Le site de Java occupe le versant gauche de la vallée de la Meuse, entre Andenne et Huy, à environ 2 km en amont de Bas-Oha.
Plus précisément, il s'étend depuis le hameau Java et le vallon du ruisseau de Nazimont, à l'ouest, jusqu'un peu avant le ruisseau de Masenge, à l'est, soit une distance approximative de 1000 m. Son périmètre est limité au sud par la ligne de chemin de fer Liège-Namur qui sépare le site de la Meuse distante d'à peine 100 m. Au nord, le paysage est dominé par les grandes cultures occupant le rebord du plateau hesbignon, entrecoupé de quelques petits villages dont Lamalle et le hameau Les Bornes.
Le site se trouve à cheval sur un reste de terrasse alluviale mosane (marge sud) et sur un versant forestier. La terrasse, étroite et allongée, est en grande partie occupée par une prairie de 2,4 ha (400 x 70 m) enserrée entre le pied du coteau parcouru par un chemin, et la voie ferrée. La pointe occidentale accueille un petit plan d'eau en forme de triangle allongé de 0,23 ha. Le versant, constitué de roches gréseuses, présente un relief escarpé principalement d'exposition sud. Des sources y donnent naissance à deux minuscules ruisselets à flanc de coteau, dont l'un est même à l'origine de la formation d'une chute d'eau, au sein d'un petit cirque rocheux. Des vignobles étaient installés sur ce coteau au moins jusqu'à la fin du 19è siècle, et, plus tard, une petite carrière de pierres y a été ouverte dans la partie centrale. Cette activité d'extraction est responsable de l'aspect accidenté et chaotique que l'on peut toujours y observer, avec notamment la présence de plusieurs haldes et éboulis et d'affleurements rocheux. Les excavations sont maintenant sous couvert forestier et des murs de soutènement subsistent à plusieurs endroits au niveau du sentier et des haldes. A ce niveau, l'altitude varie de 75 m dans la prairie à 125 m à la lisière forestière supérieure.
L'ouest du site est délimité par le vallon forestier du ruisseau de Nazimont qui prend source à 160 m d'altitude sur le rebord du plateau, près du lieu-dit "Les Bornes", puis s'écoule vers le sud en direction de la Meuse en passant par le hameau de Java. Le flanc gauche du vallon est exposé à l'ouest, tandis que le versant opposé, partiellement couvert de prairies, est tourné vers le sud-est. Ce ruisseau, comme tous ceux qui dévalent le versant gauche de la vallée mosane entre Andenne et Huy, sont des affluents directs du fleuve.
Du point de vue biogéographique, le site se situe dans la zone de contact entre la région atlantique et la région continentale, mais il appartient néanmoins encore au district phytogéographique mosan.
Le site tel que considéré ici s'étend à l'est du hameau de Java et ne semble pas avoir fait l'objet d'une description détaillée. L'ancienne carrière à flanc de coteau a été considérée comme site d'intérêt biologique faible dans l'inventaire des carrières et sablières de Wallonie (A. Remacle, site Lg/482/30). La description figurant ci-après est basée sur les observations recueillies en 2011 (E. Bisteau & J.-Y. Baugnée). Des relevés bryologiques y ont été effectués par A. et O. Sotiaux et J.-M. Couvreur en octobre 2011.
La partie orientale du site est traversée par un petit cours d'eau, le ruisseau de Masenge. Au niveau d'une des deux habitations ses berges portent notamment Pellia endiviifolia, Conocephalum conicum et Platyhypnidium riparioides. La vallée forestière n'a pas été prospectée.
Les abords rudéralisés de la maison montrent Les bryophytes Bryum capillare, Didymodon rigidulus, Schistidium apocarpum et Orthotrichum affine, cette dernière colonisant curieusement un toit en "roofing" surplombé par un chêne.
