Ce vaste site dit "Campagne de Mussy" comprend les terres de culture et les prairies bocagères s'étendant au nord et à l'ouest du village de Mussy-la-Ville, dont une large part est inscrite dans le réseau Natura 2000 au sein du site BE34065 "Bassin supérieur de la Vire et du Ton". Au nord, le périmètre est limité par le Bois de Peronchenois et le Bonaubois, à l'est par le ruisseau du Vieux Moulin, au sud par le village de Mussy, et à l'ouest par le ruisseau de la Rosière et le chemin de démarcation entre Mussy et Bleid.
Ce type de paysage se prolonge à l'ouest vers Bleid (SGIB 2339 - Ruisseaux du Corbé et du Magenot) et vers l'est en direction de Musson et de Willancourt (SGIB 2502 - Campagne de Willancourt et SGIB 2503 - Vallon du ruisseau des Ecrevisses).
La description de la flore et de la végétation de l'ensemble du site reste à réaliser. On dispose actuellement de relevés suffisamment précis pour un nombre limité de parcelles, surtout situées dans le site Natura 2000, ainsi que dans certaines tournières de conservation faisant l'objet de suivis du point de vue espèces messicoles. Les parcelles les plus intéressantes sont rassemblées en trois blocs principaux séparés par des cultures ou des praires intensives. Ils correspondent à de vastes cuvettes pâturées extensivement, avec un réseau bocager particulièrement bien fourni, mêlant buissons isolés et haies vives.
Le versant occidental du promontoire dit "Le Haut de Rouvroy" est couvert de prairies dont certaines hébergent encore une flore très intéressante typique des herbages non fertilisés: Colchicum autumnale, Leucanthemum vulgare, Luzula campestris, Selinum carvifolia, Anthoxanthum odoratum, Achillea millefolium, Saxifraga granulata, Sanguisorba minor, Lathyrus linifolius, Primula veris, Rhinanthus minor, Leontodon hispidus, Trisetum flavescens, Ajuga reptans, Crepis biennis, Lotus corniculatus, Festuca rubra, Arrhenatherum elatius, Plantago media, Allium vineale, etc.
Dans le prolongement occidental du Bonaubois, une peupleraie installée sur d'anciennes prairies plus ou moins humides a été déboisée au début des années 2010 et est maintenant occupée par deux prés enclavés par des bosquets et des haies. Une mare existe en outre dans le sud de l'enclave, au pied d'un rideau arboré. Un inventaire réalisé en 2008 dans le cadre de l'IPRFW témoigne de la flore présente sous les peupliers, notamment parmi les ligneux: Fraxinus excelsior, Quercus robur, Rubus idaeus, Rubus fruticosus aggl., Salix caprea, Corylus avellana, Prunus spinosa, Rosa canina, Crataegus monogyna, Picea abies, Populus tremula, et dans la strate herbacée: Circaea lutetiana, Epilobium angustifolium, Galium aparine, Silene dioica, Galeopsis tetrahit, Athyrium filix-femina, Deschampsia cespitosa, Urtica dioica, Juncus effusus, Adoxa moschatellina, Filipendula ulmaria, Eupatorium cannabinum, Dryopteris filix-mas, Dryopteris carthusiana, Arum maculatum, Stachys sylvatica, Geum urbanum, Potentilla sterilis, Milium effusum, Ajuga reptans, etc. Deux relevés datés de 2013 et 2014 (obs. P. Verté - DEMNA), soit 3-4 ans après l'exploitation des peupliers, rassemblent Stachys officinalis, Centaurea jacea, Hypericum dubium, Pimpinella major, Arrhenatherum elatius, Succisa pratensis, Crepis biennis, Leucanthemum vulgare, Plantago lanceolata, Festuca rubra, Lolium perenne, Trifolium pratense, Lotus pedunculatus, Cirsium vulgare, Cirsium arvense, Lathyrus pratensis, Rhinanthus minor, Senecio jacobaea, Carex hirta, Ranunculus acris, Hypochaeris radicata, Juncus effusus, Rumex obtusifolius, Rumex acetosa, Dipsacus fullonum, ... En 2019, on y a noté en outre Hypericum tetrapterum, Leontodon hispidus, Cirsium oleraceum, Filipendula ulmaria, Angelica sylvestris, Carum carvi, Senecio ovatus, Silene dioica, Primula veris, etc.
