine). Enfin, les arbustes ou arbres qui poussent aux côtés des bouleaux sont surtout des robiniers (Robinia pseudoacacia), des noisetiers (Corylus avellana), des sureaux noirs (Sambucus nigra), des chênes pédonculés (Quercus robur) ou encore des châtaigniers (Castanea sativa),…
Le bois mixte présente un intérêt floristique très faible car il est dominé par des essences exotiques plantées après exploitation du terril : le robinier (Robinia pseudoacacia) et le chêne rouge d'Amérique (Quercus rubra), ne permettant pas au couvert sous-arbustif de se développer. Notons que sur les sentiers, l'ancolie (Aquilegia vulgaris) a été observée mais résulte probablement d'une naturalisation à partir d'un taxon échappé des jardins. Le bois mixte abrite également un cotonéaster arboré naturalisé : Cotoneaster bullatus. La majorité des espèces herbacées qui y poussent sont des nitrophiles et des rudérales comme l'alliaire (Alliaria petiolata), l'ortie (Urtica dioica), la ronce (Rubus sp.), le gratteron (Galium aparine), l'anthrisque des bois (Anthriscus sylvestris) ou encore la podagraire (Aegopodium podagraria).
Au pied du terril, dans la zone nord - nord/ouest du site, se trouve une petite friche herbacée particulièrement appréciée par les insectes. Cette friche compte de nombreuses graminées comme le fromental (Arrhenatherum elatius), le calamagrostis épigée (Calamagrostis epigejos), le roseau (Phragmites australis), le dactyle (Dactylis glomerata) ou encore le pied de coq commun (Echinochloa crus-galli)… Parmi les dicotylées, on rencontre l'eupatoire (Eupatorium cannabinum), la carotte (Daucus carota), le mélilot blanc (Melilotus albus), la matricaire inodore (Matricaria maritima subsp. inodora), la verge d'or du Canada (Solidago canadensis)… A proximité de cette friche, un peuplement dense de renouée du Japon (Fallopia japonica), espèce exotique très invasive, est observé et menace à terme ce lambeau de friche.
La faune a fait l'objet d'inventaires dans le cadre l'Interreg Pays des Terrils (Natagora 2006). Les principaux groupes recensés sont les reptiles et amphibiens, les oiseaux, les papillons de jour, les coccinelles et les orthoptères.
Deux espèces d'amphibiens ont été observées sur le site: la grenouille rousse (Rana temporaria) et le triton alpestre (Ichthyosaura alpestris). La grenouille rousse est observée en été dans la boulaie, le bois mixte et la friche mais en densité faible (tout au plus une dizaine d'individus). Six pontes sont observées dans une ornière du chemin au pied du terril (ornière de moto-cross). Une vingtaine d'individus de triton alpestre est notée dans les ornières de ce même sentier particulièrement au printemps durant les prospections nocturnes (période de reproduction).
Compte tenu de la présence d'une importante zone humide au pied du terril (zone ouest longeant l'aire sportive), il est étonnant de constater qu'il n'y a pas plus d'espèces sur le site (crapaud, triton palmé, triton vulgaire…) et que les densités des deux espèces présentes soient relativement faibles. Cela pourrait s'expliquer par une contamination de cette zone humide. En effet, plusieurs éléments indiquent une pollution apparente (dépôts rouges et jaunes dans le fond des mares d'origine inconnue; contamination du drain nord par des PCB -cf étude de l'ISSEP -, absence de vie aquatique dans ces mares). Le crapaud calamite (Bufo calamita) signalé antérieurement n'a pas été revu et ce malgré une recherche spécifique par prospection nocturne et recherche des pontes dans les mares temporaires.
En ce qui concerne les reptiles, l'orvet (Anguis fragilis) pourrait être présent (friche) mais sa présence est souvent difficile à détecter.
Sur le plan de l'avifaune, ce grand terril essentiellement boisé accueille un cortège d'oiseaux forestiers. Les milieux ouverts, trop petits et trop fréquentés, n'abritent pas d'espèces typiques. Au total, 28 espèces ont été contactées sur le site. Les plus remarquables sont l'épervier d'Europe (nicheur), la buse variable (nicheur) et le coucou gris.