La prairie de fauche mésophile, située entre la ligne de chemin de fer Liège-Namur et le chemin de terre longeant le bas du versant, présente en abondance Cardamine pratensis et Crepis biennis, avec aussi Heracleum sphondylium, Trifolium pratense, Holcus lanatus, Potentilla reptans, Plantago lanceolata, Taraxacum sp., Poa trivialis, Arrhenatherum elatius, Lolium perenne, Bromus hordeaceus, Geranium pyrenaicum, Rumex crispus, Anthriscus sylvestris, Cerastium fontanum, Ranunculus acris, Vicia sativa, Trifolium dubium, Dactylis glomerata, Medicago sativa (en bordure), Trifolium repens, Vicia cracca, etc. Plus localement s'observent également Carex hirta, Juncus inflexus (dans une dépression plus humide), ainsi que Medicago arabica. Après la fauche en mai, cette prairie est pâturée, au moins certaines années, par des bovins. Sur la bordure sud, au pied de la voie ferrée, se développent quelques fourrés surtout constitués de Prunus spinosa et Rubus sp.
Le chemin de terre montre une strate herbacée assez fournie et assez diversifiée en espèces, comprenant Arrhenatherum elatius, Geranium pyrenaicum, Anthriscus sylvestris, Galium mollugo, Knautia arvensis, Potentilla reptans, Fragaria vesca, Urtica dioica, Bromus hordeaceus, Tanacetum vulgare, Cruciata laevipes, Sambubus ebulus, Alliaria petiolata, Cirsium vulgare, Vicia hirsuta, Vicia sepium, Veronica arvensis, Veronica chamaedrys, Barbarea vulgaris, etc. Dans la lisière forestière on note Bryonia dioica, Chaerophyllum temulum, Euonymus europaeus, Rubus sp., Hedera helix, Corylus avellana, Robinia pseudoacacia, Cornus sanguinea, Acer campestre, etc. En 2012, on peut aussi y admirer quelques pieds de la borraginacée Pentaglottis sempervirens, espèce très rare en Wallonie où son indigénat semble douteux.
De forme vaguement triangulaire, l'étang privé situé à l'ouest de la prairie de fauche est bordé d'une frange irrégulière de Phragmites australis. Ses berges par endroits assez escarpées, sont couvertes par une végétation luxuriante: Rubus sp., Eupatorium cannabinum, Urtica dioica, Solanum dulcamara, Silene dioica, Lycopus europaeus, Galium aparine, Iris pseudacorus, Salix spp., Carex remota, Juncus effusus, Symphytum officinale, etc. La végétation aquatique semble peu développée (Potamogeton crispus essentiellement), sans doute en raison de la présence de nombreuses carpes de grande taille. Une riche odonatofaune y a été observée en 2011, avec comme espèces phares la libellule fauve (Libellula fulva), l'aeschne printanière (Brachytron pratense) et l'agrion gracieux (Coenagrion pulchellum). En outre, un couple de rousserolle effarvatte (Acrocephalus scirpaceus) est installé dans la roselière.
Une friche herbeuse s'étend au nord de cet étang, correspondant au prolongement du chemin de terre. Elle est formée de diverses plantes herbacées comme Holcus lanatus, Arrhenatherum elatius, Rumex obtusifolius, Eupatorium cannabinum, Achillea millefolium, Trifolium pratense, Medicago sativa, Lathyrus pratensis, Dipsacus fullonum, Cardamine impatiens, Silene dioica, Hypericum perforatum, Cirsium arvense, Tanacetum vulgare, Artemisia vulgaris, Lolium perenne, Rubus sp., Lamium maculatum, Barbarea vulgaris, Lapsana communis, Dactylis glomerata, etc.
L'étang est surplombé par une zone d'éboulis schisto-gréseux exposés plein sud et colonisés par Rumex scutatus, Hieracium pilosella, Hieracium bauhinii, Geranium robertianum, Teucrium scorodonia, Sedum album, Robinia pseudoacacia, Rosa canina s.l., etc. Au pied poussent entre autres Epilobium angustifolium, Rubus sp., Solanum dulcamara, Eupatorium cannabinum, Arrhenatherum elatius, Valerianella locusta, Fragaria vesca, ... Quelques pieds de Phragmites australis et d'Iris pseudacorus s'y sont même implantés!