Un peu au sud, une autre parcelle boisée (feuillus-résineux) s'étendant aux sources d'un petit affluent du ruisseau des Ecrevisses a été acquise par la Région wallonne dans le cadre du projet LIFE Herbages. Les arbres ayant été exploités en 2011, une prairie de fauche y est en cours de restauration et sa flore est actuellement très diversifiée, tandis qu'une mare a été creusée en 2016 à l'extrémité orientale de la parcelle. Des relevés effectués en 2016-2019 (obs. Y. Martin et P. Verté) regroupent un mix d'espèces de prairies humides et mésophiles ainsi que quelques ligneux, entre autres Vicia cracca, Prunus spinosa, Ranunculus repens, Cornus sanguinea, Sambucus nigra, Crataegus monogyna, Achillea ptarmica, Holcus lanatus, Lonicera periclymenum, Centaurea jacea, Deschampsia cespitosa, Torilis japonica, Veronica chamaedrys, Eupatorium cannabinum, Calystegia sepium, Angelica sylvestris, Fragaria vesca, Rumex acetosa, Primula veris, Crepis biennis, Epilobium montanum, Cirsium oleraceum, Lotus pedunculatus, Cirsium arvense, Valeriana officinalis, Lythrum salicaria, Juncus effusus, Typha latifolia, Epilobium hirsutum, Epilobium parviflorum, Dactylis glomerata, Lathyrus pratensis, Cirsium palustre, Juncus conglomeratus, Juncus inflexus, Juncus acutiflorus, Filipendula ulmaria, Solanum dulcamara, Phleum pratense, Stellaria graminea, Galium mollugo, Hypericum perforatum, Linaria vulgaris, Equisetum palustre, Trisetum flavescens, Bromus hordeaceus, Myosotis scorpioides, Poa trivialis, Prunella vulgaris, Scirpus sylvaticus, Succisa pratensis, Rhinanthus minor, Agrostis canina, Cynosurus cristatus, Mycelis muralis, Lychnis flos-cuculi, Hypericum tetrapterum, etc.
Dans ce secteur au sud du Bonaubois, d'autres parcelles jadis plantées d'épicéas ont été progressivement déboisées au cours des deux dernières décennies et de nouveau transformées en prairies. Certaines de ces prairies, gérées de façon plus extensive, accueillent la flore caractéristique des prés de fauche peu fertilisés ainsi que des espèces végétales peu communes comme Oenanthe fistulosa, Bromus racemosus, Carum carvi, etc.
Au nord de Mussy, au lieu-dit "Pansire", s'étend une cuvette humide alimentée par un ruisselet issu de la fontaine de Charaupont. On y trouve une mosaïque de pâtures mésophiles et humides, de cariçaies, de fourrés et de bosquets ainsi que l'une ou l'autre source. Cette zone à la structure très hétérogène a été très peu inventoriée jusqu'ici et mériterait davantage d'attention. Le haut des versants sont couverts de prairies sèches et peu fertilisées dans lesquelles s'observent notamment Knautia arvensis, Lotus corniculatus, Leucanthemum vulgare, Trisetum flavescens, Cerastium fontanum, Pimpinella major, Primula veris, Leontodon hispidus, Cynosurus cristatus, Ranunculus bulbosus, Centaurea jacea, etc.
Le plateau agricole situé au nord-ouest de Mussy au lieu-dit "La Tuerie" regroupe des parcelles de cultures céréalières bien connues pour héberger une flore messicole digne d'intérêt. Cette zone présente même un enjeu important pour la conservation de Bromus grossus, ou brome épais, une graminée des moissons en voie de disparition inscrite à l'annexe 1 de la Directive Habitats de la Communauté Européenne. Cette espèce est suivie localement par des botanistes de Gembloux-Agro-Biotech (J. Piqueray) et du Service public de Wallonie (L.-M. Delescaille). D'après les relevés de ces botanistes, Bromus grossus apparaît ici et là selon les années, en fonction de l'occupation des parcelles, mais ce n'est pas la seule espèce patrimoniale présente dans ce secteur: on y observe en effet d'autres bromes rares comme Bromus secalinus, Bromus arvensis et Bromus commutatus, ainsi que tout un cortège d'espèces commensales.
Un relevé effectué dans un champ d'épeautre le 6/07/2011 et publié par DELESCAILLE et al. (2011: relevé 18) comporte: Matricaria recutita, Apera spica-venti, Euphorbia exigua, Papaver rhoeas, Centaurea cyanus, Alopecurus myosuroides, Fallopia convolvulus, Myosotis arvensis, Viola arvensis, Aethusa cynapium, Sinapis arvensis, Polygonum aviculare, Chenopodium album, Sonchus arvensis, Capsella bursa-pastoris, Matricaria maritima subsp. inodora, Convolvulus arvensis, Cirsium arvense, Elymus repens, Poa annua, Cerastium fontanum, Plantago major, Leucanthemum vulgare, Matricaria discoidea, Phleum nodosum.