Le site compte 17 espèces de papillons de jour, toutes communes à très communes en Wallonie. Les densités de papillons les plus élevées sont rencontrées au sommet du terril qui est utilisé par les papillons comme lieu de parade. L'espèce la plus commune au sommet est le machaon (Papilio machaon) dont près de 10 individus ont été observé au même moment lors d'une prospection en été. Avec lui, on rencontre couramment la mégère (Lasiommata megera), le vulcain (Vanessa atalanta) et la belle dame (Vanessa cardui). Ailleurs sur le terril, la plupart des espèces sont notées dans la petite friche au pied du terril qui, par l'abondance de ces plantes à fleurs, constitue une zone recherchée par les insectes. Parmi ces espèces, on peut citer le myrtil (Maniola jurtina), la petite tortue (Aglais urticae), l'azuré de la bugrane (Polyommatus icarus), le cuivré commun (Lycaena phlaeas) observé fin de l'été ou encore la sylvaine (Ochlodes sylvanus). Dans les boisements du site, peu d'espèces sont notées. On peut citer par exemple le tircis (Pararge aegeria) et le tristan (Aphantopus hyperantus), espèces forestières très communes sur le site. Aucune espèce remarquable n'est recensée sur le site. On peut néanmoins préciser que ce terril compte des densités élevées en mégère (Lasiommata megera), espèce qui semble en régression en Wallonie.
Huit espèces d'orthoptères, toutes très communes en Belgique, ont été observées. Les criquets les plus communs sont le criquet mélodieux (Chorthippus biguttulus) et le criquet duettiste (Chorthippus brunneus) qui se rencontrent dans la friche, les végétations pionnières des pentes mobiles et les bois (mais plus rares dans ce cas). Leur densité n'est vraiment élevée que dans les rares zones herbacées (zone nord-ouest du terril). Dans les boisements, deux sauterelles sont couramment observées: le méconème varié (Meconema thalassinum) et la decticelle cendrée (Pholidoptera griseoaptera). Toutes les autres espèces se cantonnent quasi exclusivement dans la petite friche au pied du terril, tels la grande sauterelle verte (Tettigonia viridissima) et le phanéroptère commun (Phaneroptera falcata). Précisons également que le criquet à ailes bleues (Oedipoda caerulescens), signalé à une époque sur le site, n'a pas été retrouvé et ce malgré plusieurs sorties spécifiques! Le terril du Hasard pourrait être un meilleur lieu d'accueil pour ces insectes si les milieux herbacés de type friche étaient plus étendus.
Les coccinelles: sont représentées par au moins neuf espèces qui sont toutes relativement communes. Parmi ces espèces, on trouve des espèces forestières dont deux espèces très abondantes: au printemps, la grande coccinelle orange (Halyzia sedecimguttata) et, en été, la coccinelle à 14 points blancs (Calvia quatuordecimguttata). Le Hasard est le site du projet Pays des Terrils qui abrite la population la plus importante de coccinelle variable (Adalia decempunctata) trouvée en été dans tous les types de boisements. La coccinelle à 7 points (Coccinella septempunctata) est l'espèce la plus commune tous milieux confondus aussi bien au printemps qu'en été. En été, la coccinelle à 22 points (Psyllobora vigintiduopunctata), espèce mycophage, est courante dans la strate du sous bois sur les plantes attaquées par l'oïdium. Etonnamment, la coccinelle asiatique (Harmonia axyridis) est peu notée sur le site. On remarquera que le même constat est réalisé pour les deux autres terrils de la région, le Bas Bois et le Pansery à Soumagne. Il semblerait donc que l'espèce ait pour l'instant un comportement moins invasif dans la région.
D'autres observations biologiques peuvent être mentionnées. Chez les papillons de nuit, citons par exemple le bois-veiné (Notodonta ziczac) dont les chenilles ont été observées sur le saule (Salix sp.) et le moro-sphinx (Macroglossum stellatarum) souvent aperçu sur le sommet du terril. Sur les pentes schisteuses, la punaise rayée (Graphosoma italicum) et l'argiope fasciée (Argiope bruennichi) sont notées. Enfin, plusieurs mammifères sont signalés sur le terril dont le blaireau avec deux zones à terriers trouvées dans la boulaie (mais qui semblent abandonnées), le lièvre, le chevreuil, le renard ou encore l'écureuil.