Le versant d'exposition sud apparaît en grande partie forestier, hormis quelques clairières et zones d'éboulis. La végétation est principalement constituée d'une chênaie mélangée. Le chemin qui monte en biais accueille, suivant les endroits, Lapsana communis, Potentilla argentea, Cytisus scoparius, Cardamine impatiens, Veronica officinalis, Teucrium scorodonia, Stachys sylvatica, Prunus serotina, Veronica montana, etc.
Une ancienne carrière de grès ouverte à flanc de coteau a été décrite par A. Remacle (site Lg/482/30) comme site d'intérêt biologique faible mais pouvant s'avérer intéressante pour les reptiles et les bryophytes. Elle héberge notamment Asplenium adiantum-nigrum, fougère rare dans la vallée de la Meuse. Les pierriers encore bien ensoleillés sont colonisés par Rumex scutatus et Sedum album, ainsi que par divers bryophytes: Racomitrium elongatum, Polytrichum piliferum, Ceratodon purpureus, Weissia controversa, Hypnum cupressiforme. Le site montre par ailleurs une recolonisation ligneuse variée y compris des ronciers localement étendus. La strate herbacée est composée en majorité d'espèces forestières ou de lisières, accompagnées aux endroits encore ouverts et ensoleillés de quelques héliophytes comme Calluna vulgaris (haut de la falaise), Teucrium scorodonia, Veronica officinalis, Hieracium pilosella, H. umbellatum, H. bauhinii, H. sabaudum, Picris hieracioides, Mycelis muralis, Luzula sylvatica, Dryopteris filix-mas, D. dilatata, Athyrium filix-femina, Asplenium trichomanes, etc. Un vieux mur de moëllons accueille par ailleurs Pseudoscleropodium purum, Dicranum scoparium et l'omniprésent Hypnum cupressiforme.
La falaise nord délimitant l'excavation principale montre une remarquable chute d'eau, alimentée par une source située à son sommet, et déterminant l'existence de rochers suintants, milieu rare dans la région. On y observe notamment Carex remota, Geranium robertianum, Ajuga reptans ainsi que diverses mousses neutrophiles à acidophiles: Chiloscyphus polyanthos, Bryum pseudotriquetrum, Pellia endiviifolia, Platyhypnidium riparioides, Fissidens adianthoides, Cratoneuron filicinum, Brachythecium rivulare. Le développement larvaire d'une libellule très spécialisée, le cordulégastre bidenté (Cordulegaster bidentata), y a été constatée. On y observe un mollusque caractéristique des eaux courantes, Ancylus fluviatilis.
Une chênaie acidiphile à myrtille et callune s'étend sur le haut du versant. Cet habitat, peu commun dans la région, est dominé par Quercus robur, avec aussi Quercus petraea, Sorbus aucuparia, Carpinus betulus, Deschampsia flexuosa, Lonicera periclymenum, Vaccinium myrtillus, Calluna vulgaris, Luzula sylvatica, Carex pilulifera, Teucrium scorodonia, Veronica officinalis, Pteridium aquilinum, etc. Plus localement, on rencontre également des plages de Convallaria majalis, ainsi que Polypodium vulgare, Tilia cordata, Castanea sativa et même Sorbus aria (indigénat à vérifier!). Le site abrite entre autre le grillon des bois (Nemobius sylvestris) ainsi qu'une population de mygale (Atypus affinis).
Cette chênaie acidophile est anormalement pauvre en bryophytes: y ont été notés Polytrichastrum formosum, Campylopus introflexus (espèce invasive en début de colonisation), Dicranella heteromalla, Brachytheciastrum velutinum, Hypnum cupressiforme (sur le sol et épiphyte sur les chênes), Ulota bruchii (sur un chêne). Un groupement pionnier colonise le talus terreux au bord du chemin longeant la chênaie, avec deux hépatiques: Lophozia bicrenata et Cephaloziella divaricata.