En 2013, dans un champ d'épeautre sont notés: Bromus secalinus, Bromus grossus (var. grossus), Centaurea cyanus, Kickxia elatine, Avena fatua, Stachys arvensis, Persicaria maculosa, Lolium multiflorum, Vicia tetrasperma, Veronica arvensis, Fumaria officinalis, Anagallis arvensis, Spergula arvensis, Bromus arvensis, Linaria vulgaris, Alopecurus myosuroides, Viola arvensis, Campanula rapunculus, Phleum nodosum, etc.
En 2015-2016, toujours dans le même secteur, une bande de conservation pour les messicoles hébergeait des plantes peu communes comme Misopates orontium, Kickxia elatine, Euphorbia exigua, Apera spica-venti, Bromus secalinus, Bromus commutatus, Bromus grossus, aux côtés d'espèces plus banales telles que Lamium purpureum, Veronica persica, Stellaria media, Sonchus asper, Persicaria lapathifolia, Galium aparine, Trifolium hybridum, Rumex obtusifolius, Medicago sativa, Euphobia helioscopia, Agrostis gigantea, etc.
Entre le village de Mussy et le ruisseau de la Rosière, le site comprend une zone de cultures qui accueille un cortège floristique similaire dans les champs d'épeautre et d'avoine ainsi que les bords des chemins, dont une bonne représentation de Bromus grossus.
A la source du ruisseau de la Rosière, située au lieu-dit "Massompré", en contrebas de la route Mussy-Bleid, mais également plus en aval, existe encore un bel ensemble de prairies maigres principalement en régime de fauche. Selon les endroits, on y observe Crepis biennis, Bromus hordeaceus, Ranunculus acris, Pimpinella major, Anthriscus sylvestris, Carex panicea, Cardamine pratensis, Holcus lanatus, Lychnis flos-cuculi, Ajuga reptans, Centaurea jacea, Arrhenatherum elatius, Heracleum sphondylium, Bellis perennis, Rhinanthus minor, Veronica chamaedrys, Hypochaeris radicata, Rumex acetosa, Luzula campestris, Trifolium pratense, Festuca rubra, Leontodon hispidus, Festuca pratensis, Anthoxanthum odoratum, Poa trivialis, Lathyrus pratensis, Cynosurus cristatus, Trisetum flavescens, Saxifraga granulata, Poa pratensis, Leucanthemum vulgare, ...
A noter qu'aucune station d'Alopecurus rendlei n'a été recensée dans le secteur, alors que cette graminée rare et très menacée a fait l'objet de recherches spécifiques par A. Remacle en 2003-2007 (REMACLE, 2013). La population la plus proche, située au sud de Musson, n'est cependant éloignée que de 4 km.
L'intérêt faunistique de la Campagne de Mussy n'est que partiellement documenté mais les données disponibles font état de la présence de diverses espèces intéressantes, notamment parmi les oiseaux du bocage, l'entomofaune et les mammifères.
Le site accueille notamment une importante population de pie-grièche écorcheur (Lanius collurio) avec de 15 à 25 couples certaines années. Le secteur de Mussy-Bleid héberge une portion significative de la population gaumaise de chevêche d'Athéna (Athene noctua), soit 3-4 couples pour un total estimé autour de 6-15 cantons (R. Dujardin, in litt., janv. 2021).
Parmi les papillons diurnes, les espèces phares des prairies maigres sont sans nul doute le cuivré des marais (Lycaena dispar), observé ici et là, et le damier du plantain (Melitaea cinxia) dont une petite population est encore présente à la sortie du village de Mussy, au lieu-dit Haut de Lambermont. Depuis quelques années, l'azuré du trèfle (Cupido argiades) est de plus en plus souvent notés dans les prairies de fauche et les cultures de trèfles, après avoir longtemps déserté le territoire wallon. En outre, les cultures riches en violette des champs est susceptible d'accueillir les chenilles du petit nacré (Issoria lathonia).
Autre insecte caractéristique des prairies maigres et qui est encore assez bien représenté en Lorraine, le grillon champêtre (Gryllus campestris) est signalé à plusieurs endroits du site.